SERBIE Poutine reçu avec les honneurs à Belgrade
SERBIE Poutine reçu avec les honneurs à Belgrade
Le quotidien russe Gazeta.ru souligne pour sa part que, "depuis l'annexion de la Crimée, le conflit armé dans le Donbass et le crash du Boeing de la Malaysian Airlines en Ukraine, la Serbie est quasiment le seul Etat européen prêt à accueillir le président russe en grande pompe".
La Serbie bénéficiaire de l'embargo russe
Dans son entretien exclusif à Politika, Poutine estime que "le projet de gazoduc South Stream [dont la construction a été interrompue dans le cadre des sanctions européennes contre la Russie] favorisera la sécurité énergétique de l'Europe", et que "tout le monde en profitera : la Russie comme les consommateurs européens, y compris les Serbes". Le président de la Fédération de Russie ajoute que "les sanctions occidentales imposées à la Russie pousseront de nombreux pays à s'interroger sur la confiance sans réserve qu'ils placent dans le système financier américain". Le quotidien russe rappelle que la Serbie bénéficie actuellement pleinement de l'embargo russe sur les produits alimentaires européens. "Il y a plus de produits serbes actuellement dans les magasins en Russie, et ce malgré la pression de Bruxelles sur Belgrade."
Pour sa part, l'hebdomadaire serbe Vreme note que "la visite de Poutine est porteuse d'un message fort dans le contexte des sanctions imposées à la Russie et de la nouvelle guerre froide". Cependant, le titre estime que cette visite ne ralentira pas la politique de rapprochement entre la Serbie et l'Union européenne (UE), "étant donné que ce processus prendra au moins une dizaine d'années". Au niveau intérieur, "le président Tomislav Nikolic et le Premier ministre Aleksandar Vucic ne pourront que tirer profit de la visite de Poutine, qui jouit d'une grande popularité en Serbie".
Un nouvel esclavage
Pour le quotidien Danas, en revanche, "ce défilé nous fait revenir à une matrice impériale désuète datant des années 1990. La célébration de la libération de Belgrade est certes un événement important du point de vue historique, mais on a oublié que l'Armée rouge était arrivée à Belgrade seulement après le feu vert du maréchal Tito au généralissime Staline". Danas souligne que "la politique d'équidistance de la Serbie à l'égard de la Russie et de l'UE, hissée au rang de grande sagesse diplomatique, est un leurre. Paradoxalement, on fête la libération en tombant dans un nouvel esclavage."
Le site serbe <e-novine> est encore plus critique à l'égard de cette visite. "Depuis plusieurs jours, la ville ressemble plus à une page de pub d'un magazine de propagande bolchevique qu'à une future capitale européenne. Les chars et les blindés dans les rues et les avions qui survoleront Belgrade ne peuvent pas nous convaincre de la sincérité de ceux qui affirment que la Serbie joue un rôle important pour la stabilité dans les Balkans occidentaux."
- Courrier international
- | Kika Curovic et Laurence Habay