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27 janvier 2015

Grèce : Yanis Varoufakis, le ministre des Finances qui détonne

Sur LE PARISIEN

 Grèce : Yanis Varoufakis, le ministre des Finances qui détonne

 

Cet économiste de 53 ans qui avait prédit la crise des «subprimes» en 2008 est le nouveau ministre des Finances grec. Très critique des plans de sauvetage de 2010 et 2011, il plaide pour une réorientation de la politique économique européenne. Et ne mâche pas ses mots pour critiquer l'Allemagne et la France.

Pa.D. | 27 Janv. 2015, 12h28 | MAJ : 27 Janv. 2015, 15h29

 
Athènes (Grèce), le 16 janvier. Yanis Varoufakis, économiste iconoclaste de 53 ans, a été nommé mardi ministre des Finances grec. Athènes (Grèce), le 16 janvier. Yanis Varoufakis, économiste iconoclaste de 53 ans, a été nommé mardi ministre des Finances grec. AFP/Louisa Gouliamaki

Yanis Varoufakis a été nommé mardi ministre des Finances de la Grèce dans le gouvernement formé par Alexis Tsipras. Le leadeur de Syriza compte sur cet économiste de 53 ans pour sortir de la tutelle de la Troïka (Union européenne, banque centrale européenne et fonds monétaire international) et mettre fin aux politiques d'austérité.

«Nous pouvons forcer l'Europe à changer», a glissé Varoufakis dans un entretien accordé à la Tribune avant les élections législatives de dimanche.

Ce n'est pas le coup de téléphone, lundi, du patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, qui devrait calmer les ardeurs de l'homme né à Athènes. Il a par exemple promis de continuer à nourrir son blog, «même si cela peut-être considéré comme irresponsable pour un ministre des Finances de se faire plaisir par ce moyen de communication si grossier».

Surnommé «M. Catastrophe» par ses concitoyens pour avoir prédit la crise des «subprimes» de 2008, Varoufakis n'est pas un membre de la première heure de Syriza, parti de gauche radicale. Doctorant à Essex (Royaume-Uni), il est parti enseigner à Sydney (Australie) avant de revenir en Grèce en 2000. «Le pays était alors traversé par une vague de xénophobie et j'avais trouvé que Papandréou, en tant que ministre des Affaires étrangères, y avait bien répondu. C'est pour cela que j'ai accepté de le conseiller», a-t-il raconté à l'Expansion en mars 2014

 

«J'ai été traité comme l'idiot du village»

Les divergences avec l'ancien dirigeant du Pasok, le parti socialiste grec, voient le jour sur la politique économique. «J'ai démissionné en 2006 et j'ai commencé à alerter sur les risques de crise financière mondiale. J'ai été traité comme l'idiot du village, développe-t-il, toujours auprès de l'Expansion. Ensuite, la crise a éclaté et a touché la Grèce, en 2009. En tant qu'ancien conseiller de Papandréou, j'étais un des seuls à dire : il ne faut pas accepter le plan de sauvetage, il aura des conséquences catastrophiques ; mieux vaut laisser l'Etat faire défaut. Dès lors, j'ai commencé à être considéré comme un agent du mal, celui qui voulait que le pays fasse faillite.»

Sa famille reçoit même des menaces quand il critique le second plan de sauvetage en 2011 qui, selon lui, «alimentait la corruption financière, avec la bénédiction de la troïka». Il quitte le pays pour aller enseigner à Austin, au Texas. Sans être pour autant oublié par certains hommes politiques grecs, parmi lesquels un certain Alexis Tsipras.

«L'Europe ne devra plus compter sur notre misère»

«Progressivement, nos positions se sont rapprochées au fil des années, a concédé Varoufakis à la Tribune. Je n'avais jamais eu l'intention d'entrer en politique, mais lorsque vous avez établi, en tant qu'économiste, un ensemble de recommandations pour votre pays, et qu'un dirigeant politique vous propose de les mettre en œuvre, il est difficile de refuser.» Les deux hommes partagent le même point de vue : la crise n'est pas grecque, mais bel et bien européenne.

En quoi consistent ses propositions ? Le plan s'organise en quatre piliers. Le premier concernera la dette. «Nous voulons faire des propositions que même Wolfgang Schäuble (ndlr : le ministre allemand des Finances) ne pourra pas refuser, a-t-il détaillé. Il n'y aura donc pas de défaut, de coupes franches dans la dette. Nous allons proposer une formule où le remboursement de la dette dépend de l'évolution du PIB nominal. L'idée, ce sera que l'Europe devra être notre partenaire dans la croissance, et ne devra pas plus compter sur notre misère. Le second pilier, ce sera les réformes.» Le troisième pilier concerne l'investissement, le quatrième la gestion de la «crise humanitaire».

Le nouveau ministre, auteur en 2008 de l'ouvrage «Le Minotaure Planétaire», n'envisage pas de ne pas trouver un accord avec la troïka. Dans le cas inverse, «je le dis clairement : la mort est préférable», a-t-il lancé à la Tribune. «Le vrai déficit de la Grèce, c'est un déficit de dignité. C'est à cause de ce manque de dignité que nous avons accepté des mesures stupides et cela a alimenté un cercle vicieux de l'indignité qui, elle-même, entretient le mécontentement, la peur et le ressentiment. Tout ceci n'est pas bien.» Le voilà aux responsabilités pour tenter de changer le cours de l'Histoire.





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L'avertissement à François Hollande

Yanis Varoufakis n'a pas de mots assez durs pour critiquer l'attitude de la France dans l'Union européenne. Dans son viseur apparaît en premier le PS. «Le Parti socialiste français a une lourde responsabilité dans la façon dont la zone euro s'est structurée, a-t-il dénoncé dans la Tribune. Il y a, depuis le début des années 1990, la volonté du PS de capturer la Bundesbank pour permettre à la France d'être riche au-delà de ses propres limites. Cette volonté -- qui prend ses racines dans la première proposition d'union monétaire qui date de 1964 -- a mené à une «danse de la mort» entre Paris et Francfort et qui a fait du PS le complice de tous les développements de la zone euro. En réalité, la France est en guerre avec l'Allemagne, et cela conduit à une véritable vassalisation de la France, à la création de ce que j'appelle un «Vichy post-moderne.» Et le seul à profiter de cette situation, c'est le Front National... Je crois qu'une victoire de Syriza en Grèce représentera la dernière chance pour François Hollande de changer cette donne.»

 

 

 

 

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