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28 octobre 2014

Barrage de Sivens - Rémi Fraisse, mort pour rien ?

Sur AGORAVOX

Rémi Fraisse, mort pour rien ?

 

Un barrage voulu par un président de Conseil Général obstiné, démarré avant même que soit publié l’expertise indépendante… pratique habituelle qui a fait florès à de nombreuses occasions (« super »phénix, Lyon Turin, NDDL…) afin de bloquer toute forme de contestation

Colère populaire justifiée, et en terme de dialogue, des gendarmes armés jusqu’aux dents, avec comme résultat un mort chez les contestataires.

Il s’appelait Rémi Fraisse.

Bravo la France socialiste !

Face à l’entêtement de quelques élus, droits dans leurs bottes, qui voulaient se convaincre de la nécessité d’un Barrage à Sivens, dans le Tarn, malgré les approximations financières et techniques du projet, la contestation, depuis l’automne 2013 n’avait cessé de monter.

Du coté des élus, Thierry Carcenac, président du conseil général, et socialiste, défend le projet sans le moindre état d’âme… lien

Nombreux, à l’instar de José Bové, sont ceux qui lui reprochent son obstination. lien

Comme le disent aujourd’hui les opposants : « Carcenac, du sang sur ton barrage ». lien

Face à ce barrage contesté, et contestable, un collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet avait été crée en 2011, dénonçant un projet inadapté, au cout environnemental très élevé, au profit de pratiques agricoles dans l’impasse (lien) négligeant la technique du BRF qui permet de cultiver sans arroser. lien

Un rapport d’expert avait été commandé, mais avant même les résultats, les engins s’étaient mis au travail, les forêts dévastées, exaspérant une juste colère chez les contestataires, lesquels décidaient d’un grand rassemblement le 25 octobre 2014.

Ils seront plus de 5000 rassemblés ce jour là pour une journée qui se voulait festive et joyeuse. lien

Détail navrant, d’après les organisateurs, le préfet s’était engagé à ce qu’aucun gendarme ne soit présent sur la zone durant le weekend, ce qui avait fait écrire par les opposants « ce rassemblement sera sans risque de violence, ni répression ». lien

On connait la suite.

Le lundi 27 octobre 2014, ce rapport parvenait enfin, confirmant les dires des opposants : lien

« L’estimation des besoins a été établie sur des données anciennes et forfaitaires »… « La mission conclut à une surestimation des besoins de substitution de l’ordre de 35%  »… « Le contenu de l’étude d’impact est considéré comme très moyen »… 

Les 2 experts, Nicolas Forray et Pierre Rathouis, tous 2 ingénieurs généraux des eaux, des ponts et des forêts, ont relevé en détail les incohérences du projet.

Les promoteurs du projet avaient affirmé que le barrage bénéficierait à 81 exploitations… les opposants le limitant à 19… et les experts ont retenu finalement le chiffre de 30, demandant en conséquence de revoir l’importance de l’ouvrage.

Au sujet de l’étude d’impact, qu’ils jugent « très moyenne », ils affirment que «  le choix d’un barrage en travers de la vallée a été privilégié sans réelle analyse des solutions alternatives possible  ».

Ils ont ajouté que les mesures compensatoires étaient largement insuffisantes.

Il faut savoir que les 13 hectares menacés par l’ouvrage abritent 94 espèces animales protégées. lien

Mais ce rapport pourtant très critique conclut malgré tout qu’il faut poursuivre les travaux, quitte à affecter le barrage à d’autres usages et selon une autre gestion. lien

« Etonnant non », aurait dit Pierre Desproges !

Revenons aux évènements.

Il aura fallu la mort d’un manifestant de 21 ans, Rémi Fraisse, un étudiant toulousain en écologie, pour que l’état décide enfin de suspendre les travaux, mais n’est-ce pas un peu tard ?

La victime était un bénévole botaniste à Nature Midi-Pyrénées. lien

Pour l’instant les causes de sa mort ne sont pas établies, mais des témoignages se multiplient : selon un manifestant, «  entre 2 et 3 heures du matin, il y a eu des tirs tendus de grenades lacrymogènes et une personne à terre, manifestement touchée par une grenade, aurait été ramassée par les gardes mobiles, qui l’ont porté près de la route  ».

S’agissait-il de Rémi Fraisse  ?

Une opposante affirme qu’il a été frappé au sol par des gendarmes. lien

Selon Médiapart, et Reporterre, les gendarmes ont retiré le corps du jeune homme, touché, selon un témoin, par une grenade. lien

Reporterre laisse planer un doute sur l’origine de sa mort, soit une grenade, soit un flash-ball, et l’autopsie en cours devrait apporter toute la lumière. lien

Ajoutons qu’au-delà de cette mort, les affrontements ont fait une dizaine de blessés chez les manifestants, donc 5 évacués à l’hôpital, et un blessé au visage par un tir de flash-ball…

On apprend aussi que le SAMU, appelé par les organisateur à refusé de venir sur place.

Sur ce lien, le premier récit.

Et pourtant la gendarmerie pleine d’assurance assure que « ses militaires ne sauraient être mis en cause sur la seule base de témoignages, parfois anonymes » (lien) alors que sur le site « reporterre  », les témoins ont bel et bien un nom, et que leurs témoignages ne laissent que peu de doutes. lien

Le 27 octobre, le procureur d’Albi, Claude Derens, à déclaré : « la plaie importante située en haut du dos de Rémi Fraisse a été causée, selon toute vraisemblance par une explosion »…

Il a donc été attaqué dans le dos, pourrait-on logiquement en déduire, et ce qui déshonnore encore plus la gendarmerie mobile.

Il a ajouté : « des analyses doivent à présent établir si une grenade lancée depuis la zone où les gendarmes étaient retranchés a pu être à l’origine de cette explosion ». lien

En tout état de cause, si le Préfet avait tenu ses engagements de ne pas déplacer de gendarmes mobiles sur la zone, Rémi Fraisse serait toujours vivant, et si les pouvoirs publics avaient attendu les résultats de l’expertise avant de lancer les travaux, on n’en serait pas arrivé à ces extrémités tragiques.

Quoi qu’il en soit, le père de la victime assure que « son fils n’était pas un garçon violent, ni un garçon qui faisait partie des irréductibles sur ce genre de manifestation ». lien

Vital Michalon, un jeune physicien, tout comme Rémi Fraisse n’était pas un garçon violent.

Il avait 31 ans lorsqu’il est mort le 31 juillet 1977, lors de la manifestation contre « Superphénix », suite au tir tendu d’une grenade offensive qu’il a reçu en pleine poitrine, et il aura fallu cette mort pour que le pouvoir, socialiste lui aussi à l’époque, se décide enfin d’en finir avec ce projet dangereux. lien

Aujourd’hui une situation identique aurait pu survenir au sujet du projet Lyon Turin.

Alors que la Cour des Comptes vient une fois de plus de dénoncer ce projet, estimant que les données sont faussées : exagération du nombre de voyageurs qui l’emprunteraient, sous estimation du prix du chantier, sous exploitation du fret ferroviaire sur le réseau existant, le tout amenant une évident non rentabilité du projet…un projet de 30 milliards tout de même. lien

Là aussi, bien avant que l’enquête d’utilité publique soit lancée, les travaux avaient commencé, mais ils étaient présentés comme des « études » (financées par la Région) argumentant qu’il s’agissait du percement de galeries de reconnaissance…

Le 3 décembre 2013, avec l’accord de la préfecture, les opposants organisèrent une journée d’information de la population lyonnaise, manifestement peu au courant des conséquences d’un tel projet. lien

Malgré l’autorisation tacite des autorités, dès que les opposants furent sur la place proposée, la place Brotteaux, et acceptée par ceux-ci…les forces de l’ordre, planquées dans des rues adjacentes, mirent en place un lourd dispositif de grilles en béton, piégeant ainsi les manifestants, et les privant d’avoir le moindre lien avec les populations qu’ils entendaient informer.

Etrange démocratie.

Il a fallu beaucoup de sang froid à ceux-ci pour qu’il n’y ait pas de dérapage, car manifestement les forces de l’ordre avaient envie d’en découdre, à l’abri derrières leurs carapaces, multipliant les provocations, sans obtenir l’effet escompté.

Là aussi, il y aurait pu y avoir un mort.

Quel est donc ce pouvoir qui, que ce soit à Notre Dame des Landes, au Testé, à Malville, à Lyon, ou ailleurs, répond aux propositions de dialogue et de débat, par la force des armes, reniant en même temps la parole donnée ?

Comme dit mon vieil ami africain, tout comme Paul Valery : « la politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde ».

L’image illustrant l’article vient de « croah.fr »

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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Commentaires
F
Mes pensées vont à Rémi Fraisse et sa famille et ma colère vers cet élu du Tarn qui c'est certain lui n'est pas près de mourir pour des idées !<br /> <br /> <br /> <br /> Sincèrement,<br /> <br /> L. BRAHMI
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