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27 janvier 2015

Réactions françaises (medias et politiciens) à la victoire de Syriza : les plus belles tartufferies

 Sur REGARDS

 Réactions à la victoire de Syriza : les plus belles tartufferies

L’onde de choc des élections grecques a eu des effets terribles : on a découvert un PS de gauche, une UMP d’extrême gauche et – mais c’est moins surprenant – des éditorialistes dépités qui ont mal vécu leur défaite. Compilation.

La gauche radicale au pouvoir dans le pays le plus dramatiquement ravagé par l’austérité : l’événement a de quoi renverser bien des perspectives, et susciter quelques prises de paroles acrobatiques.

Les socialistes, au secours de la victoire

 

Sans surprise, c’est au sein du PS que se sont exprimés les plus grands virtuoses du retournement de veste et du contorsionnisme sémantique. Leur chef de file a été digne de l’exercice, aussi grosse fut la ficelle. Jean-Christophe Cambadélis : « La victoire d’un parti de gauche est toujours une bonne nouvelle pour le Parti socialiste. »

Philip Cordery, secrétaire national à l’Europe (un expert, donc) a fait le pari que le ridicule ne tuait pas : « La ligne anti-austérité est aujourd’hui renforcée en Europe. Depuis 2012, François Hollande et les leaders sociaux-démocrates sont à l’œuvre pour réorienter l’Union européenne. Ils trouveront en Alexis Tsipras un nouvel allié. »

Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, donne dans la redondance, peut-être pour essayer de se convaincre lui-même : « Nous partageons beaucoup de choses en commun [avec Syriza]. » Lui aussi évoque la volonté partagée « de réorienter la construction européenne, de sortir des politiques d’austérité ».

Lui aussi adepte de la méthode Coué pour oublier la méthode couac de François Hollande, Julien Dray fustige les « politiques d’austérité qui ne donnent pas de résultats ». Peut-être croit-il remettre sa montre à l’heure en ajoutant : « une partie de la gauche de la gauche risque d’avoir des désillusions parce que le programme de Tsipras est plus un programme de social-démocratie que proche de Jean-Luc Mélenchon. »

Stéphane le Foll tente pour sa part de conjurer le scénario Syriza : « Je sais une chose : il n’y aura pas d’alternative à gauche (en France), la gauche c’est celle qui gouverne aujourd’hui. »

RÉSUMÉ
– la victoire de Syriza est une grande victoire pour la social-démocratie (dont un vaste complot illuminati fait croire qu’elle cautionne la politique austéritaire de l’UE).
– le Parti socialiste est de gauche.
– le Parti socialiste mène des politiques audacieuses contre l’austérité (dans un univers parallèle dont le chemin d’accès n’est pas indiqué).

À droite, des élus déboussolés

Le tweet de Christian Estrosi est pour sa part assez inquiétant sur le plan psychiatrique. « Les grecs n’ont pas voté pour l’extrême gauche, ils ont voté contre l’austérité, la même que les socialistes français veulent nous imposer. » On attend avec impatience que le maire de Nice nous explique la différence entre l’austérité du PS et celle de l’UMP.

Autre symptôme de la perte des repères au sein de la droite, la déclaration de Nicolas Dupont-Aignan, en vol plané (et sur le dos) au dessus d’un nid de coucous : « Si c’est pour sauver la France et si c’est sur un programme intelligent de création de richesses, pourquoi pas [passer un accord avec le Front de gauche] ? »

Xavier Bertrand joue les blasés : « Si Syriza gagne, ce n’est pas une surprise : trop d’austérité en Grèce et faillite d’une classe politique. (...) Vous pouvez demander des réformes structurelles, mais vous ne pouvez pas demander trop et saigner un peuple. » Pour ce qui est de la faillite, l’ex-secrétaire général de l’UMP s’y connaît, mais en tant qu’ancien secrétaire d’État chargé de l’Assurance maladie, il n’est peut-être pas le mieux placé pour évoquer le dosage des saignées.

Henri Guaino a renchéri : « Lorsqu’on fait souffrir des peuples, il ne faut pas s’attendre à des votes modérés. » Ah, la légendaire modération d’Henri Guaino… qui semble lui aussi souffrir de schizophrénie : « La pensée unique est bien ancrée dans la tête d’une partie de nos élites européennes, il faut en sortir. »

RÉSUMÉ
– la victoire de Syriza est une grande victoire pour l’UMP.
– l’UMP n’a rien à voir avec les politiques d’austérité de l’Europe.
– l’UMP n’a rien à voir avec l’UMP.

Les éditorialistes, sur le front de l’aigreur

Évidemment, le traitement de l’élection dans les médias dominants a donné lieu à de grands aveux (involontaires) d’incompréhension. Laurent Delahousse, anxieux, interrogea sur France 2 : « Est-ce qu’il y a une possibilité de contagion ? » Tandis que le bandeau d’i-Télé, conformément à sa fonction de sous-titrage de l’idéologie ambiante, demandait : « Faut-il laisser la Grèce faire ce qu’elle veut ? » Il vaudrait en effet mieux faire élire le parlement grec par les électeurs allemands, ce serait plus sûr.

Rageur, Laurent Joffrin concluait dès samedi son édito pour Libération en essayant, comme pour limiter les dégâts infligés à ses certitudes, de retirer à la gauche radicale française toute velléité d’y voir une victoire : « Quand (sic) au grand soir dont rêvent les mélenchonnistes exaltés, il y a fort à parier qu’il sera remis… aux calendes grecques. » (rires enregistrés).

Sur Twitter, l’inénarrable Arnaud Leparmentier du Monde, auteur mercredi d’une diatribe apocalyptique (« tout cela peut mal finir »), n’a pas retenu grand-chose d’autre de l’événement que la baisse de l’euro, qui a semblé beaucoup l’affecter. Il s’est contenté de relayer des collègues prophètes de malheur (et bigots des marchés financiers) : « Ils ne comprennent pas qu’une dette ça ne s’efface pas ; les gens la paieront d’une façon ou d’une autre. »

Eurolâtre convaincu, Jean Quatremer s’est plus notoirement agité, quoique de façon désordonnée. Mais son premier réflexe a été de minimiser la victoire : « Syriza à 36,5%. On est loin de la vague évoquée par le Front de gauche. Le Pasok avait obtenu 48% en 1981. » On retiendra cette touchante profession de foi, au détour d’un échange : « On est de la même famille, surtout quand on partage la même monnaie. C’est l’UE. »

Mais le plus bouleversé a probablement été Jean-Michel Aphatie, qui nous a fait part de ses émotions de contribuable : « Si la Grèce ne rembourse pas ses emprunts, la France perd 40 milliards. Donc plus d’impôts pour nous et en plus, on dira : "bravo la Grèce". » Comme tout fondamentaliste, il s’est outragé que d’autres croyances puissent faire concurrence à la sienne en fustigeant ceux qui croient aux miracles (« L’homme qui a promis de marcher sur l’eau a gagné en Grèce ») ou « au père Noël ». De pensée unique, il ne saurait exister d’autre que la sienne : « Ce soir, la pensée unique pour tous c’est : Vive Syriza. »

 

 

RÉSUMÉ
– la victoire de Syriza est une grande défaite pour les éditocrates.
– vous allez le payer cher, bande de mécréants.

Vivement les élections en Espagne.

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