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15 juin 2014

MEDIAS - La désinformation dans les médias

 LES CRISES Olivier BERRUYER

 

14 juin 2014

 

 

Un excellent débat en Belgique sur les médias !!! Reprenez-le, téléchargez-le (pour qu’il ne disparaisse pas…) et diffusez-le !

MICHEL COLLON : « J’ai eu la chance de participer la semaine dernière à un débat assez extraordinaire. Avec un vieil ami Bernard Hennebert, dont j’apprécie depuis longtemps le travail pour la démocratisation et l’accès de tous à la culture. Mais aussi, et c’était nouveau, et même exceptionnel, avec une journaliste qui a travaillé 19 ans à RTL-TVI (équivalent belge de TF1).

Avec un courage et une franchise remarquables, Nadia Bouria a témoigné sur base de son vécu (à partir de 29′) : comment fonctionne la désinformation, quelles sont les cibles, journalistes sans formation, infos non vérifiées, bâclage des sources, info-marchandise : » Le but n’est pas de vous informer, mais de faire de l’argent ». Elle a aussi parlé des « relations quasi-incestueuses » entre le monde politique et les médias dans les reportages de guerre.

J’ai été particulièrement ému d’entendre ce témoignage courageux. Nous nous rejoignons très fort, il me semble, Nadia qui a travaillé dans le système, et moi qui travaille hors de ce système pour développer une info indépendante. Même diagnostic en général : c’est un système dont la plupart des journalistes ne sont même pas conscients. Mais un système qui fait grand tort aux citoyens.

Mon exposé (à partir de 47’15″) rebondit sur cette analyse exceptionelle de Nadia Bouria, en recherchant les causes des médiamensonge sur les guerres et du refus de tout débat et autocritique (exemples récents : Ukraine, Syrie dans la presse occidentale), et fait appel à… Albert Einstein pour expliquer le système médiatique et politique.

Dans le dialogue qui a suivi, nous avons répondu à une jeune étudiante (le débat était organisé par une école de communication bruxelloise) demandant s’il était encore possible d’être journaliste, nous avons tous deux répondu que c’était un métier magnifique, mais à condition de pouvoir l’exercer de façon vraiment indépendante, et que là était le problème…

L’ensemble de la vidéo n’est pas bref, c’est un fait, mais les questions du public s’avèrent fort intéressantes. Les réponses aussi, je crois, enfin à vous de voir… » (Source : AgoraVox)

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Nadia BOURIA : Formatrice, Juriste et Journaliste (ex-RTL-TVI)

Michel COLLON : Journaliste, essayiste et fondateur du collectif indépendant Investig’Action.

Bernard HENNEBERT : Journaliste et écrivain. Fondateur et coordinateur de l’Association des téléspectateurs Actifs (A.T.A.).

Olivier MUKUNA : journaliste travaillant sur la question de la liberté d’expression et celle du métissage au travers du prisme médiatique francophone, et co-fondateur du site d’informations FDC

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Voici le débat. Il y a différentes présentations vidéos (complète ou en extraits, en fonction de votre temps) :

La version longue des exposés :

Téléchargez absolument la vidéo ici, des fois qu’elle disparaisse… (click droit + “enregistrer la cible sous”)

Les extraits :

Le plus important est le premier, où Nadia BOURIA se lache :

Téléchargez absolument la vidéo ici, des fois qu’elle disparaisse… (click droit + “enregistrer la cible sous”)

L’extrait de Michel Collon :

Les questions :

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Evan Giguet – Je vous rappelle qu’on débat sur le sondage : « Pensez-vous être désinformé dans la presse audio-visuelle francophone belge ? » Et c’est maintenant au tour de Nadia Bouria de prendre la parole, Nadia qui est journaliste, juriste et formatrice. Vous avez vingt-et-une minutes. Bonsoir Nadia.

Nadia Bouria – Bonsoir. Bonsoir à tous. Alors moi je n’ai pas envie de parler pendant vingt minutes. Alors avant de vous expliquer comment ça fonctionne la désinformation ou la sensation de désinformation qu’on peut avoir, j’avais envie de vous poser une question : est-ce que vous savez comment est-ce qu’on construit un journal par exemple ? Est-ce que quelqu’un a une idée ?

Evan Giguet – Pas beaucoup visiblement.

Nadia Bouria – Est-ce que vous avez une idée ? Pas d’idée du tout ? Mademoiselle ?

Demoiselle du public – Est-ce que je donne le détail de la journée ou je donne en gros comment se passe…

Nadia Bouria – En gros, en gros parce que sinon on va y passer la journée.

Demoiselle du public – Il y a une conférence de rédaction où la chef d’édition donne les sujets, les journalistes choisissent ou le sujet est imposé aux journalistes et le cameraman suit, le reportage se fait sur le terrain ou sur place même, donc à RTBF ou à RTL et ensuite on remet le sujet bouclé pour le journal de treize heures ou pour le journal de dix-neuf heures.

Nadia Bouria – Exactement. Alors moi je vais m’intéresser à la première partie qui est, vous disiez, la rédactrice en chef ou le rédacteur en chef ou le chef d’édition, peu importe, donne la liste des sujets, c’est ça que vous avez dit. Est-ce que cette partie-là, est-ce que vous avez une idée vous ou quelqu’un d’autre de comment est-ce qu’on détermine ces sujets-là ? Qui fait cette liste de sujets qui seront diffusés dans le journal ?

Monsieur du public – Le rédacteur en chef ?

Nadia Bouria – Oui mais comment est-ce que cette liste est déterminée ? Monsieur ?

Monsieur (2) du public – Je suis journaliste mais d’agence, italien. C’est très important évidemment le flux d’informations qui vient des agences de presse et qui est sur l’écran des journalistes et après ce sont les rédacteurs en chef qui décident mais je sais pas dans la télévision comment ça marche exactement…

Nadia Bouria – Ca marche partout de la même façon…

Monsieur (2) du public – Ce sont les rédacteurs en chef qui choisissent par rapport aux titres des agences de presse qui courent sur l’écran.

Nadia Bouria – Oui, en effet. Donc il y a les flux d’informations, ce que les agences envoient, les agences d’images, les agences d’infos pures (AFP, Belga etc…) mais chaque rédacteur en chef dans chacun des médias va déterminer les sujets effectivement qui sont obligatoires, parce que quand vous allumez la RTB ou RTL c’est à peu de choses près exactement les mêmes sujets. Mais qu’est-ce qui fait que c’est différent sur la RTB, différent sur RTL, différent dans le soir, différent sur CNN ou différent sur TF1 ? C’est ce qu’on appelle dans notre jargon : notre cible.

Chaque chaine, je vais parler d’RTL puisque c’est là que j’ai œuvré le plus longtemps. RTL a ce que l’on appelle son cœur de cible, la RTBF a le sien, France 2 a le sien, CNN a le sien donc le cœur de cible. Alors en l’occurrence pour RTL c’est quoi ? C’est plutôt la Wallonie, c’est plutôt des gens, sans être péjoratif, mais des personnes populaires, donc qui n’ont pas forcément fait beaucoup d’études. Donc quand je vous dis ça, vous comprenez en filigrane ce qui se cache derrière. C’est-à-dire que déjà on a un premier filtre et la désinformation c’est ça, c’est une succession de filtres qui vont se superposer les uns aux autres, ça va faire un millefeuille qui fait qu’au bout du compte on a cette sensation d’être désinformé. Et donc la première chose c’est ce filtre qui est la cible. Alors quand je vous dis que RTL par exemple, la cible c’est les personnes plutôt populaires, qui n’ont pas beaucoup de niveau d’éducation, qu’est-ce qu’on va faire ?

On va privilégier une information extrêmement vulgarisée, on va la simplifier, on va tellement la simplifier qu’il n’y aura plus de nuance possible.

Ça c’est une chose, deuxième élément : on se dit ‘’ok, on s’adresse à des gens qui n’ont pas forcément été beaucoup à l’école, comment est-ce qu’on fait pour leur expliquer des concepts compliqués comme, par exemple, la réforme de l’Etat ?’’ Je veux dire que si même un juré doit s’y reprendre à deux fois, relire le texte pour comprendre ce qu’il en est, alors il ne faut pas demander à tout un chacun. Donc comment est-ce qu’on fait pour expliquer des concepts compliqués à des gens qui, à priori, n’ont pas fait d’études ? Et bien tout simplement en prenant des exemples, c’est la sensation qu’on a en regardant RTL, on a l’impression de sensationnalisme mais c’est tout simplement pour favoriser la compréhension d’un public qui n’a pas forcément les outils. Vous manifestement si vous êtes là, c’est que vous vous intéressez au monde, c’est que vous avez fait des études, donc vous êtes capables de comprendre des concepts assez complexes ce qui n’est pas le cas de tout le monde, donc on va partir d’exemples et donc des exemples qui vont favoriser une espèce de compréhension ou une mécanique qui est une espèce de transfert par exemple donc pour expliquer le délit de fuite par exemple, expliquer à quel point c’est compliqué, à quel point c’est difficile à gérer et bien on va choisir une famille qui est victime, donc qui a par exemple perdu un enfant lié à un chauffard qui a pris la fuite, donc on va expliquer à quel point cette famille souffre, ça pleure. Alors on a le sentiment, on a toujours ce sentiment que c’est dérangeant puisqu’on fait appel à des sentiments primaires mais par la suite on vient greffer des explications légales etc… Alors ça, ça peut contribuer aussi à un sentiment de désinformation puisqu’avant de nous expliquer la législation par exemple sur le délit de fuite etc… ou les choses mises en place par le législateur, on s’attarde à des illustrations qui sont anecdotiques, en tout cas c’est la sensation qu’on peut avoir.

Là-dessus, je continue mes petites couches donc on la cible, on a la vulgarisation, on a l’exemple concret qui va servir l’information, vous ajoutez la couche supplémentaire du manque cruel de formation des journalistes. Les journalistes en Belgique globalement sont assez mal formés. Alors ils font de belles études, vous avez des tas d’écoles plutôt pas mal, qui délivrent des formations correctes mais les formations sont assez en surface, donc on vous apprend à écrire de magnifiques articles : ‘’Ah oui, la pyramide inversée, utiliser le présent, où aller chercher les infos…’’, on vous apprend à monter super vite super bien de supers beaux sujets mais on néglige, c’est-à-dire la source, le background qui va faire que vous allez avoir cet esprit critique. Comprendre comment le législateur fait pour construire des lois, comment elles sont votées, cette mécanique c’est très important, expliquer comment fonctionnent les institutions européennes c’est primordial sinon on passe à côté de l’information. Et aujourd’hui, moi-même quand je regarde des sujets de mes confrères et ex-confrères, je suis atterrée par, ça se sent, le manque de formation, on n’a pas de formation solide qui permet d’expliquer les choses de façon fluide, les tenants et les aboutissants d’une information.

Voilà, on a déjà quatre couches qui aident, qui favorisent la désinformation, vous ajoutez un autre phénomène qui est le développement technologique. Alors moi quand j’ai commencé le journalisme je n’avais pas de portable, j’avais un ordi qui ramait terriblement et ça m’obligeait de prendre mon téléphone et d’aller voir les gens pour vérifier mes informations, poser des questions…ça demandait un certain investissement personnel. Aujourd’hui avec le développement des technologies, qu’est-ce qu’on fait ? Google, Wikipédia…avec plus ou moins de bonheur, parfois on tombe bien parfois on tombe sur des trucs assez improbables. Donc voilà les sources d’information du journaliste aujourd’hui. Alors effectivement il y a les fils d’infos AFP, Belga etc… mais voilà, aujourd’hui on travaille avec internet et ça les rédacteurs en chef l’ont très bien compris : ‘’Il y a Google, pourquoi est-ce que tu t’embêtes à aller appeler un prof de fac ? Il y a tout sur internet.’’ Oui sauf qu’il n’y a pas la littérature scientifique pertinente sur internet forcément ou en tout cas il faut un petit peu plus longtemps. Alors je vous parle d’internet, développement de l’information mais en parallèle, les processus de fabrication se sont accélérés donc aujourd’hui on peut monter un sujet en…dix-huit minutes. Mon record personnel c’est quinze minutes : je rentre la matière, j’ai mon logiciel, on met tout bout à bout et on ajoute la voix par-dessus, quinze minutes. Vous imaginez les erreurs qu’on peut faire en quinze minutes ? Pression du rédacteur en chef : ‘’il me faut ce sujet pour dix-neuf heures’’, vous êtes rentrés à dix-huit heures quarante-cinq et votre sujet doit être en ouverture. Ça c’est la réalité du journaliste aujourd’hui, ça, ça peut contribuer à la désinformation.

Alors toujours lié à l’internet, au développement de la technologie, aujourd’hui vous avez l’effet pervers des médias sociaux. Aujourd’hui n’importe qui, vous moi, ces messieurs à mes côtés, peuvent publier une information sur Twitter et plus elle sera, comme on dit dans le jargon journalistique, vendeuse, sexy, plus le rédacteur en chef va mettre la pression pour que cette information se retrouve dans le média traditionnel. Donc il y a une espèce de liaison dangereuse entre ce qu’il y a dans les médias sociaux, les réseaux sociaux et les médias traditionnels. Donc vous avez une pression du rédacteur en chef qui dit : ‘’j’ai lu ça sur Twitter, ça doit se trouver dans le journal de ce soir ou de demain’’, allez vérifier un truc, une rumeur qui est publiée par un type qui a cru voir l’ours rose dévaler la montagne, en gros c’est ça. Et donc l’effet pervers c’est quelqu’un twitte, quelqu’un le reprend, sur internet par exemple, site presse, et puis RTL derrière reprend et donc on a comme ça une chaine avec une information non pertinente, non vérifiée et qui va faire le buzz et une fois qu’elle est sur les médias traditionnels, qui eux-mêmes sont sur internet, ces informations non vérifiées qui ont été partagées, repartagées avec aucunes vérifications se retrouvent à nouveau sur Twitter, Facebook, Linkedin etc… et la boucle est fermée.

Voilà ce qui contribue à vous désinformer au quotidien. Alors tout ça, pourquoi toutes ces couches accumulées les unes après les autres : alors Monsieur parlait tout à l’heure de la publicité, il a raison, moi je dirais plutôt que l’information est devenue un produit de consommation comme un autre. Et donc l’information est soumise à l’offre et à la demande tout simplement. C’est un produit, c’est comme si l’information était un produit usiné. Donc moi ces dernières années quand j’allais travailler à RTL TVI, j’avais l’impression d’aller à l’usine de l’information, j’arrivais le matin, j’avais la liste des sujets qui avaient été présélectionnés, là-dedans je piochais en fonction de mes envies. Mais il n’en restait pas moins, j’étais journaliste, j’essayais de vérifier mes infos, j’essayais de trouver des interlocuteurs pertinents, mais mon sujet c’est un produit de consommation puisqu’il est diffusé sur une chaine dont l’unique objectif n’est pas de vous informer mais de faire de l’argent. Et c’est la même chose pour la RTBF, c’est la même chose pour tout le monde alors si quelqu’un du service public vous dit : ‘’Ah mais non, nous est du service public, on a de l’argent public, on a des comptes à rendre, on a le contrat de gestion’’, j’ai lu le contrat de gestion : dans le genre on s’arrange entre amis, c’est pas mal du tout. C’est assez terrifiant comme description mais elle est assez fidèle à la réalité.

Alors vous devez vous dire : ‘’mon Dieu, on est désinformé, c’est terrible, ils le font exprès’’ et le pire c’est qu’ils ne le font même pas exprès. Vous pouvez interroger un journaliste dans une rédaction, il va vous dire : ‘’Ah non pas du tout, moi la déontologie…pas du tout !’’. C’est un système qui a été fabriqué, c’est comme un gars qui fabrique des barres chocolatées, mars etc… Son boss lui dit ‘’tu vas voir, c’est super, les enfants adorent, c’est super bon pour la santé’’. Il sait pertinemment qu’il met de l’huile de palme, du sucre, dix fois trop de sucre mais on l’a tellement convaincu que c’était bon pour la santé, d’ailleurs la preuve tout le monde en achète. L’info c’est la même chose, la preuve tout le monde en achète. Alors il y a un point Monsieur sur lequel je ne suis pas d’accord avec vous. Si on part du principe que l’information est devenue un produit de consommation, qu’est-ce qu’on fait quand on a envie de saper une entreprise ? On fait un boycott, on arrête de consommer, les ventes diminuent et l’entreprise en question change sa façon de fonctionner. Et bien c’est la même chose, si vous voulez avoir des journaux qui vous désinforment un petit moins, parce que pas du tout de désinformation à mon avis c’est utopique, mais si vous voulez devenir des téléspectateurs responsables et avoir une information, on va dire, à peu près pertinente, arrêtez de consommer et les chaines de télévision vont réajuster le tir parce que l’argent est le nerf de la guerre.

Enfin, pour répondre à mon confrère qui parlait tout à l’heure d’RTL qui s’est déplacée au Grand-Duché du Luxembourg pour échapper au CSA. Alors le CSA leur force de frappe n’est pas très convaincante. La vraie raison pour laquelle RTL-TVI, enfin le groupe RTL est basé au Luxembourg, c’est pour des raisons fiscales, le Grand-Duché du Luxembourg est fiscalement beaucoup plus intéressant que la Belgique. Cela étant dit, en théorie effectivement domicilier RTL Belgique au Grand-Duché du Luxembourg cela permet d’échapper à la législation belge. Pas à tout à fait, puisque les salariés qui travaillent à l’avenue Georgin sont toujours soumis au droit, à la législation sociale belge et pour ne pas se mettre à dos tout le monde, il y a quand même un modus vivendi et RTL-TVI respecte tout de même les prescriptions, les avis donnés par le CSA dans la mesure du possible. Depuis qu’RTL-TVI s’est localisé au Grand-Duché du Luxembourg il n’y a pas de publicités pendant les informations, il n’y a pas eu de changement flagrant dans la diffusion des programmes pour la simple et bonne raison qu’ils ne vont pas se mettre une balle dans le pied. Donc c’est essentiellement des raisons fiscales.

Je pense que j’ai fait le tour de ce que j’avais envie de vous dire par rapport à la désinformation et si tout à l’heure vous avez des questions, je suis disposée à y répondre.

Téléchargez absolument la vidéo ici, des fois qu’elle disparaisse…

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Michel Collon – Bonsoir, merci.

J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les interventions précédentes et j’ai découvert vraiment avec beaucoup d’intérêt le diagnostic courageux qui vient d’être fait sur la manière dont on est informé. A savoir qu’on n’est pas informé, on est en fait vendu, il n’y pas d’information, il y a une marchandise. Et je partage très largement le diagnostic qui a été fait et je crois donc qu’il faut essayer de l’approfondir sur certains points et de voir surtout ce qu’on peut faire à partir de ce diagnostic-là.
J’aurais une nuance en entendant que les différences en RTL, RTB et Le Soir proviennent du public visé et du niveau plus ou moins élevé des études. Oui ça joue sur le style de l’information mais quand j’analyse, ce qui est le cœur de mon travail depuis une vingtaine d’années, comment les médias nous informent sur les guerres, je dois constater qu’il n’y a pas de différence. Il y a une différence dans le style, dans la présentation mais sur le fond ils disent tous la même chose. On est soi-disant dans une presse pluraliste et les mêmes médias-mensonges sont repris à chaque guerre par tous les médias, qu’ils soient populaires ou intellos. Il n’est pas possible, depuis vingt-cinq ans que je suis ça en Belgique ou en France, avec les médias traditionnels d’apprendre la vérité sur n’importe quelle guerre qui est menée par les Etats-Unis ou la France, c’est chaque fois un festival de médias-mensonges.

Pour prendre la dernière, on nous a dit dans tous les médias que Bachar el-Assad avait massacré son peuple avec des armes chimiques. Des médias comme Investig’Action et quelques autres dans le monde ont dit dès le début ‘’Bachar n’est pas un Ange mais ça ne tient pas debout’’, tous les indices sur le terrain montrent qu’en fait c’est des terroristes de l’opposition qui l’ont fait. Et en tout cas, ce genre de choses il faut être prudent et au contraire de toute la presse traditionnelle qui a conclu ‘’c’est Bachar, il faut intervenir, il faut lui faire la guerre, il faut le renverser’’, on appelait à des enquêtes sérieuses. On vient d’avoir la semaine dernière un des plus réputés journaliste des Etats-Unis, Seymour Hersh, qui, se basant sur des confidences de militaires et de hauts responsables des affaires étrangères des Etats-Unis ont dit ‘’oui, c’est pas Bachar qui a utilisé les armes chimiques, ce sont ce qu’on appelle les rebelles ou les terroristes’’. Est-ce qu’il va y avoir une autocritique quelque part ? Est-ce qu’il va y avoir un débat ‘’On vous a dit ça mais c’est faux. Pourquoi est-ce qu’on s’est trompé ? Pourquoi est-ce qu’on a refusé d’inviter les gens qui disaient le contraire ? Pourquoi est-ce qu’on n’a pas traité le public en adulte en lui disant : c’est compliqué, il faudrait une enquête, soyons prudents.’’ Et si ça se passait seulement une fois pour une guerre OK mais en réalité, et c’est ça qui est frustrant dans le job que je fais depuis vingt ans, c’est chaque fois les mêmes procédés médias-mensonges, ça se voit comme le nez au milieu de la figure et chaque fois ces journalistes expérimentés qui nous disent ‘’nous, on est des pros, on est objectif, on a des exigences déontologiques’’ retombent dans le même panneau à chaque fois. Donc la question c’est : comment c’est possible ?

Sur l’Ukraine souvenez-vous, Le soir ici (Michel Collon montrant une édition du quotidien) ‘’Le bain de sang. Les rues de Kiev étaient à feu et à sang, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur les manifestants, au moins soixante mort.’’ Le lendemain ‘’il faut intervenir, il faut intervenir militairement en Ukraine. ‘’ A ce moment-là nous avons dit, sur base d’autres sources locales, ‘’c’est pas évident, il faut une enquête’’ et toujours la question dans ce genre de cas ‘’à qui profite le crime ?’’. Et maintenant, ce qu’on a appris par une conversation qui a été captée entre Ashton, la ministre des affaires étrangères de l’Europe, et un commissaire européen qui lui a dit ‘’vous savez ceux qui ont tiré là sur la foule, c’est pas les forces du président qui a été renversé, c’est au contraire les rebelles, parmi lesquels des groupes d’extrême droite, soutenus par les Etats-Unis’’ et a dit ‘’on va avoir un problème’’ et Ashton fait semblant qu’elle est sourde et qu’elle n’a rien entendu. Sur internet cette chose-là a circulé, dans les médias non. Finalement maintenant on apprend qu’avec une enquête d’un jour ou deux, on pouvait voir qu’en fait on a tiré et sur les manifestants et sur les forces de l’ordre, que ce sont les mêmes balles et que c’est d’un endroit qui était tenu par l’opposition.

Et ça c’est un scénario qu’on a déjà vu en 2002 quand il y a un coup d’état militaire de la CIA contre Chavez au Venezuela. Il y a une manif des opposants à Chavez, il y a une manif de Chavez qui défend le palais présidentiel et à un moment donné, du sixième étage des immeubles, on tire sur les deux manifs qui elles ne peuvent pas être en contact puisqu’il y a des immeubles entre les deux manifs, donc on voit bien que c’est une troisième force. Et quand le coup d’état échoue, les snipers sont exfiltrés et se retrouvent comme par hasard aux Etats-Unis. Donc c’est un scénario qu’on a déjà vu et vous croyez que tous ces grands médias, tellement arrogants, vont être prudents et dire ‘’soyons prudents, faisons une enquête’’ ? Non, directement c’est : ‘’l’Ukraine, il faut renverser Ianoukovytch’’. Et je pourrais multiplier les exemples sur la Lybie, le coup des armes chimiques on l’avait déjà fait à propos de l’Irak et toutes les atrocités qu’on nous a sorties sur l’Irak, je pourrais parler du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Honduras, de l’Afghanistan… Chaque fois des erreurs qui vont toujours dans le même sens, toujours : ‘’Nous les médias occidentaux nous sommes avec les gentils, nous sommes les gentils, tout ce que nous faisons c’est bien, nous n’avons que des intérêts nobles : la démocratie, la lutte contre le terrorisme, ramener la paix etc… Les autres c’est toujours les mauvais, ils sont toujours des dictateurs, méchants etc…ils emploient toujours des mauvaises armes, ils font toujours des atrocités, ils n’ont aucune morale…’’,western, les gentils et les méchants. Et ça vous avez dans Le Soir, dans Le Monde, dans Libé donc les intellos aussi on les apprend pour des idiots, il ne faut pas croire.

Donc la question c’est : est-ce que tout ça obéit à une logique ou est-ce que c’est du hasard ?

Je pense que quand vous êtes, excusez-moi, le président des Etats-Unis ou le gouvernement français ou quelque chose comme ça et que vous décidez d’attaquer un pays qui ne vous a rien fait, qui ne vous menace pas, mais dans lequel il y a du pétrole, des matières premières ou un intérêt stratégique, vous ne pouvez pas évidemment dire au public et à la télé ‘’on va faire la guerre pour le pétrole, pour le fric etc…’’, ça se dit pas, c’est obscène, vous n’auriez pas de soutien. Donc vous êtes obligés de raconter des histoires et ces histoires, elles obéissent toujours à la même logique, ce que j’ai appelé les cinq principes de la propagande de guerre – et je crois que quand on a une réflexion sur les médias comme ce soir, il faut toujours partir de là – :

Un : On va toujours cacher les intérêts économiques, toujours cacher le fait que ce sont des guerres pour le fric. Qu’on me montre un seul exemple de guerre menée par les Etats-Unis ou l’Europe depuis vingt-cinq ans et même plus qui n’ait pas été motivé par le fric, un seul. Mais toujours on vous donne de merveilleux objectifs, très nobles. Ça devrait quand même faire un peu réfléchir, l’Europe, cette Europe qui donne des leçons au monde entier sur ce que c’est que la démocratie. Mais le plus grand tas de cadavres dans l’histoire il a été créé où ? En Europe ! Par des européens ! Avec des puissances d’argent derrière ! Donc un peu de modestie à mon avis, un petit peu moins d’ethnocentrisme et d’arrogance ferait du bien.

Un : Cacher les intérêts économiques.

Deux : Cacher l’Histoire. C’est-à-dire que dans toutes ces régions au Moyen-Orient, Afrique, Amérique Latine vous avez des problèmes légués par l’histoire mais qui ne tombent pas du ciel. Je veux dire que vous avez des conflits entre des populations, entre des religions, entre des ethnies etc…et ce qui est important c’est que, toujours, ces conflits ont été créés ou exacerbés par les puissances coloniales en vertu du classique ‘’diviser pour régner’’. Si on veut profiter des richesses d’un pays sans les payer, il faut évidemment empêcher les gens qui sont volés, pillés, exploités, il faut les empêcher de résister. Pour les empêcher de résister il y a la manière militaire évidemment mais c’est pas si simple et la meilleure manière c’est de les diviser entre eux et de faire en sorte qu’ils se tapent les uns sur les autres. Ça vous retrouvez dans tous les conflits dont je viens de parler, le rôle du colonialisme ou néocolonialisme derrière ce diviser pour régner.

Troisième principe de la propagande de guerre : il faut absolument diaboliser l’adversaire. Puisqu’on ne fait pas la guerre pour le fric, on fait la guerre contre un méchant. Donc le méchant doit être très méchant et il faut le prouver avec, surtout maintenant à l’ère moderne, des images. C’a toujours été ce que je raconte là, il ne faut pas croire que c’est depuis vingt ou vingt-cinq ans. On va sortir sur Investig’Action une vidéo sur les raisons de la guerre 1914-1918 et la propagande qu’il y a eu autour, c’est exactement la même chose. Mais là maintenant, cela s’est vraiment raffiné, évidemment avec les images, avec la manipulation des images et avec les procédés de manipulation qui sont permis dans l’audiovisuel. Donc il faut diaboliser l’adversaire, le présenter comme un monstre, sortir des images qui font pleurer dans les chaumières à l’heure des repas en disant ‘’ah oui, il faut faire quelque chose, c’est vraiment un monstre’’ ou ‘’c’est vraiment un danger donc nos gouvernements font bien d’agir contre ce dictateur dangereux’’.

Quatrième principe de la propagande de guerre : il faut inverser l’agresseur et l’agressé, il faut toujours dire qu’on vient pour protéger la victime. Dans tous les cas c’est faux, prenez le cas Israël-Palestine par exemple. On va vous dire, regardez les titres du Soir ou de tout le reste ‘’Israël fait des représailles, Israël se défend, Israël riposte’’, c’est incroyable. Israël a chassé les palestiniens de leur pays, de leurs maisons, de leurs champs il y a soixante ans, les palestiniens ne l’acceptent pas, ils luttent par différentes manières, et c’est à eux d’en décider, de temps en temps il y a une roquette qui tombe, OK. C’est rien comparé à ce qu’Israël a fait, n’empêche que dans les médias c’est ‘’Israël se défend’’, inverser la victime et l’agresseur. Et on peut multiplier les exemples là-dessus.

Le cinquième principe de la propagande de guerre c’est : monopoliser, c’est-à-dire empêcher le débat. C’est-à-dire qu’il ne faut pas que les gens se rendent compte que s’il y a une guerre, il y a deux points de vue au moins, qu’il y a deux intérêts et que pour se faire un jugement il faudrait avoir l’avis des deux parties. Si vous allez au tribunal et que je le juge doit juger entre A et B…qu’est-ce que vous diriez plutôt d’un juge qui dirait à un des camps ‘’je vous écoute’’ et à l’autre ‘’fermez la’’ ? Et dans les médias c’est comme ça. Avec tout ce que je viens de raconter, vous comprenez pourquoi je ne vais jamais passer au journal télévisé ni de RTL ni de la RTBF ni pourquoi Le Soir me boycotte consciencieusement depuis une vingtaine d’années en refusant systématiquement tous les débats. Dans ce journal un certain Jean-Paul Martos, par exemple, m’a traité de Goebbels, donc le ministre de la propagande d’Hitler, sur des choses où c’est lui qui mentait, et je peux le prouver, à propos de la Syrie et Boudot-Allos 12 :10, même genre. Donc on est diabolisé, exclu des médias et c’est très important. Il faut absolument que le média, puisque comme on vient de le dire, il est là pas pour informer mais pour vendre un truc, donc il faut défendre sa crédibilité et donc il faut absolument qu’il n’y ait qu’une seule version et pas de contestation possible. Je rejoins ce qui a été dit sur l’importance de la publicité et le métier qui est fait là. Ç’a été exprimé par l’ancien patron de TF1, Patrick Le Lay, dans une phrase mémorable mais qu’il faut toujours se rappeler, il disait à ses journalistes : ’’au fond, notre métier consiste à vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola.’’ C’est-à-dire qu’on ne vend pas une info au spectateur, on vend le spectateur à une multinationale qui en plus vend de la merde. Et on ne va donc pas dire évidemment dans le journal télévisé qui précède la pub de Coca, que Coca en réalité finance des escadrons de la mort qui assassinent les paysans colombiens pour rafler leur terre. Ça c’est évidemment une info qui ne peut pas passer pour les raisons qu’on comprend.

Et donc cinq principes de la propagande de guerre :
- Cacher les intérêts économiques
- Cacher l’Histoire
- Diaboliser
- Inverser agresseur et agressé
- Monopoliser, empêcher le débat
-
A partir de là se pose la question : pourquoi ça se passe comme ça ?

Et le sondage m’est très intéressant et je pense que, non seulement dans le débat de ce soir mais après, il faut creuser ce sondage parce qu’il dit des choses importantes. J’en ai noté une ou deux : 50% de gens désinformés et 17% de gens qui ne savent pas. D’un côté c’est terrible et de l’autre côté c’est magnifique. Ça veut dire qu’il y a une prise de conscience que l’info c’est pas évident, que l’image ça peut mentir et que le journaliste n’est pas Dieu et qu’il faut tout vérifier. Je veux dire le succès de Test-Achats, c’est que maintenant on vérifie tout ce qu’on nous donne à manger ou à consommer et ça devrait être fait beaucoup plus avec une éducation systématique à l’école. Et bien Test-Médias, c’est tout aussi nécessaire et salutaire parce que sans info, il n’y a pas de véritable démocratie.
Le sondage dit que l’info n’est pas objective parce qu’elle est influencée par les politiques. Maintenant je ne sais pas comment la question a été posée mais je crois qu’il faut aller plus loin en disant l’info est influencée par l’argent. L’info est influencée d’une part parce que les tous grands médias, pensez aux empires de Lagardère, de Bouygues, de Dassault en France, pensez à Berlusconi, pensez à Bertelsmann en Allemagne, à Murdoch dans le monde anglo-saxon, les tous grands médias sont aux mains d’une catégorie sociale bien particulière, c’est des milliardaires et vous croyez qu’ils vont vous informer sur les guerres ou sur la question ‘’pourquoi il y a des riches, pourquoi il y a des pauvres ?’’ et ‘’que font les gouvernements ?’’, c’est évidemment pas leur intérêt. D’autant plus que dans ces capitaux, dans ces actionnaires des médias, il y a des multinationales, tout le gratin des multinationales. Dans un excellent livre de Geoffrey Geuens, Tous pouvoirs confondus, qui analyse les liens entre état, capital et médias, il analyse les actionnaires, il analyse les membres des conseils d’administration et il nous montre que les médias sont complètement en interpénétration incestueuse, il faut le dire, avec ceux sur lesquels ils sont sensés travailler, le pouvoir du business, le pouvoir de l’argent. Donc je crois qu’il faut aller plus loin encore sur cette question que ne le dit le sondage mais c’est une excellente base, cela montre que les gens se méfient et c’est magnifique. Pourquoi on ferait confiance à quelqu’un qui vous vend de la nourriture empoisonnée ? Et pourquoi on ferait confiance à quelqu’un qui vous vend une info empoisonnée ?

Et donc si on analyse la question – je ne sais pas combien de temps il me reste ?

Evan Giguet – Il vous reste cinq minutes Michel.

Michel Collon – Merci.  Si on analyse pourquoi on est comme ça désinformé et le diagnostic vient d’être fait. Il a été fait aussi à sa manière par Noam Chomsky et Edward Herman dans ce livre remarquable qui s’appelle Manufacturing consent, la fabrication du consentement. Et ils disaient là, il y a vingt-cinq ans, les médias n’ont pas pour fonction de vous informer mais de vous faire approuver ce que les gouvernements ont décidé de faire. Et derrière les gouvernements c’est l’argent parce qu’il y a une chose que les politiques, on est en période électorale, il y a une chose où ils disent vrai, quand ils vous disent : ‘’mais nous on n’a pas le choix, on doit de toute façon faire ce qui est décidé par l’Union Européenne’’ mais l’Union Européenne c’est quoi ? C’est la table ronde des industriels, c’est-à-dire le gratin des grandes multinationales européennes qui écrivent les projets de loi, et récemment il y a une étude qui a été faite qui a montré que c’était du copier-coller. Les lois que l’Union Européenne fait et qu’elle oblige les pays à adopter, c’est du copier-coller de toutes les résolutions et propositions qui ont été faites par les multinationales rassemblées.

Ce système-là a été analysé par un scientifique et, vous allez être surpris, il a été analysé ce système par Albert Einstein qui, en 1949, écrit un article très intéressant où il analyse le système capitaliste et où il explique les liens justement entre le pouvoir économique, le pouvoir politique et le pouvoir médiatique. Premièrement il dit : ‘’Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains à cause de la compétition entre les capitalistes et à cause du développement technologique et de la division croissante du travail. Tout cela encourage la formation de grandes unités de production.’’ Donc le capital est concentré dans des mains de moins en moins nombreuses avec de plus en plus de pouvoir. ‘’Et le résultat, c’est que la formidable puissance de cette oligarchie capitaliste ne peut être réfrénée, même par une société qui a une organisation politique démocratique. C’est vrai parce que les membres du corps législatif, donc du parlement, sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés.’’ Voilà donc le lien économie et politique ‘’De plus’’, ajoute Einstein ‘’dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement d’une manière directe ou indirecte les principales sources d’information presse, radio, éducation.’’ Et sa conclusion est pessimiste mais réaliste : ‘’Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen et dans la plupart des cas tout à fait impossible d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.’’

Alors cela peut sembler tout à fait désespérant mais je pense justement, et ce sera ma conclusion, qu’en réalité l’information c’est à nous à la faire, l’information c’est une bataille. Et si on comprend que dans cette bataille de l’information il y a des intérêts opposés et que les intérêts des riches et des pauvres, au sens très large, ne sont pas les mêmes, ils sont en contradiction, si on comprend comme disait Victor Hugo que ‘’c’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches’’, si on réfléchit pourquoi 85 personnes aujourd’hui dans le monde possèdent autant que 3,5 milliards de gens, 85 personnes possèdent autant que 3,5 milliards de gens, et ce fossé est en train de s’aggraver, et dans les pages roses ou dans les tribunes économiques à la télé, on nous dit que ‘’c’est normal, c’est un système naturel, c’est comme ça, on va essayer de le corriger un petit peu’’, depuis vingt ans on voit bien que les corrections c’est vraiment appeler au paradis et on nous présente ça comme normal.

Et bien non, ce n’est pas normal et il y a justement tout une diabolisation de ceux qui veulent échapper à ce système, de ceux qui comme Hugo Chavez, Evo Morales ou Correa essayent de présenter une alternative, c’est-à-dire une économie pas au service du 1% mais au service du 99%, il y a donc une diabolisation, cette diabolisation c’est la continuation de la guerre, parce qu’il y a la guerre chaude, il y a la guerre froide, il y a la guerre non déclarée. Et donc toutes les guerres étant justement la question de savoir : est-ce que les riches vont garder leur contrôle sur les ressources de la planète, sur le travail des gens, sur l’avenir des gens, est-ce que les riches vont continuer à nous imposer un système absurde qui économiquement ne tourne pas ? La question de la liberté d’information elle porte sur ça et je pense, mais on aura dans la discussion de le développer peut-être plus, je pense que par rapport à ça, si on est conscient de cette bataille de l’information, il faut absolument décider si nous voulons mettre fin à ces guerres qui sont injustes et qui ne sont pas pour les objectifs qu’on nous dit, si nous voulons mettre fin à cet écart riches-pauvres absolument insensé et dégoutant, nous devons prendre la bataille de l’information en main.

Nous-mêmes, nous sommes tous des journalistes.

Je vous remercie.

 

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