Raif Badawi
On sait: la raison d'Etat a ses raisons et elle n'aime pas les naïfs avec leurs états d'âme. N'empêche: en ce dernier jour de l'année 2013, il est permis de l'envoyer valser derrière ses barbelés, la déraison d'Etat qui, sur le sable saoudien, s'est souciée comme d'une guigne d'un jeune homme guetté par les bourreaux. Alors que le carnet de commandes de François Hollande, en visite en Arabie Saoudite, s'est gonflé comme un ballon au vent du désert, on apprenait qu'une menace de mort pesait sur un journaliste et blogueur saoudien, Raif Badawi,30 ans.
On connaissait déjà Hamza Kashgari, 23 ans, embastillé pour un tweet à Mahomet, puis libéré sur pression internationale le 29 octobre dernier. Des pressions dont a grand besoin aujourd'hui l'audacieux Raif Badawi. Fondateur du site " le réseau saoudien libéral", il publiait des témoignages sur le rôle de la politique et de la religion dans la vie des Saoudiens. Arrêté le 17 juin 2012, il a été jeté dans une prison de Djeddah et son site fermé. En août 2013, le tribunal de Djeddah l'a condamné à 600 coups de fouet et 7 ans de prison pour "'Insulte à l'Islam". La déclaration incriminée était la suivante:
"Musulmans, Chrétiens, Juifs et Athées sont tous égaux".
Nous avons déjà évoqué dans ces colonnes le sort de ce jeune homme à la recherche de la vérité, dont l'épouse et les enfants se sont réfugiés au Liban. Raif Badawi risque désormais de trouver la mort puisqu'un juge vient de l'inculper d'une nouvelle charge: l'apostasie. Elle est punie de la peine capitale dans l'agréable royaume où notre président est venu faire son marché en saluant "la sagesse précieuse" du roi Abdallah. En Hollandais dans le texte.
Impossible de finir cette année et de commencer 2014 sans demander aux autorités françaises de tout mettre en oeuvre pour sauver Raif Badawi. Au risque de se fâcher avec nos bons amis les bourreaux.