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7 octobre 2013

Roubaix : comment j’ai failli être intégré dans la liste de la candidate FN Françoise Coolzaet

Sur LA VOIX DU NORD

Publié le - Mis à jour le 07/10/2013 à 18:57

Par Bruno Renoul

Le Front national, qui a toujours des difficultés à glaner des candidats pour les élections locales, vient de lancer sur le web un appel aux Roubaisiens désireux de rejoindre sa liste aux municipales. Pour vérifier le sérieux de ce recrutement, nous avons tenté notre chance en téléphonant au numéro indiqué et en prenant un nom d’emprunt. Conclusion : au FN, on prend n’importe qui ou presque !

Françoise Coolzaet sera tête de liste aux municipales à Roubaix.VDN

Aujourd’hui, je m’appelle Clément Durand. Une, deux, trois sonneries. Surprise : Françoise Coolzaet, la tête de liste FN, décroche elle-même. « J’ai ouvert une ligne exprès pour la campagne », confie-t-elle. On raconte notre boniment : on a vu l’appel qu’elle a lancé sur son site web, on se pose la question de s’engager sur la liste, on veut en savoir plus. En somme, on se tâte.

Au bout du fil, la tête de liste FN adopte un ton très agréable. On sent que ce coup de fil lui fait un bien fou, et qu’elle va tout faire pour qu’il se concrétise. « Certains ont peur de s’afficher, que ça se sache. Trouver 53 noms, ce n’est pas évident. Pour l’instant, on n’en a que 25. Je suis certaine qu’on va y arriver. mais j’ai envie de régler ça au plus vite, pour pouvoir me concentrer sur la campagne. »

« On veut juste des noms, pas des militants »

On lui dit qu’on hésite, qu’on est comme tout le monde, qu’on a peur du regard des voisins. Elle est rassurante. « Vous avez lu le document ? C’est très simple, vous pouvez mettre votre second prénom, et Durand, c’est commun, personne ne saura que c’est vous. Les femmes peuvent aussi mettre leur nom de jeune fille. » Mon nom sera-t-il publié ? « Non, il n’y a que la Préfecture qui aura la liste complète », promet-elle. Le FN est prêt à un arrangement avec la vérité pour me convaincre. Car en réalité, la presse locale aura bien sûr accès à toutes les listes, et les publiera intégralement.

Françoise Coolzaet enchaîne et justifie sa démarche. « Que ce soit clair. Nous, on ne cherche pas de militants actifs. On veut juste des noms. Le plus important, ce sont les huit ou dix premiers, mais les autres, leur seule utilité est de nous permettre de constituer la liste et de nous présenter. »

« Voyez ça comme un moyen de nous fournir un coup de pouce »

Juste des noms ? On tique. « Oui, si vous êtes patriote, que vous aimez la France, voyez ça comme un moyen de nous fournir un coup de pouce. »

À aucun moment, la tête de liste ne me pose de question sur mon âge, mon parcours personnel, mon activité professionnelle. À aucun moment, elle ne sonde les raisons de mon potentiel engagement politique. C’est moi qui dois aborder le sujet, pour obtenir une réponse évasive : « L’essentiel, c’est d’être patriote. Vous n’êtes pas obligé de partager toutes nos idées. »

Elle parle quand même de « l’islamisation de Roubaix », du « problème de la pauvreté », et celui de la « sécurité dans les petits commerces ». Elle dénonce « Pierre Dubois qui naturalise les étrangers à tour de bras », et lâche qu’« on a affaire à un fou ». Et tant pis si en réalité, c’est la préfecture qui décide des naturalisations…

« J’étais sûre que vous étiez journaliste ! »

Françoise Coolzaet veut me rencontrer, mais l’adhésion à la liste ne semble a priori pas lui poser de problème. Pour pousser le bouchon, je demande si une place éligible est possible : elle ne l’écarte pas si j’ai les épaules. Je dis que je vais réfléchir. « L’idéal serait de nous répondre vite. Mais souvenez-vous que faire partie d’une liste, c’est quasiment anonyme, en fait. »

La conversation a duré quinze minutes. Presque suffisant pour être enrôlé dans la liste FN à Roubaix ? Plus tard dans la journée, nouveau coup de fil à Françoise Coolzaet. Cette fois-ci, avec ma véritable identité. On lui explique la supercherie. « J’en étais sûre », rétorque-t-elle. Et de tenir un discours calibré, comme attendu : « On n’est pas aux abois. On n’est qu’en octobre. On veut juste accélérer les choses. Bien sûr qu’on ne va pas prendre n’importe qui, mais des gens qui ont envie de nous aider. »

D’ailleurs, elle relativise cet appel aux bonnes volontés, qu’elle justifie par « l’absence d’ancrage local du parti à Roubaix », dû à l’histoire : « Ce n’est pas une première, vous savez. D’autres candidats le font ailleurs, à Wasquehal par exemple. Bref, ce n’est pas un scoop ! »

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