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17 avril 2013

Tous marathoniens de Boston

Sur @si

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09h15 le neuf-quinze

Par Daniel Schneidermann le 17/04/2013

Maintenant, je connais Bill Iffrig. Je n'ai pas spécialement souhaité faire sa connaissance, notez bien. Je n'étais pas demandeur. Mais c'est un fait, je le connais. Bill Iffrig, c'est ce septuagénaire que l'on voit tomber, alors qu'éclate la première bombe à l'arrivée du marathon de Boston. Il chute, renversé par le souffle, et se relève aussitôt, indemne, avant de terminer la course. J'ai aussi fait connaissance du militant pacifiste à chapeau de cow-boy, Carlos Arredondo, un véritable héros, qui a aidé à dégager plusieurs blessés. Quelle histoire à rebondissements, que celle de Carlos Arredondo. Souvenez-vous comme il avait tenté de s'immoler en apprenant la mort de son fils en Irak, en 2004. Aucun rapport ? Mais si. S'il était à Boston, c'était pour acclamer un marathonien qui courait en mémoire de son fils. Enfin, évidemment, je n'ignore rien des derniers instants, ni du sourire craquant de l'enfant de huit ans, Martin Richard, tué par l'attentat alors qu'il venait d'embrasser son père, sur la ligne d'arrivée.

Ce n'est pas tout. Je suis l'enquête, minute par minute. Je sais que les cocottes-minute fatales étaient emballées dans un sac de nylon noir. Je suis informé. Parfaitement informé. En revanche, je ne sais rien des blessés et des morts des attentats de Bagdad qui, le même jour, ont fait 23 morts et près de 200 blessés en Irak. Pas grand chose des morts du tremblement de terre iranien. Je ne sais pas s'il y avait sur place des héros, ou des enfants morts en embrassant leurs parents. Personne n'a pris soin de me le préciser.

Rien de neuf dans cette disproportion des médiatisations.
On connait le making of de la fabrication d'une saga ici, et de l'occultation là.
On sait bien le tropisme du système médiatique US à fabriquer mécaniquement des histoires, avec leurs faits-divers, leurs tempêtes et leurs carnages. Des histoires avec des personnages solides, étonnants, émouvants, tout prêts pour la transposition ciné. Et on connait bien l'engrenage qui amène les médias occidentaux, appuyés sur leur bataillon de correspondants et d'envoyés spéciaux à Washington et à New York,  à raconter ces histoires à tous les peuples vassaux, et à quelques autres. Et à nous transformer tous, pendant quelques heures, en marathoniens de Boston.


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