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30 mai 2013

Les Eurocrates somment la France d’aggraver la purge néolibérale

Sur MARIANNE

Jeudi 30 Mai 2013 à 05:00 | Lu 3686 fois I 23 commentaire(s)

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

 
 
La Commission de Bruxelles a envoyé sa feuille de route au gouvernement français, avec une austérité aggravée au programme. A quoi bon continuer à voter si le modèle néolibéral est obligatoire?

 

Le Ministre de l'Economie espagnol, Luis de Guindos (à gauche) et le ministre des Finances irlandais, Michael Noonan lors d'un sommet européen en présence de Christine Lagarde, à la tête du FMI - YE PINGFAN/CHINE NOUVELLE/SIPA
Le Ministre de l'Economie espagnol, Luis de Guindos (à gauche) et le ministre des Finances irlandais, Michael Noonan lors d'un sommet européen en présence de Christine Lagarde, à la tête du FMI - YE PINGFAN/CHINE NOUVELLE/SIPA
En ouverture de son supplément géopolitique, Le Monde fait le bilan de l’euroscepticisme en vogue sur le vieux continent à un an du scrutin européen, avec cette question  : « Vers des élections anti-Europe ? »

Visiblement, Le Monde n’a pas encore compris qu’on pouvait être critique vis-à-vis de l’Europe sans être anti européen. Depuis 2005 et la victoire du NON au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen (TCE), le quotidien de révérence aurait pourtant pu se renseigner. Passons.

En l’occurrence, il faut rapprocher la question précédemment exprimée d’un autre titre du Monde  du même jour : « Bruxelles adresse à Paris la liste des six réformes à mener ». 
Le secret de la fabrique des europhobes, le voilà. Il se résume très bien par le contenu du paquet cadeau adressé à la France, avec mode d’emploi, plan de montage et calendrier d’application, comme pour une cuisine achetée chez Ikea.

Sauf que là, il s’agit de la politique économico-sociale de la France - une politique d’inspiration néolibérale très affirmée et qui va à rebours des choix exprimés par les Français lors des dernières élections.

Pour faire simple, disons que les citoyens ont voté pour un Hollande de gauche et qu’ils se voient appliquer des choix dignes d’un néocon ayant débordé Sarkozy sur son aile réac.
Les moulinets verbaux de François Hollande pour sortir des clous du traité Merkozy auront été vains. Rien n’a changé.

Une camarilla de bureaucrates engoncés dans leurs tabous idéologiques veut dicter ses choix à des peuples rétifs. On voudrait dégouter les européens du rêve européen que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Sentant le piège, le Président de le République a retorqué que la politique de la France ne se décidait pas à Bruxelles, et que « la Commission n'avait pas à nous dicter ce que nous avons à faire». Certes. Mais François Hollande serait plus crédible s'il ne s'était pas déjà fortement inspiré des préceptes en vogue chez les gourous du néo libéralisme.

Que trouve-t-on dans le petit mémo remis par nos amis Eurocrates en échange du délai supplémentaire accordé pour remettre à niveau les finances publiques ? Le guide habituel du petit mécano austéritaire.

 

En vrac : nouvelle réforme des retraites (avec le recul de l’âge de départ ou l’allongement de la durée de cotisation) ; baisse supplémentaire du « coût du travail » ; flexibilité de l’emploi aggravée ; déréglementation du modèle social. Bref, tout ce que l’on appelle chez ces gens là des « réformes structurelles », formule magique traduite d’une phrase limpide  par l’économiste iconoclaste Paul Jorion: « aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh ».

 

On n’en est pas là, certes. Il y a de la marge. Mais dès lors que l’on s’inscrit dans la logique du libre-échangisme, de la mondialisation dérégulée, du diktat des banques, et du dumping salarial qui fait le bonheur des actionnaires, la broyeuse est en marche.

Au passage, la Commission de Bruxelles donne un coup de chapeau aux dernières mesures du gouvernement Ayrault. C’est normal puisqu’elles sont directement inspirées du bréviaire orthodoxe, comme l’accord sur la « compétitivité » ou celui sur le marché du travail.

Mais les Eurocrates en veulent toujours plus, afin de faire entrer à marche forcée la France dans un schéma correspondant aux canons du néolibéralisme, alors que ces derniers sont à l’origine de la crise.

Il est en effet avéré que de telles recettes ne font qu’aggraver le mal. On sait que l’austérité, en tuant la croissance et en alimentant le chômage, tarit les rentrées dans les caisses publiques et aggrave les problèmes budgétaires. L’exemple des pays d’Europe du sud le prouve à foison. Celui de la France aussi, d’ailleurs.

Mais les talibans de l’économiquement correct n’en continuent pas moins à prescrire leur potion maléfique. Ils sont secondés par leurs relais de l’intérieur, implantés dans l’appareil d’Etat, nonobstant leurs étiquettes officielles. Qu’ils soient de gauche ou de droite, ces grands esprits professent les mêmes théories et proposent les mêmes recettes.

Avant que la Commission de Bruxelles ne fasse connaître ses desiderata, la Cour des Comptes, dirigée par Didier Migaud, socialiste Sarko-compatible, avait demandé d’urgence des « économies structurelles ». On connaît la musique.

De son côté, dans sa lettre annuelle, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, aussi rigide que l’était Jean-Claude Trichet, dont il est le fils spirituel, développe des thèses voisines. Il dénonce le rôle néfaste du Smic, propose de raboter les retraites et de mettre au rebut de l’histoire ce qui reste du modèle social né à la Libération.

Moralité : on peut célébrer l’anniversaire du Conseil National de la Résistance et préparer son enterrement en grandes pompes.
Du même auteur/
 
moscovici, l’homme qui ne veut pas désespérer le Fouquet’s  

La droite hooligan

Sarkozy rêve de putsch en se rasant

 

 

 

 

Commentaire et info intéressants sur le site Marianne: Posté par Alain PIERSON le 30/05/2013 11:12

- Les Alternatifs + ATTAC appellent à manifester, le 1er Juin, au Trocadero à Paris :
Suite à l'initiative de citoyens du Portugal, de Grèce, d'Espagne et et de France, nous relayons auprès des citoyen-nes, associations, mouvements, organisations politiques et syndicats de France, l’appel à une manifestation internationale contre la Troïka* :
http://www.france.attac.org/evenement/manifestation-internationale-le-1er-juin-les-peuples-unis-contre-la-troika-paris

- Alors qu'Hollande a glorifié G.Schröeder devant la chancelière, quelques eurocrates et chefs d'états à Leipzig, qu'on allonge l'échéance de remboursement de dettes de certains pays, que e le couple F/A nous mitonne 1 plan bidon pour lutter contre le chômage...ils conduisent sur l'autel sacrificiel du "dieu Baal-€uro" : nos acquits sociaux, nos retraites, notre niveau de vie et le pillage de notre environnement... au nom du redressement, de la spéculation , des profits du Cac40 & des banksters... Mais ces ces gens-là monsieur; on ne parle pas de la réforme ou de la démocratisation des institutions €, des intérêts usuriers de la Dette, des accords commerciaux ALE, AECG.. passés avec la commission UE par-dessus nos têtes, sous l'égide de l'OMC ....Austérité épouse bien mondialisation !
- Le top-model Schröder a vécu, dans 1 contexte d'époque bien différent du notre et non-transposable chez nous : la face cachée de leur miracle est tout autre... ce que dénonce Guillaume Duval, dans son livre "Made in Germany" :
http://www.franceinfo.fr/europe/les-choix-de-france-info/l-allemagne-est-elle-un-modele-a-suivre-1004015-2013-05-28
( écoutez aussi leur poscast ). La démographie. Il y a moins d'enfants, ce qui coûte moins cher et permet d'avoir plus de possibilité sur le marché du travail. L'Allemagne a perdu 500.000 habitants depuis les années 2000 alors que la France en a gagné cinq millions. L'immobilier est resté stable chez eux. Il est donc plus facile pour les Allemands de supporter des années d'austérité....Après la chute du mur ; tout le pays est gagnant car il a réintégré plusieurs pays dans son système productif : la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne... des pays où le coût du travail est cinq fois plus faible qu'en France et ça a dopé leur compétitivité....Ils ont perdu des emplois et du pouvoir d'achat avec Schroder et ne peuvent pas accepter d'aider les autres en Europe si les autres ne souffrent pas autant qu'eux avec Schröder....Il a compressé dans les dépenses publiques ( petits salaires de fonctionnaires aussi ) qui sont encore préjudiciables dans les services publics. Avec +d inégalités qu'en France; il a fragilisé le modèle Allemand... Le Smic n'existe pas chez eux.....Si on a 1 déficit de 1800 milliard et eux 32milliards ; c'est aussi la faute à l'€uro ?
Ce matin; Barnier jetait l'anathème sur les souverainistes et les anti-€ , qui veulent nous mettre à la merci des USA & de la Chine, ruiner nos placements bancaires et que sais-je... ( comme autrefois on faisait du mac-carthisme primaire) mais la peur ne sera pas toujours le commencement de la sagesse ( à méditer ). Quand on sacrifie 1 peu de liberté pour notre sécurité ; on obtient finalement, ni l'un ni l'autre...
 
 
 
Mon commentaire : Merci Jacques Dion pour cette précision dans l'analyse lucide des enjeux et des manœuvres.
Pour qui pense que Marianne marche est trop pluraliste, je rappellerai qu'en 2005 (j'étais alors abonnée au NObs) la plupart des journaux mainstream (d'aucuns les appellent référents merdiocratiques) ne publiaient - sans doute poussés dans le dos par les sachants-puissants - que des argumentations en faveur du OUI: sur le NOBS c'en était lassant. J'ai par hasard acheté un numéro de Marianne. Puis un autre. En effet, dans chacun de ses numéros apparaissaient deux argumentateurs : l'un pour le OUI, l'autre pour le NON....  Ce phénomène est resté assez rare dans nos presses merdiatiques officielles. Je crois donc plutôt constructif (pour l'intelligence citoyenne) de garder à cette revue une estime que je continue de trouver méritée, même si il m'a semblé qu'elle ne répercutait pas toujours les positions contradictoires (sur la Syrie , et avant: la Lybie... il y a encore une marge de progrès ;-)


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