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25 juin 2015

Confiance, pouvoir, mensonge et crime (la construction de l'économie occidentale -49è séminaire Franco-Russe àParis)

Présentation d’Hélène Clément-Pitiot (CEMI-EHESS) à la 49ème sessions du séminaire Franco-Russe (Paris)

 

Le raisonnement à partir de l’approche des conventions en économie, peut se faire sur un exemple très parlant : les fuites de capitaux en Russie[1], qui constituent une «tarte à la crème médiatique» qui a la vie dure. En décembre 2014, l’argument a été un instrument de la violence et de la guerre économique en quête d’effet d’auto-validation[2]. Cet épisode a montré que l’interprétation dissonante de la réalité est utilisée via des effets de communication et des rumeurs pour tenter de modifier la réalité économique. Des acteurs extérieurs mais aussi intérieurs[3] ont tenté, d’une certaine manière, de «sculpter la réalité à leur guise» et selon l’orientation géopolitique à laquelle ils voulaient faire allégeance.

Le déclenchement de la panique monétaire sur le rouble devait sonner le glas de l’économie russe et faire se soulever la société russe pour assurer un changement de régime en Russie et installer des autorités plus perméables à la gouvernance mondiale. Une démonstration en deux dimensions (militaire et économique) que la Russie contemporaine, n’a plus rien à voir avec le pays de la fin des années 90 qui subissait spoliations et crises et assistait sans réaction au bombardement des populations chrétiennes serbes par l’OTAN. Le caractère litigieux de la campagne de presse qui a permis cette attaque a, ex-post, été bien documenté. Les affirmations diffusées par les média qui influencent les mentalités sont utilisées comme instruments géopolitiques, un instrument de guerre de communication.

L’Occident subit les retombées à répétition de la crise de 2008 et de sa gestion particulière qui n’a pas permis réellement d’affronter les problèmes financiers en cause ; les pays s’enlisent dans l’austérité au détriment des populations. Seules des sanctions[4] ou des conflits militaires maintenus de ci de là, permettent de limiter les expansions économiques que les puissances du G7 jugent comme trop concurrentes[5].

Le partenariat eurasiatique qui s’affirme comme un puissant lien avec l’Asie (Route de la soie (fonds) et Banque Asiatique de Développement) décrédibilise les postures du Partenariat Oriental de la Commission Européenne (POCE) qui a longtemps cherché à dénigrer économiquement et politiquement le sujet. Finalement c’est la perspective de l’efficacité de la coopération économique promue par le POCE qui s’est perdue dans ce manque de discernement et dans les paris hasardeux qui en ont découlé (événement d’Ukraine de 2013-14[6]). L’article d’ Edith Lhormel[7] dans Page Europe fait admirablement le point sur le sujet, suite aux déconvenues du congrès de Riga.

 

A qui profite l’inertie?

L’inertie du développement des économies réelles rend compte des orientations structurelles qui ont eu lieu depuis plusieurs décennies pour servir une cause : la transition du système économique vers un modèle socio- économique financiarisé à l’extrême. Ce système en recyclant les dettes dans les marchés financiers anglo-saxons permet de faire perdurer l’hégémonie du système de l’étalon dollar mis en place en 1971. Il rend possible l’endettement sans fin de l’économie des Etats-Unis et ses capacités de disciplines vis-à-vis du reste du monde (ingérences politiques et économiques). La crise économique de 2008 et les menaces de nouvelles secousses mettent en danger cette infrastructure[8] mondiale et sa légitimité en rendant plus incertain son affermissement (via les négociation des traités de libre échange : Trinity Trade Treaties).

La légitimité de la stratégie qui commande cette mise en forme est le fruit d’une construction, assise sur des conventions au coeur des mentalités des acteurs économiques. Des expressions en rendent compte de façon caricaturale:

  • Qui peut mieux que le marché?;
  • Il n’y a de finance qu’anglo-saxonne;
  • L’austérité économique est une nécessité pour assurer l’efficacité des économies
  • La flexibilité du travail sert la compétitivité et la croissance économique.

La crise a fait vaciller cette certitude pour de plus en plus de gens. La croyance quasi religieuse mais déterministe qui a permis de façonner ainsi les esprits, fut le fruit d’un travail de longue haleine : un lobbying théorique et pratique à tous les niveaux des instances académiques et gouvernementales pour assurer les déréglementations de l’économie. Comme ce postulat est mis en question par la crise, il s’agit maintenant de l’asseoir à nouveau, avec détermination et force si besoin est. Le temps compte car la fragilité s’amplifie…donc les méthodes se passent maintenant de plus en plus, d’élégance et de discrétion… On cache et on force ouvertement. Pour un discours qui se drapait de posture «droit de l’hommiste» libératrice, le paradoxe est certain et s’affiche.

Le discours de la transparence a cédé le pas à la poursuite de négociations à huis clos (discussion sur le TIPP entre USA et UE))[9]… Avec un discours paradoxal qui aboutit à prôner la concurrence mais en secret ! Il s’agit là d’une interprétation très particulière des travaux de Léon Walras. En son temps, M. Felstein[10] (1997) avait alerté les économistes sur les risques de dérives institutionnelles de ce type au sein des instances européennes. Il voyait s’avancer l’argumentation sur l’exceptionnalisme des experts qui servait à justifier que les institutions devaient se substituer légitimement à l’ignorance des peuples pour leurs propres bien. Il concluait en disant : «que seul le temps dirait si la création d’un tel pouvoir global (Europe) aurait une influence stabilisatrice ou destabilisatrice sur la paix mondiale.»

Cette stratégie a avancé cachée pendant longtemps… Tout le monde a cru que la fédéralisation et la redistribution nécessaire découleraient de la monnaie unique. La crise économique de 2008 a accouché,- et c’est ce qui fait maintenant évidence-, d’un système financier qui ne veut pas reconnaître ses dysfonctionnements et ne veut pas assumer ses prises de risque hasardeuses et irresponsables. Sa fonction est maintenant celle d’assurer un enrichissement sélectif à travers des bulles financières. Une redistribution des ressources (liquidités et droit sur le travail rendu de plus en plus bon marché) et des richesses est le mécanisme dynamique qui se substitue au développement économique dans les pays occidentaux soumis à la financiarisation de leur économie. De tels mécanismes de redistribution, à une telle échelle, ne sont possibles en temps de paix, que dans environnement de «hasard moral» généralisé. Ce «hasard moral» se nourrit du fait que c’est le contribuable et les classes moyennes qui payent l’addition pour les créanciers. Les créanciers n’ont plus à assurer leur risque de mauvaises prévisions… Gouvernements et institutions intercèdent avec force pour soutenir cette position. En substituant les dettes publiques aux dettes privées des instances financières, a été instauré le retour à une dette, créance sur la vie[11] à la charge de la population. C’est ainsi qu’en Grèce, des gens meurent[12] alors qu’on fustige le gouvernement d’Alexis Tsipras d’y prêter attention et de trop le montrer. De ce panorama émerge ce que des observateurs appellent une oligarchie financière, étroite, imbriquée, bien reliée et ainsi très concentrée .

 

La banalisation du mensonge et des crimes

 

«La banalisation du mal»[13] est toujours passé par la banalisation du mensonge et des crimes que le mensonge laisse perpétrer : transformation de la mémoire, haine organisée, propagande de guerre ou plus couramment, propagande au quotidien. Un principe d’acceptation sociale du mal en découle qui se plaît à prendre de-ci delà des boucs émissaires[14] pour calmer les peurs et les mauvaises consciences. A l’ombre de la financiarisation, l’arme du mensonge et ses crimes devenus ordinaires se répandent. A chaque cran supplémentaire dans le «hasard moral», l’éthique se dilue ; elle perd son statut de valeur humaine et devient un signe de faiblesse et d’impotence.

Dans le trading à haute fréquence (THF): l’extrême rapidité des techniques informatiques et des communications (TIC) multiplient la possibilité des ordres… Le THF sert à faire croire, à fabriquer l’illusion et à mentir : Passer des milliers d’ordres et en supprimer aussi par milliers pour brouiller et cacher vis à vis des concurrents, mais aussi vis-à-vis du régulateurs (vu comme l’ennemi numéro un) dont la capacité d’agir est déjà grandement amoindrie. L’asymétrie de la menace caractérise cet environnement radicalement incertain, d’une part un risque incommensurable de déstabilisation globale[15] et d’autre part, un risque quasi nul de conséquence pour l’institution incitatrice et ses icônes : TBTF (Too Big To Fail) et pour ces individus, TBTJ (Too Big To Jail).

Lorsque les fraudes sont trop visibles et pour éviter aux protagonistes des poursuites juridiques et leurs conséquences (réputations, prisons), les instances américaines ont recours à des pénalités (amendes), qui atteignent souvent des montants conséquents de plusieurs milliards d’Euros qui sont collecter par l’Etat américains.

Cette pratique très courante peut s’interpréter comme un impôt d’état sur le crime financier organisé. Les banques compromises payent l’impôt pour que puisse continuer la pratique du crime avec ses manipulations des cours des titres, du LIBOR, des changes, de l’or ; les exemples sont pléthoriques.

Du fait de la généralisation des pratiques dont on ne peut mêmes plus parler qu’elles sont à la marge de la légalité (THF) et hormis les entorses à la fidélité de clan, l’impunité devient la règle[16]. Les délits d’initiés deviennent aussi des pratiques de plus en plus difficilement punissables… Même les plus importants personnages en charge des responsabilités monétaires majeures finissent par ne plus y prendre garde : Benoît Coeuré[17] révéla «par inadvertance» à un parterre de financiers de puissants Hedge Funds dans uns soirée privée où il était invité à NY que le QE européen allait être renforcé. Cette révélation s’effectua juste avant l’annonce officielle de l’élargissement du QE européen de mai… Avec le décalage horaire, il n’avait pas vu que l’information n’avait pas encore circulé! Il va de soi qu’un membre du Directoire de la BCE est d’une stature trop importante pour avoir à se contraindre et prendre garde au délit d’initié. Pourtant de telles contraintes devaient prévenir des entraves de base à la concurrence, clef du fonctionnement des principes libéraux dont il est le premier à se réclamer… Ces manquements sont si banals pour que personne n’aient crainte d’encourir un risque professionnel. Encore une fois le hasard moral est au rendez-vous.

L’histoire de la BCCI (Banque de Commerce et de Crédit internationale) largement documentée par des spécialistes de criminologie comme Jean-François Gayraut[18], fournit un exemple de l’imbrication possible des fraudes et des blanchiments au sein d’une banque avec tous les niveaux du crime organisé…Les derniers scandales (peut-on même parler ainsi de «scandales» quand des épisodes comparables sont si courants dans la presse, qu’ils ne donnent plus lieu à attention particulière) en particulier la manipulation du LIBOR par une série de banques de premiers plan comme encore aussi les épisodes récents chez Deutche Bank, laissent supposer que de nos jours l’ampleur des manquements pourrait être grandement multipliée : blanchiment[19], perte de contrôle sur des sommes astronomiques de dérivés, dont les fameux CDS qui porterait le risque grec… Sur des marchés dans les sommes se mesurent en quatrillions de dollars (15 zéros, soit plus de 23 fois le produit mondial annuel cf. note supra), imagine-t-on la déstabilisation?

 

Régime de vérité et pouvoir : les conventions comme infrastructure

Les déterminants des mécanismes qui motivent et expliquent le fonctionnement des conventions ont déjà été mis en avant dans les travaux philosophiques de Michel Foucault : « L’enjeu de tout mon travail est de montrer comment le couplage entre une série de pratiques et un régime de vérité forme un dispositif de savoir-pouvoir » (Naissance de la biopolitique, cours 1978-9, Gallimard-Seuil, p. 22).

Les régimes de vérité[20] sont dépendants des contextes historiques et géographiques et M.ichel Foucault l’a bien précisé. Le propre des régimes de vérité c’est de ne pas concevoir d’alternatives et de limiter, voire d’interdire la production de savoirs différents comme de regards différents sur la réalité… La vérité affichée est pouvoir.

On peut ainsi souligner que le régime de vérité européenne officielle est le TINA. Il n’est pas surprenant que les responsables de la gouvernance s’y arc-boutent avec détermination, sans égards pour les entraves à la démocratie que ces affirmations imposent. Les régimes de vérité représentent des mécanismes de subjectivation et d’assujettissement qui imbriquent des rapports de communication[21] avec les technologies appropriées au moment. La construction de la vérité est aussi un attribut du pouvoir ; les moyens requis sont multiples et varient dans le temps en fonction des contextes et de l’urgence : quand l’instrument de la communication ne suffit plus, la violence psychologique ou physique peut prendre le dessus. Persuasion mentale, sociale, éducative permettent un formatage professionnel mieux adapté. L’approche de la justification, proposée par Luc Boltansky et Laurent Thévenot[22], permet elle, un examen des régimes de vérité et une première étape de caractérisation. Ces travaux de de socio-économie ont rendu disponible une «grammaire» intelligible qui va permettre l’analyse des régimes de vérité contextuellement situés ainsi que leur processus d’évolution dynamique : affermissement, polarisation, rupture des compromis et crise[23]. C’est le mécanisme conventionnel qui permet à Michel Foucault de penser l’imbrication entre savoir et pouvoir (régime de vérité / de justification au sens élargie)[24].

Dans un contexte donné, le régime de vérité est imbriqué avec l’exercice du pouvoir et la mise en place de stratégies spécifiques. Les conventions en tant qu’infrastructures d’un régime de vérité, visent à promouvoir une vérité qui peut/va se décaler du réel. Dans le domaine économique les conventions de nature économiques ou financières sont conçues pour favoriser des mécanismes d’auto-validation et faire advenir la vérité recherchée[25]. La diffusion d’informations convergentes, d’avis «savamment éclairés» dans les lieux clefs (universités, écoles, agences de notation, instances de la gouvernance, et du conseils, media) crée des mécanismes de renforcement par effet de nombre. L’adhésion procède des dynamiques d’effets de seuil qui renforcent la convergence des avis (B. Arthur). On passe de l’interprétation fondée sur une illusion, en l’occurrence un raisonnement économique privé de référence au cadre réel mais qui va privilégier l’approche normative. Des hypothèses non respectées relatives à des modèles de raisonnement économique qui devraient infirmer la logique sont sciemment négligées parce que la justification s’élabore dans une réalité virtuelle. Cette réalité virtuelle qui devient le cadre du raisonnement, sert à bâtir des normes, des savoirs-faire, des savoirs-dire et des savoirs-évaluer qui façonnent de plus en plus les accords institutionnels (instances de la gouvernance, milieu académique, business). Des règles souhaitées donnent l’architecture du réel «à penser» en dépit du réel vrai.

Dans ce cadre, ce qui est vrai devient faux et ce qui est faux devient vrai… Une juxtaposition orwellienne[26] des réalités se met en place. Des erreurs peuvent être prises en considération pour constituer des évaluations pertinentes et orienter des stratégies comme aussi des politiques économiques (thérapie de choc en Russie, austérité en Europe et en Grèce en particulier). Des exemples caricaturaux peuvent être mis en avant :

-Les agences de notations notaient AAA les titres subprimes quelques jours encore avant les paniques de 2008.

-L’économie ukrainienne malgré plus de 23 ans d’enlisement structurel fut toujours jugée à fort potentiel de façon à inciter les investisseurs occidentaux à y faire du business. Les experts devaient se conformer à une forme de «bienséance» en concluant que les opportunités y étaient toujours plus sérieuses que dans d’autres pays comme le Bélarus et même la Russie[27]. Même si ces différentes réalités ont pu être infirmées, les croyances persistent, les agences et les experts continuent leur travail sur les mêmes modes, sans aucune remise en cause véritable, avec les mêmes mécanismes d’évaluation, dans l’indifférence voire le déni du réel… Le virtuel constitue le «vrai» en potentiel et ainsi a force pour rendre rationnel le déni du réel. Le résultat est que l’économie n’apprend plus du réel, sa vocation est autre : servir le pouvoir pour changer le réel.

 

 

*

[1] Cf. H. Clément-Pitiot, Fuites de capitaux en Russie, au-delà des conventions, CEMI-EHESS, Juin 2013, et Les “fuites” de capitaux en Russie au-delà des conventions comptables, sept 2013

blog RussEurope de Jacques Sapir http://russeurope.hypotheses.org/1534 forthcomming in RECEO 2015.

 

On peut se poser la question suivante pour comprendre la réflexion de base :

Pourquoi quand Onexim achète un joueur pour les Nets, c’est une fuite de capitaux de la Russie et quand le Quatar achète un jouer pour le Paris Saint Germain, c’est un investissement ? Un double standard paradoxal ? J’espère que cette remarque ne me mettra pas au danger d’un procès dans mon pays ? (cf. Cf. E. Levy , Qatar : avoir raison avec Phillippot. L’émirat aura-t-il la peau de l’esprit Charlie?, 8 juin 2015, Causeur

http://www.causeur.fr/philippot-fn-qatar-hidalgo-mignard-33192.html?mc_cid=6eeacb66b2&mc_eid=d6c00f03b4

[2] J’ai eu l’occasion de voir comment la panique avait été distillée auprès des acteurs économiques par les média occidentaux, relayés par expatriés des entreprises occidentales en Russie, dont l’information économique avait aussi été biaisée pour générer une rumeur. Une rumeur irrationnelle, que le rouble serait à 200 roubles pour un Euro en janvier. Aucun raisonnement économique ne permettait de rassurer les gens pris dans cette panique et cette croyance. Je n’ai pu alors que dire : «voyons dans un mois !», tout économiste que ne s’engouffrait pas dans la rumeur passait pour incompétent.

[3] Il semble qu’un contrôle spécifique au sein des établissements financiers les plus importants ait pris acte du mécanisme pervers.

[4] L’effet des sanctions sur la Russie est un argument majeur pour chercher à ralentir la croissance du pays et la montée du niveau de vie de sa classe moyenne. A l’heure ou la classe moyenne occidentale subit les pressions de la crise la plus dure et s’enlise en partir dans la pauvreté, briser cette concurrence est une clef pour la stabilité sociale et s’ajoute aux considérations économiques.

[5] Les sanctions russes permettent de modérer la croissance du pays et de la zone eurasiatique…là ou des dynamiques de 4-5 % annuel devait potentiellement avoir cours, les sanctions permettent de limiter le trend. Quand son propre redémarrage est contraint par des choix dans la répartition des revenus, réduire la progression économique des concurrents est une stratégie possible… mais de court terme. En effet si elle dope la nécessité de restructuration et d’adaptation le remède peut se révéler plus néfaste que le mal.

[6] L’Ukraine ne semblait une économie plus performante que le Bélarus qu’en triturant les prévisions sans ensuite les valider… Là encore l’économie et ses expertises étaient l’otage d’un discours de communication qui se pensait d’une efficacité stratégique, avec recherche d’auto-validation.

[7] Édith Lhomel, La Politique européenne de voisinage en débat du Sud à l’Est, Lettre n° 139, 27 mai 2015 , Page Europe, la documentation française, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/pages-europe/d000779-la-politique-europeenne-de-voisinage-en-debat-du-sud-a-l-est-par-edith-lhomel

[8] Hélène Clément-Pitiot, chapitre Eurasie, ouvrage de Deny Pluvinage ed, les Syrtes 2015 à paraître.

[9] Les indiscrétions des lanceurs d’alerte, nouveaux résistants, permettent d’en savoir plus (cf. J. Assange pour Wikileaks)

[10] H. Clément-Pitiot, “Just to remember!”avril 2014 http://viableco.hypotheses.org/269 articulé autour de l’article devenu tant d’actualité de Martin Feldstein (1997) “The Political Economy of the European Economic and Monetary Union: Political Sources of an Economic Liability.” Journal of Economic Perspectives, 11(4): 23-42

http://people.ds.cam.ac.uk/mb65/library/feldstein-1997.pdf

«It is impossible to know why politicians are disregarding the popular sentiment. They may feel that EMU is really in the public’s best interest, but that the issues are too complex for the public to understand. Alternatively, they may believe that public opposition is excessively influenced by the temporary increase in unemployment that has resulted from pursuing the convergence criteria that are required for admission to EMU. More generally, they may believe that although the current generation will be hurt byjoining the EMU, the gains to future generations outweigh the losses to the current generation. Or they may be influenced by the way that the decision about EMU will affect themselves personally.»p. 31

[11] Le marché de Faust «The Faustian Bargain» comme le définit Jeff Thomas

http://www.internationalman.com/articles/the-new-world-order-a-faustian-bargain

«Faustian bargain: An agreement in which a person abandons his or her spiritual values or moral principles in order to obtain wealth or other benefits. A deal with the devil».

[12] comme le dénonce l’ouvrage de D. Stuckler et alii (2013) The Body Economics.

[13] Selon l’expression de H. Arendt dans Les Origines du totalitarisme (1958) éd. 2002 trad. française, Calmann-Lévy

[14] L’analyse de Renée Girard pet aussi être mobilisée.

[15] «Deutsche Bank’s derivatives position is truly enormous. It was recently estimated to be around $54 trillion. Germany’s GDP, the fourth largest in the world, was a mere $3.64 trillion in 2015. Were Deutsche Bank caught off-side in its derivatives positions there is not a government or institution on earth that could bail it out and it could lead to contagion in the German financial system and indeed in the global financial system. The contagion from such an event would be devastating. It is for this reason that Warren Buffet described derivatives as WMD or “financial weapons of mass destruction.”(…) The global derivatives market is highly complex, totally unregulated and frighteningly large. One of the world’s leading derivatives experts, Paul Wilmott, who holds a doctorate in applied mathematics from Oxford University, has warned that the so-called notional value of the worldwide derivatives market is over $1.4 quadrillion.

A quadrillion is an incomprehensibly massive figure: it is 1,000 times a trillion or 1 with 12 zeros. A trillion is 1,000,000,000,000 and a quadrillion has 15 zeros – 1,000,000,000,000,000.  The annual gross domestic product of the entire planet is between $50 trillion and $60 trillion. Thus, the derivatives markets notional value is more than 23 times the size of the value of all of the goods and services traded in global economy in one full year.» Mark O’Byrne , Deutsche Bank CEOs “Shown Door” – World’s Largest Holder of Derivatives In Trouble?, Goldcore. http://www.goldcore.com/us/gold-blog/deutsche-bank-ceos-shown-door-worlds-largest-holder-of-derivatives-in-trouble/

[16] Jean François Gayraud (2014), le nouveau capitalisme criminel, Odile Jacob.

[17] (2) dans la Tribune Romaric Godin s’en alarme : “Benoît Coeuré aurait, suite à une “erreur de procédure”, divulgué des informations sensibles à certains hedge funds. La BCE a alors décidé de supprimer l’envoi des discours à la presse sous embargo. Une preuve de plus de l’irresponsabilité juridique de l’institution“. http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-bce-commet-une-faute-et-sanctionne-la-presse-477825.html#xtor=EPR-2-[l-actu-du-jour]-20150521

  1. H. Clément-Pitiot, Crime sans châtiment, http://viableco.hypotheses.org/972

[18] largement documenté dans l’ouvrage de JF Gayraud, op cit p. 109-135

[19] En octobre 2015 la Banque de Russie qui a demandé à Deutsche Bank de se pencher sur les transactions depuis 2011 de ses clients russes sur les marchés d’actions. Une vague de licenciements s’est rapidement diffusée dans l’institution, des traders en Russie mais aussi jusqu’au niveau le plus élevé de la banque (les CEO Anshu Jain et Juergan Fitschen).

  1. La Tribune, «Deutsche Bank enquête sur un blanchiment de 6 milliards de dollars par des clients russes», 5 juin 2015. http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/deutsche-bank-enquete-sur-un-blanchiment-de-6-milliards-de-dollars-par-des-clients-russes-481859.html#xtor=EPR-2- Mark O’Byrne , Deutsche Bank CEOs “Shown Door” – World’s Largest Holder of Derivatives In Trouble?, Goldcore. http://www.goldcore.com/us/gold-blog/deutsche-bank-ceos-shown-door-worlds-largest-holder-of-derivatives-in-trouble/

[20] Autant de dispositifs de pouvoir et de savoir, autant de « régimes de vérité », et vice versa (cf. Entretien avec Michel Foucault.1977, p.160 in Dits et écrits, 1954–1988. Paris: Gallimard, Vol. 3, 1994

[21] La communication s’inscrit au coeur des rapports de pouvoir suivant des modalités propre à chaque contexte.

[22] Luc Boltansky, Laurent Thevenot (1991), De la justification. Les économies de la grandeur, Collection NRF Essais, Gallimard.

[23] Cf. Thèse «Stratégie publique et compétitivité bancaire en France, 1990, thèse pour le doctorat de Science économique Paris X Nanterre.

[24] le « Savoir se réfère à toutes les procédures et à tous les effets de connaissance qui sont acceptables à un moment donné et dans un domaine défini» tandis que pouvoir « ne fait rien d’autre que recouvrir toute une série de mécanismes particuliers, définissables et définis, qui semblent susceptibles d’induire des comportements ou des discours» (Michel Foucault (1978) «Qu’est-ce que la critique? », Bulletin de la société française de philosophie, 84 (2) : 35-63.p.49). Citer dans le blog http://lafrancebyzantine.blogspot.fr/2013/08/michel-foucault-penseur-belge.html

[25] A l’époque des écrits de Foucault, la question des systèmes monétaires et financiers débridés n’était pas au premier plan de son analyse tout simplement parce qu’elle ne se posait moins dans un cadre ou les institutions et les réglementations gardaient la mémoire de la crise de 1929. L’époque était celle d’un univers légitimement cadré et régulé donc l’objectif originel était d’assurer un fonctionnement nécessaire (financement de l’économie et reconstruction) et un accord implicite sur l’assurance de la stabilité du système pour éviter des crises financières et économiques. Ce besoin d’assurance ancrée dans les mentalités, au moins pour un temps certain, bridait les effets de l’aléa de moralité (hasard moral) et les tentations d’imbrications mafieuses.

[26] qui n’est pas sans évoquer la caricature qu’en donne 1984 la nouvelle de science fiction de G. Orwell.

[27] L’agenda de l’OTAN servait-il d’assurance à la profitabilité escomptée en dépit de toutes les réalités. «Too stratégic to default»? C’est bien le sens de l’aide permanente des instances occicentales.

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