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20 mars 2013

Chypre: pourquoi Moscou soutient ses exilés fiscaux

Sur MARIANNE

Mardi 19 Mars 2013 à 14:13 | Lu 4932 fois I 13 commentaire(s)
Anne Dastakian - Marianne
Mikhail Klimentyev/AP/SIPA
Mikhail Klimentyev/AP/SIPA

Dès l’annonce, lundi 18 mars, d’une probable taxation des dépots bancaires à Chypre, qui frapperait violemment au portefeuille des dizaines de milliers de Russes, les réactions horrifiées ont fusé au plus haut niveau de l’Etat russe. Le président Vladimir Poutine a qualifié cette décision, si elle est adoptée, d’ "injuste, non professionnelle et dangereuse", tandis que son premier ministre Dmitri Medvedev la comparait à une « confiscation de fonds étrangers », menaçant de refuser à l’île le rééchelonnement de sa dette envers Moscou. La Russie a en effet en 2011 accordé à Chypre un prêt de 2,5 milliards d’euros sur 5 ans, que Limassol aurait aimé doubler et voir étendre jusqu’à 2022. Ce que Moscou avait refusé, en juillet 2012, arguant que c’était « la responsabilité de l’Union européenne » de régler l’endettement de ce membre de la zone euro…  
 

Huit mois plus tard, Moscou doit s'en mordre les doigts. Les dirigeants russes s’estiment floués, car nul n’a cru bon de les consulter. « Nous avions un accord avec les collègues de l’eurozone pour coordonnéer nos actions » s’est plaint le ministre des finances Anton Siluanov.  


Mais est-ce une raison suffisante pour pousser le Kremlin à prendre la défense de concitoyens, qui, dans leur grande majorité, se sont établis sur l’île pour échapper au fisc russe ?


Vladimir Poutine, qui a récemment limogé plusieurs de ses lieutenants, pris en flagrant délit de non déclaration de biens immobiliers à l’étranger, tente de convaincre ses concitoyens de rapatrier leurs biens en Russie. Le « hold-up » chypriote pourrait à cet égard s’avérer une aubaine. « Rien de tel ne vous arrivera dans une banque russe !», clâment les dirigeants russes à qui veut bien les entendre. Mais les experts doutent que ces sirènes soient entendues, car c’est justement la corruption et l’impunité omniprésentes qui fait fuir le capital de Russie. Pour l’homme d’affaires Dmitri Kostyguine, « La cause est entendue : les affaires vont se déplacer au Luxembourg, aux Pays-bas ou en Suisse » 


Car le pactole est conséquent. Les dépôts de clients russes dans les banques chypriotes sont aujourd'hui estimés entre 15 et 20 milliards d'euros et quelques 40.000 à 50.000 Russes seraient résidents à Limassol, surnommé « Limassolgrad », avec son journal, ses deux stations radio et ses deux écoles russes. L’argent russe pèse plus de 25% des dépots bancaires chypriotes et près d’un tiers des investissements étrangers. Selon un schéma désormais bien rodé, les Russes y créent des sociétés écrans, qui les rendent anonymes, profitant d’un taux d’imposition sur les sociétés de 10%, pour réinvestir dans leur patrie d’origine en contournant le fisc russe. Depuis 2007, plus d’une soixantaine d’oligarques russes auraient obtenu un passeport chypriote, ce qui nécessite un dépôt de 17 millions d’euros depuis plus de 5 ans dans une  banque locale, ou un investissement direct de 30 millions d’euros sur l’île ! Le plus célèbre d’entre eux est Alexander Abramov, magnat de l’acier à la tête du groupe Evraz, à 54 ans la 26ème fortune russe, estimée par Forbes à 4,6 milliards de dollars.


Certaines sources avancent aussi, pour expliquer le courroux du Kremlin, les ventes d’armes russes transitant par l’île, destinées à la Syrie, au Liban, à la Chine ou à l’Iran.


Enfin le très sérieux quotidien économique Vedomosti, partenaire du Financial Times, s’étonne, quant à lui en raillant, du  « piètre travail de nos espions, qui n’ont rien vu venir ! » Pourtant, rappelle le journal, cela fait des mois que les dirigeants de l’UE refusent l’idée que « l’argent des contribuables européens serve à sauver l’usine à  blanchir l’argent russe ». Avant de conclure : « il semble que si les politiciens européens prennent un tel risque, c’est pour faire pression sur un politicien influent, qui dissimule son argent dans les banques chypriotes  ».   Un dirigeant du Kremlin ? 

 

 

 

Mon commentaire: Cet article en soin n'est pas tout à fait inintéressant.... Légèrement tendancieux et visant la Russie et ses dirigeants, en alimentant la russophobie largement dispensée par nos medias occidentaux? la "flèche de Parthe" en dernière ligne semble bien l'indiquer....
Mais, c'est trop facile: tous les lecteurs ne sont pas "des boeufs"
.
Mais  il est un commentaire, déposé sous cet article Marianne en ligne, que je trouve particulièrement éclairant:  il pose la question que l'on devrait logiquement se poser : Quel est l'OBJECTIF . Et QUI a intérêt à QUOI.  ...


Voici une réponse qui me renforce dans ma première impression sur cet évènement:

7.Posté par A & D le 19/03/2013 21:00
Commençons donc par la vraie cause de cet évènement, que d'ailleurs A. Dastakian nous indique "mine de rien" quand elle rapporte que "Certaines sources avancent aussi, pour expliquer le courroux du Kremlin, les ventes d’armes russes transitant par l’île, destinées à la Syrie, au Liban, à la Chine ou à l’Iran."

Nous entrons dans la phase dure de l'affrontement mondial. Sous cet éclairage, Chypre présente toutes les ingrédients utiles : situation géographique et appartenance à l'UE et à la zone euro, partage de l'île, bases militaires, paradis fiscal. Il ne manque rien !

Pour la question financière, on nage encore à pleines brasses dans l'ambiguïté. Qui est capable de nous dire d'où provient la dette de Chypre ? Un budget d'état déséquilibré ? Des particuliers trop endettés ? Des entreprises trop endettées ? Des banques qui ont trop joué (et mal joué) avec l'argent qui leur était confié ? Un déficit commercial abyssal ? Les Chypriotes ont-ils profité dans leur ensemble du statut paradisiaque, ou de la présence des bases militaires ?
Pour un pays de cette taille, ce ne devrait pourtant pas être une tâche insurmontable de nous fournir un tableau complet de la situation économique, financière et sociale.

Non, il est bien plus urgent de se gausser des Russes, de parler de leur corruption (Pensez donc, Mâme Michu, chez nous, c'est pas comme ça, tout le monde est parfaitement réglo) et du soutien militaire qu'ils apporteraient aux pays que nous avons l'intention de dissoudre dans une hypothétique future "démocratie".

C'est tout de même une sacrée innovation, la "taxation" des "dépôts en banque" ! Jusqu'ici, on s'était contenté de rendre payants pour les clients les services que les banques fournissaient autrefois gratuitement, trop heureuses de voir arriver les déposants pour songer à se plaindre du travail qu'on leur donnait, et de taxer de diverses manières ces revenus nouveaux, tandis qu'on imposait aussi, plus ou moins fort, les revenus des placements.

Je trouve cette affaire scandaleuse à tous points de vue. On tolère (que dis-je ! on bichonne) les paradis fiscaux au sein de l'UE et jusque dans la zone euro, en sachant pertinemment que la perte de recettes fiscales dues à des taux d'imposition bas et laxistes ne peut se compenser que par le volume de ce qu'on va pouvoir taxer. On ferme les yeux sur le blanchiment de l'argent sale coulant abondamment de toutes les sources possibles. Et le jour où le temps se gâte, au lieu de remettre des règles, on fait un hold up en se trouvant des justifications ou des excuses ! Main basse sur une partie des magots, comme n'importe quel voleur venu. Quel exemple incroyable pour tous les citoyens !

On a commencé par "geler" de plus en plus d'avoirs, sous des prétextes divers et variés. Et maintenant, on met ostensiblement la main dans le sac !




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