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14 avril 2013

Banquet national du PS avec ouvrier en trou normand

Sur le blog de DANIEL FLEURY

Ils n'ont pas vu de lumière, c'est pour cela qu'ils sont passés.

Les travailleurs de PSA Aulnay se sont invités au conseil national du Parti Sérieux ce matin. Ils ont pensé à juste raison qu'il fallait ramener dans ce séminaire qui se voulait « remise en ordre » du parti au pouvoir, un peu de Gauche, beaucoup de lutte de classes.

Depuis ce matin, on assiste donc au grand bal des faux culs dans les lucarnes, pour nous expliquer à quel point le Parti de Solférino aime les ouvriers.

A les entendre, aucun ministre ne s’endormirait avant que d'avoir eu une pensée émue pour les salariés victimes de la fermeture de l'usine.

A commencer par le patron de l'ex Cahuzac, celui qui n'a pas eu le temps de profiter de ses talents en matière capillaire, qui nous explique que le gouvernement veille « dans cette affaire » à ce que les « intérêts de l'entreprise, des actionnaires comme des salariés soient préservés ».

Arrêtons nous un instant sur cette phrase, prononcée par un ministre qui regardait en coin et avec quelque crainte s'exprimer le dirigeant syndical des PSA ce matin. Ce même ministre qui avec constance défendait hier les intérêts des « actionnaires » des banques à l'origine de la crise chypriote. Ecoutons la suite et le couplet sur « l'action du gouvernement pour le dialogue social », la « volonté de donner aux entreprises des possibilités pour sécuriser l'emploi » avec le vote de l'ANI, les « garanties apportées par le gouvernement pour que ces licenciements se déroulent dans de bonnes conditions ».

Tout cela quelques instants après, bien à l'abri, au calme devant des micros bienveillants. Lui, au moins, on sait de quel côté il est.

Puis c'est le bal des faux culs, les sapeurs du Parti Sérieux, mis en avant pour désamorcer les mines qu'auraient pu laisser l'irruption de la lutte des classes dans le lieu où on s'apprêtait à célébrer à nouveau le dieu du « sérieux budgétaire ».

La parade est désormais au point. Elle commence par une tirade contre l'austérité en Europe, une pique contre les conservateurs qui voudraient aussi l'imposer à la France, et se termine par un appel vibrant à l'unité en direction de ceux qui ne seraient pas en résistance, soudés derrière le gouvernement, pour que cette politique là n'arrive pas chez nous.

Nous voici devenus village gaulois résistants contre l'austérité.

Cette mauvaise farce, accentuée par des propos très méprisants de la porte parole du gouvernement sur le thème « nous ne les avons pas attendu pour agir et c'est pourquoi bla bla bla.... » conduisent à l'écoeurement.

La suffisance avec laquelle on traite l'irruption des travailleurs au beau milieu d'une grande messe serait intolérable, s'il n'y avait eu quelques enfants de choeur pour en déranger l'office.

Tout d'abord quelques représentants socialistes, clairement aux côtés des syndicalistes, imposant la prise de parole de ceux-ci.

Bien sûr, Harlem jouera ensuite les « démocrates », Assouline, trop content d'avoir touché un ouvrier se déclarera porte parole de leurs revendications. Il va en avoir des choses à raconter à ses amis de goche au prochain raout parisien.

Ensuite, et c'était prévu, une intervention à la tribune du porte parole de la gauche officielle du Parti Sérieux. Enfin un peu de Gauche dans ce galimatias libéral.

Mais avant, petit retour en arrière, il faut pour situer les choses, revenir au discours de Jean Marc Hérault, quelque temps auparavant.

Il s'était déjà éclipsé avant que n'arrive la délégation des PSA. Mais il avait eu le temps de rappeler la ligne du Parti Sérieux en long et en large.Prenez des notes, va falloir répéter en boucle dans la semaine.

- Ne pas dire austérité, mais parler de nécessaire rigueur budgétaire.

- Vanter la réussite des réformes, sans s'attarder sur leurs contenus, mais en soulignant qu'elles sont l'oeuvre d'un gouvernement au travail.

- Ne pas oublier d'agiter le drapeau multicolore du mariage pour tous, dès lors qu'on critique l'absence de politique de gauche.

- Souligner l'isolement du gouvernement de la France face à l'austérité qui gagne partout en Europe, et encore une fois vanter les mérites du sérieux pour éviter la contagion

- Ne pas oublier de parler du dialogue social retrouvé qui va permettre un climat plus apaisé pour la compétitivité des entreprises. Le révolver sur la tempe des syndicats a du bon.

- Faire de la pédagogie pour les sacrifices, la nécessaire distribution des 20 milliards aux entreprises

- Bien dire que tout cela se fait pour l'avenir de nos petits enfants

- Fermer la porte en sortant

J'arrête là tant la diarrhée est trouble. Le bonhomme prend des accents de tribun pour fustiger les « conservateurs européens », gommant au passage que beaucoup sont des siens.

« Nous sommes la Gauche » osera-t-il, « celle qui n'a pas peur d'affronter les réalités ».

A ce moment du mauvais film, on a le choix entre rire ou larmes.

C'est donc en réponse à cette charge héroique qu'intervenait Emmanuel Morel, à la tribune du Conseil National.

Après les mises en doute cette semaine par trois ministres, du sérieux de la politique budgétaire, on pouvait penser qu'il aurait une oreille attentive. Ce fut le cas visiblement du côté de jeunes socialistes et de quelques autres qui ne modérèrent pas leurs applaudissements. Partant de l'irruption de la lutte des classes, l'irruption du, « réel » dans ce conseil du Parti Sérieux, il fit une critique que nous partageons de la politique européenne et française du gouvernement. Il en situa les capitulations, les marqueurs à partir du traité Merkozy. Mais... car il y a un mais, il le fit au nom de la défense d'une « vraie politique sociale démocrate de redistribution ».

L'appel à l'unité de la Gauche, rose, rouge, verte devient par là même un appel à gauchir la politique gouvernementale, sous couvert de justice sociale.

Les vieux fondamentaux réformistes sont réaffirmés là, dans un contexte où l'on sait qu'ils sont au mieux inopérants, au pire suicidaires pour la Gauche Européenne.

Nous attendrons la publication prochaine par cette même gauche de contre propositions économiques chiffrées, comme ils l'ont annoncé aujourd'hui.

Pour celles et ceux qui en doutaient, la gauche du Parti de Solférino existe. Elle reçoit même un écho au sein de celui-ci.

Mais à quoi sert-elle dans ce statut de « courant social démocrate de gauche » ?

A quoi sert ce courant dés lors qu'il n'est que le réceptacle des grognes et désillusions de quelques militants PS, sans qu'il les organisent dans une réelle fronde sur les questions essentielles ?

Les protestations contre l'ANI se sont résumées à des pétitions, sans participation réelle autre que « représentative » aux mobilisations syndicales. Pas de fronde organisée au sein de la CFDT par exemple. Et si Gérard Filoche a parcouru la France, réagi humainement à la « trahison Cahuzac », c'est tout en mentionnant que le PS était un parti sain.

Nous n'attendons pas de ce courant qu'il quitte son parti soudainement, alors qu'il est quelque part un défenseur du « marché », mais au minimum qu'il mobilise celles et ceux qui ont voté pour chasser Sarkozy et qui voit tous leurs espoirs déçus.

Il ne s'agit pas de trouver là une "gauche propre" pour justifier alliances électorales.

Nous attendons d'eux qu'ils mettent de la Gauche là où elle doit être, et principalement dans toutes les luttes et mobilisations sociales.

Et nous attendrions de cette gauche qu'elle se souvienne de son désir de 6e république et qu'elle rejoigne le « ya basta » de celles et ceux qui le 5 mai voudront retrouver le chemin du changement, et non l'ornière du social libéralisme.

Alors, tête bin quoui ou tête bein qu'non ?

La lutte des classes ce matin est passée par là. Saisissez vous de sa lumière.

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