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5 mai 2014

UKRAINE - Pierre Maillard, ancien conseiller diplomatique du général De Gaulle [Interview exceptionnelle]

 Sur LES CRISES le blog d'Olivier BERRUYER

 

 

[Interview exceptionnelle] Pierre Maillard, ancien conseiller diplomatique du général De Gaulle

Recherchant sur ce blog l’avis de personnes compétentes, j’ai le plaisir de vous présenter une petite interview (allez, disons, échange…) sur l’Ukraine d’une Pointure : Pierre Maillard, réalisée la semaine passée.

Ce Normalien agrégé d’allemand a été le Conseiller diplomatique du Général de Gaulle à l’Élysée de 1959 à 1964 – avec au menu Guerre d’Algérie, réconciliation franco-allemande, Construction européenne, crise de Cuba, poursuite de la décolonisation, etc. Il a parla suite été ambassadeur (à l’Unesco, en Chine et au Canada).

Voici donc sa vision de la crise Ukrainienne. Une vision frappée au coin du bon sens, bien loin des inconscients actuellement au pouvoir.

Précision : il a… 98 ans

M. Maillard, quel regard portez-vous sur la crise en Ukraine ? 

Il y a eu dans cette affaire une intervention initiale de la part de certains pays Européens, qui ont déclenché un processus destiné à avoir des conséquences pour la situation de l’Ukraine. 

Evidemment l’Ukraine est depuis très longtemps – depuis la Russie soviétique et même bien avant -, dans la zone d’influence notoire de la Russie. L’Ukraine a ainsi fourni beaucoup de personnel politique – et du plus haut niveau – à la Russie. Ce pays est donc attaché à la zone d’intérêts particuliers de la Russie, en raison d’une très longue Histoire. 

Il est donc évident que cette intervention initiale – non pas dans la partie orientale mais dans la partie occidentale -, destinée à provoquer un rapprochement étroit entre l’Europe et l’Ukraine allait directement à l’encontre d’un intérêt stratégique très ancien de la Russie pour cette région. 

N’est-ce pas irresponsable pour l’UE d’avoir agi ainsi ? 

C’était en effet s’attirer certainement des objections ; la Russie n’a pas réagi immédiatement mais c’est certainement sans joie qu’elle a vu cette ingérence en vue de ce rapprochement qui aurait été consacré par des accords d’association. 

D’autant que l’Ukraine de l’Est – notoirement russophone – est très liée économiquement à la Russie – contrairement à l’Ouest du pays. Il y a deux Ukraine en réalité… 

L’Europe a donc réalisé une intrusion dans une sorte de « domaine réservé », de zone traditionnelle d’influence et d’action de  la Russie. C’est un fait. 

Auriez-vous conseillé au général de Gaulle d’agir ainsi ? 

Sûrement pas ! Étant donnée la proximité que j’ai eue avec le Général, je peux vous garantir qu’il n’aurait JAMAIS agi ainsi ! 

S’il pensait qu’il était bon d’une manière générale que la Russie se rapproche de l’Europe – c’était sa vision à long terme -, je ne pense pas du tout qu’il aurait salué cette sorte d’accord et de rapprochement spécifique de l’ensemble de l’Ukraine avec l’Union européenne. Il aurait été là-dessus plus que réservé… 

L’Europe semble se soumettre aux pressions américaines et ne pas prendre en compte ses propres intérêts stratégiques… 

C’est certain.

Naturellement, il y a eu des influences multiples. Quelles ont été exactement dans ces initiatives des pays européens, les responsabilités des uns et des autres et les États-Unis ont-ils vraiment été à l’origine de la chose : ça je n’en sais rien, mais ils ont eu une certaine influence sans aucun doute. 

N’êtes-vous pas étonné de l’espèce de russophobie qui s’empare des médias et donc de la population ? 

Oui : ceci est tout à fait inapproprié ! 

Encore une fois : l’Ukraine est notoirement depuis très longtemps dans la sphère d’influence de ce qui fut l’URSS et ce qui est aujourd’hui la Russie. Elle a été en plus le berceau de nombreuses personnalités Russes – Khrouchtchev en particulier, que j’ai eu l’honneur de bien connaître lorsque j’étais auprès du Général. L’Ukraine est depuis très longtemps une zone d’influence dans la périphérie de ce que l’on appelait « Empire soviétique » et ce qu’on appelle aujourd’hui la zone d’influence russe. Il est donc fâcheux d’entrer dans une sorte de contestation vigoureuse de cette zone d’influence. 

N’est-il pas inconscient de rentrer dans une spirale de sanctions contre la Russie – en plus pour des choses qui ne sont même pas prouvées ? 

Il est à mon avis fâcheux d’étendre le problème à l’ensemble de nos relations avec la Russie ; elles devraient être bonnes, en raison des nombreux facteurs qu’il serait trop long d’évoquer ici. 

Comment avait réagi le Général de Gaulle quand l’URSS avait envahi la Tchécoslovaquie en 1968 avec des chars (cas bien plus extrême que l’Ukraine, où on ne sait même pas si la Russie a vraiment fait quelque chose…) ? 

Notez que c’était très différent, la Tchécoslovaquie n’avait jamais été dans la sphère d’influence russe. 

Cependant, la réaction avait été prudente, car le Général estimait que c’était une action plutôt défensive. Sa réaction a été modérée car il pensait que c’était une péripétie momentanée et que ce n‘était pas la marque d‘une volonté d’assimilation complète. Evidemment, c’était fâcheux mais ce n’était pas dramatique… 

Quelle était la vision du Général sur nos relations avec la Russie et quel est notre intérêt stratégique par rapport à la Russie ? 

Il souhaitait beaucoup que la Russie se rapproche de l’Europe d’une façon générale. Il pensait que la Russie était un pays largement européen malgré ce qu’on appelait autrefois dans les manuels d’Histoire « la Russie d’Asie », cette Sibérie qu’il comparait un peu au Far West américain, quelque chose qui était étranger à la vocation profonde de la Russie qui était européenne. 

Il estimait que la Russie avait naturellement sa place en Europe et qu’elle devrait l’avoir pour fortifier l’ensemble et peut-être aussi servir de stimulant pour un certain nombre d’actions – et sans doute aussi qu’elle empêcherait que toute l’Europe centrale ne soit plus ou moins influencée par l’Allemagne. Elle pourrait ainsi jouer le rôle, dans une certaine mesure, de contrepoids heureux. 

Selon le Général, la Russie avait une spécifié européenne depuis très longtemps ; elle participait depuis plusieurs siècles au jeu des puissances qu’on appelle aujourd’hui occidentales (au XVIIIe siècle et même avant). Son souhait était que des liens s’établissent, peut-être pas aussi étroits que ceux entre la France et l’Allemagne, mais quand même une relation réelle et privilégiée. Il avait une vision très européenne de la Russie. 

Mais la Russie ne risque-t-elle pas de se tourner vers d’autres pays (Chine, Inde) et se détourner de l’Union Européenne avec notre comportement ? 

La Russie a quand même depuis très longtemps le vif désir de se rapprocher de l’Europe, c’est quand même sa politique. Un éloignement diplomatique  - ou même plus – de sa part me paraît douteux – bien que non impossible. 

Certes, la Russie n’a pas que l’Europe occidentale dans ses orientations politiques ; elle a beaucoup d’intérêts ailleurs : l’Extrême-Orient, les Balkans… Elle a néanmoins une vocation privilégiée à être non pas dans l’ensemble européen en tant que tel, mais tout de même dans sa proximité : cela fait partie de son Histoire. La Russie a toujours voulu jouer un rôle important en Europe – et elle l’a fait. C’est une puissance qui se veut proche de l’Europe –  non pas « l’Europe des Traités » mais « l’Europe » en général. 

On peut donc s’étonner grandement que certains adhèrent à une doctrine de refoulement de la Russie plutôt que de trouver les moyens diplomatiques adéquats pour que la Russie s’affirme comme une puissance proche de l’Europe.

N’êtes-vous pas étonné de la manière dont se comporte la diplomatie occidentale ? On dirait que c’est n’est plus une diplomatie, consciente des intérêts stratégiques de chacun, mais une sorte de théocratie qui ne se base plus que sur une « pseudo-morale » – souvent cynique et à sens unique. 

Oui, il y a de ça. 

Prenez aussi l’exemple de la lutte contre le djihadisme, où la Russie est très active, car malheureusement très menacée dans sa partie orientale et donc obligée de faire appel à certaines mesures sérieuses de protection. Eh bien sur ce plan là-aussi, la coopération avec la Russie est indispensable – et marche bien actuellement. 

Vous avez beaucoup critiqué la forme que prenait la construction européenne. Que pensez-vous de la transformation de cette structure, qui semble en l’espèce animée d’une volonté impérialiste dans sa façon de s’étendre de plus en plus loin (à l’Est, à la Turquie, maintenant l’Ukraine…) dans un cadre de plus en plus soumis aux États-Unis avec l’intégration à l’OTAN et la défense des intérêts américains au détriment de nos propres intérêts ? 

Je n’ai rien à corriger sur ce que vous venez dire ; je partage totalement ces propos. 

Vous attendiez-vous à cette transformation de l’Europe au fil du temps ? Il y a 30 ou 40 ans, pensait-on déjà que l’on construisait quelque chose en commun qui basculerait de plus en plus dans l’américanisme ? 

Il y a toujours eu un euro-américanisme dans la construction européenne, depuis Jean Monnet. Il y a toujours eu une association étroite des États-Unis avec l’Europe : l’américanisme s’est couché dans le berceau de l’Europe, si l’on peut dire – il y a toujours eu une inspiration de ce côté-là. 

C’est une chose contre laquelle le Général s’est efforcé de réagir, pour bâtir ce qu’il appelait une « Europe européenne », qui précisément dans son esprit devait aboutir – à terme et si possible – à une adhésion de la Russie. Il voulait que le centre de gravité de l’Europe se déplace vers l’Est, d’abord l’Allemagne puis la Russie si possible. 

Contrairement à ce que l’on peut penser le général n’était pas « anti Européen » : il était contre une Europe américaine… 

Tout à fait.

Il était très pro-Européen au sens d’une « Europe indépendante et confédérale », et non pas soumise aux États-Unis et fédéraliste à la manière de Jean Monnet.

Les-crses.fr

NB. Ca, c’est l’UMP actuelle, il y a 15 jours…

Catégories : Crise Politique Tags :  ,

25 réponses à [Interview exceptionnelle] Pierre Maillard, ancien conseiller diplomatique du général De Gaulle
  1. dupontg Le 05 mai 2014 à 03h15
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    merci..
    ça fait toujours du bien de lire l’avis de vrais français

    • Norton Le 05 mai 2014 à 13h08
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      Un bon billet,nonobstant mon désaccord sur les conséquences de l’invasion de Prague pour l’Europe que de Gaulle voulait,…celle dans laquelle la France pouvait imposer son arsenal nucléaire en lieu et place de l’OTAN…
      Les soviétiques,par cette invasion,ont précipité l’émergence de l’Europe actuelle et compromis l’Europe européenne que pouvait souhaiter de Gaulle.
      Pourquoi n’avons nous pas défendu les Tchécoslovaques?…
      Leur manque de combativité liée à la personnalité de leur chef des armées,obligatoirement communiste,comme la totalité des fonctionnaires et militaires gradés à fait dire à de Gaulle qu’on ne pouvait rien pour un peuple qui ne voulait pas se défendre…

      Voir cet article link to radio.cz

      «Il était très pro-Européen au sens d’une « Europe indépendante et confédérale », et non pas soumise aux États-Unis et fédéraliste à la manière de Jean Monnet.»

      Ces propos contredisent les confidences faites par de Gaulle à Peyrefitte où sa vision secrète était celle d’une Europe dans laquelle la France aurait le premier rôle grâce à son arsenal nucléaire dont il souhaitait qu’il fut choisi par les partenaires européens, en lieu et place de l’OTAN,dont il devinait déjà que l’orientation géopolitique serait exclusivement dans les intérêts des américains.
      Alain Maillard,bien que très proche de de Gaulle,ne faisait peut-être pas partie du premier cercle…

      • Norton Le 05 mai 2014 à 13h17
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        Pardon…,mais vous aurez corrigé,…je voulais dire Pierre Maillard…
        Milles excuses…

  2. Kiwixar Le 05 mai 2014 à 03h39
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    Merci pour cet entretien! Et pour nous rappeller que les géants ont marché parmi nous.
    Vos questions gagneraient à être plus ouvertes et moins orientées…. :-)
    Je n’aime pas trop la notion de “sphère d’influence” qui a tendance à trop excuser les ingérences.
    Le monde serait un bien meilleur endroit si chacun s’occupait de son (propre) jardin.

  3. Byblos Le 05 mai 2014 à 03h51
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    Étrange impression quand on voit Fabius répondre à une question de Lallouz : On croirait voir Dupond répondre à Dupont. Ah Tintin!!

  4. Kiwixar Le 05 mai 2014 à 03h56
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    A propos de l’orientation Europe et/ou Asie de la Russie, nous avons un double biais exagérant notre importance à nos yeux : (1) l’Europe au centre du monde sur une carte européenne (2) projection mercator rendant les pays du nord plus grands qu’ils ne sont réellement.
    Dans ses discours (remarquables) récents, Poutine indique que la Russie n’est ni européenne ni asiatique mais russe, et les Européens auraient tort de croire que nous sommes plus importants que l’Asie. Le centre de gravité mondial se déplace vers l’est, au niveau économique, financier, industriel, innovationnel et même culturel (un grand écrivain ou philosophe français récent, anyone?).
    La Russie pourrait se développer sur tous les plans avec une relation avec l’Asie seule, d’autant que les pays asiatiques n’ont pas cette habitude d’ingérence condescendante.

  5. perceval78 Le 05 mai 2014 à 08h14
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    Une guerre nucléaire est possible , le pentagone laissera il faire ??

    link to dedefensa.org

  6. Julian Le 05 mai 2014 à 09h08
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    Grande reconnaissance.

    M. Maillard a travaillé avec le Général sur les dossiers les plus brûlants.

    Il fut un “intime” des décisions les plus importantes : sur la résolution de la guerre en Algérie, sur la crise de Cuba, les rapports avec l’Otan, les crises du Marché Commun, la préparation, la signature du Traité de Paris et son sabotage par les atlantistes allemands conseillés par Jean Monnet, la réorientation de la diplomatie française vers “le vaste Monde”, l’ouverture à la Chine…etc etc

    Il a écrit plusieurs ouvrages pour témoigner de cette formidable diplomatie qui pendant plusieurs décennies fut- d’ailleurs, contre les partis- massivement soutenue par le peuple français parce qu’elle exprimait les valeurs de notre nation : droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, universalisme, refus des Empires et des Blocs, refus de l’intégration dans l’Otan, coopération tous azimuts…

    Il a aussi témoigné de la trahison de cette diplomatie par la classe politique française, à commencer par les Barnier, Juppé,Chirac et tous les carriéristes du RPR-UMP qui osent encore invoquer parfois une prétendue filiation avec de Gaulle ! Et la gauche et le centre atlantistes de toujours ne furent pas en reste, évidemment, dans cette déconstruction.

    On voit ce qu’il nous reste de diplomatie aujourd’hui : aplatissement; alignement, suivisme, obéissance aux Maitres de Washington et de l’Otan. Lisse comme le visage du Ministre.

    On peut sans doute se procurer sur internet son dernier livre , passionnant, “L’Europe et de Gaulle trahis” édité en 2005 chez F. X de Guibert.

    J’ignorais que ce grand monsieur, que ce grand témoin, fût encore vivant. Merci Olivier Berruyer de me l’apprendre au travers d’une pensée claire, ferme et solide.

    Puisse son témoignage rappeler que, même s’agissant de l’Histoire, “La vérité existe. Seuls les mensonges sont fabriqués”.

    • Manaflar Le 05 mai 2014 à 12h44
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      “les valeurs de notre nation : droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, universalisme, refus des Empires et des Blocs, refus de l’intégration dans l’Otan, coopération tous azimuts…”

      Comme d’habitude il y a la paille et la poutre…
      Certes De Gaulle a été un grand homme d’Etat – bon, je ne sais pas, meilleur que les actuels ça c’est évident – mais il est loin d’avoir été tout blanc, notamment en matière étrangère.
      Je pense plus particulièrement ici à l’instauration de la “Françafrique” : c’est-à-dire l’ingérence française dans les anciennes colonies pour mettre à la tête du pouvoir un dictateur ami qui va nous faciliter l’accès aux ressources naturelles à très bon prix (cf association Survie ou les conférences de François-Xavier Verschave).

      De Gaulle n’aurait sûrement pas participer à cette mascarade dangereuse en Ukraine, mais il ne faut pas croire non plus que les magouilles honteuses ont commencées après son départ.

      Bref, gardons toujours notre esprit critique et n’encensons pas aveuglément.

  7. yt75 Le 05 mai 2014 à 09h09
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    Merci pour cet interview.

    Et le même Lellouche qui était un acharné de la guerre en Irak, et dont je me rappelle une émission où il disait en gros “mais vous verrez, tous le peuple Irakien accueillera les Américains avec des fleurs !”

    Et phrase de Fabius, la deuxième ou troisème :

    —-”l’origine, il faut la qualifier clairement, c’est la Russie”—-

    C’est bien là le noeud dans cette affaire.

    Note : Un discours important, celui de Dick Cheney en 2006 à Vilnius :

    link to georgewbush-whitehouse.archives.gov

    Avec entre autres :


    This conference has drawn together men and women from diverse nations and cultures, and from many different callings here today. We have elected and appointed officials, community activists, entrepreneurs, students, brave leaders of color revolutions. We’re united by common ideals, announced at the first gathering of this conference last year: to free this region from all remaining lines of division, from violations of human rights, from frozen conflicts, and to open a new era of democracy. To this place we’ve brought the hopes and the aspirations of the peoples we represent. And from this place we will bold and confidently serve the cause of freedom, security, and peace.


    A beloved President of the United States, Ronald Reagan, once wrote these words in a letter to a leader of the former Soviet Union. “The peoples of the world,” Reagan said, “despite differences in racial and ethnic origin have very much in common. They want the dignity of having some control over their own destiny. They want to work at the craft or trade of their own choosing and to be fairly rewarded. They want to raise their families in peace without harming anyone or suffering harm themselves. Government exists for their convenience and not the other way around.”


    The United States is proud to work in partnership with a growing European Union. And we’re proud that NATO has grown into a greater force for peace and stability than ever before. The young democracies in our great alliance have renewed it — bringing energy, and wisdom, and moral clarity to the councils of Europe. For them, the experience of tyranny is real, and recent. So they understand the need for vigilance against danger, the duty to call evil by its name, and the responsibility of free peoples to defend the innocent and to confront the violent. In the years ahead, more nations will make the tough decisions, and do the hard and essential work, to meet the standards for NATO and EU membership. America looks to the day when you are ready to join those institutions, and they are ready to join you. ”

    “America and all of Europe also want to see Russia in the category of healthy, vibrant democracies. Yet in Russia today, opponents of reform are seeking to reverse the gains of the last decade. In many areas of civil society — from religion and the news media, to advocacy groups and political parties — the government has unfairly and improperly restricted the rights of her people. Other actions by the Russian government have been counterproductive, and could begin to affect relations with other countries. No legitimate interest is served when oil and gas become tools of intimidation or blackmail, either by supply manipulation or attempts to monopolize transportation. And no one can justify actions that undermine the territorial integrity of a neighbor, or interfere with democratic movements. ”
    (cad : Eltsine et le dépeçage ultra libéral, c’était beaucoup mieux pour nous)

    Et bien sur :
    “The end of the Cold War did not usher in an era of quiet and tranquility. A new enemy of freedom has emerged — and it is focused, resourceful, and rapacious. This enemy perverts a religious faith to serve a dark political objective — to establish, by violence and intimidation, a totalitarian empire that denies all political and religious freedom. To that end, the terrorists do not seek to build large standing armies. Instead, they want to demoralize free nations with dramatic acts of murder, and to gain weapons of mass destruction so they can hold power by threat or blackmail. We need not have any illusions about their ambitions, because the terrorists have stated them clearly. They have killed many thousands in many countries. They would, if able, kill hundreds of thousands more — and still not be finished. ”

    “Our commitment to this cause is being tested today in Afghanistan and in Iraq. The task is difficult, but the progress has been steady, and the nations of our coalition have performed superbly. All 26 members of NATO have contributed assistance to operations in Iraq and Afghanistan. And some of the most steadfast allies in the cause are nations that have recently won their own freedom. From a Lithuanian Provincial Reconstruction team in Afghanistan; to Latvian military training teams in Iraq; to Estonian infantrymen; to Georgian security forces; to Polish and Romanian army units — countries that have known tyranny themselves have a clear understanding of what is at stake. And they have generously taken up the cause of democracy in other lands. “

  8. ErJiEff Le 05 mai 2014 à 09h15
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    Très bonne lecture et, en même temps excellent recadrage de la politique Gaullienne, qui se révèle de plus en plus comme une géniale anticipation de la nécessité d’un contre-pouvoir à l’échelle mondiale.
    “L’Europe de l’Atlantique à l’Oural”
    La reconnaissance de la Chine comme puissance politique autre que Formose…

    Le Général avait pressenti l’Organisation de Coopération de Shangaï et compris que l’avenir de l’Europe, petit bout de terrain asiatique, devait se construire à partir d’alliances contractées en terre asiatique.

    L’Union Européenne a définitivement perdu la guerre économique, idéologique et politique que lui ont livré les Etats-Unis.
    Aujourd’hui soumise et inaudible, elle se contente de travailler aux basses-oeuvres US, en embarrassant du mieux qu’elle peut les seuls adversaires crédibles de l’Occident que sont la Russie et la Chine.

    Stupidement dirigée et mal construite elle choisit l’option la moins favorable à ses intérêts.
    En tenant le rôle du renard dans le poulailler, elle n’a pas compris qu’en fait elle n’est qu’un rat et que les poules tuent les rats.

  9. Kyp Le 05 mai 2014 à 09h22
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    La fin du discours de Fabius est particulièrement intéressante ; Hollande : président ; Obama : président ; Merkel : présidente (c’est nouveau ça, aux dernières nouvelles elle était chancelière, il parle de peuple européen, mais il ne connait même pas ses voisins) et Poutine : Monsieur …
    D’ailleurs, ce gentil sinistre attribue à la Russie la stratégie US et voir le premier sinistre acquiescer derrière est juste répugnant.

  10. Nanker Le 05 mai 2014 à 10h21
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    “Précision : il a… 98 ans…”

    C’est marrant : je commence à penser que l’un des attributs du grand lavage de cerveaux mondialiste/libéral/financier a été de faire croire aux 25-45 ans qu’ils savaient tout qu’ils comprenaient tout de leur époque et que de ce fait on pouvait mettre les vieux au rebut (puisque eux ne comprenaient rien à ce nouveau monde merveilleux, je n’ose écrire “nouvel ordre mondial” merveilleux).

    De Maurice Allais à Pierre Maillard on voit maintenant à quel point ceci était faux. Oui les vieux peuvent être riches d’enseignement et nous montrer le stade de corruption du monde dans lequel nous vivons.

    • MJL Le 05 mai 2014 à 11h34
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      Oui en effet : le côté générationnel de l’obscurantisme actuel doit être relevé. Il correspond à peu près à la génération des “baby boomers”.
      C’est malheureux de constater qu’il faut remonter aux générations d’avant (nées entre 1910 et 1930) pour retrouver des voix éclairées. Problème: la disparition de ces “survivants” et le retrait progressif des baby boomers durant la prochaine décennie apporteront-ils véritablement du sang frais? A voir le formatage des trentenaires d’aujourd’hui, surtout dans les “classes supérieures”, je me sens parfois découragée…

      Merci Olivier pour cette interview et l’énorme travail réalisé sur ce dossier Ukraine emblématique!

  11. Macarel Le 05 mai 2014 à 11h10
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    Mais quand allez vous arrêter de faire le jeu des soviétiques sur ce blog ?

    Bien évidemment, prenez ma phrase au second degré…

    Je dis cela, parce que ce matin, je ne sais plus si c’est sur France Inter ou France Culture, un journaliste, en parlant des russes, à dit les “soviétiques”.

    Comme quoi, pour le camp occidental, la guerre froide n’a jamais cessé.

    C’est sans doute ce qui explique qu’à la fin de l’Union Soviétique, le pacte de Varsovie a été dissout, mais pas l’OTAN.

    Le camp capitaliste, n’a de cesse de supprimer toute puissance qui pourrait s’opposer à ses ambitions expansionnistes et aux intérêts de son oligarchie.

    Poutine n’est certainement pas un “tendre”, mais dire qu’en face ce sont des enfants de coeur, c’est tout bonnement des contes à dormir debout, pour gogos désorientés !

    On ne joue pas comme ça avec la guerre et la paix. Si le projet européen est vraiment un projet de paix, alors, c’est pour nos dirigeants le moment de le montrer.

    Mais il faudrait qu’ils remettent en cause plus de 30 ans de politiques néolibérales, qui ont mis en place une concurrence “libre et non faussée”, qui en fait, débouche en Europe, sur une guerre économique de tous contre tous, et menace aujourd’hui le paix sur le continent.

    T.Piketty, disait ce matin sur France Inter, que nos pays européens, sont encore très riches : “En France la richesse patrimoniale représente, à peu près, six fois le montant de notre dette publique (si j’ai bien entendu). Ce ne sont pas nos pays qui sont pauvres, ce sont les Etats que les politiques néolibérales ont appauvris sciemment. C’est sciemment que les dirigeants de droite et de gauche, acquis au thèses de l’école de Chicago, ont mis en place des politiques qui favorisent les rentiers, et euthanasient les salariés.

    Lorsque l’on nous joue la petite musique habituelle :”Il faut accepter tous les sacrifices que l’on vous demande, sinon nous allons transmettre une dette insupportable à nos enfants !”

    Il faut décoder derrière l’hypocrisie manipulatrice de ces propos : “Les classes supérieures de la société vont transmettre du patrimoine à leurs enfants, et d’autant plus que l’on est haut dans la hiérarchie sociale, et en plus, des créances sur les enfants des plus modestes, qui constituent la grande majorité de la population. ”

    La dette, la dette publique en particulier, est l’expression de l’accroissement toujours plus grand des inégalités, en régime néolibéral. C’est la façon dont les classes supérieures ponctionnent la richesse sur les classes moins favorisées. Tout le reste n’est que littérature pour naïfs, perdu dans le flot de bourrage de crâne auquel la propagande officielle soumet en permanence leur esprit.”

    On sait (on devrait !) où a conduit ce genre de processus dans les années 30 : à la dislocation des sociétés, à la mise à mort des solidarités, et au final à la guerre, qui n’est que le nom de la boucherie que les puissants font subir aux sociétés, quand ils n’ont pas d’autres arguments pour faire face à l’agitation sociale, que leur propre politique, génératrices d’injustices, ont crées.

    • Macarel Le 05 mai 2014 à 11h46
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      On a beau se relire… :-(

      “quand ils n’ont pas d’autres arguments pour faire face à l’agitation sociale, que leurs propres politiques -génératrices d’injustices-, ont créées.”

      • C Balogh Le 05 mai 2014 à 11h50
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        à Macarel,
        Humblement et si vous y tenez, “créée” est la bonne orthographe si vous parlez de l’agitation sociale,
        Cordialement.

        • Macarel Le 05 mai 2014 à 12h19
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          @C Balogh

          Pas de problème, vous avez raison… :-)

          Il faut commencer par essayer de ne pas maltraiter la langue, lorsque l’on parle de ne pas maltraiter les hommes.
          Mais il est vrai, que l’exercice n’est pas toujours couronné de succès, car la pensée va toujours plus vite que sa traduction écrite.

  12. bm607 Le 05 mai 2014 à 11h12
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    Merci pour cet interview, intéressant dans le sens où il donne un regard “historique” sur certaines questions, une vue telle qu’on en avait à l’époque où on pensait encore par nous-même, et non pas comme maintenant en bloc avec l’EU et/ou les USA sans un regard vers les autres pays.

    Sinon en passant un court article de RT dans lequel des reporters du New-York Times confirment qu’ils n’ont pas vu de traces des Russes chez les manifestants à Slaviansk (ni hommes, ni armes).
    link to rt.com

  13. C Balogh Le 05 mai 2014 à 11h20
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    à Macarel,
    Comme d’habitude votre point de vue est clair, réaliste, lucide.
    Je suis moi-même convaincue du mépris des puissants à notre égard.

  14. kinimodo Le 05 mai 2014 à 11h39
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    Laurent Fabius ce matin sur France Inter, à propos de l’ Ukraine, en profite pour faire un peu de promo sur l’UE…
    Un chaos en Ukraine serait il bon pour le élections européennes?… la paix on vous dit !

    “… Je remarque d’ailleurs ( ce que peu de gens font), que c’est le même jour qu’il y a des élections paisibles, pacifiques dans l’UE( peut être va-t-on en parler), et que en Ukraine, aux portes de l’UE, la question de savoir si on peut organiser les élections est posée.
    Qu’est ce que ça veut dire ? en termes clairs
    Ca veut dire que l’Union Européenne, c’est la PAIX…on a oublié.
    C’est la PAIX, c’est la garantie de la paix.
    Alors qu’aux frontières de l’UE, il reste des risques graves d’affrontements ”

    à partir de 1mn 35:
    link to leparisien.fr

    • yt75 Le 05 mai 2014 à 12h51
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      Merci pour le lien

      Fabius dit aussi (1:50) : “si les élections n’ont pas lieu le 25, il faudra passer au 3eme dégré de sanctions”.

      Sous entendu : si elles n’ont pas lieu (et on voit mal comment cela pourrait être le cas maintenant), ce sera la faute des Russes.

      Il dit aussi (3:40) : “les Russes sont opposés aux élections du 25 mai”(avant de passer à la Syrie)

      Est-ce bien officiellement le cas ? Les Russes sont officiellement opposés aux élections du 25 mai ?

      Et au alentour de 5:30 : “je rappelle que j’ai fait signer le 21 février avec mes collègues Allemands et Polonais (organisation trio dont j’ai oublié le nom), un accord qui a empêché la guerre civile, personne ne peut contester cela”
      Ah bon .. (sans compter que les termes de cet accord on été rendus caduques le jour même ou le lendemain)
      et par ailleurs Fabius parti à Pékin le jour même, ce que Lellouche lui a d’ailleurs reproché :
      link to lefigaro.fr

  15. reneegate Le 05 mai 2014 à 12h17
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    Le seul politique Gaulliste (dans le sens d’une volonté d’indépendance) est JL Melenchon.
    Lelouche et Fabius ont bien du mal à se distinguer. Ils sont du même bord assujettis aux décisions des US.

    • souria Le 05 mai 2014 à 12h29
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      Confirmé par le site Dedefensa.org lors des élections présidentielles de 2012 : je cite “(Lors d’un commentaire, le 10 avril, sur BFM-TV, ce journaliste italien dont nous n’avons retenu que le prénom, – Alberto, – remarquait, avec un accent chantant et étonné de l’audace de son propre propos, et après que son interlocuteur ait évoqué quelques accents “à la Mitterrand” chez Hollande, qu’«il y a comme des accents d’une de Gaulle de gauche [chez Mélenchon].» Pas si bête, l’Alberto à l’oreille fine.)” link to dedefensa.org

  16. Jacques Le 05 mai 2014 à 13h27
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    Vous méritez encore un merci pour cette interview. Particulièrement excellent est de relever dès le début la responsabilité de l’UE dans le déclenchement des évènements de Kiev. Elle est maintenant toute nue: l’UE, c’est la prospérité, l’UE, c’est la paix, tout cela, c’est envolé, elle apparaît pour ce qu’elle est, un des instruments de l’hégémonie américaine.

     

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