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15 novembre 2013

T'es chômeur, tu votes pas!

Est-il bien  loin le temps où il faudra se battre pour regagner le droit de voter???

 

 

Sur MARIANNE

 

Vendredi 15 Novembre 2013 à 05:00 | Lu 5044 fois I 23 commentaire(s)

 

Saba Agri

Un eurodéputé britannique a déclaré au micro d’une radio londonienne vouloir retirer le droit de vote aux chômeurs ainsi qu’aux travailleurs du secteur public. Habitué des scandales, c’est avec assurance qu’il a remis en question leur droit, une manière peut-être de faire encore parler de lui.

 

Godfrey Bloom - CHRISTIAN LUTZ/AP/SIPA
Godfrey Bloom - CHRISTIAN LUTZ/AP/SIPA
Godfrey Bloom aime provoquer et sa récente sortie sur le droit de vote le confirme. Ce député européen indépendant, ancien membre du mouvement populiste eurosceptique Ukip (Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni), a affirmé début novembre à la radio LBC que les chômeurs de longue date dont les parents et grands-parents étaient également sans emploi, devraient être bannis des listes d’électeurs. « Si vous n’avez pas donné de coup de main et que ni vos parents, ni les parents de vos parents l’ont fait, alors je ne comprends pas pourquoi on devrait vous permettre de voter », a-t-il déclaré. 

Sur son blog rattaché à la version anglaise du site Huffington Post, Bloom soutient l’idée d’un pouvoir électoral plus fort donné aux personnes plus riches qui créent des revenus. Selon lui, cela passe par la suppression du droit de vote pour ceux qui ne « contribuent en rien au Trésor Public et qui n’y contribueront peut-être jamais ». Pour appuyer son propos il ajoute : « Je ne m’attends pas à prendre part au vote lors de l’assemblée générale de Marks and Spencer, parce que je ne suis pas leur actionnaire. Nous avons besoin d’un système dans lequel l’intérêt des individus et celui de l’Etat sont plus compatibles. » 
 
L’ancien porte-parole chargé de l’économie au sein de Ukip est allé encore plus loin en émettant le souhait que les employés du secteur public soient privés de leur droit de vote. Il les accuse de voter uniquement pour les candidats qui répondent à leurs intérêts financiers. « Il y a encore autre chose qui mériterait notre attention, il s’agit des employés du secteur public qui votent naturellement pour augmenter les pensions de retraite et les allocations dans ce même secteur », a-t-il ajouté. Le secteur public semble être la hantise de cet eurodéputé qui a déclaré en mai dernier souhaiter y voir des centaines et des milliers d’emplois supprimés afin qu’ils arrêtent de puiser dans l’économie du pays.
« Apartheid social »
La classe politique britannique n’a pas tardé à dénoncer les propos de Bloom, relevant l’injustice d’une telle mesure allant à l’encontre des principes démocratiques. Nathalie Bennett, membre du Green Party, a été l’une des premières à réagir longuement à ce qui apparaît être une aberration. « M. Bloom semble penser que le salaire est la seule valeur par laquelle on évalue un citoyen et sa contribution à la société. Il semble n’accorder aucune valeur à la santé des enfants, des personnes âgées, des malades et des handicapés, aucune valeur non plus au travail bénévole et à l’engagement. (…) Plus perturbant encore, il a oublié que le fondement de notre démocratie reconnaît que chaque individu a le droit d’exprimer son opinion quant à son propre avenir. Il veut créer un apartheid social avec un droit de vote basé entièrement sur le salaire. (…) »  
 
La directrice générale de l’influente association de défense de la réforme électorale, Katie Ghose, a elle aussi exprimé son désaccord sur la direction que Bloom voudrait donner au droit de vote. Selon elle, la démocratie est menacée car de plus en plus de citoyens se détournent de la politique. « Tous les partis politiques devraient encourager les citoyens à voter. Nous ne devons surtout pas exclure des groupes de personnes et leur ôter leur devoir le plus élémentaire », a-t-elle ajouté. 
 
L’eurodéputée du parti travailliste, Mary Honeyball, s’est quant à elle moquée du peu d’intérêt que suscite Godfrey Bloom : « Heureusement, Godfrey Bloom a tellement perdu de sa crédibilité que ses opinions ne valent quasiment rien. Néanmoins, c’est tout de même effrayant de voir à quel point il est déconnecté de la Grande-Bretagne moderne. »
Dérapages violents
Le nom de Godfrey Bloom est entaché de plusieurs scandales à l’origine de son exclusion du parti en septembre dernier. Doté d’un humour douteux, son départ de Ukip est survenue après avoir appelé « Salopes » une pièce remplie de femmes. Egalement très nerveux, il est connu pour avoir accusé Michael Crick, un reporter de Channel 4, d’être raciste avant de le frapper à la tête avec son magazine. En demandant à Bloom s’il pensait que ce type d’attitude était acceptable de la part d’un homme public, le reporter d’ITV, Paul Brand, a été menacé, ainsi que ses confrères, de subir le même sort si on lui posait encore la question.

Ce n’est pas tant le « slutgate » ou le coup de magazine qui a embarrassé Ukip, que le refus de Bloom de reconnaître ses erreurs. Au moment où Paul Brand a contacté un membre de Ukip pour raconter le contenu de l’interview, Nigel Farage, leader du parti, était en pleine réunion pour évoquer l’attitude de son eurodéputé. Informé du témoignage de Paul Brand, Farage a considéré que Bloom avait atteint un point de non retour en refusant de s’excuser et de reconnaître que la violence était inacceptable chez un homme politique. Voilà comment une chaine de télévision a joué un rôle dans l’exclusion de Bloom. 
 
Discrédité et rejeté par son propre parti, les récents propos de Bloom semblent davantage relever d’une tentative maladroite pour revenir sur le devant de la scène, que d’un véritable projet politique. 
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