Et si on éteignait les étoiles
Sur le blog ANJOU ROUGE ET COQUELICOTS
Et si on éteignait les étoiles
Dimanche.
J'avais ,décidé de faire un peu de ménage, pour la clarté de la maison, et voilà que j'apprends qu'au congrès du PGE, notre parti de Gauche national décide de partir avec la porte, sans doute parce que la clé est dessus.
Pas drôle, je sais, mais justement. Mon ménage à moi va rester en suspens.
Je viens à peine de pousser un coup de gueule sur l'état de division de nos divisions à Gauche ici, qu'un motif supplémentaire pour ne pas s'atteler aux tâches politiques communes arrive sur la table.
Cela m'a fait penser à une pub idiote, vous savez celle où un pauvre type déguisé en super héros atterrit brutalement sur un capot de voiture ancienne fraîchement rénovée.
Va falloir tout recommencer.
Que suis-je donc moi, pauvre couillon, « ignorant et pleutre » qui n'a pas de prise sur des décisions de partis qui décident pour l'un un jour de rallumer les étoiles et pour l'autre par volonté de « clarté » d'emporter le feu avec lui, quitte à le faire tomber à l'eau ?
Ben oui, je ne suis qu'un blogueur, un râleur du Web... Mais j'ai juste un avantage sur le citoyen spectateur, c'est celui d'être membre du Front de Gauche et de vouloir préserver cet outil commun.
Le citoyen spectateur, lui, va voir le clignotant de la division se rallumer en guise d'étoile.
Qui savait qu'un congrès important pour l'avenir de la Gauche en Europe se tenait ce week end, en dehors de membres du Front de Gauche plus engagés que certain(e)s autres, parce que membres de composantes ?
Qui connaissait les enjeux politiques de ce congrès ?
Nous abordons à peine entre nous, et sur des généralités encore, la discussion sur les échéances électorales de 2014. Certain(e)s ignorent même le mode de scrutin en listes régionales....
Et bim, coup de cymbale, le Parti de Gauche fait sa sortie, dans la clarté du jour.
Va donc expliquer aux camarades, autrement qu'avec des arguments de principe, qu'il vaut mieux quitter « provisoirement » cet embryon d'alternative européenne, que de cautionner son président réélu, alors que dans le même mouvement, on se félicite de l'avancée du débat sur « l'Ecosocialisme », le tout en disant que le résultat des élections parisiennes deviendra le fil à plomb de la construction des listes européennes. Fermez le ban. Je ne lis rien de clair là dedans.
Dans une discussion enfiévrée de couloirs de congrès, cette parole est comprise, mais vu d'ici, je vais devoir essayer de comprendre le coût politique de ce coup politique.
Les enjeux de ce congrès européen étaient multiples.
On est en droit de regretter que les débats en cours soient si peu diffusés, si peu utilisés dans nos discussions nationales. Certaines composantes du Front de Gauche n'étaient à ce jour même pas membres du PGE.
Bien évidemment, le PGE est traversé par les mêmes questionnements que ceux qui ont amenés ici à « l'humain d'abord » et à la stratégie commune actée début 2013.
Bien des choses ont évolué depuis, en bien ou en mal.
Un premier débat de fond sur « le socialisme que nous voulons », intégrant la prise en compte de la crise écologique et la prédation du capitalisme productiviste était indispensable au niveau européen. La Gauche européenne ne peut offrir d'alternative politique sur la base stricto sensu d'un catalogue revendicatif ou d'une volonté de « refonder l'Europe ».
Même si ce terme ne me convient pas, se doter d'un « projet » politique est indispensable pour réunir des forces qui le soutiendrons. Ce débat autour de l'Ecosocialisme n'est donc pas l'apanage du Parti de Gauche, mais tout bonnement une nécessité dont il faut convaincre toute la Gauche européenne.
Il inclut une volonté de rupture avec un modèle économique, une critique radicale du modèle libéral, et la prise en compte d'urgences nouvelles et des menaces palpables pour l'environnement humain.
Que ce débat avance lentement me paraît une évidence, au vu des trajectoires politiques et économiques des différents états européens.
Avoir un ennemi commun ne suffit pas pour bâtir contre lui des stratégies communes.
Croire benoîtement que le « la » européen se décide à Paris, en passant allègrement par dessus les spécificités des uns et des autres, faire croire que le Pcf est le seul à « diriger » le PGE, c'est renoncer à l'avance à la fondation d'une alternative qui ne peut qu'être bruissante de débats contradictoires.
Je n'étais bien sûr pas en voyage ce week end. Je commente à partir des aperçus glanés ici et là.
Je sais qu'un autre débat a eu lieu autour de la légitimité de la commission européenne, et donc de la volonté d'y présenter un candidat, fut-il Tsipras. J'ai crû comprendre que là non plus, le vote ne fut pas soviétique. Normal non ?
Et lorsqu'il s'agit de reconduire un président, cela peut se faire sur la base d'un bilan et des propositions majoritaires faites pour l'action à venir.
Je ne sais ce qu'il en a été des débats autour de ces propositions, ni de ceux autour des listes européennes.
Ce que je sais, c'est que sur les questions d'alliances avec des partis sociaux démocrates, tout le monde n'est pas d'accord. Certains privilégient toujours les « fronts » chers à Pierre Laurent, là où d'autres privilégient l'autonomie conquérante.
Mais un vote du PGE ne s'impose à personne !!! Il sanctionne un moment du débat.
En faire un point de rupture européen avec grandiloquence me paraît disproportionné et contre productif, tant il sème de graines de division en chaîne.
De toutes manières, cela sera commenté ici au niveau du tout à l'égo.
Je ne mesure pas encore les conséquences que cela va avoir ici sur la préparation des Européennes pour le Front de Gauche. J'ai bien écrit Front de Gauche et non Parti de Gauche.
Et je ne voudrai pas que, comme sur Paris, ces élections se décident dans une course aux listes dont le Front de Gauche serait prié de devenir colleur d'affiches.
Il faudra je pense, retrouver le chemin d'une table, ronde ou angulaire, je m'en fous.
Mais le couillon de militant que je suis ne dois pas être le seul à vouloir que les débats reprennent sur le fond, au sein d'instances du Front de Gauche, et non par dessus elles.
Et même si les anathèmes ont déjà commencé, même si de part et d'autres les réponses pré construites s'échangent, il ne peut être question que le Front de Gauche, devenu depuis peu déjà un logo ou une étiquette AOC pour certains, ne serve à allumer le feu d'une division annoncée.
Sur ce, j'abandonne mon idée de ménage, et j'invite certain(e)s à en faire de même.
Commentaires sur la page du blog:
Gaëlle Chardon Il y a 48 minutes