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7 décembre 2014

Tout sur Poutine – par Vladimir Vladimirovitch

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 Tout sur Poutine – par Vladimir Vladimirovitch

« Je ne suis pas devenu président pour satisfaire des ambitions personnelles »

 

 

Traduit par : , source : Andreï Vandenko, TASS publié Jeudi 4 décembre 2014

 

 

Vladimir Poutine. Crédit : kremlin.ru

Vladimir Poutine. Crédit : kremlin.ru

A. V. : On dit que vous savez admirablement écouter. Et que, parfois même, vous tombez d’accord avec votre interlocuteur. Les gens repartent avec la certitude que Vladimir Poutine est leur allié – mais il n’est pas du tout certain que ce soit le cas.

V. P. : Vous savez, je m’efforce de traiter les gens avec respect.

Il y a dans la langue chinoise seize moyens de dire « non »

A. V. : Ma question portait sur autre chose.

V. P. : Non, je parle de respect pour l’opinion des gens et même pour leurs demandes. Je n’oublierai jamais, au début des années 2000, cette fois où une femme m’avait transmis un papier, je l’ai lu… Je ne vais pas vous dire ce qu’elle demandait, ça ne la concernait pas elle directement, mais ses proches. Et puis, ce papier s’est perdu. Jusqu’à présent, je me le rappelle comme d’une faute inacceptable de ma part. La demande aurait pu ne pas être acceptée, mais il aurait fallu tout faire pour que l’on y travaille. Peut-être qu’on m’aurait dit : « Malheureusement, on n’a pas de solution positive à cette question. » Alors, j’aurais demandé qu’on écrive à cette personne, pour lui expliquer pourquoi il n’était pas possible de l’aider. Mais là, perdre son papier tout simplement… Vous savez, encore aujourd’hui, c’est vexant, ça me fait de la peine. Je ne me sens pas à l’aise…

Je le répète : ça ne veut pas dire que toutes les demandes, quand on me regarde dans les yeux et qu’on me transmet des papiers, doivent être obligatoirement satisfaites. Certaines des choses que les gens demandent sont impossibles à faire, voire non autorisées par la loi.

A. V. : Vous avez appris à dire « non » ?

V. P. : Il y a dans la langue chinoise, je crois, seize moyens de dire « non ». Et aucun ne sonne comme un non littéral.

A. V. : Vous en possédez combien ?

V. P. : La question est dans le fond, pas dans la forme. On ne peut pas toujours dire « oui », bien que, je vous l’assure, on ait souvent envie que ce soit le cas. Mais il faut parfois refuser…

A. V. : Qui peut s’opposer à vous, et qu’est-ce qu’il risque ?

V. P. : Seulement moi, et la loi. Nul n’est censé enfreindre la loi, y compris les premières figures.

A. V. : Vous parlez de vous, mais je posais la question des autres. Reste-t-il des braves qui ne baissent pas les yeux et vous contredisent ?

V. P. : Il y a des gens indépendants, avec leur opinion propre. Je les estime, ils peuvent dire : « Je pense que vous n’avez pas raison, Vladimir Vladimirovitch. »

A. V. : Une liste de ces héros ?

V.P. : Nous n’allons pas les populariser, mais ils existent.

Quand un Russe sent la vérité, son bon droit, il est invincible

A. V. : Dans votre livre Première personne, vous avez parlé de votre faible conscience du danger. C’est une lacune, pour un espion.

V. P. : Oui, c’est ce que le psychologue avait écrit dans mon profil.

A. V. : Et pour un président, c’est un défaut ?

V. P. : Sans doute qu’on ne peut pas non plus le qualifier de grande qualité. Il faut savoir peser toutes les conséquences possibles et, lors de la prise d’une décision, envisager toutes les variantes possibles de développement des événements, pour exclure les mauvaises.

A. V. : Pas d’actes téméraires, en un mot.

V. P. : C’est ça, il ne faut pas admettre la témérité. L’erreur coûte très cher.

A. V. : Vous en avez commis, à la présidence ?

V. P. : Non.

A. V. : Et jusqu’à présent ? Vos récents agissements concernant la Crimée et ce qui a suivi.

V. P. : Oui. C’est une décision stratégique.

A. V. : C’est bien. Si ça finit bien, évidemment.

V. P. : Vous avez raison. Mais je pense que c’est ce qui va se passer… Simplement, nous sommes plus forts.

A. V. : Que qui ?

V. P. : Que tous. Parce que nous avons raison. La force est dans la vérité. Quand un Russe sent la vérité, son bon droit, il est invincible. Je parle de façon absolument sincère, pas pour dire de belles paroles. Si nous avions senti que, quelque part, nous avions – pardonnez-moi – merdé, agi de façon injuste, alors tout n’aurait tenu qu’à un cheveu. Sans la certitude intérieure d’être dans la vérité, on en vient toujours à hésiter – et c’est dangereux. Dans le cas présent, je n’ai pas de doute.

A. V. : Mais ça n’existe pas, les gens qui ne commettent pas d’erreur.

P. : Évidemment. J’ai aussi connu quelques aspérités.

A. V. : Par exemple ?

V. P. : Je ne vais pas en parler maintenant – lors d’un travail de grande envergure, il se passe toujours des choses que, peut-être, il aurait fallu faire autrement. Au cours de ces nombreuses années, j’ai acquis un certain… style, disons. Je ne prends jamais de décisions volontaristes, dont je ne verrais pas les conséquences. Si je ne les vois pas, je m’efforce de me retenir. C’est comme sur la route : si tu n’es pas certain, ne double pas. Tu franchis la ligne, et tu vois que la route est libre – mais c’est trop peu. Vous savez, ça arrive parfois : la voie semble libre mais la route descend, et vous n’avez pas vu la voiture qui arrivait en face – et qui roule vite, encore. Il faut être absolument certain que personne n’arrive en face, que, véritablement, vous contrôlez la situation. Alors, il faut doubler !

A. V. : Et, en ce moment, personne n’arrive en face ?

V. P. : Ce sont ceux qui essaient de rivaliser avec nous qui nous ont en face. Nous, nous sommes sur notre voie, et nous roulons à une vitesse donnée… Si on fait tout correctement, nul besoin de s’agiter. C’est comme dans le sport, que vous ne voulez pas pratiquer. Certaines choses doivent être lancées à ce qui semble être le premier signal, mais, tout de même, l’expérience passée et la compréhension de comment la situation doit évoluer fonctionnent. La réaction doit être rapide.

A. V. : C’est le judoka en vous qui parle. La philosophie de cette lutte n’admet pas l’agitation.

V. P. : En gros, oui. Mais si l’on réfléchit sans fin, ça n’a pas grand sens ni intérêt non plus. Car le résultat ne vient pas seulement d’une bonne élaboration de la décision ni de la réflexion sur le thème donné – mais aussi de l’acte lui-même.

A quoi servirait un premier homme s’il ne fichait rien ?

A. V. : Avant notre conversation, j’avais l’impression que cette année est particulièrement dure pour vous.

V. P. : Mais non. Est-ce que les choses ont déjà été faciles en Russie ?

A. V. : On se rappelle d’années grasses.

V. P. : Elles étaient grasses pour certains mais, chez nous, c’était la guerre dans le Caucase. Grasses ! Mais où voyez-vous de la facilité ? Prenez l’histoire récente, depuis l’année 2000.

A. V. : C’est justement de cette période dont je parle.

V. P. : Et avant ? On peut prendre n’importe quelle étape de notre histoire, qu’elle soit soviétique ou anté-soviétique.

A. V. : Nous n’allons pas nous rappeler le Tsar-Petit-Pois, c’est de vous que nous parlons, Vladimir Vladimirovitch. Vous n’avez sûrement pas oublié l’année 1996…

V. P. : Non, à l’époque, nous avons perdu les élections, Sobtchak a perdu la mairie de Saint-Pétersbourg, je me suis retrouvé sans travail… Je me demandais comment continuer à vivre, comment nourrir mes enfants. Au sens propre, sans exagération. Bien sûr que ce n’était pas simple. Mais vous savez, ces moments existent dans la vie de chacun. On peut aussi se rappeler, disons, les années 2000, quand il a fallu comprendre comment réagir face aux attaques des combattants terroristes au Daghestan. Certains ont quand même proposé de construire un mur autour de la Tchétchénie. Un mur naturel ! Mais c’était absolument inadmissible. Autant pour les gens qui nous faisaient confiance en Tchétchénie que pour la Russie. Ç’aurait été contre-productif, dangereux, nuisible. Après, ç’aurait été le tour d’autres murs et lignes de division. Et voilà, le pays aurait disparu…

Vous avez parlé d’années grasses. Mais nous, nous devions restaurer l’économie, la sauver tout simplement. Ensuite, on nous a critiqués en disant que nous nous y prenions mal. On  nous a reproché d’avoir trop donné aux gens, fortement augmenté les salaires. Ces critiques me concernaient moi. On disait que la rentabilité du travail en Russie était largement en retard sur le niveau des salaires.

Pouvais-je ne pas le faire ? Mais la situation dans laquelle le pays se trouvait dans les années 1990 et au début des années 2000 exigeait que nous montrions aux gens que nous allions dans la bonne direction, et que la vie allait devenir au moins un peu meilleure. Si nous ne l’avions pas fait, peut-être qu’on ne serait pas parvenu à consolider la société, à obtenir des résultats concrets dans l’entreprise de rétablissement du pays.

Mes collègues du bloc libéral nous disaient : « Il ne faut en aucun cas adopter le programme du capital maternel. » On a tenté à de multiples reprises de me convaincre personnellement : « C’est comme jeter un argent fou dans un trou noir. C’est innombrable ! ». Et ils disaient qu’il n’y aurait aucun résultat, que le programme n’aurait pas d’influence sur la natalité dans le pays. Ils citaient l’exemple de certains pays d’Europe occidentale où l’on verse d’importantes allocations pour la naissance d’un enfant, et ce en vain. J’ai écouté les arguments « pour » et « contre », puis j’en suis arrivé à la conclusion que la situation chez nous était différente. Qu’il fallait offrir à nos concitoyens un autre horizon de planification de la famille. En Europe, la vie est différente en termes de qualité. En Russie, une des limites à la croissance de la natalité, à l’époque, était le très bas niveau des revenus, les familles ne pouvaient pas se permettre d’avoir un enfant, et encore moins deux. Alors que c’est important pour nous, surtout dans les régions. Des craintes s’exprimaient : est-ce que le budget pourrait assurer ces nouvelles allocations, est-ce que nous n’étions pas en train de tromper les gens ? Non, nous ne les trompons pas et nous nous en sortons. De la même façon que d’autres mesures de soutien, tout a marché ! La Russie n’a pas connu une telle natalité depuis plusieurs décennies !

A. V. : Mais, aujourd’hui, nous le supprimons, ce programme de capital maternel ?

V. P. : C’est une autre question. J’en parlerai dans mon discours à l’Assemblée fédérale, je ne veux rien annoncer avant. Non, il faut être prudent. Le programme s’achève dans un an, et tous doivent le savoir. Mais, évidemment, il faut penser à des mécanismes de soutien à la démographie. Nous avons aussi de nouveaux centres prénataux qui sont apparus, ainsi que des schémas d’allocations financières non seulement aux familles, mais aussi aux maternités pour la qualité du service aux femmes. Beaucoup dépendra de ces évaluations… Cette série de mesures a apporté des résultats qui dépassent nos attentes. La démographie présente une dynamique positive stable. Pourquoi est-ce que je m’étends tellement là-dessus ? C’est de moi que dépendait la décision définitive, vu qu’il y avait des voix « pour » et des voix « contre ».

Suite et fin en page 9

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