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5 juillet 2013

SARKOZY - Comptes de campagne... et les sondages de l'Elysée???

Sur MARIANNE

 

Comptes de campagne de Sarkozy invalidés : il manque encore les sondages de l’Elysée !

Jeudi 4 Juillet 2013 à 19:30 | Lu 11731 fois I 57 commentaire(s)

 

Gérald Andrieu
Journaliste politique à Marianne chargé du suivi des partis de gauche.
Du côté des sarkozystes, on commence à expliquer que l'invalidation des comptes de campagne de leur chef par le Conseil constitutionnel est une « décision politique ». C'est culotté ! Car quand on y regarde de plus près, les sages ont été plutôt tendres avec Sarkozy en ne réintégrant pas, comme Marianne le réclame, plusieurs centaines de milliers d'euros de sondages payés par l'Elysée et donc le contribuable...

 

REAU ALEXIS/SIPA
REAU ALEXIS/SIPA

Nicolas Sarkozy est décidément un être à part. La décision du Conseil constitutionnel d’invalider ses comptes de campagne 2012 lui permet de rejoindre Jacques Cheminade et Bruno Mégret dans le club très fermé des candidats à la présidentielle dont la gestion financière a été retoquée.

Sarkozy a même rejoint, de lui-même, un second club plus restreint encore : celui des membres de droit du Conseil constitutionnel qui veulent en démissionner ! Car c’est bien ce qu’il vient d’annoncer, pareil à un enfant qui bouderait…

Dans leur communiqué, les sages motivent pourtant clairement leur décision par la réintégration de dépenses portant notamment sur des tracts, le site Internet du candidat UMP ou bien encore certaines réunions publiques. Mais en ce qui concerne les sondages, le Conseil constitutionnel se montre très conciliant. Peut-être trop même…

En octobre 2012, Marianne avait révélé une incongruité. Dans le tableau récapitulant les dépenses du candidat de l’UMP, publié fin juillet au Journal officiel, la ligne consacrée aux dépenses en « Conseil en communication » était vierge de tout montant ! Quant à celle destinée à accueillir les frais « Enquête et sondage », il n’y figurait qu’un « minuscule » 110 919 €. Quand son adversaire du second tour, François Hollande, lui, affiche 598 619 € de dépenses dans la première catégorie et près du double dans la seconde (236 373 €). En 2007, le même Sarkozy déclarait un peu plus de 130 000 € de frais pour des conseils en com et environ 527 000 € pour des enquêtes d’opinion…
 
Par quel tour de passe-passe est-il parvenu à un tel résultat ? Contacté par Marianne en avril dernier, l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Philippe Blanchetier, avait expliqué, sans rire, qu’il avait été inutile de commander de nombreuses et coûteuses enquêtes d’opinion en 2012 puisqu’elles fourmillaient dans les médias ! Et ce, contrairement à 2007, osait-il ajouter…
 
Dans leur communiqué, on constate que le Conseil constitutionnel ne s’intéresse en matière de sondages qu’aux deux contrats passés par l’UMP en 2012 avec le cabinet Giacometti-Péron et celui de Patrick Buisson, Publifact. Le débat est technique (confus même), mais il s’agit pour eux d’évaluer quelles ont été les prestations qui concernaient la présidentielle et celles qui portaient sur les législatives suivantes puisque ces deux entreprises avaient été missionnées pour travailler sur les deux scrutins.

Mais le Conseil constitutionnel (tout comme la Commission nationale des comptes de campagne qui avait invalidé les comptes de Sarkozy avant lui) fait fausse route… Qu’importe de savoir si les prestations de Giacometti-Péron concernent à 100% ou à 90% la présidentielle ou les législatives. Les sommes en jeu sont dérisoires, on va le voir.
 
Car c’est par un autre biais que le candidat Nicolas a probablement réussi à faire maigrir ses dépenses sondagières de campagne. Ce n’est en effet que le 16 février 2012 — le lendemain de sa déclaration officielle de candidature —, que Publifact et Giacometti Péron & Associés, les deux sociétés de conseil déjà en affaires avec l'Elysée, décident, par un avenant à leur contrat, de réduire le coût de leur prestation. La « rémunération de la mission » de Patrick Buisson est « réduite de 80 % et s'établit à 2 000 € HT par mois », précise l'avenant. Celle versée à la société de Pierre Giacometti est également rabotée de 80 %, pour atteindre 6 620 € HT mensuels, contre 33 120 € TTC auparavant.
 
Qui peut sérieusement croire qu’avant cette date, ces si proches conseillers se contentaient de fournir des informations et des instructions qu’au seul président dont tout le monde savait qu’il était candidat à sa propre élection ? Qui ? Qui peut croire que ces docteurs ès sondages, à compter de la mi-février 2012, n’abordaient avec le Président Sarkozy que la situation internationale et les réformes gouvernementales en cours ? Qui peut croire enfin qu’à chaque fois qu’il était question de la présidentielle à venir, Pierre Giacometti et Patrick Buisson se mordaient alors les lèvres jusqu’au sang pour ne surtout pas en parler ?
 
Certainement pas Raymond Avrillier. Ce militant écologiste grenoblois s’est pris de passion pour l’affaire des sondages de l’Elysée, au point de lancer toutes les procédures administratives et judiciaires possibles pour en percer les mystères. Pour lui (il l'a écrit à la Commission des comptes de campagne), il aurait fallu « affecter au compte de campagne du candidat M. Nicolas Sarkozy » toutes les dépenses de l'Elysée en matière de « conseils en communication » et d'« études et sondages » à partir d'avril 2011. Soit, selon ses estimations, plus de 1,3 million d'euros.

Revenir à avril 2011 est peut-être exagéré, jugeront certains. Certes. Mais le Conseil constitutionnel a bien réintégré une partie des dépenses engagées lors d'une réunion publique à Toulon le 1er décembre 2011, soit deux mois et demi avant l'entrée en campagne officielle de Sarkozy.
 
Voilà en tout cas qui permettra de faire taire les sarkozystes qui commencent à expliquer que la décision du Conseil constitutionnel est une « décision politique ». Pour le coup, le Conseil constitutionnel a plutôt été tendre en ce qui concerne les sondages en choisissant de ne pas faire figurer sur les comptes du candidat plusieurs centaines de milliers d’euros payés par la Présidence et donc le contribuable…

 

 

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