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26 mars 2013

Chypre : Pourquoi l'Europe a-t-elle choisi de taxer les dépôts plutôt que de faire "payer" les banques

Sur LA TRIBUNE

 

Copyright Reuters
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Romaric Godin | 18/03/2013, 18:27 - 660 mots

Solution « la moins mauvaise » pour le président chypriote, cette taxe est le résultat d'un choix par élimination.

Le choix des Européens de faire payer les déposants des banques chypriotes n’en finit pas de surprendre. D’autant que les dirigeants semblent modérer leur décision, voire rétropédaler… Mais si cette décision a été prise, c’est qu’elle semblait « la moins mauvaise. » Voici pourquoi la principale alternative, la restructuration de la dette comme cela avait été le cas en Grèce en mars 2012 dans le fameux « PSI » (plan de participation du secteur privé), n’a pas été possible.

1/ L’exposition des banques grecques

 


Le problème des banques de Chypre est né du plan de restructuration de la dette grecque en mars 2012 quand la Banque populaire de Chypre et la Banque de Chypre ont perdu une grande partie de leurs actifs, ce qui les a contraintes à réclamer de l’argent à Nicosie pour se recapitaliser.

A l’inverse, les banques grecques, qui viennent d’être recapitalisées avec l’aide du Mécanisme européen de Stabilité (MES) à hauteur de 50 milliards d’euros, sont également très liées au secteur financier chypriote. Les données de la Banque des règlements internationaux (BRI) permettent d’évaluer à 12,6 milliards d’euros l’ensemble des engagements des banques helléniques sur l’île méditerranéenne. Un chiffre considérable qui représente 28 % de l’ensemble des engagements sur les banques de Chypre et qui, en fait, interdisait tout « PSI » chypriote, toute restructuration de la dette bancaire chypriote.

Si Nicosie avait choisi de faire participer les créanciers de ses banques à hauteur des 7 milliards d’euros que les Européens ne voulaient plus lui prêter sur les 17 dont elle avait besoin, ces mêmes Européens auraient été contraints à réinjecter de l’argent frais dans les banques grecques. Certes, la somme n’aurait pas été considérable : environ 2 milliards d’euros, mais la Grèce est fragile. Renégocier avec Athènes ouvrait la voie à tous les dangers, notamment à une renégociation globale du plan de la troïka. Bref, il fallait éviter d’ouvrir la boîte de Pandore hellénique. Du reste, c’est pour cette raison que les institutions financières grecques sont exclues de la taxe sur les dépôts…

2/ Ne pas créer de précédent au précédent

En appliquant un PSI à Chypre, les dirigeants européens ont craint la réaction des investisseurs. En mars 2012, le cas de la Grèce devait être un « cas unique. » Si l’on brisait ce tabou, le défaut devenait en zone euro une solution pour plusieurs autres pays : Espagne, Italie, Portugal. Les gouvernements de ces pays, en proie à une forte contestation sociale, auraient alors été tentés d’agir de même pour se débarrasser du fardeau de la dette et reprendre un peu d’air économique. L’ennui, c’est que la confiance générale dans la zone euro aurait été sapée, ce que les dirigeants européens veulent éviter à tout prix. Pour deux raisons : le financement des Etats les plus fragiles par le marché serait devenu quasi-impossible et le danger d’une restructuration de la dette publique, celle détenue par les autres Etats et par la BCE serait devenue inévitable. En touchant aux dépôts, on a espéré créer un autre « cas unique » d’autant moins inquiétant qu’il concerne une petite île peuplée de 800.000 âmes au plus. Le dégât est donc réduit.

3/ Le vote du Bundestag

Le SPD avait prévenu qu’il fallait faire un exemple avec Chypre pour qu’il accepte de voter l’aide européenne au Bundestag. Or, sans le SPD, Angela Merkel ne dispose pas sur les questions européennes de sa propre majorité. L’aide à Chypre n’aurait donc eu aucune chance d’obtenir le feu vert nécessaire du Bundestag. Les Sociaux-démocrates avaient fait un principe de la participation à l’aide de l’argent russe à Chypre, supposé mafieux. Un PSI n’aurait guère fait mal au portefeuille des Russes. Il fallait donc frapper les dépôts. Et comme le gouvernement chypriote voulait limiter à 10 % la ponction pour ne pas réduire à néant la réputation du système financier chypriote (ce que même les 10 % pourraient bien faire), il a fallu élargir la base de la taxe et frapper les résidents et tous les déposants.

 

 

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Commentaires
V
sans les grosses machines à laver l'argent puant des salopards, pas de capitalisme financiers, pas de milliardaires !!
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