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18 avril 2015

L’Iran : Allié ou Partenaire de la Russie ?

 

L’Iran : Allié ou Partenaire de la Russie ?

Texte extrait d’un article d’Andreï Polounine, publié le 15 avril 2015 sur le site du journal Svobodnaia Pressa. Y sont examinés le contexte dans lequel a été promulgué par le Président Poutine l’Oukaze autorisant l’envoi de S-300 en Iran, diverses réactions plutôt formelles à cette décision, et l’influence que celle-ci pourrait avoir sur les relations entre la Russie et l’Iran. C’est ce dernier élément que nous avons retenu dans le texte ci-dessous.

Quel est le fondement de la décision de Poutine ? Dans quelle mesure celle-ci influencera-t-elle les positions de l’Iran et de la Russie dans le monde ?

En prenant la décision de livrer les C-300, nous espérons lever les tensions dans les relations avec l’Iran, estime Semion Bagdassarov, directeur du Centre d’Études des Pays du Proche Orient et d’Asie Centrale. Bien sûr, Téhéran fut extrêmement déçu de ce qu’en 2010 la Russie n’exécuta pas les termes du contrat qui avait été signé. Aujourd’hui, nous rectifions cette situation. Moscou a en vue la normalisation des relations : Téhéran nous doit quelques milliards de dollars pour la construction de la centrale de Boukher, et nous espérons qu’avec le règlement de la question de l’envoi des S-300, l’Iran nous paiera cette somme. Il existe également un créneau que Moscou souhaite occuper, dans la coopération militaro-technique avec l’Iran. Finalement, il est possible que nous parvenions à coordonner avec l’Iran l’envoi de gaz et de pétrole sur le marché européen. (…)

Parviendrons-nous à établir un partenariat stratégique avec l’Iran ?

Avant de répondre, examinons quelques chiffres. En 2014, la valeur de nos échanges commerciaux avec l’Iran s’élevaient à un peu plus d’un milliard de dollars, les échanges de l’Allemagne avec l’Iran, à 3 milliards de dollars, et ceux de la Chine, à 50 milliards. Jugez-en par vous-même ; sommes-nous en mesure de concourir d’égal à égal avec les grands acteurs en matière d’influence sur l’Iran ? Et il existe aussi un autre élément : en Iran, un segment de la population, constitué essentiellement de technocrates, considère qu’il est notablement plus avantageux de collaborer avec l’Occident, et en particulier, les États-Unis, qu’avec la Russie.
Il ne sert à rien de garder la tête dans les nuages. L’Iran est un État qui représente déjà une grande puissance régionale, et qui s’efforce de devenir une grande puissance mondiale. Les Iraniens ont réussi le tour de force de moderniser leur industrie, alors qu’ils vivaient sous le régime des sanctions, et si ces dernières viennent à être levées, le processus de développement s’accélérera.
Il suffit de dire que l’Iran dépense chaque année 4% de son PIB dans le domaine scientifique, que plus du tiers de sa population de 80 millions de personnes est constitué de jeunes citoyens de moins de 25 ans et qu’en cas de guerre, les ressources humaines mobilisables s’élèvent à 20 millions de personnes. De plus, l’Iran est animé par une idéologie puissante qui rassemble autour d’elle les chiites, au-delà des spécificités des différentes sous-confessions. Il ne faut donc évidemment pas s’attendre à ce que l’Iran lie avec la Russie des liens d’amitié au mépris des intérêts propres aux Iraniens. J’ajoute que l’on trouve en Iran de plus en plus de politiciens, dont des parlementaires qui évoquent la nécessité de dénoncer les termes du Traité de Paix de Golestan (signé en 1813 entre les Empires de Russie et de Perse, à l’issue de la guerre russo-perse des années 1804-1813.) Cela signifie que les Iraniens feraient état de prétentions sur le Caucase Sud. Je rappelle que selon les termes du traité précité, la Perse reconnaissait le transfert en Russie du Dagestant, de Kartli, de Kakheti, de Megreli, d’Imereti, de Gouri, de l’Abkhazie et d’une partie de l’actuel Azerbaïdjan. La première région mentionnée dans le Traité de Paix de Golestan est bien le Dagestan, même si du point de vue formel, il ne faisait pas partie de la Perse, l’influence de celle-ci y était largement prépondérante. Vous pouvez tirer directement les conclusions de cet aspect de la situation.
J’éprouve un grand respect pour l’Iran. C’est un grand pays doté d’une histoire prestigieuse. Mais il s’agit aussi d’une puissance renaissante, et elle a ses propres intérêts.

La limitation de la collaboration avec l’Iran aux domaines militaire et technique, introduite en 2010 par le Président Medvedev s’est avérée très contre-productive, estime le directeur du Centre de Conjonctures Stratégiques Ivan Konovalov. Aujourd’hui, le moment est venu de rectifier cette erreur. L’Occident a imposé des sanctions à la Russie et l’a repoussée vers l’Orient. Maintenant, la Chine est devenue un de nos principaux partenaires stratégiques, même si, je le souligne, la Chine n’est pas notre alliée. Le pays suivant, sur la liste des partenaires qui ne sont pas des alliés, pourrait être l’Iran.
Jamais les Iraniens, ni les Chinois, ne s’enfermeront dans des alliances avec qui que ce soit ; ils préfèrent compter sur eux-mêmes. Ce principe n’exclut toutefois pas le partenariat. Et objectivement, Téhéran a besoin de Moscou.
Un des problèmes-clé de l’Iran est aujourd’hui de rééquiper son armée. Sous le régime des sanctions, les Iraniens ont tenté de moderniser les armes dont ils disposaient, de «cloner» des modèles étrangers, dont les soviétiques. Mais cela s’est avéré très insuffisant, et la demande de l’Iran en matière d’armements contemporains est gigantesque. L’Occident n’est pas disposé à fournir de l’armement à l’Iran, même après le retrait des sanctions. De l’armement, l’Iran peut en acheter sans aucun problème à Pékin, mais la qualité Chinoise ne fait pas l’affaire des Iraniens. Il en ressort que le meilleur partenaire dans la sphère de la collaboration militaro-technique, c’est la Russie. Si les éléments négatifs parviennent à être surmontés avec l’envoi des S-300, l’Iran peut nous commander une large gamme d’armements. Téhéran a en outre l’intention d’augmenter son potentiel en produisant de l’armement, et dès lors, cela représente aussi une occasion pour la Russie de décrocher des contrats forts avantageux.
Source.

Crédit photo : MIGnews.com

http://www.russiesujetgeopolitique.ru/liran-allie-ou-partenaire-de-la-russie/
http://reseauinternational.net/liran-allie-ou-partenaire-de-la-russie/

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