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19 mars 2014

CRIMEE - L’Occident face au refus de Poutine

L’Occident face au refus de PoutineDessin de Konstantin Maler

C’est désormais fait. L’espoir de l’Occident que le vote en Crimée était un geste tactique, un jeu sur la hausse des taux, s’est envolé. Il faut maintenant mettre les menaces à exécution. Et l’expérience des sanctions efficaces contre la superpuissance nucléaire, qui occupe la majeure partie de l’Eurasie, conserve une influence dans le monde entier, et un gigantesque réservoir de ressources, ne suffit pas.

Est-il possible d’isoler la Russie, comme il en a désormais été averti ? Bien sûr, il ne faut pas parler d’un isolement complet. Premièrement, ignorer un pays aussi immense et aussi significatif est impossible. Deuxièmement, même si l’Occident impose les sanctions les plus sévères, allant jusqu’à se porter préjudice lui-même, cela n’équivaut pas à un blocus mondial. Une partie immense de l’humanité, en Asie, au Proche-Orient, en Amérique latine, retient son souffle en observant pour la première fois, depuis les années 1980, quelqu’un défier la domination américaine.

Moscou ne s’attendra pas à un soutien formel sur le rattachement de la Crimée à la Russie. Même si la Chine, le Brésil ou encore l’Iran se rattachaient à l’Ukraine, le précédent rejet de rattachement d’une partie du territoire de l’Etat reconnu par l’ONU n’intéresse personne. Cependant, le fait que la Russie puisse commencer à jouer véritablement un rôle indépendant sur la scène mondiale, sans se soucier de la réaction de l’Occident, voilà qui intéresse beaucoup ! En effet, cela pourrait modifier l’équilibre du pouvoir sur la scène internationale. Pour Pékin, par exemple, cela offrirait des perspectives considérables.

Une mobilisation anti-russe n’est pas exclue, d’autant plus que l’Occident pour la première fois en vingt-cinq ans se retrouve face à un refus flagrant de jouer selon les règles établies après la Guerre froide. Les sanctions viseront à porter atteinte à l’économie russe, et les moyens y sont nombreux. Mais il y a un autre scénario. La première réaction sera, certes, très brutale. Mais si la Russie procède sérieusement à une réorientation vers l’Est, de façon réaliste, les stratèges disposés commenceront à poser la question différemment. Ce qui est le plus important, c’est le contrôle de l’Ukraine, ce qui est loin d’être la priorité américaine, et prévenir une alliance russo-chinoise, qui pourrait dangereusement menacer la position des Etats-Unis. Et puis, il pourrait se trouver que tout à coup l’Ukraine libre n’ait pas une valeur si absolue pour l’Occident.

Fiodor Loukianov, Président du Conseil de politique étrangère et de Défense (SVOP).

Texte initialement publié sur le site de Kommersant

 

Réagissez à cet article tweetant @rbth_fr #Ukraine #Crimee

 

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