Le secrétaire d’État américain John Kerry a jugé jeudi à Rome «potentiellement déstabilisante» la vente de missiles russes au régime de Bachar al-Assad, excluant par ailleurs que le président syrien puisse faire partie d’un gouvernement de transition.
«Nous préférerions que la Russie ne fournisse pas d’aide» au régime du président Bachar al-Assad, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue italienne Emma Bonino.
Selon le Wall Street Journal, Israël a mis en garde les Etats-Unis sur la vente imminente par Moscou à la Syrie de batteries de missiles sol-air russes S-300, des armes ultra-modernes qui peuvent détruire des avions ou des missiles guidés.
La Russie est un des derniers soutiens de la Syrie, et Moscou a bloqué jusqu’à maintenant tous les efforts internationaux visant à isoler le régime, mais lors d’une visite cette semaine à Moscou John Kerry a convenu de travailler en tandem avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
Par ailleurs le secrétaire d’Etat américain, qui enchaîne depuis trois jours des rencontres sur la Syrie, a répété jeudi que Bachar al-Assad ne pourrait pas participer à un gouvernement de transition.
Toutes les parties en présence travaillent «pour mettre en place un gouvernement de transition issu d’un consensus, ce qui signifie clairement pour nous que le président (al-Assad) ne participera pas à un gouvernement de transition», a déclaré John Kerry avant de rencontrer le chef de la diplomatie jordanienne, Nasser Judeh.
John Kerry a aussi confirmé le déblocage de 100 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire aux réfugiés syriens, dont près de la moité servira à aider la Jordanie à faire face à l’afflux de Syriens fuyant le conflit.
L’aide humanitaire américaine se monte désormais à un total de 510 millions de dollars, auxquels viennent s’ajouter 250 millions d’aide directe aux rebelles syriens combattant le régime d’Assad.
Chassées par les combats, quelque 2 000 personnes franchissent la frontière syro-jordanienne chaque jour, et le pays abrite désormais 525000 réfugiés, a dit le ministre jordanien des Affaires étrangères, qui a estimé que les réfugiés affluant de Syrie vers la Jordanie pourraient représenter 40% de la population jordanienne à la mi-2014.
«Pour le moment, les réfugiés syriens représentent 10% de notre population, mais au rythme actuel, le chiffre devrait atteindre entre 20 et 25% d’ici à la fin de l’année et sans doute environ 40% d’ici à la mi-2014», s’est inquiété Nasser Judeh.
Les préparatifs en vue d’une conférence internationale pour trouver une solution à la crise continuent, a indiqué John Kerry. Après avoir parlé avec les ministres des Affaires étrangères des principaux pays concernés, il a fait état d’une «réponse très positive et d’un désir très fort d’aller à cette conférence et d’essayer de trouver une issue politique, ou au moins d’épuiser toutes les possibilités d’y arriver». La conférence pourrait se tenir d’ici à fin mai, peut-être à Genève.