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17 septembre 2013

Triangulation, pratique moderne en politique

 


Sur le blog de P. Joly

Logo-PS.jpg martine-aubry.jpg
Cette semaine est arrivé un petit événement dont je veux souligner l'importance : Le changement de Martine Aubry sur la question de l'âge de départ à la retraite. Comme première secrétaire du PS, quand elle se prononce en envisageant un report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 61 ou 62 ans, elle engage son parti. Et on se souvient bien qu'en 2003, lors de la dernière grande réforme des retraites, le PS tenait mordicus à ces 60 ans. Il était même contre l'allongement des durées de cotisation.
Autant j'avais écrit qu'on pouvait s'attendre à un renouveau du PS sous la houlette de Martine Aubry ( Le PS en reconstruction ? ), autant je ne m'attendais pas à une ouverture au centre de la part de la dame des 35 heures. Mais peut-être avait-elle à se positionner face au très centriste Strauss-Kahn et à Hollande le modéré...
Ce qui me semble majeur comme changement, ça va plus loin que ce regain de réalisme face au problème des retraites. Cette prise de position, c'est un exemple typique de triangulation. Un politique qui prend position contre la position traditionnelle de son camp et pour ce que défend généralement le camp d'en face. C'est à la fois un moyen d'élargir son assiette politique et de conquérir des électeurs qui auraient été réticents, un moyen de montrer son ouverture d'esprit en reconnaissant qu'une proposition, même si elle vient de ses adversaires, elle peut être bonne.
On a vu ce phénomène fonctionner avec Nicolas Sarkozy (par exemple sur l'écologie), mais aussi avec Ségolène Royal et bien sûr avec d'illustres dirigeants occidentaux comme Tony Blair. Dans l'art et la manière de faire la triangulation, il y a bien sûr le choix du thème qui doit être un sujet où l'opinion est plutôt favorable à la proposition du camp adverse, la proposition qu'on reprend à son compte. Dans le cas qui nous occupe, les Français ont bien compris que si on voulait conserver le système de retraites par répartition auquel ils tiennent, il fallait le réformer et que le moins dolore était de prendre sa retraite un peu plus tard. Comme dans tous les pays occidentaux.
La triangulation, c'est pour moi une des marques de modernisation de la politique. Il y en a marre de cet affrontement entre deux blocs où pour les politiciens tout ce qui vient de son parti doit forcément être défendu et tout ce qui vient de l'autre camp taillé en pièces. Les choses sont moins simples que ça, et les électeurs le savent très bien. Un proverbe dit qu'il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Martine, tu te grandis en quittant un carcan idéologique pour plus de réalisme.
Dans le cas du parti socialiste, ce n'est pas une simple tactique électorale. C'est un peu de culture de gouvernement. On était habitués à ce que le PS soit réaliste, peut-être même pas assez socialiste dans certains cas, quand il est au pouvoir, mais dès qu'il était dans l'opposition il retournait à un schéma plus ultra. J'ai toujours pensé que c'était un des gros points faibles du PS. Un problème de crédibilité. Le retour à un peu de culture de gouvernement en période d'opposition, c'est un changement majeur de stratégie au PS.
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