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17 février 2015

"Combattre le projet fou de Daesh avec sang-froid et sérénité"

 Sur le blog de JP Chevènement

le 28/02/2015

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Public Sénat, samedi 28 février 2014. Il répondait aux questions de Nora Hammadi et débattait avec Marie-Monique Robin, Pierre Conesa et François-Bernard Huyghe.


Verbatim express :
Partie 1

  • Il faut distinguer deux périodes concernant la torture. Il y a la période de la guerre d'Algérie, où des officiers qui avaient perdu la guerre en Indochine, s'étaient jurés de ne pas la perdre en Algérie, et étaient prêts à utiliser tous les moyens. Ces colonels avaient théorisé une guerre contre-insurrectionnelle, et ce sont eux qui étaient derrière le putsch des généraux du 22 avril 1961. Mais il me semble qu'on ne peut pas imputer aux gouvernements français toutes ces dérives.
  • La deuxième période, c'est celle qui suit les Attentats du 11 septembre, où les Américains s'avisent qu'il y a une pratique française pendant la Guerre d'Algérie, dont ils pourraient s'inspirer. Je dis cela pour que l'on ne considère pas qu'il y ait un continuum. Je rappelle quand même que le général de Gaulle a dû faire face aux complots de ses officiers en 1961.
  • Le Patrioct Act a été voté dans le mois qui a suivi les Attentats. Ensuite, c'est une affaire d'application. Je pense que la France ne savait pas grand chose. Je rappelle que nous avions désapprouvés l'invasion de l'Irak.
  • La question de la torture est tranchée historiquement, et a tous points de vue. Elle a fait la preuve de son inefficacité.

  • Il faut prendre conscience du rapport assymétrique qui existe entre le monde arabo-musulman et l'Occident, depuis la fin du XVIIe siècle.
  • Il y a un grand danger à s'affranchir du droit. L'expérience du Patriot Act le montre. Il s'est révélé globalement inefficace, et même contre-productif. En plus, cela sape, la confiance que les démocraties doivent avoir en elles-mêmes.
  • Il faut toujours revenir loin en arrière. Le monde arabo-musulman a développé des civilisations extrêmement brillantes, qui ont atteint le comble du raffinement, à l'époque des Omeyyades, des Abbassides... mais naturellement nous constatons depuis deux siècles un déclin, auquel les intelligentsia ont répondu de deux manières : une variante modernisatrice, à l'école de l'Occident (libéralisme ou socialisme laïc), et puis une variante identitaire – retour aux sources. Ça peut prendre une forme qui est celle des Frères Musulmans, ou d'autres formes.
  • Nous-mêmes ne sommes pas tout à fait étrangers à cette affaire. Nous voyons que Daesh se développe à partir de l'Irak. Rappelons nous en 1991 l'intervention totalement évitable de la coalition regroupée autour des Etats-Unis. Ensuite il y a eu un long blocus, qui a entraîné beaucoup de souffrances et de morts, puis une deuxième guerre, qui a détruit l’État irakien. Et je pense que nous récoltons aujourd’hui les fruits de cette totale désagrégation de l’État irakien. Les sunnites qui avaient dominé l'Irak pendant longtemps sont aujourd'hui relégués.
  • Jacques Chirac avait pris une position honnête et courageuse contre la seconde guerre d'Irak, donc la presse était plus partagée, mais j'ai le souvenir du traitement de la première guerre du Golfe. L'enfumage était mondial. Le formatage de l'opinion est quelque chose qui me terrifie rétrospectivement, car la vérité ne se fait jour que très longtemps après, si encore elle se fait jour.

Partie 2

  • Je ne suis pas pacifiste, je tiens à le préciser. Je n'aurai pas été ministre de la Défense autrement. Mais je suis pacifique. Il est préférable de résoudre les problèmes par la voie diplomatique que par la voie de la violence et de la guerre. La guerre ouvre toujours une boîte de Pandore qu'on arrive pas à rattraper. Ce qui s'est passé en Irak a ouvert un cycle de guerre dont nous ne sommes pas sortis.
  • Nous avons récolté le terrorisme sur le territoire national. Je pense que la loi qui vient d'être votée, et celle qui est en préparation, ne comportent pas d'atteintes aux libertés fondamentales.
  • Le but de Daesh, c'est le califat mondial, c'est de dresser tous les musulmans contre l'Occident, et même au-delà car ils se mettront à dos la Russie, l'Inde, la Chine, etc. C'est un projet fou. Naturellement il faut le combattre avec sang-froid, avec sérénité.
  • Il faut s'appuyer sur les peuples musulmans, qui doivent se débarrasser eux-mêmes du venin terroriste. On peut les y aider. Mais c'est d'abord leur responsabilité. Et c'est aux élites de ces pays de faire comprendre que les terroristes ne représentent en aucune manière l'islam, qui est une religion qui porte d'autres messages que le message de la haine. Je crois que c'est un travail que ne peuvent faire que les musulmans.
  • Je ne crois pas à la culture de l'excuse sociologique. Certains des terroristes qui ont frappé la France avaient des diplômes, des salaires de 2200€ par mois. Je pense beaucoup plus qu'il y a un problème idéologique, un ressentiment, une haine, qui s'alimente à diverses sources. Pour y répondre, il faut aussi donner chez nous l'image de la justice et de la République. Il faut expliquer les valeurs de la République, ce qui n'est plus fait.
    • Nous avons connu des phénomènes de terrorisme dans les années 60-70 : la bande à Baader, Action Directe, les Brigades Rouges. Mais il n'y avait pas de terreau. La classe ouvrière ne se sentait pas du tout représentée. Là, il y a un terreau. Et c'est pour ça qu'il faut que la République s'applique dans tous les domaines, y compris en matière économique, sociale, c'est nécessaire pour que on comprenne qu'il y a quelque chose d'autre à l'horizon que les ténèbres du terrorisme salafiste.

 

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