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13 avril 2015

RENSEIGNEMENT (LOI sur...) - Lettre ouverte aux traîtres à la République

 

 Sur MEDIAPART

 

Lettre ouverte aux traîtres à la République

C'est à vous, députés et sénateurs qui allez bientôt voter d'une seule voix le projet de loi sur le renseignement présenté par le gouvernement, c'est à vous que ce message s'adresse.


Nous le savons déjà: vous allez le voter. Sans aléa, après un débat cosmétique qui ne servira qu'à corriger quelque coquille ici ou là, vous allez le voter.

Contre l'avis de deux juges antiterroristes, contre les avis du Syndicat de la Magistrature, de la CNCDH, de l'ordre des Avocats de Paris, de la CNIL, de l'Union Syndicale des Magistrats, vous allez le voter.


Contre l'avis d'Amnesty, de RSF, de la LDH et de la Quadrature du Net, vous allez le voter.

Alors que, de partout, les mises en garde affluent, que le New York Times fait sa Une sur "La France, État de surveillance", que le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe s'inquiète de la dérive sécuritaire liberticide que cette loi implique, et que même le président de l'actuelle commission de contrôle des interceptions de sécurité dénonce la faiblesse des garanties qu'apporte ce texte, vous allez le voter.

Mesdames, messieurs, vous qui, en théorie, représentez la voix du peuple, c'est ce même peuple que vous vous apprêtez à trahir.

En mettant (quel que soit l'enrobage sur le pseudo-anonymat des données reccueillies) la totalité de la population sur écoute, en traitant chaque citoyen de ce pays comme un terroriste en puissance, c'est le peuple que vous vous apprêtez à dénoncer comme votre ennemi.

Je vous engage à relire, avant de voter, la définition de ce qu'est un État policier selon Raymond Carré de Malberg:

L'État de police est celui dans lequel l'autorité administrative peut, d'une façon discrétionnaire et avec une liberté de décision plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l'initiative, en vue de faire face aux circonstances et d'atteindre à chaque moment les fins qu'elle se propose : ce régime de police est fondé sur l'idée que la fin suffit à justifier les moyens. À L'État de police s'oppose l'État de droit.

En écartant le juge judiciaire de toute autorisation préalable aux écoutes administratives, c'est l'État de droit que vous détruisez: garant des libertés individuelles, sa remise en cause nie le principe de séparation des pouvoirs.

Et tout ça pour quoi ?

S'il fallait en croire les maigres débats - imposés par la procédure d'urgence choisie par le gouvernement - cette négation de tous nos principes fondateurs serait nécessaire pour lutter contre le terrorisme.

Mais cette loi ne concerne pas que la lutte antiterroriste, loin de là: elle s'applique à tous les domaines de la vie en société. "Engagements internationaux", "Intérêt public", "Intérêts économiques et scientifiques", voici quelques-uns des motifs pour lesquels vous allez autoriser, sans contrôle, la surveillance de chaque citoyen.

Oh, bien sûr, pendant le débat public on ne vous agitera que la menace terroriste, à l'instar de la fiole censée prouver l'existence d'armes de destruction massives en Irak, on vous répètera l'argument mensonger selon lequel "90% des jihadistes se sont radicalisés sur Internet". Oh, oui, si vous osez vous opposer à ce déni de démocratie, on vous accusera d'être responsables des attentats qui pourraient avoir lieu sans ce texte.

Le même argument vous a déjà été servi pour justifier le récent texte qui permet la censure administrative - sans juge - de n'importe quel site Internet (et dont l'OSCE demande déjà qu'on le reconsidère).

Pourtant, dans cette période où chacun s'interroge sur ce qui nous définit comme une société, c'est justement le moment de vous souvenir des principes qui ont fondé ce pays.

Mais, dans ce moment où le terrorisme n'a de cesse que de voir disparaître toute pratique démocratique, c'est justement l'instant où vous devez vous lever pour défendre les droits fondamentaux et pour rejeter les arguments démagogiques.

Mesdames, messieurs, s'il vous reste ne serait-ce qu'une once de probité, vous lirez les arguments des opposants à ce texte, sans oeillères et sans calcul politique de bas étage.

Et si vous ne voulez pas être un traître à la république, madame, monsieur, vous vous y opposerez à votre tour.

[Edit au 07/04/2015: depuis que j'ai écris cette lettre, beaucoup d'autres ont pris position contre le projet de loi, notamment le Défenseur des droits (cinglant), Gandi ou Human Right Watch. Évidemment, ça ne changera rien au vote.]

 

 ____________________________________________________________________________________________________________________________

 Voilà la liste des godillots coupables de la commission des lois en plus bien sûr du gouvernement et du vice-chancelier.

 

PRÉSIDENT

M. Jean-Jacques Urvoas

VICE-PRÉSIDENTS

Mme Marie-Françoise Bechtel

M. Jean-Yves Le Bouillonnec

M. Jean-Frédéric Poisson

M. Dominique Raimbourg

SECRÉTAIRES

M. Philippe Gosselin

M. Paul Molac

Mme Elisabeth Pochon

M. Alain Tourret

MEMBRES

 

M. Ibrahim Aboubacar

Mme Nathalie Appéré

M. Christian Assaf

Mme Marie-Françoise Bechtel

M. Luc Belot

M. Erwann Binet

M. Jacques Bompard

M. Gilles Bourdouleix

Mme Marie-George Buffet

M. Dominique Bussereau

Mme Colette Capdevielle

Mme Marie-Anne Chapdelaine

M. Éric Ciotti

M. Jean-Michel Clément

M. Gilbert Collard

M. Sergio Coronado

Mme Pascale Crozon

M. Frédéric Cuvillier

M. Carlos Da Silva

M. Marc-Philippe Daubresse

M. Jean-Pierre Decool

M. Sébastien Denaja

Mme Françoise Descamps-Crosnier

M. Patrick Devedjian

M. Marc Dolez

M. René Dosière

M. Philippe Doucet

Mme Laurence Dumont

M. Olivier Dussopt

M. Georges Fenech

M. Hugues Fourage

M. Guillaume Garot

M. Guy Geoffroy

M. Bernard Gérard

M. Daniel Gibbes

M. Yves Goasdoué

M. Philippe Gosselin

M. Philippe Goujon

Mme Françoise Guégot

M. Philippe Houillon

M. Sébastien Huyghe

Mme Marietta Karamanli

Mme Nathalie Kosciusko-Morizet

M. Guillaume Larrivé

M. Jean-Yves Le Bouillonnec

Mme Anne-Yvonne Le Dain

M. Olivier Marleix

Mme Sandrine Mazetier

M. Patrick Mennucci

M. Philippe Meunier

M. Paul Molac

M. Pierre Morel-A-L'Huissier

M. Hervé Morin

M. Jacques Pélissard

M. Edouard Philippe

M. Sébastien Pietrasanta

Mme Elisabeth Pochon

M. Jean-Frédéric Poisson

M. Pascal Popelin

M. Dominique Raimbourg

M. Bernard Roman

M. Roger-Gérard Schwartzenberg

M. Alain Tourret

Mme Cécile Untermaier

M. Jean-Jacques Urvoas

M. Daniel Vaillant

M. Jacques Valax

M. François Vannson

M. François-Xavier Villain

M. Jean-Luc Warsmann

Mme Paola Zanetti

Mme Marie-Jo Zimmermann

M. Michel Zumkeller

 

______________________________________________________________________________________________________________________________

 

Sans vouloir défendre l'action violente, il n'y a en effet qu'une mobilisation massive des citoyens qui pourraient changer la donne : désobéissance civile, grêve générale

04/04/2015, 07:35 | Par Laurent Chemla en réponse au commentaire de seth le 03/04/2015 à 23:19
Plus efficace - en tous cas plus actif - que la pétition: utiliser le site http://sous-surveillance.fr/#/   pour appeler votre député: c'est gratuit et ça marche pour de vrai (c'est de cette façon qu'on a pu faire echec à ACTA, souvenez-vous).

 

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