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27 octobre 2013

Paris Municipales. Lettre à mes camarades et ami-e-s communistes de Paris

Un excellent texte de ce responsable du PC (responsable dans le sens noble du terme...)
Au delà des enjeux pour la crédibilité et la lisibilité d'un Front de Gauche (enjeu très, très largement et fréquemment  évoqué) , Braouzec pointe les conséquences néfastes prévisibles pour les couches populaires ...

 

Sur l'HUMANITE

 

le 23 Octobre 2013

Comment partager une analyse politique construite des deux côtés du périphérique ?

Par Patrick Braouezec, président de Plaine commune. J’ai hésité à m’adresser à vous, avant votre vote sur les élections municipales à Paris. Votre choix étant fait, vous me permettrez de vous interpeller sur deux questions qui nous interrogent de chaque côté du périphérique : la loi sur la métropole du Grand Paris et l’offensive du Parti socialiste contre des municipalités communistes en Seine-Saint-Denis.

La loi sur la métropole du Grand Paris, actuellement débattue, est à contre-courant de la nécessaire métropole polycentrique, solidaire et démocratique dont l’ensemble des citoyens métropolitains a besoin. Elle rejoint la proposition du sénateur UMP Dallier et de celle proposée par le rapport Balladur. En d’autres temps, cette construction avait été rejetée par l’ensemble de la gauche de l’Île-de-France, Mairie de Paris comprise.

Ainsi, si ce projet était finalement voté, la métropole du Grand Paris serait constituée des départements de Paris, des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, elle exclurait des millions de citoyens de ladite seconde couronne en créant une nouvelle frontière. Exit donc les habitants de Sarcelles, de Villiers-le-Bel, de Grigny, de Chelles…

Elle créerait une structure technocratique et bureaucratique de près de 7 millions d’habitants en s’attaquant aux potentialités démocratiques du « bloc communal ». Sa première décision serait la dissolution des communautés d’agglomération de la petite couronne.

Je reste persuadé qu’une métropole doit se penser à partir du regard, de l’expérience, de la diversité de tous ceux qui la constituent.
La métropole solidaire ne peut être que polycentrique, s’appuyant sur une démarche où tous les territoires, où tous les citoyens comptent quel que soit leur lieu de vie.
La proposition gouvernementale a contrario de la décentralisation promise et de la nécessaire coopération entre territoires s’attaquerait au pouvoir d’agir des communes et de leurs intercommunalités en imposant une vision « haussmannienne » dont chacun connaît les conséquences pour les couches populaires à Paris.

 

Je refuse, avec nombre d’autres élus, que cette logique soit celle qui prévale dans nos banlieues.

Personne ne prône le statu quo. Le besoin d’une métropole est reconnu par tous. Depuis trois ans, le syndicat mixte Paris Métropole, loin de certaines caricatures, rassemble l’ensemble des pouvoirs locaux agissant sur la métropole parisienne et a contribué à la construction d’une gouvernance pour un projet solidaire et attractif. À l’heure où les logiques de la globalisation néolibérale se traduisent par des métropoles de plus en plus ségréguées, cette expérience est quasi unique dans le monde. C’est un acquis des banlieues populaires. Le chemin d’une métropole fédérant les dynamiques des territoires en s’appuyant sur des intercommunalités de projet est possible. Paris Métropole a approuvé à 75 % un vœu s’inscrivant dans cette logique (avec l’appui de maires socialistes de grandes villes populaires). Des amendements ont été déposés dans ce sens au Sénat.

Malheureusement, la majorité socialiste reste intransigeante dans sa volonté d’imposer une métropole intégrée mettant au pas les territoires.

Je me suis félicité en 2001 de l’ouverture du nouveau maire de Paris, Bertrand Delanoë, aux villes de banlieue. J’ai apprécié en 2012 son choix d’une métropole confédérée. C’est pour cela que je regrette d’autant plus aujourd’hui le ralliement du PS parisien et de sa candidate pour 2014 au projet de loi voté au Sénat, qui compromet le travail commun entrepris depuis des années (dont la convention de coopération entre Paris et Plaine Commune est un des nombreux exemples).

Je pense qu’au-delà de votre choix, nous partageons la même ambition d’une métropole solidaire, qui ne nie pas la diversité de nos territoires y compris les plus populaires. C’est pour cela que je vous invite à une réflexion, un travail et une action partagés avec toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans ces objectifs, de façon à peser sur le débat parlementaire notamment auprès des députés socialistes parisiens, promoteurs de cette loi.

De la même façon, et en respectant votre stratégie d’union à Paris, il est impossible pour moi de ne pas évoquer l’ambition orchestrée par le président du groupe PS et le président de l’Assemblée nationale de s’attaquer aux municipalités communistes de La Courneuve, de Saint-Ouen, de Villetaneuse et de Saint-Denis (la plus grande municipalité à direction communiste en Europe !). Est-ce que cela est lié au débat sur la loi ? En ce qui me concerne, je crois peu au hasard des ambitions personnelles.

Est-ce qu’il y a une volonté de faire taire les banlieues populaires, de les faire rentrer dans le rang, d’en finir avec leur combat pour une métropole polycentrique ? La question est posée. Est-ce que cette offensive n’a pas pour but d’affaiblir tous ceux, des deux côtés du périphérique, qui ne se résignent pas au fatalisme de l’ordre néolibéral sur leur territoire, qui agissent pour que celui-ci soit des lieux de non-résignation, d’innovation et de mobilisation pour le « droit à la ville » ?

L’union ne peut pas être à sens unique.

Patrick Braouezec,

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Commentaires
B
Voilà au moins un très grand sujet de débat. C'est une problématique qui, curieusement, m'en rappelle une autre. C'est ce qui se passe entre la Méditerranée et le Jourdain. Pour des raisons qui les regardent, ceux qui se croient les plus forts veulent imposer des vues unilatérales à des propositions où l'humain transcende l'idéologie. Vu la personnalité de ceux qui se croient "les plus forts", je crains que ce ne soit bien plus qu'une coïncidence, mais une vision globale avec des relents qu'on pourrait qualifier de totalitaires. Sans en dire plus, car les points Godwin peuvent être douloureux parfois.
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