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15 juin 2013

Comptes en Suisse : "Un membre éminent de l'actuel gouvernement" serait identifié

Sur le SUD OUEST

 

Publié le 15/06/2013 à 06h00 | Mise à jour : 15/06/2013 à 07h58
Par DOMINIQUE RICHARD

Le journaliste Antoine Peillon a eu accès à la liste des politiques de droite et de gauche ayant un compte en Suisse

Le financier suisse Pierre Condamin-Gerbier.
Le financier suisse Pierre Condamin-Gerbier. (photo dr)
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Jérôme Cahuzac n’était sans doute que l’éclaireur d’un petit peloton de politiques adeptes de l’évasion fiscale. À la suite des accusations du financier suisse, Pierre Condamin-Gerbier, le procureur de Paris, qui découvre les vertus de l’indépendance, a ouvert à la fin du mois de mai une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale. Confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, elle vise notamment les activités de la banque Reyl, celle-là même qui a abrité à Genève le compte clandestin de l’ancien ministre du Budget.

  • Une quinzaine de noms

Entendu à plusieurs reprises comme témoin par la police et les magistrats dans le cadre de l’affaire Cahuzac, Pierre Condamin-Gerbier, un ancien cadre de la banque Reyl a été aussi entendu jeudi, à huis clos, par le député PS Yann Galut. « Face au pillage de notre épargne par la Suisse, le citoyen a pris le dessus sur le banquier », souligne le parlementaire, rapporteur du projet de loi de lutte contre la fraude fiscale.

Pierre Condamin-Gerbier dit détenir une liste d’une quinzaine de noms d’hommes politiques français ayant placé des avoirs dans un ou plusieurs établissements de la confédération helvétique. Désireux de mettre sa famille à l’abri des répercussions d’une telle révélation, il ne l’a pas encore remise aux juges. Mais cela ne saurait tarder. En revanche, à la fin du mois de mai, il a donné copie de certains des documents en sa possession à plusieurs journalistes d’investigation français.

  • Droite et gauche

Antoine Peillon, grand reporter au quotidien « La Croix » et auteur l’an passé d’un ouvrage remarqué sur les activités illicites de la banque UBS en France, détient ces pièces. (1) « Quand on découvre les identités des hommes politiques concernés, il n’y a pas vraiment de surprise, souligne-t-il. Les gens de droite sont un peu plus nombreux. À gauche, on trouve diverses personnalités ainsi qu’un membre éminent de l’actuel gouvernement. »

Les circonstances du divorce survenu en 2009 entre Pierre Condamin-Gerbier et la banque Reyl, où il avait le titre d’associé-gérant, sont sujettes à controverse. Le premier assure qu’il n’a pas supporté les pressions de son employeur, qui souhaite faire main basse sur ses clients. La seconde laisse entendre qu’elle ne pouvait plus le conserver du fait que, lorsqu’il était employé par UBS, il avait usé de la carte de crédit de la banque pour ses dépenses personnelles. Manifestement, le financier, aujourd’hui âgé de 42 ans, a été ébranlé par plusieurs ruptures.

En 2007, alors responsable de la délégation UMP pour la Suisse, il avait accueilli Éric Woerth. Le futur ministre venait récolter des fonds auprès des exilés fiscaux pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy. Autant dire que Pierre Condamin-Gerbier a mangé son chapeau en 2009 quand le même Éric Woerth s’était fait le champion de la lutte contre les évadés fiscaux.

  • « Sincère »

« Il a eu un parcours atypique, convient Antoine Peillon. Mais c’est un homme sincère et authentique. Il va de soi que les documents en sa possession devront faire l’objet d’un traitement judiciaire et de vérifications approfondies. Mais Pierre Condamin-Gerbier sait de quoi il parle. Il a une véritable réflexion sur la façon dont le système financier suisse a permis à la fraude de prospérer. »

Révélée par Europe 1, l’existence d’un compte-rendu d’une réunion tenue en 2008 dans le cabinet d’avocats parisiens de la banque Reyl donne du crédit aux accusations du financier. Le client évoqué n’est autre qu’une « personnalité politique exposée » désireuse de transférer au plus vite 23 millions d’euros de son compte ouvert chez HSBC vers celui d’un homme d’affaires ami. Et cela en ayant recours à un montage sophistiqué permettant de masquer la circulation des capitaux. Cela n’empêche pas la banque Reyl de clamer qu’elle n’a aucun homme politique français dans son portefeuille.

Il est peu probable que les juges la croient sur parole. Les dirigeants d’UBS n’avaient-ils pas certifié dans un premier temps n’avoir jamais vu dans leurs écritures les fonds dissimulés au fisc français par Jérôme Cahuzac ?

(1) « Ces 600 milliards qui manquent à la France. Enquête au cœur de l’évasion fiscale », éditions du Seuil.

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