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11 octobre 2014

La Hongrie (et l’Europe) dans le collimateur de Nuland, par Philippe Grasset

Sur LES CRISES (O. Berruyer)

 

11/10/2014
[Reprise] La Hongrie (et l’Europe) dans le collimateur de Nuland, par Philippe Grasset

Ukraine, Irak, Syrie, Hong-Kong, Brésil(loupé), Hongrie – pfiou, ça devient dur de suivre les ricains… (ou plutôt leurs dirigeant, le texan de base se moque de tout ça et veut qu’on lui fiche la paix…)

Papier de Dedefensa – pensez à les aider aussi…

Merci de traduire en commentaire les phrases en anglais svp, je mettrai à jour…

Je rappelle la carte de Todd (on repère facilement la Hongrie… :) ):

L’impudence avec un abattage peu commun, le culot au-delà de toute description, les yeux furieux et sardoniques comme la politique-Système dont elle est une fidèle exécutante, Victoria Nuland est à nouveau sur le sentier de la guerre. A vrai dire, comme on l’imagine aisément, elle ne le quitte jamais. L’assistante du secrétaire d’État (le dynamique John Kerry) pour les affaires européennes, grande machiniste des révolutions de couleur et autres, comploteuse américaniste sans le dissimuler une seconde, a cette fois un compte à régler avec Viktor Orban, le Premier ministre hongrois. Elle ne le cite pas directement mais l’interprétation qu’il faut en donner est aimablement communiquée par les commentateurs qui font suivre son discours du 2 octobre 2014 au Center for European Policy Analysis (CEPA) de Washington, l’un des principaux relais washingtonien d’influence de la politique en Europe centrale et de l’Est. (Précision qui est l’indication qu’on comprend : Zbigniew Brzezinski fait partie du conseil d’administration du CEPA.)

Mais Nuland va plus loin dans ce discours. Au travers de sa critique de Orban, elle donne une vision élargie de la stratégie, du comportement, des conceptions de la faction extrémiste (neocon, appuyée sur ses alliés libéraux-interventionnistes type “R2P” jusqu’à ce qu’on ne puisse plus distinguer l’un de l’autre) dont elle est la principale représentante au sein de l’administration Obama. Cette tendance représente aujourd’hui l’opérationnalisation de la politique-Système de déstructuration et de dissolution suivie par l’administration Obama au nom des USA. (On peut dire que la politique-Système, c’est-à-dire le Système, sert aujourd’hui de ciment bipartisanship pour la politique de sécurité nationale de Washington : elle constitue l’orientation, la dynamique de fer de la politique washingtonienne complètement au service du Système.) Enfin, ce discours confirme la centralité de l’Europe dans un affrontement que nous jugeons comme ultime, et un affrontement qui passe aussi bien par des agressions et conflits extérieurs que par l’usage effréné de la subversion intérieure («Central Europe is once again on the frontline in the fight to protect our security and values. And today, that fight is once again both external and internal»). (Les principaux extraits de son discours viennent de EUObserver, du 3 octobre 2014. Ils sont agrémentés effectivement de commentaires de présentation des extraits du discours par le journaliste Andrew Rettman, dont l’orthodoxie est garantie, qui permettent de bien comprendre de quoi il est question.)

• Sur Orban directement, Nuland se montre très critique, au point où l’on peut se demander si, dans certaines circonstances qui ne sont pas éloignées de la vérité actuelle de la situation, une offensive déstabilisatrice de subversion type-Maidan/Ukraine ne pourrait pas être lancée contre la Hongrie (laquelle se montre très préoccupée des événements en Ukraine, où se trouve une minorité hongroise importante et assez peu friande de la ligne Kiev-Nuland) … «Victoria Nuland, the US’ top diplomat on Europe, has indirectly criticised Hungarian leader Viktor Orban for the “cancer” of “ democratic backsliding”. [...] She did not name Orban directly, but she alluded to his open criticism of Western sanctions on Russia. “Implementing sanctions isn’t easy and many countries are paying a steep price”, she said. “But … when [European] leaders are tempted to make statements that tear at the fabric of our resolve, I would ask them to remember their own national history, and how they wished their neighbors had stood with them”.»

• Nuland se réfère à une déclaration du Premier ministre hongrois, en juillet, en Roumanie, où il se faisait l’avocat d’une affirmation nationale, statiste, éventuellement antagoniste du libéralisme déchaînée exigé par le Système (“Je ne crois pas que notre appartenance à l’UE nous empêche de construire un nouvel État antilibéral, sur des fondations nationales”) ; elle s’y réfère pour brandir l’anathème contre toutes ces orientations, et donc structurellement contre toute attitude souveraine… «“Even as they reap the benefits of Nato and EU membership, we find leaders in the region who seem to have forgotten the values on which these institutions are based”, Nuland said on Thursday. [...] “So today I ask their leaders: How can you sleep under your Nato Article 5 blanket at night while pushing ‘illiberal democracy’ by day; whipping up nationalism; restricting free press; or demonising civil society?” She spoke of the “twin cancers of democratic backsliding and corruption” in eastern Europe, which create “wormholes that undermine their nations’ security”.»

• Nuland élargit encore le registre de son attaque en mettant en cause le projet de gazoduc SouthStream. Pour elle, tous les pays européens qui participent à ce projet, qui permet la livraison de gaz russe par le Sud en contournant l’Ukraine, commettent un acte qu’on devrait qualifier de répréhensible, c’est-à-dire d’antiaméricaniste, c’est-à-dire d’antiSystème. «She also hit out at EU states who are preparing to build South Stream – a Russian gas pipeline through the Western Balkans to Austria and Italy, involving Bulgaria, Croatia, Greece, Hungary, Romania, and Slovenia. “I ask the same of those who … cut dirty deals that increase their countries’ dependence on one source of energy despite their stated policy of diversification”, Nuland said.»

• Enfin, le discours présente également in fine la thèse du caractère inviolable des droits des NGO à travailler comme elles l’entendent dans les pays où elles se trouvent. Si l’on traduit, on comprend qu’il s’agit des Organisations Non-Gouvernementales US, qui sont en général très généreusement financées par le gouvernement US, avec comme tâche principale l’ingérence systématique et absolument subversive dans les affaires intérieures des pays où elles se trouvent, par le moyen de l’“agitation sociétale” (voir comment nous comprenons ce terme, le 30 avril 2013). Le but ultime est évidemment le regime change au profit de l’installation d’un pouvoir totalement acquis aux consignes du Système par l’intermédiaire de la mainmise directe des USA. On reprend ici une citation déjà faite, interprétée de ce point de vue, et renforcée par des déclarations récentes d’Obama … «With Orban also accused of restricting press freedom and cracking down on human rights NGOs in Hungary, she added: “So today I ask their leaders: How can you sleep under your Nato Article 5 blanket at night while… [...] … restricting free press; or demonising civil society?”»

«Her remarks come after US president Barack Obama last month put Hungary in the same basket as Russia in terms of threats to civil society. “From Russia to China to Venezuela, you are seeing relentless crackdowns, vilifying legitimate dissent as subversive. In places like Azerbaijan, laws make it incredibly difficult for NGOs even to operate. From Hungary to Egypt, endless regulations and overt intimidation increasingly target civil society”, he said at an event in New York on 23 September.»

Ce discours de Nuland devrait être retenu comme significatif de l’activisme-Système des USA décidant d’agir à visage découvert, sans prendre le moindre gant, et d’agir en pressant le rythme et la vitesse des événements. Le projet est clair : une subversion complète de tous les pays du bloc BAO (les pays de l’UE) dans la ligne-Système générale, hyperlibérale, anti-souverainiste, antirusse, comme une sorte de mise en place d’une structure politique et stratégique où s’inscrirait notamment ce que devrait être le TTIP (voir le 13 novembre 2013). Il va de soi que Nuland considère que, dans cette occurrence, l’UE institutionnelle elle-même est une courroie de transmission des consignes ainsi prescrites. (Certes, Nuland c’est «Fuck the EU» [voir le 7 février 2014], mais en l’occurrence elle compte bien que la fucked EU fera son travail de fidèle porteuse d’eau pour les USA et le Système. D’un certain point de vue, c’est prêcher, ou presser une convertie ; le problème est que l’UE, toute soumise qu’elle paraît être aux USA, ne l’est que selon un état d’esprit “égalitaire”, simplement en épousant les mêmes “valeurs”-Système que les USA et en affirmant une autonomie de décision dans ce cadre. Cela fait que l’UE, si elle suit la même dynamique que les USA, entend le faire selon son propre choix, en toute “indépendance” si l’on ne craint pas l’emploi caricatural du mot, ce qui conduit à des querelles dans la mesure où l’hystérie à-la-Nuland réclame toujours plus d’alignement sur les consignes, et toujours plus vite, et toujours selon une procédure dégradante d’asservissement visible pour ceux qui sont ainsi apostrophés.)

Les thèmes développés, les termes choisis, montrent l’impudence et le culot dont nous parlons plus haut. Nuland intervient dans la situation et la politiques des pays de l’UE en tant que tels comme si elle était une sorte de président-dictateur de la chose, ou une sorte de Juncker-femme qui aurait pris tous les pouvoirs. Elle y mêle l’OTAN sans vergogne, sous-entendant par conséquent que l’appartenance à l’OTAN et le “bénéfice” (?) de l’Article 5 dépendent tout simplement d’un complet asservissement, de l’abandon complet de toute souveraineté pour les grands choix non seulement militaires, mais politiques, économiques et sociétaux des pays-membres. Désormais il n’y a plus de nuances, et qui fait partie de l’UE est comptable des nouvelles règles qui régissent l’OTAN telles qu’elles les développent in fine, et est donc mis en demeure d’appliquer les consignes directes de Washington et du Système. Le modèle universel à suivre pour tout le monde, c’est l’application de la formule du triomphe ukrainien dont tout le monde peut goûter les fruits (voir le 3 octobre 2014).

Tout cela est dit sur un fond d’hostilité antirusse (et très bientôt sinon d’ores et déjà antichinoise, avec l’affaire de Hong Kong) qui nous paraît sans retour. Ceux qui espèrent des arrangements avec les USA, notamment Poutine dans la partie de sa démarche dans ce sens, en seront sans le moindre doute pour leurs frais. Les USA sont engagés sur une course maximaliste, aveugle, sans retour, qui a pour effet et pour but à la fois la déstructuration et la dissolution systématiques. On aurait tort, parce que c’est le contraire, d’y voir une marche victorieuse, l’allant et l’assurance d’une Nuland indiquant à cet égard la passion hallucinée de la pathologie bien plus que l’assurance de la victoire. Cette poussée des USA est celle d’une puissance qui se voudrait impériale et qui s’estime “exceptionnelle”, mais qui est en réalité aux abois dans divers domaines essentiels, et principalement d’abord, pour ces esprits habités par l’obsession de la finance, de l’argent et du racket, à cause du sort du dollar devant les perspectives des projets divers de faire usage d’autres monnaies pour les transactions internationales, – dans le chef de la Russie, de la Chine, etc. Une telle menace contre le dollar est une menace d’effondrement des USA à cause de sa dette colossale et de ses pratiques d’impression de papier-monnaie (Quantitative Easing) pour continuer à financer ces mêmes activités déstructurantes et dissolvantes. (De même dans d’autres domaines plus concrets : la menace, perçue par nombre d’Européens, que constitue le traité du TTIP, est de plus hypothéquée, c’est-à-dire elle-même menacée, par une opposition intérieure qui ne fait que se renforcer au fil des mois.) Bref, les USA présentent les caractères du désordre ultime de la formule surpuissance-autodestruction activée au sommet de son dynamisme : une poussée offensive sans aucune retenue, contre toutes les structures encore en place, dans une situation propre d’instabilité extraordinaire, à cause de ses propres caractères de déstructuration et de dissolution de cette puissance, et donc en danger constant d’effondrement.

Le discours de Nuland confirme donc une tendance à l’accélération des événements vers une situation de confrontation suprême. Destiné à l’UE, il ne peut être, justement, réduit au cadre de la seule UE ; il se place dans un contexte général, justement là aussi, où l’UE n’est qu’un acteur parmi d’autres, et où il s’agit de la situation générale caractérisée par cette “accélération des événements”. En s’adressant à la Hongrie, et aux pays de l’UE, Nuland s’adresse indirectement à la Russie et à la Chine, en leur montrant que les USA sont plus que jamais sur le chemin de la confrontation globale. Ainsi ce discours rejoint-il finalement les grandes lignes d’une alternative, selon le schéma que nous avions déjà évoquée à propos de l’Ukraine (voir le 3 mars 2014) d’une conflagration générale, ou d’un effondrement des USA (du bloc BAO) opérationnalisant l’effondrement du Système. A cet égard, les directions russe et chinoise sont particulièrement concernées. On peut donc citer un article récent de Paul Craig Roberts (le 25 septembre 2014 dans sa version originale, le 1er octobre 2014 dans sa version française, sur le “Saker-français”, que nous citons ici) : sa conclusion a sa place dans ce commentaire, comme illustration de l’enjeu terrible où le discours de Nuland a sa place.

«L’incapacité des gouvernements russe et chinois à faire face à la menace contre leur souveraineté, et l’insistance des adeptes de l’économie néo-libérale, rendent la guerre nucléaire plus probable. Si les Russes et les Chinois comprennent les enjeux trop tard, la seule alternative sera la guerre ou la soumission à l’hégémonie américaine. Comme il n’y a aucune possibilité pour les USA et l’Otan d’occuper la Russie et la Chine, la guerre sera nucléaire.

»Pour éviter cette guerre, qui, selon de nombreux experts, pourrait détruire la vie sur terre, les gouvernements russe et chinois doivent rapidement devenir réalistes dans leur évaluation du mal au sein de Washington, qui a fait des USA le pire état terroriste de la planète.

»Il est possible que la Russie, la Chine et le reste du monde puissent être sauvés par l’implosion de l’économie américaine. L’économie des USA est un château de cartes. Le revenu moyen réel des familles est en déclin sur le long terme. Les universités produisent des diplômés criblés de dettes, mais sans emploi. Le marché obligataire est trafiqué par la Réserve fédérale, qui a besoin de magouiller sur les marchés des lingots pour protéger le dollar. Le marché boursier est truqué par le déversement de billets de banque émis par la Réserve fédérale et son équipe de protection contre l’effondrement, ainsi que par les entreprises qui rachètent leurs propres actions boursières. Le dollar est soutenu par tradition, habitude et troc de monnaies.

»Le château de cartes américain continue de tenir, grâce à la tolérance mondiale pour la corruption à grande échelle et à la désinformation, et aussi [par] la cupidité satisfaite par l’argent provenant d’un système truqué. La Russie ou la Chine (ou les deux) pourront abattre ce château de cartes lorsqu’ils auront des responsables capables de le [décider].»

Mis en ligne le 4 octobre 2014

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Maidan-sur-Danube, l’hypothèse délicate

L’article “La Hongrie (et l’Europe) dans le collimateur de Nuland” pose les bases d’un scénario à la Maidan en Hongrie, tellement moche que ça sonne vrai. Cela dit nous devons prendre en compte certains acteurs qui différencient la Hongrie de l’Ukraine, le principal étant l’impossibilité pour un conflit de demeurer à l’intérieur des frontières.

Contrairement à l’Ukraine, la Hongrie est un vrai pays avec un vrai gouvernement et une puissante homogénéité linguistique. De ce côté-là les lignes de fractures se situent plus à l’extérieur (minorité magyarophones en Roumanie, Slovaquie, Serbie et… en Ukraine). Orbán en est conscient puisqu’il a lancé un programme permettant aux hongrois hors de Hongrie d’acquérir la double nationalité, quitte à faire grogner un peu les gouvernements voisins. Peut-être ne s’agit-il à l’origine que d’une manœuvre électorale, en tous cas on n’imagine pas le bonhomme hésiter une seule seconde à exporter un peu de désordre vers les pays frontaliers, si besoin en était.

Ensuite l’extrême-droite personnifiée par le Jobbik a peu à voir avec les nazis ukrainiens. Le Jobbik est une fabrication récente, vraisemblablement destinée à capter le mécontentement populaire en coupant l’herbe sous le pied au renouveau communiste possible au début des années 2000. Le Jobbik a également servi de laboratoire d’idées pour le Fidesz (le parti d’Orbán), étant notamment le premier à parler d’une collaboration accrue avec la Russie et la Chine. Hormis cela le Jobbik déballe des uniformes des Croix-fléchées et deux-trois svastikas les grands jours, brûle la bannière étoilée (la bleue et jaune) et fait son beurre électoral de la détestation des Roms. Bien que les Roms de Hongrie comptent pour 10 % de la population, ils sont pauvres, politiquement inexistants, et on peut même dire que leur mise à l’écart ne modifierait pas directement un équilibre stratégique, alors que ça serait le cas pour les russophones d’Ukraine. En cas de conflit armé c’est plutôt le Jobbik qu’on retrouverait du côté d’Orbán.

Bien avant de nous produire cette pépite d’“illibéralisme”, Orbán avait évoqué plusieurs fois un avenir qui se construirait vers l’Est. C’est déjà vrai pour l’approvisionnement énergétique avec le gaz et les centrales nucléaires importées de Russie. En même temps, les subventions de l’UE ça fait du bien, y compris quand il s’agit de se remplir les poches entre amis. Pour l’instant tout est calme parce que le forint permet de jouer sur le taux de change et qu’il reste de la croissance à gratter (bas salaires, potentiel de dérégulation). Dans l’absolu il suffirait de faire durer pour renforcer l’addiction des élites locales à la potion magique UE, pour ensuite leur faire acheter n’importe quoi.

Mais voilà, l’orthodoxie uniopéiste ne souffre d’aucun délai ; tout comme le reste il faut qu’elle avance en mode turbo. L’énervement de Victoria Nuland nous montre aussi qu’Orbán a tout à fait compris les limites de l’UE puisqu’il en joue si bien et qu’il est toujours là. Un scénario tragi-comique serait celui où l’UE n’étant plus en mesure de faire bénéficier la Hongrie de ses largesses – une sécession de la Catalogne couplée à un effondrement bancaire, par exemple – Orbán irait faire ses adieux à Bruxelles avant d’aller fort logiquement chercher meilleure fortune à l’Est. Le drapeau de l’OTAN flotterait un petit peu moins fièrement devant la façade du Ministère de la Défense et les Gendarmes du Monde nous resserviraient un “Maidan 2” en mode réflexe et en complet déphasage avec la réalité. Ils se sont plantés avec la Syrie, puis avec l’Ukraine, pas de raison de s’arrêter là c’est vrai. Le versant optimiste, ça serait la Hongrie revenant sur sa russophobie contractée du temps de l’Union Soviétique.

À Budapest l’ambassade des USA est située sur la Szabadság Tér (Place de la Liberté !) juste en face du siège de la MTV Télévízió qui n’a rien à voir avec MTV tout court. En trois ans leur ambassade s’est transformé en une espèce de château-fort avec une enceinte faite de piliers d’acier colossaux pour garder la zone d’entrée. Cher à bâtir, encore plus cher à dégommer.

Laurent Caillette, 8/10/2014, Dedefensa

 

 

COMMENTAIRES SUR LE SITE "LES CRISES "  D'O. BERRUYER

9 réponses à [Reprise] La Hongrie (et l’Europe) dans le collimateur de Nuland, par Philippe Grasset

  1. pucciarelli Le 11 octobre 2014 à 07h27
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    Je suis installé à Budapest depuis cet été. Le parti de M. Orban paraît tenir fermement le pays, et les médias télévisés observent une apparente équité en matière de temps d’apparition du Fidesz et des ses opposants. M. Orban a pris des mesures populaires (dont baisse du coût de l’énergie), et je ne décèle pour l’heure aucune réelle conflictualité autour de moi. Quant à l’”attitude anti démocratique” du Premier ministre, je rappelle seulement que la Hongrie n’a pas de tradition démocratique à la mode Europe de l’Ouest. Reprocher à la Hongrie (ou à la Russie pour des raisons similaires) un fonctionnement politique particulier relativement à celui par exemple de la France (où il y aurait beaucoup à dire à propos des médias réputés libres ou de la démocratie réelle)) ne me paraît pas fondé. Une piste pourtant: j’ai l’impression que les Hongrois ont dans leur majorité une soif (légitime) de vivre selon les standards occidentaux. Budapest est une ville occidentale. Seule une paupérisation brutale des classes moyennes pourrait ouvrir sur des périodes incertaines. L’avenir dira si cette hypothèse est recevable. Mais avec la folie actuelle des stratégies atlantistes, on peut toujours redouter le pire. Petit détail amusant à propos de l’ambassade US: face à ce grand bâtiment blanc bien protégé, une grande statue du temps de l’URSS commémorant la libération à la fin de la seconde guerre mondiale. Symboliquement, le face à face se poursuit donc sans désemparer.

  2. Marie Genko Le 11 octobre 2014 à 07h33
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    Aujourd’hui 11 octobre, manifestation de soutien au Dombas, prévue à 15 h sur la place du Trocadéro à Paris
    Il est temps d’organiser les Anti Maïdan…!

    • Tchernine Le 11 octobre 2014 à 08h46
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      J’y serai, Marie. Au sujet de la sorcière (je l’appelle comme ça depuis que je l’ai vu sur Maïdan) avec “les yeux furieux et sardoniques”, je suis content qu’Olivier a re marqué ça. Mon filleul qui fait ses études là bas, ce billet lui sera d’une grande utilité.

    • Jean Le 11 octobre 2014 à 10h15
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      En espérant que ce ne sera pas récupéré comme la manifestation précédente par un parti politique français qui s’affichait avec Oleg Tiagnibok auparavant…

  3. Tatsuya Le 11 octobre 2014 à 11h31
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    J’aime bien quand ils parlent de libertés civiles à propos de leurs ONG financées et corrompues.
    Heureusement qu’on a les américains pour nous dire comment agir en Europe, en Afrique, au Moyen Orient, en Asie, vis-à-vis des russes…

  4. Suzanne Le 11 octobre 2014 à 12h06
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    Deux premières phrases en anglais, traducque:

    («Central Europe is once again on the frontline in the fight to protect our security and values. And today, that fight is once again both external and internal»).

    L’Europe centre est de nouveau sur la ligne de front dans notre combat pour notre sécurité et nos valeurs. Et aujourd’hui, ce combat est de nouveau à l’extérieur et à l’intérieur.

    «Victoria Nuland, the US’ top diplomat on Europe, has indirectly criticised Hungarian leader Viktor Orban for the “cancer” of “ democratic backsliding”. [...] She did not name Orban directly, but she alluded to his open criticism of Western sanctions on Russia. “Implementing sanctions isn’t easy and many countries are paying a steep price”, she said. “But … when [European] leaders are tempted to make statements that tear at the fabric of our resolve, I would ask them to remember their own national history, and how they wished their neighbors had stood with them”.»

    Victoria Nuland, la diplomate américaine de plus haut rang en Europe, a critiqué indirectement le leader hongrois Viktor Orban à propos de ce qu’elle nomme le cancer de l’évitement et du doute en démocratie. Elle n’a pas nommé Orban directement, mais a fait allusion à ses critiques nettes contre les sanctions prises par l’occident contre la Russie. « Il n’est pas facile de prendre des sanctions et de nombreux pays payent le prix fort » a-t-elle déclaré. « Mais… quand les leaders européens font ainsi des déclarations qui déchirent le tissu de nos résolutions, j’aimerais qu’ils se souviennent de leur propre histoire nationale, et combien ils auraient voulu que leurs voisins les soutiennent ».

  5. Gedeon Le 11 octobre 2014 à 12h16
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    Quoiqu’il en soit,ils risquent de tomber sur un sacré os avec les hongrois,pas vraiment délicats quand on leur marche sur les pieds. Ils ne prendront pas de gants en cas de tentative style Maïdan ou pas de déstabiliser la Hongrie…Orban a appris la leçon ukrainienne…il agira hic et nunc. les ultralibéraux n’ont d’autres solutions que d’essayer d’utiliser les “minorités ” en Hongrie…ce qui serait un etrès très mauvaise idée,surtout pour les minorités.

  6. Suzanne Le 11 octobre 2014 à 12h17
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    phrase d’après :

    «“Even as they reap the benefits of Nato and EU membership, we find leaders in the region who seem to have forgotten the values on which these institutions are based”, Nuland said on Thursday. [...] “So today I ask their leaders: How can you sleep under your Nato Article 5 blanket at night while pushing ‘illiberal democracy’ by day; whipping up nationalism; restricting free press; or demonising civil society?” She spoke of the “twin cancers of democratic backsliding and corruption” in eastern Europe, which create “wormholes that undermine their nations’ security”.»

    « Alors même qu’ils profitent de l’OTAN et leur appartenance à l’Union Européenne, certains leaders de la région semblent avoir oublié les valeurs sur lesquelles ces institutions sont fondées », a déclaré V. Nuland jeudi dernier. « Donc je leur demande : Comment pouvez-vous dormir tranquilles la nuit, protégés par la couverture de l’article 5 de l’OTAN, alors que vous promouvez une démocratie non libérale le jour, dénoncez le nationalisme, restreignez la presse, ou bien encore faites passer la société civile pour démoniaque ? » Elle a également dénoncé les cancers jumeaux du renoncement et de la corruption en Europe de l’ouest, alimentant un vortex qui détruit leur propre défense nationale.

  7. Suzanne Le 11 octobre 2014 à 12h24
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    suite

    «She also hit out at EU states who are preparing to build South Stream – a Russian gas pipeline through the Western Balkans to Austria and Italy, involving Bulgaria, Croatia, Greece, Hungary, Romania, and Slovenia. “I ask the same of those who … cut dirty deals that increase their countries’ dependence on one source of energy despite their stated policy of diversification”, Nuland said.»

    Elle s’en est également prise aux états de l’Union Européenne qui s’apprêtent à construire le South Stream : un pipeline de gaz russe qui traverse les Balkans de l’ouest vers l’Autriche et l’Italie, et qui inclut la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie et la Slovénie. « Je pose la même question à ceux qui… établissent des accords douteux augmentant la dépendance de leur pays envers une source d’énergie, et ce malgré leur politique de diversification des énergies », a déclaré V. Nuland.

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