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12 juin 2014

Les « antifa », révolutionnaires ou chiens de gardes de l’Ordre établi ? Analyse du fascisme aujourd’hui...

 AGORAVOX

 

par Vincent O lundi 15 juillet 2013
Les « antifa », révolutionnaires ou chiens de gardes de l’Ordre établi ? Analyse du fascisme aujourd’hui...

Les partis de gauche n'ont cessé d'appeler à manifester en hommage à Clément Méric pour faire barrage au "fascisme". Un combat antifasciste qui rappelle celui de la SFIO et du PCF dans les années 30, à l'époque de Mussolini, d'Hitler et de Franco. Mais aujourd'hui, un demi siècle après la mort du dernier de ces leaders, ce combat est-il toujours d'actualité ? à l'aube du XXIème siècle, la société française est-elle une nouvelle fois guettée par une menace "fasciste" ? Autrement dit, les "antifa", qui revendiquent la lutte contre le fascisme, nous défendent-ils d'une menace réelle ou se battent-ils contre un fantôme ?

Cet article évoquera brièvement l'antifascisme des années 30. Ensuite, il tentera de voir si le fascisme plane toujours au-dessus de nos têtes, en analysant le fascisme en Europe, et en étudiant les mutations sociales survenues depuis les années 30.
 
L'antifascisme des années 30
 
D'abord, un peu d'histoire. Il faut comprendre ce qui a poussé la SCFIO et le PCF à adopter une ligne "antifasciste" dans les années 30, qui aboutira à la création du Front Populaire.
 
Dans les années 30, Mussolini régnait sur l'Italie depuis une décennie, persécutait les socialistes et communistes, se préparait à attaquer l'Ehtiopie. Hitler portait au pouvoir un parti intolérant et dicatorial, et les perséuctions contre les juifs commençaient à prendre de l'ampleur. En 1936, Franco, quant à lui, refusait le résultat des élections démocratiques, et renversait la République espagnole pour instaurer un régime soutenu par Hitler et Mussolini. En France, les sympathies pour ces régimes n'étaient par rares au sein de la droite. Des Ligues antiparlementaires se multipliaient : les Croix de Feu, la Ligue des Patriotes, auxquelles plusieurs centaines de milliers de personnes adhéraient, menées par des intellectuels brillants (Barrès, Maurras...) aux journaux très lu (l'Action Française, Candide, Je suis partout...). Dans ces Ligues, on admirait souvent Mussolini et même Hitler ; on on considérait souvent tout ce qui suivait 1789 comme une erreur et une tragédie...Bref, ces Ligues étaient monarchistes, cléricales en plus d'être pro-fascistes et (cela va de soi) antisémites.
Leur force était réelle, les soutiens qu'ils recevaient, considérables.
 
Aussi purent-ils se réunir le 6 février 1934 pour attaquer le Parlement. Ils étaient 40.000, et furent repoussés à grand-peine par les policiers. 
 
Journée du 6 février 1934 : 40.000 fascistes français se ruent sur l'Assemblée nationale défendue par quelques policiers.
 
Spontannément dans toute la France, des forces populaires se rassemblèrent, et décidèrent de manifester en soutien à la République. Trois jours plus tard, les militants PCF et SFIO fraternisèrent entre eux lors d'un immense défilé, unis par leur haine commune du fascisme : ce furent les prémisses du Front Populaire.
En 1936, le FP avait remporté les élections. Il était antifasciste dans ses slogans : "pain, paix, liberté", ses promesses : dissolution des Ligues fascistes, et ses actes : les Ligues furent effectivement dissoutes une fois qu'il remporta les élections.
 
Répétons-le : le danger fasciste a bel et bien existé dans la France des années 30. Le 6 février, le Parlement avait failli être envahi par les Ligues d'extrême-droite. Celles-ci avaient alors des centaines de milliers d'adhérents, capables de se rassembler pour tenter un putsch. Si le réflexe républicain et antifasciste des Français avait été plus faible, peut-être un Mussolini français serait-il arrivé au pouvoir. Si le Front Populaire n'avait pas interdit les Ligues d'extrême-droite, peut-être la République aurait-elle été renversée plus tôt qu'avec Pétain...
 
Aujourd'hui, l'appel à l'antifasicsme est-il toujours légitime ?
 
Pour le comprendre, analysons le concept de "fascisme" tel qu'il s'est manifesté en Allemagne, en Italie et même en France. Et tachons de voir si un mouvement fasciste a une quelconque chance de renaître dans la France d'aujourd'hui.
Les sections ci-dessous, en cinq points, seront chacune dédiée à l'analyse d'un aspect du fascisme, que l'on mettra en perspective avec le monde d'aujourd'hui.
 
1) Le fascisme : un mouvement nationaliste
 
Le fascisme est un nationalismec, c'est une évidence, et c'est peut-être le coeur du sujet, car tous les autres aspects du fascisme en découlent. Le fascisme est souvent l'enfant d'une fracture au sein des nations, qu'il est censé résorber une fois au pouvoir ; il n'a pu émerger que grâce au climat de guerre qui régnait, à l'ultra-nationalisme d'une partie de la population, et au nationaliste ambiant d'une manière générale.
Ce nationalisme, survenait dans le contexte guerrier des années 30, à l'époque où les peuples se haïssaient pour s'être entretués en 1914-1918.
 
De gauche à droite : Mussolini et Hitler. Leaders fascistes en Italie et en Allemagne.
 
L'Italie ressortait ruinée et déchirée de la Première Guerre Mondiale. Elle conservait une haine profonde envers ses anciens ennemies. Les anciens combattants appelaient de leurs voeux une Italie puissante et fière, qui puisse devenir un géant militaire sur la scène internationale, menaçant pour ses ennemis ; c'est sur ce leitmotiv que Mussolini s'est largement appuyé pour parvenir au pouvoir : il prônait la renaissance Italie forte et belliqueuse, comme au temps de l'Empire romain ; la majorité des Italiens, patriotes, n'étaient pas insensibles à ces appels à la grandeur de l'Italie : c'est ce qui explique la popularité relative de Mussolini dans toutes les couches de la population, à une époque où l'idée républicaine était encore récente dans la mentalité italienne.
 
L'Allemagne, quant à elle, était humiliée dans son orgueil national par "le diktat de Versailles", qui la contraignait à la suppresion du service militaire, à la restitution de l'Alsace-Lorraine, et (comble du comble) à payer à la France une somme de 132 milliards de mark, considérable. Le patriote allemand haïssait les français non seulement parce qu'ils avaient vaincu et humilié l'Allemagne, mais aussi parce que leur diktat de Versailles condamnait celle-ci à des années de récession et de misère noire. Dans un tel contexte, un discours comme celui d'Adolf Hitler, qui rendait les Français responsables de la blessure infligée à Allemagne, et qui accusait les juifs et les communistes d'être responsables de la défaite (c'est le mythe du coup de poignard dans le dos), fut très écouté.
 
De même, en France, c'était au nom d'un nationalisme souvent anti-allemand, souvent guerrier, souvent antisémite, souvent clérical, que les militants d'extrême-droite voulaient renverser la République.
 
Tous ces nationalismes ont des sources communes : haines nationales nées d'une guerre ; haine de minorités ethniques ou politiques (juifs, communistes) ; patriotisme très fort d'une grande partie de la population en général.
 
Aujourd'hui, où sont les enfants d'Hitler et de Mussolini ? Où sont les nouveaux "nationalistes" ?
 
 
Doit-on les trouver dans les droites nationales et conservatrices, comme le parti des le Pen en France ? Il est vrai que la candidate actuelle fait appel à une conception de la nation qui peut évoquer celle de Mussolini : lorsqu'elle évoque les racines de la France, son passé, sa culture, sa religion, lorsqu'elle bâtit une idéologie autour de ces aspects, c'est une conception "essentialiste" de la France qui ressort de la pensée de Mme le Pen. C'est bien au nom de cette "essence" de la France qu'elle veut conserver une certaine identité nationale...De même, Serges Ayoub et les JNR font appel à une France profonde, au nom de laquelle ils refusent la mixité, l'altérité...ces facteurs permettent à de nombreuses personnes de voir dans le FN et dans les JNR des dangers "fascistes".
 
Le FN et les JNR : des coalitions fascistes, que tout Républicain doit combattre comme le Front Populaire a combattu les Ligues en 1934 ? 
Avant de répondre positivement, prenons en compte les mutation sociales survenues entre 1934 et le XXIème siècle.
 
Nous avons vu que le terrain favorable pour l'apparition d'un nationalisme était le suivant : un climat de guerre, des haines ethniques préexistantes, et enfin le patriotisme d'une grande partie de la popualtion.
 
Aujourd'hui, qu'en est-il ?
 
En réalité, tout porte à opposer la société des années 30 à celle d'aujourd'hui.
 
Les peuples italiens et allemands, avant même l'arrivée au pouvoir de leur leader, étaient profondément nationalistes.
Et pour cause : l'Italie et l'Allemagne sortaient d'une guerre meurtrière ; les blessures étaient encore ouvertes, brûlantes, le souvenir des ennemis très vifs : on haïssait celui contre lequel on s'était battu. Ce n'est pas le cas de la France d'aujourd'hui, qui n'a pas été en guerre depuis cinquante ans, et ne conserve par conséquent aucune haine nationale.
 
L'éducation, les journaux des années 30, incitaient par leur propagande à un sentiment revanchard de la part des nations. Ce n'est plus le cas dans la France d'aujourd'hui, où on constate l'effet inverse : l'éducation et les journaux, pétris d'antiracisme, incitent à la tolérance universelle et à l'amitié entre les peuples. à l'époque, l'Allemand était le "boche", le juifs le "youpin", au sein de la classe ouvrière comme à l'intérieur des cercles bien-pensants et dans les journaux. Aujourd'hui, de telles haines sont ou bien désuettes, ou bien fortement réprouvées, et une insulte raciste ou haineuse dans un journal est punie par la loi.
 
La France a connue son dernier élan nationaliste au cours de la guerre d'Algérie, en 1958. Une menace "fasciste" a ressuscitée, en la personne du général Salan, et de son Comité de Salut Public, à travers les crimes de l'OAS, soutenu par la fraction de la population qui voulait garder l'Algérie française. Le danger, là encore, était réel. Manifester contre le fascisme était nécessaire. 
Mais l'Algérie est devenue algérienne. Et les partisans de l'OAS ont connu une défaite idéologique après leur défaite militaire. Qualifiés de "terroristes" par les gaullistes comme les communistes, le Figaro comme l'Humanité, ils ont été considérés comme des assassins dès leur défaite, et c'est aujourd'hui l'image que l'on garde d'eux. La plupart des Français se sont faits aujourd'hui à l'idée que l'Algérie est Algérienne, et que la France n'a plus de "colonies". De Gaulle lui-même, conservateur, colonialiste à ses débuts, avait admis cette réalité dès 1958.
 
Avec les années de Gaulle, la France perd tout ce qu'elle avait de nationaliste pour devenir simplement patriote.
On a vu que sans nationalisme, aucun fascisme n'était possible. Mais observons plutôt les mutations jusqu'à aujourd'hui, pour comprendre à quel point la résurgence d'un nationalisme paraît improbable.
 
 
Sous de Gaulle, la France restait patriote. Le Président se faisait une "certaine idée de la France (...) une chose très considérable, très valable" ; l'éducation était encore axée sur la grandeur de la nation ; être patriote patriote était toujours courant, "normal", de bon ton. En faisant perdre à la France son Empire colonial, de Gaulle avait tué tout ce qui restait de nationalisme en France pour n'y plus conserver que le patriotisme. 
 
C'était sans compter mai 1968, et l'antipatriotisme porté en triomphe par les Soixante-Huitards ; l'idée de nation, de patrie, fut rejetée par eux au même titre que l'idée de hiérarchie, d'ordre. L'historien Maurice Agulhon constate que "l'intérêt national et la Nation même sont tout aussi désacralisés que la société et la loi" avec mai 68.
 
C'est donc un long processus d'extinction du patriotisme qui commence avec mai 68. On connaît les Soixante-Huitards reconvertis dans les médias (Cohn-Bendit, Serges July...) qui ont mis à la mode l'idée "libérale-libertaire" d'un monde sans frontière et sans nations, dans la presse et dans l'imaginaire.
 
Avec Giscard, la France n'est plus qu'une "puissance moyenne", de son propre aveu ; de "l'esprit de mai" (68) on retient surtout une forme d'hédonisme, de liberté de moeurs...qui rend l'idée de Patrie décidément vieillote et ennuyeuse. Aujourd'hui, être "patriote" n'est-il pas considéré comme quelque chose de désuet, d'archaïque ?
 
Avec Mitterrand, le pouvoir politique passe de l'apologie de la France à l'apologie...de l'Europe. La classe politique développe un certain patriotisme européen, qui contribue à enterrer toujours plus profondément le patriotisme français.
 
Avec Chirac, le coup mortel est porté aux tous derniers nationalistes, lorsque celui-ci déclare, en 1995, que la France a bel et bien collaborée avec l'Allemagne, qu'elle a participée au génocide nazi. Le pacte du résistantialisme rompu, la France perd non seulement son statut de résistante au nazisme, mais aussi, pour certains, ce qui faisait d'elle un grand pays : la France n'est plus le symbole de la civilisation, de la justice, de l'humanité, puisqu'elle a collaborée avec la barbarie.
Dans l'éducation, l'histoire de France fait de plus en plus place à l'histoire de l'Europe. On déserte la Révolution française pour explorer l'humanisme européen.
 
En clair, si le nationalisme est définitivement devenu une relique de la guerre d'Algérie, c'est désormais le patriotisme qui commence à faire parti du passé.
Le monde d'aujourd'hui avait été en quelque sorte prophétisé par Jean-Jacques Rousseau dans le dicsours sur la science et les arts : "les haines nationales s'éteindront, mais ce sera avec l'amour de la patrie", écrivait-il en 1750. On ne saurait mieux résumer en une phrase la France d'aujourd'hui.
 
Cette vingtaine de Jeunes Nationaliste Révolutionnaires s'apprête à marcher sur l'Assemblée pour faire un putsch...
 
Certains pointent du doigt Serges Ayoub et les 10.000 adhérents de la JNR, qui rassemblent tout ce qui reste en France de nationaliste, de fasciste de raciste, etc....comme une menace.
Rappelons que Ligue des Patriotes (ligue nationaliste du XXème siècle) avait à son compte 200.000 adhérents à l'époque, et que les Croix de Feu, déjà mentionnés, comptaient pas moins de 400.000 adhérents dans les années 30...
Or, aucun projet "fasciste" ne peut être mené à bien sans le soutien actif d'une partie de la population endoctrinée au nationalisme. Aujourd'hui, personne, ou très peu de monde, ne suivrait le Pen dans une ligne fasciste si elle prenait le pouvoir (crainte réelle d'un bon nombre de personnes). Illustrons cette affirmation par une nouvelle comparaison :
Lors de ses défilés, la JNR ne dépasse jamais quelques dizaines de manifestants.
En 1934, lorsque les Ligues fascistes ont attaqué le Parlement, leurs membres se comptaient par dizaines de milliers.
 
Tous les politologues s'accordent sur le fait que les millions d'électeurs des le Pen ne sont pas, pour une immense majorité, des nationalistes convaincus ; que le vote est de protestation, de désespoir, de lassitude, et non de conviction. Ou, s'il est de conviction, il l'est bien plus pour la dimension anti-européenne (et donc anti-capitaliste), sociale, morale du FN, que pour ses dérives islamophobes et anti-immigrationnistes (j'ai pu le constater sur place). 
Dans les années 30 existait un "peuple nationaliste" nombreux, organisé, violent : aujourd'hui, il est mort et enterré. Dans les années 30, un bon nombre de journaux étaient nationalistes, antisémites, appelaient à la haine ; aujourd'hui, c'est un délit puni par la loi, et il est au contraire de bon ton d'inciter à l'amitié entre les peuples, à l'antiracisme dans les médias...
 
On conçoit donc qu'un avertissement comme celui-là lancé par les antifascistes a à sont tour quelque chose d'archaïque, de passéiste, de désuet, puisque le nationalisme est mort en France : 
à quand l'affiche "le monarchisme est une plaie : nous sommes le pansement" ?
 
 
Il était important de faire cette digression sur le nationalisme car le nationalisme des fascistes a une conséquence majeure sur ces mouvements.
 
2) Un mouvement raciste 
 
C'est bien sûr le racisme, quelle que soit sa forme. Si on glorifie un peuple à outrance (but de tout nationalisme), on finit par lui faire croire qu'il est supérieur à tous les autres peuples de la terre. Il devient tellement embelli, tellement avancé et tellement "pur", que d'autres peuples paraissent à côté minuscules et inférieurs...et que des éléments "impurs"  du grand peuple en question deviennent des parasites.
Bref, d'une manière ou d'une autre, le fascisme, par l'ultra-nationalisme mène au racisme : une nation, un peuple, une race, est inférieure, biologiquement ou culturellement, à une autre nation, un autre peuple, une autre race.
 
Les origines philosophiques de tout fascisme se trouvent dans l'idée de Darwinisme Social. Cette citation de Hitler donnera un aperçu de ce concept :
 
"dans la nature, c'est la loi du combat qui domine depuis le début ; tout ce qui est faible est éliminé. C'est la société (...) qui a permis au faible et au médiocre de se maintenir artificiellement en vie"
 
Autrement dit, les nazis et les fascistes ont remis au goût du jour l'idée de sélection naturelle et de la survie des plus forts...appliquée à l'homme.
 
Dans la nature, les espèces les plus faibles n'ont pas le droit à l'existence, elles sont détruites par les puissantes. Les fascistes ont repris ce constat et l'ont appliqué à l'homme (Darwinisme Social).
 
Selon cette conception, les hommes les plus puissants doivent éliminer les plus faibles. C'est ce qui poussa Mussolini à coloniser l'Ethiopie en 1936, tuant 700.000 de ses habitants. Il fallait que des Ethiopiens meurent pour que les Italiens puissent s'épanouir en dévoilant leur virilité et leur puissance.
C'est ce qui poussa Hitler à massacrer des millions de juifs, de tziganes, de clochards, d'étrangers : ces personnes faibles, ces parasites dont la seule vue était une offense aux sens, ne contaminaient-ils pas la belle Allemagne et les Aryens par leur seule présence impure ?
 
Mais sans nationalisme, comment considérer qu'une nation est supérieure à l'autre, qu'une race est supérieure à l'autre ? C'est parce que Hitler glorifiait plus que de raison le peuple allemand qu'il a pu faire apparaître les juifs comme décadents et inférieurs. C'est parce qu'Hitler exhaltait avec exagération l'Italie romaine que les Ethiopiens ont pu passer pour des moins que rien.
Aujourd'hui que presque personne n'est même plus patriote, imagine-t-on qu'une large fraction de la population se mettrait à détester une autre fraction, sous prétexte qu'elle est inférieure ?
 
Encore une fois, on peut prêter aux partis d'extrême droite des intentions génocidaires. Mais rappellons que la Shoah n'a pu s'accomplir qu'avec le soutien d'une partie non négligeable de la population. Aujourd'hui, maintenant que les Français sont éduqués dans le respect de tous les peuples, de toutes les religions, de toutes les ethnies, dans l'horreur du racisme et de la persécution d'Etat, qu'il sont très peu patriotes et plus du tout nationalistes, une Shoah ne pourrait tout simplement pas se réaliser. 
 
 
3) Mouvement anti-parlementaire, anti-démocratique, providentialiste et ... putchiste
 
 
Mussolini, dès 1917, fustigeait déjà la République italienne corrompue, Hitler consacre une bonne partie de Mein Kamps à justifier son antiparlementarisme.
 
Dès le départ, Hitler et Mussolini prônaient un régime dictatorial où un seul homme serait mieux à même de comprendre le peuple, de faire sa volonté, qu'un Parlement. Un seul homme infaillible, un homme-providence : un Duce, un Führer. Cette thématique sera reprise par certaines ligues d'extrême droite dans les années 20 et 30 en France ; bien sûr, cette idée en France était profondément monarchiste et religieuse : cet homme-Providence infaillible, investi de pouvoir quasi-divins, ne rappelait-il pas les monarques capétiens ?
 
D'un autre côté, Hitler et Mussolini se méfiaient tout autant du peuple et de sa capacité à gouverner. Malgré des apparences de démocratie, Mussolini et Hitler ont bien sûr rendu tout caractère démocratique impossible dans leur régime. Les "plébiscites" (référendums) oragnisés étaient bien sûr ou truqués, ou manipulés.
 
Le fascisme apparaît donc non seulement comme un mouvement anti-parlementaire, mais aussi et surtout comme un mouvement antidémocratique. Ce n'est pas plus le peuple qu'un Parlement qui gouverne : c'est un homme.
C'est l'une des caractéristiques majeures du fascisme : la dimension providentielle, presque divine, du leader, du Duce, du Führer, sur lequel on mise tout. Hitler et Mussolini se décrivaient comme omnipotents, omniscients, infaillibles. Face à la violence de la crise économique, face à l'incapacité des parlementaires en place et même du peuple, il fallait donner à la nation un homme capable de reprendre en main le cours des choses.
à titre d'exemple, la propagande nazie comparait Hitler à Siegfrid, le héros mythologique allemand, et au surhomme décrit par Nietzsche. En Italie, le premier des Dix Commandements fascistes était : "Le Duce a toujours raison".
Cette conception providentielle d'Hitler et de Mussolini justifièrent leur coup d'Etat : face à un peuple incapable de gouverner, à une Assemblée corrompue, tous les moyens étaient bon pour que ces hommes infaillibles accèdent au pouvoir.
Pour parvenir au pouvoir, Hitler et Mussolini s'appuyèrent sur une milice préexistante : les SA pour Hitler, les squadristi, les "chemises noires", pour Mussolini.
On estime à 500.000 les SA en 1933. Les squadristi de Mussolini atteignait elle aussi plusieurs centaines de milliers de membres. On adéjà mentionné les chiffres des Ligues fascistes françaises des années 30 (plusieurs centaines de milliers).
 
 
Dans l'imaginaire collectif, les le Pen font figure de dictateurs antiparlementaires ; avec un aspect bonapartiste, ils semblent vouloir apporter une solution providentielle au problème parlementaire ; j'ai entendu plusieurs personnes avec lesquelles j'ai parlé exprimer la crainte de voir une victoire aux urnes de la fille le Pen, suivie d'un coup d'Etat ; je crois que cette crainte est assez répandue. En réalité, un tel coup d'Etat n'est possible qu'avec le soutien actif d'une milice ultra-nationaliste et le soutien passif d'un peuple nationaliste. Comme nous l'avons déjà dit : le peuple n'est non seulement plus nationaliste aujourd'hui, il n'est même plus patriote : jamais il ne soutiendrait un tel coup d'Etat.
De plus : sans force para-militaire nationaliste et endoctrinée aux principes d'un chef, impossible d'instaurer une dictature fasciste. 
Aujourd'hui, qui le Pen, trouverait-elle pour marcher sur Paris ? Cette question absurde ne l'est qu'autant que les fantasmes d'un certain nombre de personnes. 
Ce qui poussait les squadristi et les SA à agir, c'était l'ultra-nationalisme, le revanchisme ; fanatisés par des décennies de propagande ultra-nationaliste, ils étaient prêt à se donner corps et âme pour leur nation. Aujourd'hui, peut-être les quelques dizaines de JNR qui sortent dans la rue pour manifester sont-ils dans ce même état d'esprit ultra-nationaliste. Mais ils sont quelques dizaines, loin derrière les centaines de milliers de SA, de squadristi qui ont aidés aux coups d'Etats fascistes...
 
Ces comparaisons semblent bien sûr ridicules, mais elles sont le reflet de la conception du fascisme qu'aujourd'hui certains "antifa" plutôt candides et assez naïfs font leur.
 
 
4) Le fascisme : un mouvement liberticide et totalitaire
 
Face à des dictateurs aussi infaillibles, les Assemblées, comme le Peuple, ne devaient jamais avoir leur mot à dire : si Hitler et Mussolini ne pouvaient ni se tromper ni échouer, toute tentative de la part d'un individu de s'opposer à ces surhommes providentiels devenait criminelle. Aussi tous les moyens pour faire taire ces opposants étaient-ils légitimes : la fin justifiait les moyens.
Plus encore que les libertés individuelles, les régimes fascistes ont été jusqu'à détruire les liberté d'opinion, de conscience, de pensée, en censurant la presse et en embrigadant la jeunesse. Tous les quotidiens opposés au régime sans exception étaient déclarés hors-la-loi ; les jeunes Italiens et Allemands étaient encartés dans des "jeunesses hitlériennes", "fascistes", dans lesquelles on leur inculquait, pour reprendre le mot de Mussolini, "l'âme fasciste".
Non seulement les moyens pour les hommes d'accéder à l'information étaient suprprimés (censure de la presse), mais leur liberté de conscience même était rendue impossible par une éducation qui leur inculquait la propagande du régime, dont le but était de soumettre totalement l'enfant à l'idéologie. Le terme "pensée unique" provient bien évidememnt du fascisme, puisque les fascistes recréaient une vision du monde qu'ils imposaient à tous. élevés dans ce cadre de référence, les enfants n'avaient aucun moyen de vérifier si ce qu'on leur avait enseigné pouvait être contesté...
 
Le but était de créer, d'une certaine manière, une humanité nouvelle. Ce fut le fantasme d'Adolf Hitler : recréer la "race aryenne", pure. Celui de Mussolini : inculquer "l'âme fasciste" à tous les Italiens. Un objectif qui impliquait, bien sûr, l'uniformisation du mode de vie. C'est ainsi que le salut fasciste, le "heil Hitler", furent mis à la mode ; qu'entrer dans les jeunesse hitlériennes ou fascistes était quasi obligatoire, par la pression sociale ; que se montrer un vaillant patriote, nazi, soldat ou fasciste était bien vu. C'est en cela que le fascisme est totalitaire : il envahit le secteur privé de l'individu, détruit son intimité pour l'inonder avec ses concepts politiques.
Idéal de l'aryen sculpté par un artiste nazi.
 
Là encore l'assimiliation avec le FN semble impossible. Aucune idée totalitaire de la sorte n'apparaît dans son programme, et, comme nous l'avons vu, une dérive dictatoriale de ce parti, qui ne serait pas soutenue par une population nationaliste, n'aurait aucune chance d'aboutir.
 
 
5) Mouvement anti-socialiste et anti-communiste
 
C'est sans doute l'aspect du fascisme le plus méconnu, et sans doute le plus intéressant. Il faut le répéter sans cesse : l'anticommunisme fut mère du fascisme et du nazisme.
 
Le national-"socialiste" Hitler, comme l'ancien socialsite Mussolini, ont été un temps regardé avec espoir par des électeurs de gauche, qui voyaient dans le nazisme et dans le fascisme une alternative au capitalisme. D'un autre côté, ce qu'il est vital de retenir, c'est que ces mouvement ne sont parvenus au pouvoir qu'avec le soutien des hommes d'affaires les plus riches et les plus importants de leur temps. Mussolini n'a pu marcher sur Rome qu'après avoir reçu le soutien des patrons de la Confédération de l'Agriculture, de l'Industrie, de l'Association bancaire... Hitler lui-même a été soutenu financièrement par les patrons des entreprises de sidérurgies allemandes, par la firme transnationale IG Farben, par la Banque Américaine. Si des ultra-riches ont permis à ces hommes d'accéder au pouvoir, ce n'était nullement par conviction fasciste ou par amour de la dictature, certes : c'était par peur du communisme et du socialisme.
 
Affiche de recrutement d'une milice vichyste
 
En effet, un point commun rarement souligné entre le Nazisme, le fascisme et même le National-Catholcisime de Franco (on pourrait étendre la réflexion à Pinochet, Videla...), réside dans le fait que ces régimes ont mis fin à des républiques qui se gauchisaient. En Italie, les marxistes obtenaient des scores qui pouvaient effrayer les possédants (30% en tout aux élections de 1921). De même, en Allemagne, après la Révolution spartakiste de 1919 qui effraya durablement les franges les plus aisées de la population, les puissants partis Social-Démocrate (terme qui n'avait pas, à l'époque, le même sens qu'aujourd'hui !) et Parti Communiste flirtaient autour des 40% aux élections législatives de 1928 et 1930. C'est une réalité majeure : fascisme et nazisme ont été utilisés par certains grands possédants de l'époque comme un moyen d'endiguer la poussée électorale et les progrès dans les masses du socialsme, du communisme, du marxisme en général, bête noire et bouc-émissaire d'Hitler et de Mussolini.
 
Une fois au pouvoir, les dirigeants fascistes se sont mis (partiellement) au service des grands intérêts qui les avaient soutenus. Aussi, que les syndicats, les partis de gauche aient été interdits dès l'arrivée au pouvoir de ces hommes n'est en rien surprenant ; que des millions (si on compte les prisonniers de guerre de l'URSS) de socialistes et de communistes aient fini, au mieux, exilés dans des îles près de l'Italie, au pire, gazés dans des camps en Pologne, ne l'est pas non plus.
Ce n'est pas un hasard si le PCF voyait dans le fascisme et le nazisme un "terrorisme de classe ouvert (...) à l'inverse des démocraties bourgeoises qui masquent ce terrorisme..."
 
L'un des paradoxes des régimes fascistes réside ici : soutenus à la base par une population de gauche, ils n'ont pu entreprendre un coup d'Etat qu'après avoir été financés par le grand patronat et la finance. Mouvements qui captèrent, cristallisèrent et exacerbèrent les haines anti-parlementaires, nationalistes, racialistes, et même anti-capitalistes, les fascismes entreprirent une politique favorable aux notables qu'ils fustigeaient autrefois. 
 
L'analogie avec le Pen semble ici assez intenable : on voit mal comment il lui serait possible, une fois au pouvoir, d'exécuter des mesures dictatoriales (interdiction des syndicats, arrestation des militants de gauche...) sans le soutien d'une milice paraa-militaire telle les SA ou les squadristi.
 
 
Le fascisme mussolinien et hitlérien est mort et enterré aujourd'hui !
 
La France, qui n'est plus nationaliste ni raciste, ni patriote, ne pourra accepter l'hégémonie d'une milice paramilitaire (qui elle-même ne pourrait pas apparaître dans la France d'aujourd'hui), et ne semble donc, finalement, aucunement menacée par un quelconque fascisme, à première vue. Contre les cinq points du fascisme que nous avons étudié (nationalisme, racisme, putschisme, totalitarisme, anticommunisme dictatorial), la France semble être vaccinée.
 
Ce n'est pas un article à la gloire du FN : d'un point de vue historique, ce n'est pas un parti fasciste. On peut être en désaccord avec le FN sans le qualifier de "fasciste" ; car cela ne saurait être fait sans contresens dans la définition, et un "fascisme" mussolinien est aujourd'hui aussi improbable en France que le retour de Louis XX !
 
Bien sûr, les manifestations anti-mariage pour tous sont l'occasion pour les quelques Français encore monarchistes et cléricaux, de reparaître sous leurs couleurs les plus folkloriques. Ou, plus dramatiquement, pour quelques militants d'agresser des homosexuels. On ne saurait en aucun cas parler de "fascisme" au sujet de ces rassemblements ou de ces agressions : il n'est pas étonnant qu'une loi aussi clivante et controversée que celle sur le mariage homo mécontente une partie de la France, encore catholique et traditionnelle. Parler de "fascisme" suggère aussi l'idée de nationalisme, de sélection naturelle, de dictature, d'anticommunisme ou de putschisme : on voit donc, ici, que le mot est usurpé.
 
Ce fut incontestablement le titre de gloire du Front Populaire d'avoir dissout les Ligues en 1936.
Mais comment alors, qualifier les actions des "antifa" ? Nous pouvons aussi nous poser la question : à quoi servent les "antifa" ? Dans les années 30, être antifasciste était le devoir de tout citoyen et de tout républicain digne de ce nom. Mais aujourd'hui que le fascisme est mort, quelle nécessité de se dire antifasciste ?
 
 
Le fascisme...bel et bien mort aujourd'hui, sous toutes ces formes ?
 
Le "fascisme est mort", il est devenu impossible en France ? J'ai peut-être trop vite parlé. 
N'assistons-nous pas, depuis quelques décennies, à une résurgence du fascisme, ou plutôt d'une certaine forme de fascisme ? Pas celui qui défile dans la rue en tendant le bras et en frappant ses ennemis à coup de matraque, certes...
 
Nous avons examiné les cinq principales caractéristiques du fascisme, et les avons mis en parallèle avec le Front National et la JNR...nous devrions tout simplement les mettre en parallèle, d'une autre manière, avec le monde contemporain. 
 
1) le nationalisme : laissons-le de côté, il n'y a rien à en tirer : la nationalisme est bel et bien mort...
 
2) le racisme, la sélelction naturelle...
 
Certes, persque personne n'est raciste aujourd'hui. Pas une insulte raciste qui ne soit réprouvée par tous. Pas une agression raciste qui n'obtienne la bienveillance d'SOS racisme et celle de beaucoup de journaux...aucun racisme, vraiment ?
Un professeur de droit à Toulouse très intéressant, qualifié de fasciste par certains "antifa", évoquait le concept de "racisme anti-pauvres"...un concept qui semble idiot, naïf, simpliste. Et pourtant...certains chiffres ne peuvent laisser indifférent.
 
24.000 personnes meurent chaque jour à cause de la famine ou de maladies aisément guérissables (en réalité, si on rajoute la mortalité des bébés entre 0 et 1 an anormalement élevée, ce chiffre serait certainement à multiplier par cinq...). Cela fait plus de 9.000.000 personnes par an. Plus que Hitler en quinze ans de national-socialisme.
 
Le racisme anti-pauvres ne vous paraît toujours pas être un concept valable ?
Comparez la situation d'un juif en Pologne sous Hitler à celle d'un Africain affamé d'aujourd'hui : la loi les contraint tous deux à mourir.
Le premier est déclaré en situation d'illégalité, capturé par une milice, enfermé dans un ghetto, puis dans un camp de concentration : condamné à mort par la loi.
Le second n'est pas officiellement discriminé, mais meurt quand même. Il a soif, mais ne peut pas boire d'eau puisqu'elle est payante et qu'il n'a pas d'argent ; il a faim, mais la nourriture n'est accessible qu'à ceux qui ont de l'argent. Il est malade et a besoin de soins, mais les soins sont payants dans une économie libérale : la loi le contraint à mourir.
 
Si on considère, selon une certaine conception philosophique, que laisser faire, c'est faire, que ne pas agir équivaut à un acte (qui est de ne pas agir), alors une loi qui décrète qu'un Juif doit mourir parce qu'il est Juif, et une loi qui décrète que l'eau est payante et les soins hors de prix dans un pays d'affamés, est strictement la même. Car, d'un côté comme de l'autre, c'est une mort systématique qui s'ensuit, du côté du Juif comme du côté de l'Africain affamé.
 
La sélection naturelle hier : 10 millions "d'impurs" victimes de la folie hitlérienne.
La sélection naturelle aujourd'hui : 9 millions de victimes par la famine chaque année.
 
Puisque nous parlons de philosophie, rappelez-vous le concept évoqué tout à l'heure : le Darwinisme Social, cette idée selon laquelle un groupe d'homme serait destiné à mourir pour qu'un groupe d'hommes supérieurs vive mieux. Cette idéologie, à l'origine, ne concernait pas les juifs et les aryens ; elle concernait les pauvres et les riches. C'était une idée libérale, reprise par les nazis.
 
Le père du Darwinisme Social est Herbert Spencer, un ultralibéral du XIXème siècle.
 
"Nous avons la preuve indiscutable que depuis la nuit des temps il y eut un massacre incessant des faibles par les forts",
 
écrit-il dans principles of biology. Citons la phrase d'Hitler déjà mentionnée :
 
"dans la nature, c'est la loi du combat qui domine depuis le début ; tout ce qui est faible est éliminé. C'est la société (...) qui a permis au faible et au médiocre de se maintenir artificiellement en vie".
 
à partir de cette même constatation scientifique, Hitler et Spencer ont mis en place une idéologie politique, avec des faibles et des forts.
Celle d'Hitler est bien connue.
Celle de Spencer l'est mois. Selon la théorie économique spencerienne, puisque l'homme se comporte avec l'homme comme l'animal avec l'animal, créer un Etat providence est donc une entrave à la loi de la nature, à la loi du plus fort : il faut laisser le riche s'enrichir et le pauvre mourir. Si de telles choses ne sont pas dites en termes aussi crues chez Spencer, elles le seront largement chez les penseurs Darwinistes Sociaux qui le suivront, et qui justifieront ainsi la mortalité par la famine causée par le capitalisme.
 
Le père du Darwinisme Social, l'idéologie qui influença le nazisme : un libéral.
 
On peut dire qu'aujourd'hui ces conceptions philosophiques dominent le monde moderne. Vous connaissez les résultats : 1% de la population qui possède 40% de la richesse mondiale. Et 9.000.000 de personnes qui meurent de faim chaque année.
 
L'idée centrale du fascisme, celle de la sélection naturelle, était donc libérale à l'origine. Le "faible", ce n'était pas le juif gazé par le SS ou l'Ehtiopien tué par le fasciste : c'était le pauvre qui mourait de faim.
 
Le "racisme anti-pauvre" vous paraît un concept plus convainquant, à présent ? En Europe, la pauvreté tue, plusieurs dizaines de milliers de personnes par an. La logique évoquée par ceux qui défendent le système responsable de ces morts est la même que celle développée par les fascistes :
"il y a différentes classes/races d'hommes, des assistés/parasites, d'un côté, des travailleurs honnêtes/aryens purs de l'autre ; il est légitime que pour que l'ensemble de la population vive mieux, les assistés/parasites cessent de paralyser l'économie/d'infecter la race aryenne, c'est pourquoi des mesures telles la déportation en camps de concentration/les coupes dans les services publics s'imposent".
 
En grossissant le trait, on peut facilement obtenir ce parallèle. Gardez toujours à l'esprit que lorsque ces "coupes dans les services publics" (la comparaison avec les camps de concentration n'a rien de naïf ni rien d'exagéré) ont été appliquées à un pays comme le Zimbabwe, comme ce fut le cas en 1990, l'espérance de vie des Zimbabwéens est passée de 67 ans à 34 ans.
 
En Europe et en France, la situation est bien sûr beaucoup moins dramatique que celle à échelle mondiale. Néanmoins, il suffirait d'une remise en cause radicale de l'Etat providence pour que le tableau se noircisse. C'est pourquoi les discours portant sur "la privatisation des services publics", la "rigueur budgétaire", la "diminution des dépenses publiques", pour "rembourser la dette", et les actes qui s'ensuivent, et qui tuent des milliers de personnes par an en Europe et des millions dans le monde, dans une logique de sélection naturelle, devraient inquiéter au premier chef les "antifa".
 
Si "antifascisme" équivaut à "protection du plus faible", alors le moins que l'on puisse dire est que les "antifa" actuels ne méritent pas leur nom, puisqu'ils ne dénoncent pas (ou peu) le seul mal politique qui tue par millions aujourd'hui.
 
 
3) Le fascisme : mouvement anti-parlementaire, anti-démocratique, providentiel et putschiste...
 
 
Là encore, il faudrait être aveugle pour ne pas voir la puissance anti-parlementaire et anti-démocratique qui s'abat sur les nations européennes. Ce n'est ni de la marche sur Rome ni de l'incendie du Reichhtag qu'il s'agit ici : mais bien plus simplement de la construction européenne, et de nouveaux gourous politiques, qui ne sont plus Hitler ni Mussolini, mais tout bonnement le FMI et ses prédictions, la BCE et la Commission européenne.
 
 
L'exemple le plus frappant est bien sûr celui du refus en 2005 d'avoir voté le Traité Constitutionnel européen par le peuple français : une décision ignorée en 2007 par notre ex-président. Ceux qui y voient une faute personnelle de la part du président et non une fatalité systémique sont bien naïfs. D'une manière générale, les prêts octroyés seulement à certaines conditions aux Etats ; la punition sous la forme d'un prélèvement sur le PIB aux pays qui ne respecteraient pas la "règle d'or" (privatisations...). D'une manière encore plus générale (conséquence de ce qui vient d'être dit), la politique économique unique imposée à tous les gouvernements depuis des décennies, avec pour avatar le plus flagrant l'impossibilité pour le Premier Ministre grec Papandréou de consulter son peuple sur les mesures d'austérité qu'il venait de décider.
D'une manière bien plus générale, toute marge de manoeuvre n'a-t-elle pas été enlevée aux peuples depuis plusieurs années depuis que l'extrême majorité des médias ont perdu leur indépendance à l'égard des puissances financières (le documentaire les nouveaux chiens de garde est à voir, pour ceux qui osent encore croire à une quelconque liberté d'expression....).
Ce graphique illustre bien l'impact des médias sur le comportement des Français : 
 
 
Or, ces médias, quelques grands groupes financiers en tirent les ficelles : ce sont eux qui font l'alpha et l'oméga de la politique. Finalement, la marge de manoeuvre du peuple lui-même est extrêmement réduite : ne lui reste-t-il donc plus qu'à voter pour le candidat que les médias voudront bien lui imposer ?
 
C'est ici qu'intervient la dimension providentielle de ce système. Certes, les libertés démocratiques ont été réduites, violées, anéanties, peu importe : c'est pour permettre à ceux qui savent comment fonctionne l'économie de faire fonctionner l'économie. Ce n'est pas au peuple de s'occuper de ses affaires, car le peuple est un enfant, il doit mettre son destin entre les mains du Duce...pardon, entre les mains de la troïka.
Aujourd'hui, ce n'est plus "le Duce a toujours raison", mais "le FMI a toujours raison", "la Commission Européenne a toujours raison". A-t-on vu un seul chef d'Etat agir indépendamment des prédictions du FMI et de ses injonctions depuis deux décennies ? Bien sûr que non, tous obéissent au diktat qui ordonne : "privatise, ouvre les frontières, dérégule l'économie". La différence entre la dimension providentielle du Duce et du Führer d'un côté, et celle du FMI et de la C€ de l'autre, résiderait donc dans l'absence de personnalisation du FMI et de la C€ ; c'est le charisme d'Hitler et de Mussolini qui leur permirent de passer ouvertement pour des surhommes seuls capables de reprendre la situation en main ; c'est un matraquage intense de la part des médias qui premet aujourd'hui de faire passer implicitement, mais jamais ouvertement, les injonctions du FMI et de la C€ pour des vérités indiscutables, seules capables de résoudre la crise.
La différence n'est que symbolique : la C€ et le FMI sont acutellement considérés par les gouvernements comme aussi omnipotents et ominscients que l'étaient Hitler et Mussolini en leur temps par leurs fidèles.
 
Paul Nizan, auteur du livre les chiens de garde dans les années 20, écrivait ce texte intéressant : 
"Le pensée bourgeoise dit toujours au peuple : croyez-moi sur parole, ce que je vous annonce est vrai. Tous les penseurs que j'ai nourris ont travaillé pour vous. Vous n'êtes pas en état de repenser leurs difficultés, de repasser par tous leurs chemins, mais vous pouvez croire les résultats de ces hommes désintéressés et purs, (...) de ces hommes qui détiennent, à l'écart des hommes du commun des hommes pour lesquels ils travaillent, le secret de la vérité et de la justice."
 
Ce texte est l'argument toujours sous-tendu, jamais ouvertement déclaré, du capitalisme actuel ; c'est en son nom, par exemple, que l'on a refusé au Premier Ministre Papandréou de consulter son peuple : qu'avait à dire le peuple face aux prévisions de croissance du FMI ?
Ce texte est le lien qui unit fascisme d'hier et capitalisme libéral d'aujourd'hui autour d'un même point commun : l'infantilisation du peuple, la dimension providentielle que prend le pouvoir ; cela peut inquiéter aujourd'hui comme cela a inquiété hier.
Le concept d'eurofascisme popularisé par Todd est intéressant, mais semble insuffisant, car l'Union Européenne actuelle n'est que la forme locale du pouvoir mondial des banques. On pourrait plutôt parler de "globalifascisme", contraction de globalization (mondialisation en anglais) et fascisme.
 
Pourtant, il y a une seule catégorie de personnes que ces dérives fascistes ne semblent pas inquiéter, ce sont...les "antifa" ! Comment est-ce possible de se proclamer "antifa" sans se préoccuper des viols des décisions démocratiques et des structures démocratiques par un pouvoir qui s'autodéclare implicitement assez infaillible pour se le permettre ?
 
 
4) Mouvement liberticide et totalitaire
 
De même qu'au nom du caractère providentiel et infaillible du Duce et du Führer il était nécessaire de museler toute opposition, de même, puisque la C€ et le FMI ont toujours raison, ceux qui les contredisent n'ont-ils pas toujours tort de le faire ?
 
Dès lors, financer tous les journaux par les mêmes banques et les mêmes entreprises (Total, Bouygue...), faire tourner en rond les mêmes économistes à la télévision (Elie Cohen, Alain Minc...), faire dire à toutes les chaînes et à tous les journaux que le seul avenir pour le monde entier, c'est l'Etat minimum et la privatisation économique absolue, est légitime puisque, de fait, le seul avenir viable pour les sociétés du monde entier est l'Etat minimum et la privatisation économique. En un mot, tuer la liberté de la presse, tuer le pluralisme des médias et leur indépendance économique et politique, empêcher la séparation du pouvoir médiatique avec celle du pouvoir économique, est légitime.
Je conseille encore une fois à ceux qui trouvent ce schéma caricatural de regarder le stupéfiant documentaire les nouveaux chiens de garde.
Ce petit monde ((journalistes, présentateurs TV et économistes), qui fait l'alpha et l'oméga de la vie politique française (voir le graphique plus haut) vient du même milieu, parfois de la même famille, est payé par les mêmes personnes, et se retrouve tous les fins de mois pour dîner ensemble au Siècle, lieu où les caméras ne sont pas autorisées...
 
Le citoyen sceptique envers les médias pourra bien sûr se tourner vers de rares documents alternatifs : livres, témoignages par internet (quand ils ne sont pas qualifiés de "fascistes" par les antifa...) et avoir en continu accès à une information dissidente, de qualité. C'est une liberté que le système actuel ne supprime pas, accordons le. Mais si la liberté veut dire quelque chose, c'est non seulement la liberté de savoir, mais aussi la liberté de partager, et d'être entedu. Or, le seul moyen pour un groupe de citoyens d'être vraiment entendu, à échelle nationale, reste le système médiatique : nous avons vu que celui-ci, contrôlé par les puissances de l'argent, n'admettra pas d'exaucer de tels voeux.
Le système actuel permet donc à un petit nombre de citoyens chanceux d'échapper à la propagande des médias ; mais il condamne la majorité à la subir, avec une apparence de liberté d'expression, et la minorité de citoyens qui y échappe à ne pouvoir pas faire grand chose pour la majorité.
 
En comparaison à l'uniformisation par l'idéologie fasciste des comportements Italiens et des Allemands évoquée beaucoup plus haut, ne pourrions-nous pas, aujourd'hui, parler d'une uniformisation par la consommation effrénée, par le mode de vie américain posé en idéal ? Gagner un salaire honorable, posséder une voiture de luxe et une grande maison et aller tous les étés à la plage : tel semble être le schéma unique qui s'impose à une majorité d'individu, et qui devient parfois tellement présent qu'il ne laisse pas de place à la personnalité individuelle de s'exprimer, de se développer, de s'émanciper hors de ce schéma. Ce n'est plus l'âme fasciste, c'est l'âme consumériste. La valeur suprême n'est plus la nation, c'est l'argent. L'espace privé de l'invidu est quasiment rendu inexistant par l'intrusion dans les habitations de machines communiquant avec ce monde de la consommation (TV, ordinateurs, téléphonnes).
 
Bien sûr, comparer cette uniformisation du comportement à celle opérée par le fascisme reviendrait ici à grossir le trait. On peut néanmoins reconnaître qu'il est difficile à quelqu'un, de nos jours, de vivre hors de cet univers de consommation et de publicités.
 
 
 
Ce trait est-il aussi grossi qu'il n'en a l'air pour un pays comme les Etats-Unis, où les habitants sont quotidiennement bombardés par 3.000 messages publicitaires ? Etats-Unis, pays dont nous tendons à adopter le modèle social...
 
Quoi qu'il en soit, si le système acutel n'est pas "totalitaire" (je ne le crois pas) pour la vie privée comme l'était le fascisme, il n'en reste pas moins qu'il porte de sérieuses atteintes à la liberté d'expression et d'information. Une autre dérive fascisante, qui ne semble pas beaucoup toucher les antifa ; après tout, pour les "antifa" il y a certainement des choses plus importantes à gérer que le fascisme...
 
 
5) Mouvement anti-socialiste et anti-communiste
 
Aujourd'hui, il n'est pas difficile de voir d'où sortent les pouvoirs autoriataires hostiles au socialisme et au communisme. Comme nous l'avons indiqué, le but de ces machinations n'est autre que d'imposer aux peuples le pente ardue du libéralisme économique.
Elie Cohen, économiste libéral ultramédiatisé, déclarait à Fabrice Lucchini sur un plateau TV que la marge de manoeuvre des gouvernements était aujourd'hui quasi nulle en matière économique.
Il a dit, avec un sourire satisfait et un détachement insousciant (destinés à faire passer ce mensonge scandaleux pour un état normal), une fausseté éhontée que les gouvernements ont pourtant pris pour la vérité depuis deux décennies : la seule voie valable, c'est le libéralisme économique. Il serait plus exact de dire : la seule voie que le système médiatico-financier accepter de laisser libre aux gouvernements et aux peuples, c'est le libéralisme économique.
 
Le capitalisme d'aujourd'hui se distingue en Europe du fascisme des années 20 par son aspect non coercitif, non répressif. Par exemple : les syndicats ne sont plus réprimés et interdits : ils sont ignorés. Noam Chomsky disait très justement que "la propagande est en régime démocratique ce qu'est la matraque en régime totalitaire".
Hier, c'était par l'agression, la torture, la déportation, le massacre de masse que l'on faisait taire les syndicats, que l'on empêchait les grèves, que l'on faisait triompher le pouvoir patronal et les grands intérêts en général sur ceux des travailleurs.
Aujourd'hui, c'est par un matraquage intensif, une propagande omniprésente, une succession de mensonges présentés comme LA Vérité universelle, sans même que la plupart des personnes ne s'en rendent compte, que les idées socialistes et communistes sont écartées du pouvoir.
Le fascisme réprimait ouvertement et avec violence les socialistes sur le terrain. Le capitalisme d'aujourd'hui refoule discrètement mais efficacement le socialisme sur le plan des idées : avant même que l'idée ne germe dans l'esprit de l'électeur, elle est détruite par le matraquage médiatique. 
 
Historiquement, les antifascistes étaient souvent des hommes qui comprenaient la forme terroriste de capitalisme qu'était le fascisme : les antifascistes combattaient le fascisme au nom de la justice sociale, de la lutte contre la misère. Ceux d'aujourd'hui, en revanche, semblent plus occupés à dépister les moindres résidus microscopiques de racisme plutôt que de s'attaquer au problème pourtant visible partout et meurtrier de la pauvreté.
 
 
Les "antifa" : le cheval de Troie du fascisme ?
 
Nous avons vu que la peste brune, alors qu'elle se dévoilait de manière ostentatoire dans les années 30 (personalisation du pouvoir par Hitler, Mussolini), aujourd'hui, a tendance à se cacher. Sa domination, en effet, ne durera sous cette forme libérale que si cette gigantesque machinerie reste inconnue aux yeux de la majorité.
 
Les personnes qui soupçonnent la nature fascisante du système acutel auront alors peut-être le réflexe de se tourner vers ceux qu'elles croient spécialistes de la question : les "antifascistes". Hélàs, ceux-là qualifient tout et son contraire de "fasciste"...sauf le vrai fascisme lui-même. C'est à partir de cette observation que se dessine à présent le caractère contre-révolutionnaire et crypto-capitaliste de ces soi-disant "antifa".
 
En stigmatisant comme "fasciste" un fantôme mort depuis un demi siècle, cette peste brune guérie pour le moment, ils contribue à faciliter l'oeuvre de ce nouveau fascisme, qui lui existe bel et bien, et ils permettent à cette lèpre brune d'un nouveau genre de s'étendre en Europe pour gangréner toujours plus chaque jour les institutions, les services publics et médiatiques des pays, les vies des personnes, de manière toujours plus efficace et toujours plus insoupçonnée, puisqu'en parlant de "fascisme" ce n'est pas le vrai fascisme qu'ils nomment, mais un fantôme...
 
"Les fascistes de demain s'appelleront eux-mêmes les antifascistes"
 
Cette phrase n'est pas de Churchill, comme certains aiment à le croire (que de telles paroles soient sorties de la bouche d'un ex-mussolinien et ex-hitlérophile était assez improbable de toute façon...). Quoi qu'il en soit, elle ne saurait mieux désigner la situation actuelle.
 
 
L'influence de ces "antifa" ne se limite malheureusement pas à eux-mêmes. "Antifa", c'est quelques groupuscules facilement identifiables et de faible poids démographique...mais c'est surtout un courant de pensée adopté par plusieurs partis...et c'est finalement ce courant de pensée, très influent car relayé par la presse, qui est dangereux et qu'il faut combattre.
 
Le parti qui, historiquement, fut celui qui affronta le fascisme et le capitalisme avec le plus de courage, le plus de constance, le plus d'honnêteté, a récemment adopté cette ligne "antifa". Avec sincérité, ses militants croient à une résurgence du fascisme mussolinien, et se mettent à combattre presque exclusivement avec une énergie disproportionnée tout ce qui, de près ou de loin, s'apparente au racisme ; l'opposition au mariage pour tous devient de l'homophobie ; les rassemblements de catholiques intégristes un danger de premier plan ; et le meurtre (tragique, personne ne le niera) d'un jeune homme par une brute au crâne rasé avec une croix gammée gravée sur son épaule, n'en parlons pas : la résurgence du fascisme, la résurrection du nazisme, la preuve de le lepénisation de la société française, de l'officialisation de la violence lepéniste...
 
La majorité des grands quotidiens a relayé les mêmes informations que les "antifa". Ici, Libération, journal antisocialiste, financé par Edmond de Rotschild.
 
 
Les "antifa" ne se contentent pas de stigmatiser le fantôme du fascisme hitlérien en laissant le véritable fascisme agir dans l'ombre ; de détourner les militants du combat contre le véritable fascisme vers celui contre le fantôme du fascisme hitlérien ; en plus de tout cela, ils déploient des efforts fantastiques d'énergie contre-révolutionnaire pour faire passer ceux qui combattent avec le plus d'efforts le véritable fascisme pour des partisans du fascisme hitlérien. Voilà les champions du combat contre la lèpre brune d'aujourd'hui ramenés à de vulgaires promoteurs de la peste brune d'hier...
 
Ainsi, remettre en cause la version officielle du 9/11 devient fasciste, alors que cette version est soutenue par l'homme responsable d'un million de morts en Irak...ainsi, refuser de traiter de fascistes des personnes considérées comme fascistes par les antifa devient...(attention !) fasciste !
Le mot "fascisme" acquiert ainsi une polysémie qui lui fait perdre tout son sens, et il finit par ne plus vouloir rien dire (autre conséquence qui profite...au pouvoir de l'argent, puisque le mot par lequel on devrait le désigner sert à qualifier tout et n'importe quoi...). Ce jeu sur les mots, sur le sens des mots, l'anarchie sémantique que cela finit par créer autour de la notion de "fascisme" a quelque chose de (non, pas de"fasciste", pire) totalitaire. Osons le mot : le totalitarisme se définit la confusion totale qu'il crée entre les mots et les choses, au risque parfois de redéfinir certains concepts, en leur donnant un sens qu'ils n'avaient pas à l'origine. Voilà ce que les antifa ont faits pour la notion de fascisme.
J'espère que la définition historique que j'ai rappelée ci-dessus permettra de remettre un peu d'ordre autour de cette notion, et de fixer les repères qui ont été brouillés.
 
Les groupuscules les plus extrêmes n'hésitent pas à qualifier le FdG (dont le PC a été l'acteur majeur de la la lutte antifasciste dans les années 30), la CGT (alors que le fascisme se définit par l'interdiction du syndicalisme) et ATTAC de fascistes... c'est bien sûr trop hallucinant pour être vrai. Mais le plus triste reste qu'une personne comme Etienne Chouard, dont les idées sont au plus haut point éloignées de n'importe quelle forme de fascisme, qu'il soit mussolinien ou mondialiste, se retrouve accusé de fascisme, cette fois par la majorité des "antifa"... Son crime ? Avoir refusé de qualifier de fascistes certaines personnes (Alain Soral, Thierry Meyssan, Jacques Cheminade). Alors que son travail est essentiel et ses idées incontournables pour lutter contre le fascisme tel qu'il ravage le monde aujourd'hui, les "antifas" accomplissent le miracle de l'identifier à ce contre quoi il se bat !
 
Est-il besoin de plus développer pour mettre en relief le caractère contre-révolutionnaire, et finalement fasciste (dans le sens où ils permettent au fascisme actuel de proliférer), des "antifa" ?
 
 
"Antifa" et capitalisme : une communauté d'idées ?
 
 
Ne nous étendons pas sur ce point. Constatons juste que les "antifa", issus du mouvement Soixante-Huitard, accompagnent par leur combat la tendance antinationaliste et antipatriotique du capitalisme d'aujourd'hui. Aujourd'hui (ce que je dis est discutable pour la théorie, mais des exemples concrets m'appuyent) il est possible d'être anticapitaliste et patriote, ce qui, rappelons le, est un oxymore pour les marxistes orthodoxes. En Amérique du Sud, des exemples bien connus montrent que socialisme et patriotisme vont de pair. Demain, deviendra-t-on fasciste parce que l'on défendra notre pays contre la finance internationale ?
"Nationalisme" : dans les années 30, ce mot ne pouvait référer qu'à Mussolini et Hitler. Aujourd'hui, il peut aussi renvoyer aux idées de démocratie et de socialisme d'Hugo Chavez et de Rafael Correa. Un nationalisme chaviste est-il considéré comme fasciste ? On voit aisément vers quels sentiers pernicieux la logique des antifa pourrait nous mener, on voit également que certaines de leurs idées se confondent très bien avec celles du capitalisme d'aujourd'hui...
 
 
Vers une nouvelle définition du fascisme et de l'antifascisme ?
 
Ne laissons pas aux "antifa" s'approprier un concept qu'ils usurpent et grâce auquel ils ont une audience immense !
Compte tenu de la définition histoirque du fascisme mise en parallèle avec la société actuelle, être antifasciste signifie :
 
-S'opposer à la sélection naturelle opérée par les plan d'austérité, qui tuent en masse les plus faibles et plus inaptes à supporter la privation, en défendant coûte que coûte l'Etat providence et en cherchant coûte que coûte à le renforcer
 
-Faire triompher la démocratie face au diktat du FMI et des institutions paralysantes de l'Union Européenne : refuser leurs injonctions réputées par eux infaillibles et rendre le pouvoir à la seule personne légitime pour décider : le peuple.
 
-Face à la pensée unique imposée par le monopole de l'argent sur la presse, se battre pour une information plurielle, indépendante, de qualité, qui n'étouffe jamais un courant de pensée pour en imposer un autre.
 
-Enfin, combattre la confusion sémantique et lexicale introduite par des pseudo "antifa". Fascisme ne veut pas seulement dire racisme, agression et matraque. Il signifie aussi sélection naturelle, dictature providentielle et pensée unique.

 

Bibliographie :

 

- Sur le fascisme, le nationalisme et le patriotisme français : La République II, de 1932 à nos jours, de Maurice Agulhon

- Sur le fascisme en France, ses connivences avec les grands intérêts : très intéressante conférence de l'historien Henri Guillemin : http://www.youtube.com/watch?v=W7OZWeZvUNU

- Sur le fascisme mussolinien : L'Italie de Mussolini, vingt ans d'ère fasciste, de Max Gallo

- Citation de Hitler tirée de : Dans la tanière du loup, de Traudl Junge

- Analyses d'Etienne Chouard sur les "antifa", où il se défend des accusations calomnieuses lancées contre lui : http://www.youtube.com/watch?v=cQa3F8uIi90 , http://www.youtube.com/watch?v=bSr9AxqoLwY .

- Lien rapide sur le Darwinisme Social : http://historiesofecology.blogspot.fr/2012/04/who-coined-social-darwinism.html

- Documentaire à voir absolument sur la fausse indépendance des médias : les Nouveaux Chiens de Garde (streaming) : http://www.k-streaming.com/film-les-nouveaux-chiens-de-garde-en-streaming-gratuit/

- Sur le pouvoir des banques en général, le caractère fasciste de l'oligarchie financière : http://www.youtube.com/watch?v=EewGMBOB4Gg

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Comment un Jeune Communiste passe au FN (témoignage et réflexions sur le stalinisme de droite qui ronge le Front de Gauche) 

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J
Le fascisme actuel, c'est celui du Mind Control, la surveillance totale par satellite.<br /> <br /> http://edouardjean.canalblog.com/archives/2014/02/10/29166311.html
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