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15 mars 2013

Le pape et les complices de la dictature argentine

Sur MARIANNE

Vendredi 15 Mars 2013 à 05:00
Guy Konopnicki - Marianne

 

 
Qui fut complice de la dictature en Argentine ? Giscard, Brejnev, Castro, la FIFA ou le futur pape François ?

 

Videla avec l'équipe argentine de football en 1978 (HEINZ DUCKLAU/AP/SIPA)
Videla avec l'équipe argentine de football en 1978 (HEINZ DUCKLAU/AP/SIPA)

Sitôt le cardinal de Buenos Aires devenu le pape François, les associations d’idées se répandent dans les médias : simple prêtre à l’époque de la dictature, le successeur de Saint-Pierre s’est-il compromis avec l’effroyable régime du général Videla ? Manifestement, les escadrons de la mort au fait une nouvelle victime, la mémoire !
 

Car si nous ne savons pas exactement ce que fut l’attitude d’un père jésuite alors éloigné de Buenos Aires, nous connaissons tout de même l’histoire de la dictature en Argentine.
 

En 1976, le pouvoir d’Isabel Peron est fragilisé pas tant par les noyaux de guérilla que par la double nature de l’héritage de Péron. D’un côté des généraux d’extrême droite, de l’autre une organisation ouvrière, puissante, la CGT argentine. La CIA redoute l’arrivée au pouvoir d’une gauche péroniste, nationaliste, qui pourrait fédérer, en Amérique Latine, les opposants à la domination des Etats-Unis et se rapprocher de l’ennemi obsessionnel, Fidel Castro. Les Américains choisissent évidemment les militaires, qui prennent le pouvoir en mars 1976. L’opération Condor commence. Les escadrons de la mort liquident en quelques semaines les cadres du PC, les syndicalistes et péronistes de gauche et les mouvements castristes. Mais la junte est instable. Après quatre coups d’Etats interne, le général Videla s’empare du pouvoir.
 

 

Nationaliste, il poursuit et amplifie la répression, mas il cherche à s’émanciper des Etats-Unis. Le président Jimmy Carter met des conditions à la vente de céréales à l’URSS. Videla passe outre et scelle bientôt un accord avec Brejnev. L’Argentine vend son blé à l’URSS, qui paye mieux que les Américains.

Le régime militaire entend moderniser son armée. Les Etats-Unis ne son guère pressés de lui vendre des missiles. Videla ne prend pas le risque de se tourner vers l’URSS. Il n’en pas besoin. La France, alors présidée par Valéry Giscard d’Estaing, vend à l’Argentine le meilleur de sa technologie et notamment les missiles « exocet ». 

A Buenos Aires et dans toute l’Argentine, les escadrons de la mort poursuivent leur besogne. Les disparitions se multiplient. Mais elles ne visent plus seulement la gauche supposée castriste. Des opposants libéraux, démocrates chrétiens disparaissent.  La théologie de la libération, prônée par des pères jésuites est officiellement désignée comme un ennemi.

Videla obtient sans mal le soutien d’une autre religion mondiale, le football. La Coupe du Monde doit se dérouler à Buenos Aires, en 1978. Les appels au boycott ne dérangent ni les instances de la Fifa, ni celles du football français.

Il se trouve qu’à cette époque, je suis journaliste de la presse communiste et secrétaire général de Travail et Culture, l’organisme culturel de la CGT. J’assiste cependant à une réunion organisée par Félix Guattari sur le boycott de la Coupe du Monde. Au fond, je ne fais que mon travail, j’accompagne des artistes argentins et chiliens, dont les spectacles de soutien aux peuples d’Amérique Latine tournent dans les municipalités communistes depuis le coup d’Etat du général Pinochet au Chili. Tous ces artistes militent pour le boycott de la Coupe en Argentine. Sans trop d’illusions, j’évoque la problématique du boycott dans une réunion du parti. Je suis aussitôt convoqué Place du colonel Fabien. Jacques Chambaz, membre du bureau politique, responsable des intellectuels, me fait la leçon.

J’ai tort de mépriser le football, cet élément de la culture populaire si bien porté par Georges Marchais… Mieux : les meilleurs éléments de l’équipe de France viennent de Saint-Etienne, ville alors dirigée par un maire communiste, Joseph Sangueldoce. La dictature, le fascisme ? la réponse est sans ambiguïté. Le PCF considère que le régime des militaires argentins évolue positivement. Leurs intérêts nationaux convergent avec ceux de Cuba, du camp socialiste et des peuples en lutte contre l’impérialisme américain. Boycotter la Coupe du Monde, ce serait rendre service aux milieux impérialistes de Washington… L’Humanité publie les photos des héros français en partance pour Buenos Aires. Michel Platini, Dominique Rocheteau…  Georges Marchais lance une diatribe contre ceux qui méprisent le sport et… le peule argentin !

Je quitte bientôt le PCF, pour d’autres raisons, mais cette affaire d’Argentine a pesé…

Plus tard, le 2 avril 1982, les troupes du général Videla débarquent aux iles Malouines, les Falklands, qui appartiennent à la Grande Bretagne. Margaret Thatcher annonce qu’elle répliquera par la force, sans faiblir. L’Humanité dénonce l’agression britannique et défend ouvertement le régime du général Videla, expression de la lutte des peuples contre l’impérialisme anglais et américain… Ministre des transports du gouvernement Mauroy, Charles Fiterman exprime son opposition à la politique agressive de Margaret Thatcher. François Mitterrand le rappelle aussitôt à l’ordre. La France est alliée de la Grande Bretagne, non de l’Argentine. Que cela leur plaise ou non, les ministres communistes devront se taire.

 

La flotte britannique se dirige vers les Falklands. Les Argentins coulent un navire avec… un exocet français !

Au bout du compte, la détermination de Margaret Thatcher oblige l’Argentine à évacuer les îles Falklands et provoque une crise de régime. Videla et sa junte tombent pour avoir perdu la guerre.

Tous ceux, qui de gauche ou de droite, ont couvert, aidé, justifié Videla en seront pour leurs frais. Margaret Thatcher est ce qu’elle est, mais en ne cédant pas à la dictature, c’est elle qui a abattu la junte argentine.

Sur les îles, les Britanniques libèrent un couvent, où les militaires argentins ont séquestré, torturé et violé des religieuses catholiques.

Le père José Mario Bergoglio  n’était pas, alors le chef de l’église d’Argentine. Il devient en 1998, vingt ans après la Coupe du Monde retransmise en direct par le service public de la télévision française. Serait-il plus compromis que les instances du football, les télévisions, et les équipes qui ont disputé les matches sur un stade situé à proximité des prisons de la junte ? Plus coupable que les marchands d’armes français, dont certains étaient, aussi des patrons de presse émus aux larmes par la grande fête du football ? Plus coupable que l’URSS offrant des débouchés commerciaux aux régime du général Videla ?

Et si l’élection du pape François était, au contraire, la revanche des religieuses martyrisées par les militaires et des militants chrétiens enlevés par les escadrons de la mort ?

En tout état de cause, les anciens complices français de la dictature de Videla seraient mal venus de chercher querelle à José Mario Bergoglio !

 


Mon commentaire: un passage à vide.. il n'a pas bien compris, Askolovitch, celui qui écrit sur twitter à propos de l'émission de Taddei:

claude askolovitch @askolovitchC
On dira que Taddei valide des salauds que d'autres émissions ne valident pas, ou pas encore. Un éclaireur de la perversité innocente.
"


...et qui , à mon interpellation  " la censure et l'omerta sont l'arme des fascistes et des dictateurs" , répond
  @askolovitchC
@jocegaly "ou la garantie d'un vivre et discuter ensemble; ça dépend.
"
 

..... A ce qui a suivi  il n'a pas répondu "jocelyne Galy @jocegaly
@askolovitchC avec ceux que vous décrétez à votre gout... alors c'est de la dictature
"


(D'ailleurs, qu'aurait-il pu répondre...)


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Commentaires
T
Le football vaut bien qu'on ferme les yeux sur le reste ...
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