Les 11 et 12 septembre derniers s’est tenue, dans un certaine ville, une réunion au sommet impliquant une organisation dont la plupart des Américains n’ont jamais entendu parler. La couverture médiatique grand public en était à peu près inexistante.
Le lieu ? Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, un pays que peu d’Occidentaux pourraient placer correctement sur une carte.
Mais vous pouvez parier votre dernier rouble que Vladimir Poutine sait exactement où est le Tadjikistan. Parce que le groupe qui s’y est réuni est le bébé du président russe. Il s’agit de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), composée de six Etats membres : la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.
Les alliés eurasiens à Douchabé.L’OCS a été fondée en 2001, sous prétexte de s’opposer collectivement à l’extrémisme et de renforcer la sécurité aux frontières. Mais sa véritable raison d’être est plus vaste. Poutine voit l’OCS dans un contexte plus large, comme un contrepoids à l’OTAN (une position que l’OCS ne nie pas, d’ailleurs). Sa position officielle semble être de plaider pour le non-alignement, la non-confrontation et la non-ingérence dans les affaires des autres pays, mais ostensiblement, ses membres procèdent à des exercices militaires conjoints.
Pourquoi devrions-nous nous préoccuper de cette réunion au milieu de nulle part ? Eh bien, évidemment, tout ce que la Russie et la Chine proposent de faire ensemble mérite notre attention. Mais il y a beaucoup plus à dire dans cette histoire.
Depuis la création de l’OCS, la Russie a avancé doucement, ne voulant pas que le groupe devienne un cheval de Troie potentiel pour une expansion chinoise dans ce qu’elle considère comme son arrière-cour stratégique, à savoir l’Asie centrale. Mais en même temps, Poutine s’est fait des nouveaux amis dans le monde entier aussi vite qu’il a pu. S’il veut défier l’hégémonie US, une hypothèse globale que j’ examine plus en détail dans mon nouveau livre « La guerre plus froide« , il a besoin d’autant d’alliances qu’il peut en forger.
De nombreux observateurs avaient prévu que la réunion de Douchanbé serait historique. L’idée était que l’organisation allait s’ouvrir à de nouveaux membres. Toutefois, l’extension a été mise de côté afin de se concentrer sur la situation en Ukraine. Comme prévu, les membres ont soutenu la position de la Russie et ont aussi exprimé leur soutien pour la poursuite des négociations dans le pays. Ils ont salué l’accord de cessez-le-feu de Minsk et loué le président russe pour la réussite du son initiative de paix.
Cependant, l’idée d’ajouter de nouveaux membres n’a pas du tout été oubliée. Il y a d’autres pays qui ont activement cherché l’adhésion depuis des années. Maintenant, avec la présidence tournante de l’organisation dévolue à Moscou et le prochain sommet prévu pour Juillet 2015 à Ufa en Russie, les conditions sont en place pour favoriser le processus d’expansion de l’organisation qui pourrait véritablement prendre forme d’ici l’été prochain, dit Poutine.
À cette fin, les participants à Douchanbé ont signé des documents portant sur les questions pertinentes : un « protocole sur les obligations des États candidats à l’obtention du statut d’État membre de l’OCS » et « sur la procédure d’octroi du statut d’État membre de l’OCS ».
Cela est extrêmement important, à la fois pour la Russie et l’Occident, parce que deux des nations réclamant l’adhésion occupent une place importante dans la géopolitique : l’Inde et le Pakistan. Et, attendant dans les coulisses, il y a encore un autre grand joueur, l’Iran.
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