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10 novembre 2013

TADDEÏ, "un homme sans convictions"? Billevesées.

... il dit : "Je pense même que les journalistes ne devraient pas avoir le droit de voter, comme les militaires autrefois"...
La plus grande lucidité est de mise chez Taddeï. On constate tous les jours ce que produisent des medias asservis, inféodée (ex: medias et élections manipulées    ...  ou medias et manipulations de l'opinion , phénomène qui s'étend et va préparer les élections européennes . Et il le sait.


 

 

Sur LE MONDE

Frédéric Taddeï, l'homme sans convictions

M le magazine du Monde | 08.11.2013 à 07h39 • Mis à jour le 10.11.2013 à 08h51 | Par

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Frédéric Taddeï le 21 octobre, à son domicile du Pré-Saint-Gervais, à l'est de Paris.

Années numérisées, connectées et pressées. Années où bientôt tout se vaut puisque tout a échoué. Années des émotions plus que des convictions. Années où les prolos votent à l'extrême droite pour se faire entendre, où l'on appelle incorrectes (donc prétendument audacieuses) des pensées rances. Années du déclin et des catastrophes annoncées. Années qui tirent à droite plutôt qu'à gauche. Années des extrémistes et des obscurantistes. Années où Michel Polac aurait remis une cravate avec le nœud soigneusement de travers, s'appellerait Frédéric Taddeï et dirait : "Les opinions politiques sont des préjugés comme les autres. Je m'en suis débarrassé, on se sent plus léger. Je ne suis pas un procureur. On est procureur soit de tout, soit de rien. Mon émission n'a pas d'avis." Et lui non plus. Il reconnaît : "Je n'ai jamais de réaction viscérale."

Ça évite les colères, les doutes, les illusions. Ça laisse aux autres le soin de voter. Lui n'y va plus depuis bien longtemps : "La dernière fois, c'était en 1995." Ce n'était pas pour Chirac, précise-t-il, c'était donc pour Jospin. "Je pense même que les journalistes ne devraient pas avoir le droit de voter, comme les militaires autrefois", lâche-t-il, mais en souriant. Car rien n'est jamais dit avec gravité, ce serait une certitude de trop. Ça permet de bavarder avec tout le monde, d'où qu'il vienne et quoi qu'il dise, sur le même ton posé et courtois. "Je suis profondément tolérant. Je suis un avocat refoulé. J'aime comprendre pourquoi les gens font ce qu'ils font. Même quelqu'un dont je n'aime pas les idées, je ne le mets pas hors du cercle, il est des nôtres. Si vous voulez juger quelqu'un, il faut accepter le fait qu'il fait partie du cercle. C'est pour ça qu'on ne juge pas les fous. Mais même les assassins sont des nôtres." Ça laisse aux autres le poids des responsabilités et le rôle du mauvais coucheur.

LIBERTÉ DE PAROLE

Patrick Cohen, animateur de la matinale de France Inter, lui a un jour demandé, alors qu'il passait de France 3 à France 2, s'il allait continuer à inviter Dieudonné ou l'essayiste Alain Soral – ex-communiste alors encarté au FN –, ces "cerveaux malades" que lui bannit de son antenne. Taddeï lui a rétorqué qu'il était pour la liberté de parole, tant que personne ne tombait sous le coup de la loi. A l'image, lui et son principe l'emportaient haut la main. Les doutes passent mal à la télé – "Ça lui a fait plus de mal qu'à moi", ricane-t-il aujourd'hui. "Je n'ai peut-être pas été adroit, et lui est rodé, ça fait quarante fois qu'il répond à cette question sur le mode : "Je ne choisis pas, j'invite tout le monde." Comme si ce métier n'était pas de choisir, de donner du sens à ce qu'on fait", se souvient Patrick Cohen. Mais Frédéric Taddeï ne choisit pas. Ça excite les autres, qui lui cherchent un camp. Le lendemain de cette prise de bec, le standard de France Inter a été bloqué pendant des jours par des appels demandant la démission de Patrick Cohen. De probables admirateurs des "cerveaux malades" et défenseurs de Taddeï, qui n'avait rien demandé.

Autre remous : en septembre 2009, l'acteur Mathieu Kassovitz émet sur le plateau de "Ce soir ou jamais" de sérieux doutes quant à la version officielle du 11-Septembre. Taddeï est interrogé dès le lendemain sur France Info, car il vient d'ouvrir grand la porte de la télé aux rumeurs folles qui enflent sur Internet. L'animateur défend, comme à son habitude, la liberté de parole : "— Et vous-même, Frédéric Taddeï, est-ce que vous avez des doutes ?, le relance Nicolas Poincaré. – Je ne dis jamais ce que je pense sur le plateau. – Je comprends bien, mais là on est sur France Info. – Pour moi, la question ne s'est jamais posée, commence par répondre Taddeï, qui revient ensuite sur son émission, sur le droit aux doutes de Kassovitz et sur la présence de contradicteurs en face de lui. – Merci Frédéric Taddeï, même si vous ne nous avez pas dit le fond de votre pensée et que j'avais l'impression en vous regardant que vous étiez d'accord avec Mathieu Kassovitz." Fin de l'interview.

Le soupçon est installé. Christophe Bourseiller, qui travaillait alors avec l'animateur télé à la programmation de l'émission, se rappelle pourtant ce soir-là : "Kassovitz, c'est France Télévisions qui nous avait demandé de le recevoir, parce qu'il était la voix de la série documentaire Apocalypse, la seconde guerre mondiale, sur France 2. Donc, on l'a reçu, sans s'imaginer une seule seconde qu'il allait faire sa tirade sur le 11-Septembre. Frédéric n'a jamais été conspirationniste, je me rappelle ce qu'il m'a dit après : 'Au fond, les conspirationnistes sont des racistes, ils ne peuvent pas imaginer que des Arabes conçoivent un attentat aussi sophistiqué.’” Quoi qu'il en soit, ne se préoccupant pas vraiment des pensées qu'on lui prête, Taddeï ne dément pas franchement. "Je dois avoir un truc qui gêne la gent journalistique", commente-t-il. Il cultive un faux air rebelle, tout en étant aux manettes à la radio et à la télé. Ça fait du buzz. Il ne s'est pas trompé d'époque.

D'où lui viennent ses tripes froides ? Aucun psy ne lui posera sérieusement la question, il n'en voit pas. "La psychanalyse, c'est très loin de moi. J'ai eu une enfance tellement heureuse que les psychanalystes ne me croient pas quand je la raconte." Un père cadre bancaire, une mère au foyer, deux soeurs plus jeunes. Le tout dans les allées coquettes de Boulogne. "Ce sont des gens à l'aise. Mais pas de fortune. Ni de revers de fortune. Chez moi, on n'hérite rien, on dépense. Mon père a bazardé la maison de campagne pour payer ses impôts." Chez lui, pas d'empreinte, de racines apparentes, malgré un patronyme italien, pas de ces mots forgeant un sentiment d'appartenance qu'on entend tout en bas ou en haut de l'échelle sociale.

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Chez lui, les parents votaient plutôt à gauche, "mais comme tout le monde à l'époque". "Nous étions cinq. Pour de multiples raisons, nos parents n'avaient pas gardé de lien avec leurs familles, nous ne voyions ni oncles, ni grands-parents, ni cousins, raconte Sandrine Taddeï, la benjamine de la famille, qui travaille avec son frère à la programmation de ses émissions d'Europe 1 – tout comme la cadette, Marie-Isabelle, qui coécrit les textes de "D'art d'art", petite pastille consacrée à un chef-d'œuvre juste après le journal de France 2. Notre père était d'origine italienne, notre mère de Lorraine, mais on ne nous parlait pas de racines. On n'a pas été élevés avec des origines, des lieux en héritage. Notre lien était très affectif. C'est d'ailleurs une raison pour laquelle nous sommes restés tard chez nos parents. C'était un véritable cocon." Aujourd'hui encore, c'est un clan, affectivement cohérent – "Nous travaillons ensemble, nous partons en vacances ensemble, nous avons très souvent les même amis" –, forgé à l'écart des injonctions et des chaos de la société.

NI DIPLÔME NI MÉTIER

Frédéric Taddeï quitte la maison familiale autour de 26 ans. Heureux d'avoir eu une mère au foyer : "J'aimais l'idée que personne ne puisse lui donner d'ordre." Et persuadé qu'il ne prendra pas le chemin de son père : "Il a toujours été salarié de la même banque, il était heureux comme ça, ça le rassurait. Moi ça m'aurait rendu vulnérable, le salariat me faisait peur. Jamais je n'aurais voulu dépendre entièrement d'une seule entreprise." Il n'a alors ni diplôme ni métier, il a essayé plusieurs disciplines à la fac, dont deux ans en droit puisqu'il a vraiment pensé être avocat, mais il n'est resté nulle part : "Je n'aimais pas l'idée d'être étudiant."

C'est pourtant un gros lecteur, et depuis toujours, mais les livres lui ont ouvert l'imagination plus que le goût des études et des voies toutes tracées. "Si je ne m'étais pas ennuyé comme un rat dans la maison de campagne de mes parents, je n'aurais pas lu autant. J'aurais peut-être fait HEC, j'aurais commencé à travailler jeune, j'aurais un beau chalet à la montagne et je serais bientôt à la retraite." Mais il se laisse du temps, il glande, papillonne. "Je voulais avoir l'impression de ne pas travailler, d'inventer mon propre métier, que personne ne me dise ce que je devais faire", explique-t-il. Ses parents ne lui reprochent rien, l'aident financièrement, même s'il est en train de démonter leur modèle de vie en refusant de le reproduire. "Je me suis débarrassé de tous les sentiments d'appartenance, de tout ce qui m'a été transmis, ça a fait partie du grand ménage. On peut être indépendant des impératifs catégoriques de la société. Il y avait derrière tout ça une volonté de panache, d'indépendance intellectuelle et financière, et des ambitions démesurées." Il y avait donc quelque chose de viscéral.

Il rêvait d'écrire. Il a tenté. "J'ai des manuscrits que je n'ai jamais montrés. Ils ressemblaient à tous les premiers romans écrits par des garçons de 25 ans qui n'ont pas de génie." Sa sœur se souvient : "Il a abandonné l'idée de l'écriture quand il a compris qu'il ne ferait pas aussi bien, ou mieux, que ceux qu'il admirait. Il a préféré renoncer." Mais il lui restait alors suffisamment d'estime pour lui-même pour avancer, en écrivant, mais autrement. En 1990, il crée un magazine, Maintenant, où il multiplie les signatures qui ne cachent souvent qu'une seule et même plume, la sienne. Il le distribue ensuite dans les rédactions. "Je voulais qu'on me parle d'égal à égal comme à un mec qui venait de créer un journal." Il voulait être comme dans ce manuel de survie à l'usage du monde contemporain qu'écrira plus tard l'essayiste Nassim Nicholas Taleb : Antifragile – à l'image de l'Hydre de Lerne, cette créature de la mythologie antique dont les têtes se multipliaient à mesure qu'elles étaient coupées : "J'ai tout fait pour être antifragile."

Sa revue est monothématique. Il en est sorti quatre numéros. Le premier, intitulé Les méchants, fait l'inventaire des grands dictateurs qui meurent ou se reconvertissent. Le deuxième, titré Le consensus, se penche sur les figures du bien, alors que la guerre froide est terminée, la guerre du Golfe pas encore arrivée, et que le monde ne sait pas qu'il est en train de faire la bascule : "A ce moment-là, et pendant quelques mois, on a connu la paix dans le monde. Personne ne s'en est aperçu, le seul qui l'ait écrit c'est moi, dans Maintenant. Je ne dis pas ça pour la gloire, je dis ça pour montrer que la paix dans le monde, ça n'intéresse personne. Le monde va d'ailleurs s'inventer très vite d'autres figures de la méchanceté." Taddeï s'annonçait tel qu'aujourd'hui, curieux, regardant le monde d'au-dessus, jamais de l'intérieur, loin, très loin de ceux, militants ou autres, qui ont l'illusion de le changer"Il y a des fidélités qui m'ont toujours paru ridicules, ça me fascine, les gens qui attendent de la politique qu'elle résolve leur problèmes" –, finalement plus excité par ceux qui vont le pervertir.

Il est arrivé par le biais de la légèreté sur le devant de la scène, en sachant déjà que les marges conduisent souvent vers le centre. "C'est huit coups de fil, ma vie professionnelle." Jean-François Bizot, qui relançait Actuel, a tilté sur son petit journal :"Il est venu chez moi, un petit loft avec plein de livres, alors il a dit : ‘Je te donne la page des livres.’" Ensuite, ce fut Canal +, "Nulle part ailleurs", où il était un membre plutôt discret de l'équipe Géo Trouvetou de Jérôme Bonaldi. Puis vint "Paris Dernière", émission des noctambules sur Paris Première, où il prenait la suite de Thierry Ardisson. Lors de ces virées au cœur des nuits parisiennes, minicaméra à bout de bras, il allait de bar en restaurant, de concert en fête plus ou moins transgressive. Suit "D'art d'art". Et le voilà qui prend subitement en charge les affaires sérieuses, plonge dans le bouillon des passions intellectuelles et politiques françaises, tout en n'étant traversé d'aucune.

"Il y a en lui une forme de dandysme, une mise en scène de lui-même. C'est un esprit libre, un non-conformiste, un spécimen de la pop culture, qui veut être à la pointe, branché", explique Christophe Bourseiller, qu'il a d'abord interviewé avant de le faire venir à ses côtés pour préparer les quotidiennes de son émission sur France 3. "J'ai vécu un moment de travail très intense. Tout se faisait dans la vitesse, le bordel. C'était drôle d'avoir un animateur qui me demandait des anars, des gens qu'on n'invite pas à la télé, Badiou, Chomsky, Corcuff. Moi, j'appelais pas les fachos, Soral, Dieudonné, j'étais contre. C'est lui qui s'en chargeait. Alors que je plaidais pour les gens que j'aimais bien, lui disait : ‘Je veux tout le monde, je suis neutre.’” Il est devenu le miroir concave des débats français en pleine dislocation.

LE VER DANS LE FRUIT

Frédéric Taddeï a fait un léger malaise le jour où France Télévisions lui a annoncé qu'il passait d'une quotidienne sur France 3 à une hebdomadaire sur France 2. Tension qui retombe ou déception ? Difficile à dire. A la rentrée de septembre, sa bande-annonce aguichait – "Dans "Ce soir ou jamais", les invités que vous ne verrez sûrement pas ailleurs." Comme on promet les monstres à la fête foraine. Il y a pourtant un moment qu'on n'y a pas vu la brochette des compromettants Dieudonné, Ramadan, Soral. Et si certains invités refusent de se serrer la main en coulisses, on s'invective rarement sur le plateau. Quant à l'audience de l'émission, ni machine à promo, ni tribune à people, elle ne frise pas les sommets, oscillant depuis la rentrée entre 500 000 et 700 000 spectateurs.

Ce n'est donc pas à l'écran que se joue le match. C'est dehors, au sein d'une intelligentsia française aux capteurs encrassés, qui ne sait plus sur quelle digue danser. Taddeï a ses partisans, comme l'éditeur Raphaël Sorin, qui découvrit Houellebecq : "Il a le mérite de maintenir quelque chose de libre dans le débat totalement autocensuré par les faiseurs d'opinions. Ça fait du bien." Il a des détracteurs, BHL en tête, qui, dès 2010, l'attaquait sur son "Bloc-Notes" dans le magazine Le Point pour avoir reçu Dieudonné. Il lui prêtait des mots qu'il n'avait pas prononcés, comme "complot juif", et lui offrait, le temps d'un droit de réponse, la posture du héraut de la liberté de penser : "Je croyais naïvement que monsieur Lévy voulait être le Sartre de son époque. Je me trompais. Il se contente d'un rôle moins ambitieux : agent de la circulation médiatique. Il siffle quand ça lui déplaît, agite son bâton, demande les papiers, fait souffler dans le ballon. Heureusement que nous vivons en démocratie, sinon il nous passerait à tabac !" Celui qui, il y a vingt ans, forçait les portes et voulait qu'on le regarde d'égal à égal, peut se régaler : il serait le ver dans le fruit.

Il entretient son mystère. Seulement, y en a-t-il un ? Il habite Le Pré-Saint-Gervais, un charmant repaire à bobos, vit avec l'actrice Claire Nebout et a un fils de 13 ans, qu'il pousse à lire et emmène voyager. Il donne des dîners "très intelligentsia", murmure un convive qui ne croit pas à une dangereuse dérive de son ami. Ses sœurs sont souvent là, dont Marie-Isabelle, plus tranchée que lui : "Soral, j'ai toujours été contre, à Europe 1, il est interdit d'antenne." Elle aimerait bien qu'il monte une boîte de production, comme le font les vedettes de télévision. Mais il n'a pas une âme de chef d'entreprise.

Début 2012, il est devenu actionnaire et directeur éditorial d'un site de débat sur Internet, Newsring, qui, plutôt qu'un forum, puits "sans fond" des imprécateurs, se voulait autre chose : un lieu d'échange et d'argumentation. Mais bien des journalistes ont claqué la porte au bout de quelques mois, non au motif d'une dérive dangereuse des débats, plutôt parce que les actionnaires principaux, propriétaires des sites Pure People et Pure Trend, avaient les yeux davantage rivés sur le nombre de clics que sur la richesse des idées. Après y avoir animé la conférence de rédaction du mercredi matin, Taddeï a tout arrêté au mois de juin, officiellement pour cause d'emploi du temps. "C'était un drôle d'attelage entre eux et lui, on choisit mieux ses partenaires", résume une journaliste.

Le préposé aux débats voulait être de son temps, donc sur la Toile, plus puissante que la vieille télévision. "Taddeï, c'est un bel emblème de la post-modernité. Il caractérise bien le mythe de l'enfant éternel, l'errance et le nomadisme de l'homme post-moderne qui aura plusieurs vies en une, explique le sociologue Michel Maffesoli, devenu son ami après avoir participé à plusieurs de ses émissions. Dans ses tripes, il a senti qu'il n'y a pas de vérité, que du feed-back, de la multiplicité." Nous y revoilà : à ses tripes... et au temps qui passe, abat les vieilles digues, chiffonne les convictions comme de vieux papiers usés et fait disparaître les oeufs durs sur le zinc. "Je suis quelqu'un qui n'est pas fini", dit Taddeï. A suivre donc.

Judith Perrignon

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