Refondation de l'ONU, refondation du Monde ?
Sur le blog d'ANNE W.
Dilma Rousseff a ouvert cette Assemblée Générale de l'Onu
Je ne sais pour vous, mais jusque ici je ne m’étais jamais intéressée de trop près aux assemblées générale de l’ONU qui me semblaient une mécanique à ratifier les positions de l’Empire Transnational représenté par le régime étasunien du moment. Monde unipolaire et hégémonie des gendarmes autoproclamés, sans qu’aucune remise en question ne prenne assez d’ampleur et renverser ce qui apparaissait comme un ordre immuable des choses.
L’ONU, une organisation sous contrôle, Jean Ziegler décrit fort bien cela dans « Les nouveaux maîtres du monde… ». Parlant de sa propre expérience, il raconte par exemple l’espionnage permanent sur chacun de ceux qui y travaille et comment pour y échapper, les informations importantes ne peuvent passer par le courrier électronique, mais bien être remises en main propres par un porteur de confiance.
Cette fois pourtant, frustration, je voudrais avoir une connexion à Internet qui m’offre la possibilité de suivre les débats, en en particulier, bien sûr, les interventions de ce pôle multipolaire que la plupart ici continuent d’ignorer : l’Amérique du Sud en tant que telle. Dilma Rousseff, Evo Morales, Cristina Fernandez de Kirchner prenaient hier la parole, et j’aurais aimé pouvoir suivre cela en détail.
Tout au cours des semaines qui ont précédé, de multiples échanges ont eu lieu entre différents pays du continent Sud-Américain pour préparer les différentes interventions sur des thèmes brûlants. Simultanément à New York, les représentants de l’ALBA tiendront leur propre réunion.
Nous savons que plus largement, cette assemblée sera l’occasion d’une radicale remise en question du rôle de gendarme auto-proclamé de notre monde imposé par les États-Unis. Le dernier G20 qui s’est tenu à Moscou nous en a donné un avant-goût. L’Occident s’y est vu détrôné par une alliance de puissances émergentes, dont nous savons qu’elles sont la figure de proue de la réprobation mondiale qui veut en finir avec l’attitude belliqueuse de la nébuleuse globalisante incarnée par le gouvernement des Etats-Unis. La Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Argentine, l’Afrique du Sud y ont vertement remis en place Obama, qui était dans ses petits souliers.
Source image : L'Occident détrôné
Si la Syrie est l’obstacle sur lequel l’empire s’est déjà cassé quelques dents, d’autres thèmes émergent qui sont autant de pierres dans son jardin et d’épines dans son talon (d’Achille ?). L’espionnage sans limite auquel se livrent sans vergogne les services secrets US est un de ces thèmes qui a été porté sur l’Agora par Dilma Rousseff qui ouvrait cette assemblée. La même Dilma qui en raison de cet espionnage a supprimé la visite qu’elle devait faire aux Etats-Unis le 23 octobre.
Evo Morales, incarne quant à lui la voie du refus de tous ceux qui s’insurgent contre la tentative de recolonisation musclée du continent Sud, clairement annoncée par Kerry, qui a donné la couleur en affirmant que les USA allaient s’occuper vigoureusement de leur arrière-cour. Provocation ? Maladresse ?
Une telle déclaration était inacceptable pour tous ceux qui construisent la souveraineté et l’autodétermination de cette région du monde, phare pour tous ceux qui souhaitent un monde de paix, multipolaire, fondé sur la complémentarité des peuples et non sur leur mise en rivalité, leur mise en concurrence.
Dans un monde aux ressources matérielles limitée, ayant subi une explosion démographique la complémentarité et le partage équitable est la seule optique possible pour qui souhaite la paix et le bien-être pour les habitants présents et à venir. Ce qui implique un changement radical de nos manières d’habiter la planète.
Comment en effet pratiquer une consommation « responsable » et « soutenable » quand les modes de production, la nature et la qualité des produits est toujours plus nuisible. Comment trouver une issue, alors que la « croissance » forcée reste centrale, ne bénéficiant qu’aux quelques-uns qui sont entré dans la spirale du Profit, au prix de destruction irréversible de la planète. Richesse ? C’est quoi au juste. Il faudrait peut-être redéfinir cette notion selon des critères « raisonnables » (moins quantitativement matérialistes et plus qualitativement joyeux). Sérieuse ? Non je ne suis pas sérieuse… Inquisition hors de nos murs ! Austérité de même.
Comme beaucoup, je suis critique des modes de développements adoptés y compris par les gouvernements rebelles (au néolibéralisme) d’Amérique du Sud. De nombreux mouvements populaires locaux, avec à leur tête les associations paysannes et indigènes, d’ailleurs ne cessent de les remettre en question. C’est un autre débat, qui doit impérativement être mené mondialement, et en particulier en Europe.
Ceci dit, l’Europe des Peuples ne pourra se construire que si nous balayons principe de cette concurrence (ni) libre, (ni) parfaite qui est le fondement idéologique officiel de la construction européenne actuelle et que nous apprenons en pratique ce que mise en complémentarité des ressources veut dire. Ce qui ne sera possible que si nous renonçons à cette attitude de roquets de l’Impérialisme, illusion de supériorité de notre civilisation européenne dévastée par les effets néfaste de l’acculturation et du colonialisme yankee. Il serait plus que temps d’en revenir à plus d’humilité, de renoncer à nos propres attitudes suprémacistes de colonisateur-civilisateur et d’aller prendre de la graine là où le marché des semences n’est pas encore monopole de Monsanto et cie.
Ce qui se passe se passe ces jours-ci à l’ONU est donc de toute première importance aussi pour nous européens, le trône de l’Empereur que nous servons vacille et nous courrons le risque de nous retrouver relégués avec les Maîtres aux oubliettes de l’histoire, complices de ceux pour qui la globalisation signifie « dominer par les armes de guerre, celle que mène les militaires, guerre économique dont les règles internationales contraignante réduisent la politique à des démonstrations de parades de bonnes intentions, guerre psychologique qui par mainmise sur l’information de masse et la déstructuration des enseignements colonise les consciences et domine les opinions publiques. Nous courrons un risque bien plus grave, celui de récolter les fruits de la haine que nous avons semée.
Pour tous ceux qui aspirent à la paix, la souveraineté, l’autodétermination, cette mise au ban des nations des Etats-Unis qui se profile à l’horizon de cette assemblée est un préalable indispensable. Pourquoi ? lire la suite ...