Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 952
Newsletter
1 novembre 2014

Les stress tests, une très mauvaise nouvelle pour les déposants et épargnants

Sur LE BLOG A LUPUS

 

Les Clefs pour Comprendre du Mardi 28 Octobre 2014 : Les stress tests, une très mauvaise nouvelle pour les déposants et épargnants

 

Il y a une relation étroite entre le résultat des stress tests bancaires européens qui viennent d’être publiés et la répression financière, d’une part, et l’appauvrissement des citoyens européens, d’autre part. C’est la situation des banques qui, depuis 2008, pèse sur les niveaux de vie, l’emploi et l’avenir des générations futures. On  appauvrit pour rembourser les banques, ou plutôt pour que les banques ne coupent pas les crédits aux gouvernements dépensiers.

Permalien de l'image intégrée

La crise de 2008 a été, avant tout, un révélateur d’une situation mondiale de surendettement. En 2010, ce que l’on appelle la crise des pays souverains européens a été le révélateur du fait que les pays du Sud et la France étaient trop endettés et qu’ils ne pouvaient honorer leurs dettes.

Permalien de l'image intégréePermalien de l'image intégréePermalien de l'image intégrée

Historiquement, le problème est connu, il se présente très souvent. Les solutions existent, elles consistent à mettre autour d’une table les débiteurs et les créanciers afin qu’ils renégocient les dettes. Ce qui ne peut être payé ne doit pas l’être et,  par conséquent, il faut faire ce que l’on appelle: restructurer les dettes. Cela veut dire allonger leur durée, réduire les taux, faire des haircuts, c’est à dire des rabais et des moratoires, c’est à dire des reports de paiements. Tout cela est connu, institutionnalisé. C’est la pratique historique courante.

Cette fois, ce n’est pas la voie qui a été choisie. La voie qui a été choisie, c’est celle qui consiste à ne pas demander aux banques de faire des sacrifices, de ne pas abandonner une partie de leurs créances et de leur rémunération. On leur a garanti qu’ils feraient leur plein et ne perdraient rien.

C’est une décision incroyable, quasi unique, qui ne s’explique que par le pouvoir des banques, leur influence sur les gouvernements. L’équité et la bonne gestion économique commandaient de faire cette opération de renégociation des dettes. A froid, une fois le calme revenu sur les marchés. C’est sur ce point que les critiques ont assassiné Geithner lors de la publication de son livre, ils lui ont reproché de ne pas avoir fait comme on a toujours fait dans l’histoire, d’avoir sauvé les banquiers et les propriétaires, gratuitement, et même, en plus, « de leur avoir payé un bon steack ».  La preuve que cela était faisable,  c’est que cette opération a été faite pour la Grèce, après tergiversations,  d’accord, mais elle a été pratiquée. C’est ce que demandent les Italiens, une renégociation de dettes. Le refus de mener cette négociation impose aux pays des charges colossales qui asphyxient les économies, diminuent l’activité, font fermer les entreprises et augmenter le chômage. Et bien sûr,  tout cela disloque le corps social. C’est ce que l’on connait dans l’histoire comme « le poids de l’usure », lorsqu’on laisse les prêteurs usuriers faire leur plein sur le dos des peuples.

La voie qui a été choisie en 2008 s’analyse comme un long transfert, un transfert progressif de l’argent des citoyens vers les Etats d’abord, et les Banques ensuite, ou inversement. L’un étant l’encaisseur de l’autre, le fermier général avec des rôles qui peuvent s’inter-changer. L’Etat, par exemple, monte les impôts afin de dégager de quoi paraître solvable et payer les intérêts qu’il doit aux banques ; tandis que les banques, contentes d’être remboursées, acceptent de prêter encore plus aux Etats sans exiger de taux supérieurs. L’Etat est l’encaisseur des impôts pour le compte des banques. C’est ironique, car, dans le passé, les ancêtres des banques, les Fermiers,  encaissaient les impôts pour les souverains.

Cela, c’est la voie fiscale, nous la simplifions bien sûr, mais il y a la voie monétaire. Elle est plus subreptice mais aussi efficace. Le chef des banques, leur souverain, c’est la Banque Centrale, la BCE. Elle a décidé de transférer la  richesse des citoyens européens à ses associées, c’est à dire aux banques. Pour ce faire, elle a décidé de supprimer toute rémunération de  l’épargne, pas seulement la rémunération réelle hors inflation, mais aussi la rémunération nominale, faciale. Quand les citoyens  épargnent, leur épargne ne leur rapporte plus rien, mieux, après frais et impôts divers, elle coûte. Donc les banques et les Etats bénéficient gratuitement de l’argent des ménages et de leur épargne. L’Etat en profite pour améliorer sa situation, ce qui fait plaisir aux banques, alors que les banques, elles, elles reprêtent cher, aux gens  et aux  petites entreprises, l’argent qu’elles ont gratuitement. C’est un transfert de richesses pur et simple. C’est un transfert pur et simple, régalien, du travail, des poches des sujets  dans la leur, car l’argent, normalement, c’est du travail cristallisé.

Pour faire bonne mesure, le chef des banques crée beaucoup de monnaie nouvelle qu’il donne gratuitement aux banques afin qu’elles fassent du bénéfice en le prêtant ou en spéculant. On leur donne la matière première de leur activité pour rien.

walkingdeadus2Permalien de l'image intégrée

Mais il y a plus car, quand on crée de la monnaie à partir de rien, on augmente le stock de monnaie qui est en circulation; une monnaie, c’est un pouvoir d’achat concurrent du votre et celui qui en a le plus, peut acheter le plus, il peut surpayer.  Les banques, avec de l’argent gratuit, raflent les actifs que vous, vous auriez aimé acheter si vous aviez eu autant d’argent qu’elles et si elles n’en avaient pas disposé gratuitement sans limite.  Donc elles font monter les prix, elles vous évincent, elles accaparent, et tout ceci fait que votre argent, le vôtre,  le vrai argent gagné, est en concurrence avec l’argent tombé du ciel. Votre argent est dévalorisé, il perd de son pouvoir d’achat et, surtout, il en perdra de plus en plus au fur et à mesure que l’argent donné aux banques commencera à circuler vite, de plus en plus vite. En un mot comme en cent, ils diluent votre travail, vos économies, et vous évincent de tous les marchés d’actifs et de patrimoine. Il ne vous reste rien d’accessible. Tout est trop cher pour vous.

Grâce à toutes ces faveurs qui constituent autant de transferts de richesse, de travail, vers les Etats et la finance, ils espèrent redevenir solvables. Sur le dos des contribuables et détenteurs de monnaie. Sous tous les points de vue. En effet, non seulement ils rognent les épargnes, ils surtaxent, voire confisquent le produit du  travail, mais en plus ils obligent à baisser les salaires, les prestations, les dépenses de santé, ils entraînent la fermeture des entreprises, ils poussent au chômage, ils rabotent les investissements et bien sûr l’éducation de vos enfants.

Permalien de l'image intégréeJanetzombies

Nous avons simplifié et personnalisé,  mais nous espérons avoir été clairs grâce à ces simplifications.

Tout ceci n’est possible que par une alliance objective entre la classe politique, les banquiers, les financiers et les hauts fonctionnaires nationaux et internationaux et les médias. Cela ne marche que parce que ce n’est pas porté au grand jour. A noter que les syndicats également sont complices, mais pour d’autres raisons, ils sont solidaires du Système par en haut car, en fait, ils ne représentent pas les travailleurs, ils n’ont aucune légitimité venue du bas.

La raison majeure pour laquelle, après 2008, on n’a pas fait ce qui aurait dû être fait et qui a toujours été pratiqué dans le passé, c’est parce que les banques étaient trop fragiles. Elles ne pouvaient, disait-on dans les coulisses et dans les dîners discrets, encaisser les pertes qui auraient découlé de la restructuration des créances. Quand vous faites une restructuration, vous rabotez une créance. Si vous décidez que votre débiteur ne va plus vous devoir que 40 au lieu de 100 et que le remboursement sera étalé, alors vous devez comptabiliser une perte non négligeable à votre bilan. Et cette perte vient en diminution de vos fonds propres, des fonds des actionnaires des banques, en diminution de leur richesse patrimoniale. On a jugé que les fonds propres des banques n’étaient pas assez gros pour supporter les pertes et donc on a choisi deux choses fondamentales :

  • -Il n’y aurait pas de restructuration de dettes.
  • -On présenterait des comptabilités fausses afin de masquer les pertes les plus évidentes. 

Donc, on maintiendrait la fiction que les dettes des débiteurs valaient bien intégralement ce qui était écrit dans les contrats et pour les dettes les plus pourries, on tricherait. On ferait une fausse comptabilité: on abandonnerait la vraie valeur, le mark-to-market et on aurait l’autorisation de  choisir une valeur fantaisie, le mark-to-fantasy.

Permalien de l'image intégréePermalien de l'image intégrée

Le tout avec l’espoir que le temps permettrait de confisquer assez d’argent aux peuples par les transferts décrits ci-dessus. La fonction des transferts et confiscations étant de ré-enrichir les banques, de refaire leurs capitaux propres. Au lieu de restructurer les dettes, on a décidé que les prêteurs usuriers feraient leur plein. Au lieu de présenter des bilans sincères, on a fait de faux bilans. Et au lieu de forcer les propriétaires des banques à remettre de l’argent à concurrence des pertes, on leur a offert la possibilité de durer ainsi, de reporter dans le futur. Le report dans le futur implique trois  choses :

  • -La fragilité et l’insécurité du Système.
  • -La répression financière, c’est à dire la confiscation subreptice multiforme.
  • -La langueur économique, c’est à dire la stagnation séculaire ou ralentissement séculaire.

Bien entendu, tous les professionnels de la Banque et de la finance de haut niveau savent tout cela, mais ils ignorent la réalité, mieux ils sous-estiment les dégâts et la physionomie des comptabilités réelles non truquées. Donc dans le doute il y a une sorte d’incertitude, un risque de perte de confiance. De temps en temps, il y a des vagues de pessimisme et, de temps à autre, des vagues d’euphorie. C’est la bipolarisation d’un monde qui est suspendu dans les airs, sans référent.

Les stress tests ont pour objectif de pallier à cette incertitude, de pallier aux doutes. Ils consistent à mettre une estampille sur la situation des banques en disant: fermez les yeux, nous, nous avons regardé et nous avons testé. Nous avons imaginé, par exemple, une baisse des prix des maisons de 14% et nous avons calculé pour voir si les banques pouvaient la supporter. Ceci est un exemple. Les tests sont conçus, non pas pour donner une appréciation réelle de la situation des banques, mais pour offrir une sorte d’assurance… dont on peut se demander qui est capable de la garantir compte tenu des sommes colossales en jeu.

Le résultat des tests n’est rien d’autre qu’une estampille qui pointe non pas un rapport de la banque au monde réel, mais un rapport de la Banque à l’EBA, l’Autorité Bancaire et à la BCE. Rien de plus. C’est un test réalisé en fonction des hypothèses et des critères fixés par les autorités qui font les tests. Et les critères sont au service de la politique qui a été décrite ci-dessus. Est-ce qu’ils prennent en compte une période prolongée de chute des prix des matières premières? Non. Est-ce qu’ils incluent la possibilité d’une chute sévère des prix du pétrole? Non. Est-ce qu’ils incorporent la probabilité d’un renforcement des tendances déflationnistes? Non. Est-ce qu’ils tiennent compte de la forte probabilité d’une hausse du dollar qui désolvabiliserait les émergents et bouleverserait les flux financiers, puis feraient chuter de plus de 20% les Bourses? Non. Est-ce qu’ils prennent en compte l’hypothèse d’une révolte du peuple italien? Non.

Le plus criant est bien sûr la méthode utilisée de la pondération des risques et les hypothèses faites sur les degrés de risque. En fait, les tests sont conçus… comme si tout allait bien, linéairement, comme si aucune rupture n’allait se produire. On est dans l’extrapolable « soft », gentillet. En particulier sur le degré de risque contenu dans les positions énormes des banques en matière de dettes souveraines, surtout de dettes de leur propre souverain. Les Commissaires européens avaient promis de couper le lien entre les banques et les souverains, Draghi a fait en sorte que ce lien soit renforcé, si l’un coule, l’autre coule avec.

Il ne nous appartient pas d’analyser les résultats de ces stress tests. Cela est trop technique. Nous dirons une seule chose, malgré la publicité, voire la réclame qui en est faite, ces tests n’ont qu’une valeur limitée. Tout au plus ils constituent « un bon début ». Au plan international, ils ne trompent personne car les grands professionnels savent de quoi il retourne. En juin dernier, les agences de presse ont publié toute une série de chiffres qui pointent les limites des tests actuels. Pour résumer,  disons que le ratio de fonds propres en regard des actifs au bilan des banques américaines ressort à 10,5%, tandis que le même ratio pour les banques européennes ressort à 5,05%. Nous ne donnerons pas les ratios pour la Deutsche Bank et le Crédit Agricole.

Permalien de l'image intégréePermalien de l'image intégrée

Permalien de l'image intégrée

Ce qui nous importe, c’est le sens de l’action des régulateurs et des pouvoirs publics. En procédant à des stress tests « politiques », ils font de la politique! Car dire, par exemple, qu’en France, 100% des établissements passent positivement, cela veut dire que les propriétaires n’ont pas besoin de remettre de l’argent, que c’est la collectivité qui va jouer le rôle d’assureur et cela veut dire que cela va augmenter considérablement le coût des bail-in scélérats qui ont été instaurés par la loi.

Les résultats des stress tests sont une mauvaise nouvelle pour les déposants.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité