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9 octobre 2013

L' effet Brignoles" par le menu

Sur le blog de JL Mélenchon

Extrait :

 

(...) 

Dans ce post, je parle de Brignoles. Je donne mon avis politique. Mais surtout je vous donne un récit de ce qui s’est passé localement et qu’aucun des bavards médiatiques n’a raconté, alors que ce serait leur métier de faire connaitre ce que je vous rapporte. Puis, je parle des élections municipales en général et à Paris en particulier. Du coup ce post est long. Et encore, j’ai enlevé deux chapitres. Et je suis à Strasbourg, en pleine bataille des vapoteurs ! Caramba ! Mais cette actualité traumatisante ne me permet pas de faire plus court.

 

 

 

 

A Brignoles, la bricole solférinienne gâche tout

 

La stabilité dans la diffusion des idées du Front national est garantie. D’un côté, l’appareil médiatique n’a aucune raison de faire cesser son cirque de publi-reportage et de dédiabolisation. Ni surtout son travail délétère de décomposition de l’espace républicain : déclinisme, dénonciation de la politique et du syndicalisme, apologie de la peur de tout et de tous. Hier, d’ailleurs, était un jour d’orgasme médiatique sur le sujet. Les Français ont appris qu’ils sont les plus mauvais d’Europe (ou peut-être du monde, à moins que ce soit de la galaxie) en lecture et calcul. Mais le pire n’est pas chez les marchands de papier ou les pondeurs d’images en continu. La prostitution est moins le fait de la personne prostituée que de la clientèle. Le client a un sentiment confirmé par la société que ses désirs sont irrépressibles et que son objet est consentant moyennant finance. Sa mauvaise éducation est en cause. Ici, l’appétit des citoyens envers les idées d’extrême-droite est aiguisé par les recommandations de Valls. Et la bestialité de ceux qui l’approuvent est légitimée par le titre de celui qui profère les insanités. Pensez : c’est le ministre de l’Intérieur ! Et les sondages montrent que 90 % des Français sont d’accord avec lui. Mais 70% seulement pour jeter les Roms à la mer et seulement 10 % pour les brûler vifs. Heureusement Valls ne propose pas le feu, ni la noyade. « On voit que c’est un modéré et un bon rempart face aux idées des extrêmes » déclare monsieur Schmoll, politologue indépendant, éthique et médiatique. Valls va donc continuer son numéro de « triangulation », c’est-à-dire parler comme le Front national dans l’espoir affiché de lui prendre des voix. Naturellement, il ne lui prendra rien. Mais il augmentera la notoriété, la légitimité et donc la diffusion des idées du Front National. Peut-on l’en empêcher ? Non. Le président est d’accord avec lui et couvre ses sorties. Non. Parce que le complexe mediatico-sondagier a besoin de lui comme produit d’appel. 

 

Inutile de compter sur les médias pour faire davantage que des effets sensationnalistes. Le récit des aventure de la gauche à Brignoles mérite pourtant d’être diffusé, tant il explique le foutoir qui a permis au Front National d’occuper tout l’espace politique local. Ce que vous allez lire à la suite est pour l’essentiel une copie de la note de contexte venue du Var de la part des militants du Parti de gauche du secteur. Ce que vous allez lire là, personne ne vous l’aura raconté pour vous aider à comprendre ce qui s’est véritablement passé sur place. En le découvrant, vous vous rappellerez que les dirigeants solfériniens ont essayé de me rendre responsable, par mes critiques, de la débandade locale. Vous allez donc pouvoir constater une nouvelle fois quels menteurs et calomniateurs ils sont, avec l’aide de leurs chers petits camardes les porteurs de micros, qui ne vérifient rien, jamais, nulle part, mais adorent tellement les ragots et les batailles de personnes !

 

Les difficultés de la Gauche sur cette commune ne sont pas nouvelles… Déjà aux municipales en 2008, face à la liste de rassemblement à gauche menée par Claude Gilardo, s’était constituée une liste PS–MODEM, qui avait obtenu à peine plus de 10% au 1er tour et avait refusé de se retirer au 2nd tour en faveur de la liste menée par Claude Gilardo, qui avait pourtant obtenu plus de 30%. Il s’en était fallu de peu que la liste de rassemblement ne l’emporte face à l’UMP au 2nd tour. Les socialistes à Brignoles portent donc depuis longtemps la responsabilité de la division et de choix politiques hasardeux !

 

A-t-on oublié qu’aux élections cantonales de 2011, le candidat FN, Jean-Claude Dispard était élu de 5 voix face au conseiller général sortant et maire PCF de Brignoles Claude Gilardo ? Au 1er tour, le candidat FN totalisait 2757 voix (32,97%) contre 2636 (31,53%) pour le maire communiste (et conseiller général sortant). Le score de la Gauche, avec la candidate EELV, atteignait 3619 voix, soit 42,33%. L’UMP réalisait 23,69% et 1981 voix… Dans ce duel, au 2nd tour, la porosité de l’électorat UMP avec le FN avait été criante, facilitée par des appels du pied d’édiles brignolais UMP et de son candidat à la cantonale qui adaptaient le vieux slogan des années 30 : plutôt le FN que le Front de Gauche. Avec une participation pourtant plus importante, le FN l’emportait avec 4407 voix contre 4402 pour son adversaire communiste, profitant d’un apport massif des voix de l’UMP. Il augmentait alors son score de 1700 voix, tandis que le candidat de gauche en gagnait moins de 800…

 

Autre élément, qui n’est pas sans démobiliser les forces politiques du Front de Gauche : l’entrée, comme directeur de cabinet du Maire communiste, d’un militant socialiste qui deviendra par la suite secrétaire de la section locale PS. Il va jouer un rôle pervers dans les discussions et les échanges entre les forces de gauche localement, pour favoriser les positions socialistes contre celles du PCF et du Front de Gauche. C’est dans ce contexte de Clochemerle glauque qu’intervient la 1ère partielle, en juin 2012, qui fait suite à l’annulation du précédent scrutin… Claude Gilardo est le candidat unique de la Gauche mais le climat de la campagne est mauvais, de par la volonté de son cabinet de la diriger et de soumettre les organisations politiques du Front de Gauche à ses orientations. L’ambiance n’est pas facilitée par le contexte des élections législatives. Dans la circonscription, le PS soutient officiellement une candidate EELV, le candidat du Front de Gauche est le 1er fédéral PCF, et s’ajoute une candidature dissidente d’un maire PCF soutenu officieusement par la fédération PS… Au final, tous les candidats de gauche sont éliminés au 1er tour, et nous devons déjà subir un 2nd tour UMP / FN ! Le PCF appelle, avec les autres organisations de gauche – sauf le PG – au front républicain, espérant un retour reconnaissant pour la cantonale qui a lieu le dimanche qui suit le 2nd tour de la législative.

 

Cette fois-là il n’y a que trois candidats : Claude Gilardo, soutenu par toute la gauche, le sortant FN et une candidate UMP. Le candidat PCF arrive en tête avec 39,6% (3100 voix) face au candidat FN, qui réalise 2734 voix (34,9%), et la candidate UMP (25,4%, 1991 voix)… Claude Gilardo l’emporte de nouveau au 2nd tour… mais de 13 voix. Faible écart. Bizarre, alors même que le contexte est extrêmement favorable car, outre la dynamique de la victoire nationale du PS, la députée UMP aura fait un appel clair de soutien au maire PCF pour le 2nd tour. Cette victoire est donc particulièrement fragile et liée à un contexte national favorable, mais les dissensions locales à gauche sont fortes et inextricables.

 

A 13 voix d’écart, le FN dépose un recours que validera, fin 2012, le tribunal administratif, et appel est porté au Conseil d’Etat par Claude Gilardo. Ce dernier, âgé de plus de 80 ans, annonce hésiter à une nouvelle candidature mais en aucun cas ne crée les conditions à l’émergence d’une nouvelle candidature. Pire : l’indécision sur sa candidature bloque toute possibilité de construction d’une autre. Il en est de même pour la Mairie de Brignoles, où tous les candidats possibles à mener le projet et la liste de rassemblement ont été mis de côté et où, sans consultation des organisations politiques, ce sont les élu-e-s actuels qui ont désigné en leur sein, la future tête de liste : le plus petit dénominateur commun qui ne fait d’ombre à personne ! Durant le mois d’août 2013, le Conseil d’Etat rend sa décision d’annulation de l’élection. Et les événements se précipitent ! Le PCF préempte une « candidature de rassemblement à Gauche ». C’est le dernier canton qu’il détient dans le Var. Il désigne donc le premier son candidat. C’est un militant et responsable local non-brignolais. Personne au Front de gauche n’est consulté. C’est un fait accompli, un point c’est tout. On doit pouvoir faire mieux pour « rassembler à gauche ».

 

La candidature PCF est annoncée par voie de presse, et s’enclenche alors la dynamique de l’élimination au 1er tour. Le PS annonce refuser cette candidature ! Il affirme haut et fort être prêt à aller au clash. Le sortant communiste, Claude Gilardo, annonce découvrir dans la presse la candidature de son parti, alors même qu’il était présent à l’AG de la section. En fait, on peut penser qu’il aurait bien aimé être sollicité pour une nouvelle candidature ! C’est dans ce contexte volcanique qu’EELV annonce sa participation à l'élection. Pour cette formation, il n’y a pas légitimité de la candidature PCF du fait des scores aux législatives : EELV était en tête de la gauche, avec le soutien du PS.

 

Conscient de l’impasse qui s’organise à gauche, le PCF propose la place de suppléante à EELV pour un ticket commun. Refus catégorique ! En effet, les dirigeants d'EELLV savent qu’ils vont recevoir le soutien de toute l’organisation locale du Parti Socialiste. Et notamment du secrétaire de la section, devenu entre temps directeur de la communication à la Mairie, auquel s’ajoutent les élus municipaux. De son côté, la direction communiste nationale interpelle les dirigeants socialistes. Un communiqué de Christophe Borgel prend position : le PS soutient le candidat PCF. Puis, un communiqué d’Harlem Désir tombe. Il précise que le candidat communiste est le candidat de « l’union de la Gauche ». De tout cela, il ne fut pas question une seule fois dans la coordination du Front de Gauche. Le candidat, lui, n’hésitait pourtant pas à s’étiqueter « PCF-Front de Gauche ». Sans commentaire. Localement, le candidat communiste menait une rude campagne contre les politiques austéritaires du gouvernement comme contre celles du Conseil général UMP. Pourtant, la dernière semaine, les militants communistes se voient obligés de distribuer un tract de soutien à leur candidat signé Harlem Désir et siglé du poing à la rose. La confusion est à son comble !

 

Dans tous les cas, le soutien des solfériniens nationaux et locaux aura conduit à l’élimination de la gauche au 1er tour. Il est en effet évident, à la lecture des résultats, que les abstentionnistes refusent leur soutien à la la gauche. Simple à vérifier, puisque les deux candidats PCF et EELV totalisent 1579 voix (23,5%) cette fois ci quand, en juin 2012, le candidat de gauche en totalisait le double pour une participation en légère baisse. Cette élection revêtait un caractère essentiellement national, puisque les équilibres au sein du Conseil Général ne pouvait en rien être modifiés (sur 43 élus, 10 sont de gauche, 33 de droite). C’est donc bien un désaveu de la politique Hollande–Ayrault, qui désespère les électeurs de gauche et les rejette dans l’abstention.

 

Le triste spectacle de ce clochemerle de gauche aura, de surcroît, permis de passer sous silence les fortes dissensions au sein même du FN, puisque le candidat sortant a été éjecté par son propre parti, qui aura placé un jeune cadre inconnu sur le territoire : Laurent Lopez. Ce dernier, tête de liste pour les prochaines municipales, aura mené une campagne nationale, sans aucune dimension locale, en s’appuyant uniquement sur la figure de Marine Le Pen. L’ancien candidat s’est aussi présenté en dissidence soutenue par le parti de Karl Lang, le Parti de la France, et a obtenu 9,1% (600 voix). Cela donne ainsi un score de l’extrême-droite cumulé de 49,5% (3330 voix). La division de la Gauche permet la qualification de la (nouvelle) candidate UMP, alors que celle-ci maintient simplement son niveau par rapport aux précédentes élections.

 

 

Le Front de Gauche autobloque

 

Le Front de gauche aujourd’hui peut-il être un barrage national au FN ? Non, évidemment. Pour deux raisons. Premièrement, la stratégie de lutte frontale contre le Front National a été rejetée sous les prétextes les plus fumeux, où les donneurs de conseils se sont contentés de tout détruire sans rien construire par eux-mêmes. Par compassion, en dépit de leur rôle pervers et de leur lamentable inaction depuis, je ne cite personne. Je ne voudrais pas donner l’impression de caporaliser qui que ce soit, puisque dorénavant c’est ainsi qu’on appelle le fait d’oser donner son avis à tel ou tel cacique. Les archives à consulter sont encore disponibles. Aucune stratégie de rechange n’a été proposée, sinon quelques bavardages sans signification concrète ni début de commencement de réalisation.

 

Deuxième cause de disqualification : la confusion et l’illisibilité de la position du Front de Gauche. Totalement inerte politiquement ou peu s’en faut, le Front de Gauche est enfoncé jusqu’aux essieux dans les jeux politiciens à Paris, la capitale, Nantes, la ville du premier ministre, Lyon capitale du rêve d’alliance au centre du PS. L’invisibilité est garantie. Car le Front de gauche n’est crédible et visible que comme alternative nationale. Une fois loué en pièce détachée, il n’est plus rien. Une fois dilué dans le ronron et la grisaille de la langue des accords diplomatiques, il n’est même plus discernable. Encore est-ce le meilleur des cas. Car une fois en pleine lumière, les listes communes avec les socialistes produiront « l’effet Brignoles » pour tout le pays ! Soyons plus direct encore. On pouvait avaler bien des couleuvres. Mais pas Paris !

 

 

Ne méritons pas les compliments de Luc Carnouvas

 

Aux yeux de tout le pays, aux yeux de toute l’Europe de gauche, Paris n’est pas seulement une ville, et surtout pas une machine à cracher du cash électoral cantonal et sénatorial au prix d’un moment de honte vite passé. C’est la ville de la marche de la Bastille, c’est le cratère des rébellions et des révolutions en France. Et à Paris, du fait d’un seul parti, il n’y aurait pas de Front de Gauche ? On ne peut l’envisager. Les militants communistes vont voter. Le vote dure trois jours ! Il se fait directement ou même, de façon assez originale, par correspondance ! Je sais que la discussion a été très ouverte. Je veux avoir confiance. Comme je l’ai eue, en suivant de loin le cas, à Evry. Là, pour finir, la liste autonome a été adoptée à l’unanimité moins une voix ! Contrairement à ce que pensaient tous ceux qui se sont engagés pour obtenir le vote contraire.

 

Mais si Paris doit être privé de Front de Gauche, la conséquence ne se limitera pas à Paris. C’est impossible. Nous savons quel profit en tireront les solfériniens dans toute la France. Partout, ils chercheront à marginaliser ceux qui auront eu le courage de former des listes autonomes en les stigmatisant. Pire : ils feront des compliments compromettant comme ceux d’Harlem Désir à Brignoles. Ou comme ceux de Luc Carnouvas à Pierre Laurent. Pour ceux qui auraient manqué ce morceau de littérature de notre bon maître, voici le texte intégral.

 

Luc Carnouvas en effet ne cache pas sa jubilation. « En misant sur le rassemblement de la gauche, le PCF se montre responsable et cohérent » titre-t-il dans son communiqué du 6 octobre.

 

« Je me félicite du rassemblement de toute la gauche prôné ce jour par le Parti communiste français. Ces déclarations illustrent toute la responsabilité dont fait preuve Pierre Laurent, son secrétaire national. Il s’agit également d’une décision cohérente avec notre histoire commune.

 

« Alors que la droite essaie de tromper les électeurs en nationalisant le scrutin municipal à venir et que le risque de l’extrême droite est réel dans de nombreux territoires, je salue cette position responsable. Car il n’y aura d’alternance à la gauche dans les exécutifs locaux qu’à notre droite, voire à notre extrême droite. Par ailleurs, dans de nombreuses collectivités, la gauche unie a su montrer qu’elle sait apporter au quotidien des réponses aux attentes de nos concitoyens. Depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, nous collaborons dans le respect mutuel et pour l’intérêt général au sein des mêmes exécutifs locaux.

 

« Enfin, c’est une décision dont la portée politique est importante. Le Parti communiste français n’a pas cédé aux sirènes de certains qui pensent que l’adversaire n’est pas la droite mais le Gouvernement et les élus locaux socialistes. J’espère que les militants valideront dans la plupart des communes cette stratégie d’union, seule capable de faire gagner la gauche. »

 

Signé Luc Carnouvas, sénateur et secrétaire national du PS chargé des relations extérieures. Le même Carnouvas qui a cassé l’omerta en nous apprenant, dans la presse départementale du Val de Marne, que la négociation secrète sur les découpages des cantonales et des régionales avait commencé. Il est donc persuadé, comme proche du maître des ciseaux, Manuel Valls en personne, que personne ne peut lui répliquer.

Qui veut mériter ce genre de compliments dans sa commune ? Et qui, à l’inverse, veut se voir infliger en public les termes contraires en cas d’insoumission aux notables socialistes ? Les solfériniens locaux diront « vous êtes des sectaires, voyez vos camarades à Paris comme ils sont unitaires et responsables ».

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