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10 mars 2014

Poutine, Ukraine, Crimée : la désinformation continue ?

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Poutine, Ukraine, Crimée : la désinformation continue ?

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Par Mis à jour le 04/03/2014 à 13:55
Publié le 04/03/2014 à 08:43

Manifestant de la place Maïdan. Reuters/ Thomas Peter.

 

FIGAROVOX - Frappée par la confusion médiatique qui règne dans le traitement de la crise ukrainienne, Irina de Chikoff rétablit quelques vérités.

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Irina de Chikoff est journaliste et écrivain. Elle a longtemps été correspondante à Moscou pour Le Figaro.


À lire aussi, le portrait de Vladimir Poutine par Irina de Chikoff: L'abominable homme des glaces

La télévision est peut-être ingénue. A regarder nos écrans, tout est simple. Linéaire. Transparent. Les Ukrainiens sont un peuple débonnaire, tourné vers l'Occident et impatient de rejoindre l'Europe à laquelle il appartient, de tout son cœur, de toute son âme qui ne serait pas slave.

Les cosaques? Bien sûr il y a les cosaques zaporogues, mais c'est une minorité. Les Tatars de Crimée? Les orthodoxes? Les russophones? Gogol? Boulgakov? Kiev, qui fut le centre de l'ancienne Rous?

Écoutez, si on commence comme ça, personne n'y comprendra plus rien. Il faut être clair et s'en tenir aux faits. Les Ukrainiens ont vu rouge lorsque leur président, Viktor Ianoukovitch a refusé de signer un accord avec l'Union européenne qu'il estimait moins avantageux que la proposition de Moscou qui mettait treize milliards de dollars sur la table.

Rassemblés sur la place Maïdan, les manifestants ont dressé des tentes puis des barricades comme en 2004 pour la «révolution orange». Au fil des mois, leurs revendications se sont radicalisées et des échauffourées puis des combats de rue ont opposé les contestataires aux forces de l'ordre. Tandis que l'insurrection se propage, les ministres des Affaires étrangères de la France, de l'Allemagne et de la Pologne se précipitent à Kiev et parviennent à un compromis entre l'opposition et le pouvoir. Il prévoit des élections anticipées. On croit l'incendie éteint. Il reprend de plus belle.

Qui attisé les braises? D'un même mouvement, toutes les caméras se sont tournées vers Vladimir Poutine. Les malheurs passés, présents ou à venir de l'Ukraine ne peuvent venir que de Moscou. Pourquoi? Parce que le Kremlin n'a jamais accepté que la Petite Russie ( Malorussia) s'émancipe de la Grande. De même pour la Russie Blanche ( Biélorussia).

Un jour Vladimir Poutine avait dit : «Celui qui veut restaurer l'Union soviétique n'a pas de tête. Celui qui ne la regrette pas n'a pas de cœur.»

Un jour Vladimir Poutine avait dit: «Celui qui veut restaurer l'Union soviétique n'a pas de tête. Celui qui ne la regrette pas n'a pas de cœur.» On peut détester le président de la Fédération russe, il est peu raisonnable de le prendre pour un sot. L'homme fonctionne comme un joueur d'échecs. Il n'avance jamais un pion sans avoir prévu plusieurs coups à l'avance. Est-ce à dire qu'il ne peut pas se tromper ou perdre? Les plus grands maîtres savent qu'aucune combinaison ne peut garantir la victoire.

Convaincu que l'Europe attelle la charrue avant les bœufs en tentant de capter l'Ukraine et la Biélorussie tout en repoussant la Russie vers ses toundras, Vladimir Poutine pense que l'intérêt des deux républiques slaves n'est pas de se présenter devant Bruxelles comme une autre Roumanie ou une autre Bulgarie, main tendue, mais de renforcer leurs liens avec Moscou et traiter ensuite d'égal à égal des accords ponctuels.

Il est possible que le président russe se trompe comme il est probable qu'il voit plus loin qu'une taupe. De toute façon, il serait plus intéressant d'en débattre plutôt que tendre les micros à Kiev ou en Crimée au premier manifestant venu. Sur les écrans de la télévision, ce qui frappe d'emblée c'est leur ressemblance. Sous le drapeau russe ou le drapeau ukrainien, on retrouve les mêmes têtes de pioches qui débitent les mêmes slogans. Mais à l'envers.

L'un crie: «Vive Maïdan et l'Ukraine!» L'autre: «vive la flotte noire et la Russie!» Ce qui est sympathique mais ne facilite guère la compréhension sur la partie qui se joue.

Devenu président après avoir été premier ministre, Viktor Ianoukovitch a fini de ruiner l'Ukraine. Pour ne pas boire la tasse, il a tenté de faire monter les enchères entre l'Union européenne et la Russie. Il a perdu. Le pays est exsangue.

La télévision est devenue un terrain de football. Les commentateurs y jouent à la fois les juges et les arbitres. Ils comptent les buts et distribuent des cartons jaunes ou rouges. Le match se déroule sous nos yeux à des années-lumière de l'Ukraine, un pays au bord de la faillite après vingt-trois ans de gabegies et de corruption généralisée où des millions d'hommes et de femmes poussent les jours devant eux comme ils peuvent. Ils n'ont pas manifesté. Ils ahanent sous le poids des désenchantements.

Les Ukrainiens, comme les Russes, avaient pleuré l'URSS parce que c'est leur jeunesse qu'on a ensevelie sous ses ruines. Ils ont voulu croire à l'indépendance de leur pays mais les nouveaux dirigeants n'étaient que des anciens nomenklaturistes en habits rapiécés. La «révolution orange»? Elle fut accueillie avec enthousiasme par l'Occident. Elle s'est vite enlisée dans le marigot des oligarques qui font et démettent les gouvernements. Devenu président après avoir été premier ministre, Viktor Ianoukovitch a fini de ruiner l'Ukraine. Pour ne pas boire la tasse, il a tenté de faire monter les enchères entre l'Union européenne et la Russie. Il a perdu. Le pays est exsangue.

À qui la faute?

Un jour, Boris Eltsine qu'on interrogeait sur la responsabilité des crimes commis sous le régime communiste, avait répondu: «Nous sommes tous coupables.» En Europe nous le sommes également.

 

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