Repères
C'est un choc inattendu. L'abandon du cours plancher euro-franc suisse (ou Peg) a fait gagner environ 30 % au franc suisse par rapport à l'euro. Les dommages sont nombreux : chaos boursier, faillites, chute de compétitivité pour les entreprises suisses... La Banque nationale suisse (BNS) n'avait pas d'autre choix.
Le Peg a été mis en place en 2011. Les marchés financiers étaient soumis à une forte instabilité. Le franc suisse est apparu comme une valeur refuge (comme l'or). Les investisseurs ont donc acheté massivement de la monnaie helvétique, ce qui a fait grimper sa valeur. Surévalué, le franc suisse pénalisait les entreprises exportatrices suisses. La BNS a introduit un cours plancher pour protéger ses entreprises : unfranc suisse ne devait pas valoir plus de 0,80 €. Concrètement, la banque créait de la monnaie pour acheter des devises étrangères (pour 500 milliards de franc suisse au total).
C'est une action préventive avant que la BCE (Banque centrale européenne) ne lance son programme d'assouplissement monétaire. Elle va prochainement inonder d'euros le marché des obligations en créant de la monnaie. L'euro va donc perdre de la valeur. D'ailleurs, il a déjà commencé à se déprécier (Il est passé, hier, en séance, sous la barre de 1,25 dollar) car les marchés ont anticipé cette politique. Les acteurs financiers commencent à vendre leurs euros, pour acheter - entre autres - du franc suisse qui apparaît plus que jamais comme une valeur refuge. La Banque nationale suisse ne peut plus suivre. Elle a déjà acheté trop d'euros, ce qui fragilise son bilan.
Elles auraient à rembourser cinq milliards d'euros de dettes indexées au franc suisse. L'État a annoncé, hier, qu'il allait examiner leur situation.
Charles BOUESSEL DU BOURG.