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26 juin 2015

Entretien avec Pierre HILLARD sur l'actualité internationale- 26 juin 2015

 

 Sur QUENEL+

Quenel+ s’entretient avec Pierre Hillard sur l’actualité internationale

Le docteur Pierre Hillard a accepté de répondre aux questions de la rédaction de Quenel+ sur l’actualité internationale.

Quenel+ s’entretient avec Pierre Hillard sur l’actualité internationale Dessin : Bernamej

Quenel + — Bonjour, Pierre Hillard ! Nous vous remercions d’avoir accepté cet entretien pour Quenel+. Pour les lecteurs qui ne vous connaîtraient pas, pourriez-vous vous présenter ?

Pierre Hillard — J’ai fait des études d’histoire et de science politique. J’ai terminé par un doctorat. Je donne des cours de géopolitique dans l’enseignement post bac.

Les théâtres de guerre se multiplient au Moyen-Orient : Syrie, Irak, Yémen, Liban, Arabie saoudite, etc. Pouvez-vous récapituler le projet de redécoupage de cette région du monde dont vous avez démontré l’existence dans vos livres ?

Il faut d’abord rappeler les étapes-clés ayant conduit à la situation actuelle. Sur une période d’un siècle, il faut énumérer les points suivants. On peut évoquer les « Accords Sykes-Picot » de 1916 signés entre Français et Anglais qui se répartissent les territoires de l’Empire ottoman. À l’origine avantageux pour la France, qui s’arroge une partie des zones pétrolières (voir carte 1), l’Angleterre procède à des rectificatifs frontaliers qui lui donnent la totalité des territoires riches en hydrocarbures (Kirkouk et Mossoul). La « Déclaration Balfour » de 1917, qui devrait s’appeler « Déclaration Milner » selon l’universitaire américain Carroll Quigley (Alfred Milner, membre de l’élite britannique), reconnaît l’existence d’un foyer juif en Palestine avec l’assentiment du gouvernement anglais. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et des accords en février 1945 entre le président Roosevelt et Ibn Saoud, les États-Unis imposent leur autorité au Proche-Orient. L’ensemble est renforcé par la création de l’État d’Israël en 1948.

Depuis cette époque, c’est une opposition complète entre l’État hébreu et le monde musulman. En dehors de quelques moments de répits, comme les accords de Camp David en 1978 entre l’Égyptien Sadate et l’Israélien Begin, la région est un véritable chaudron.

Il existe un courant au sein de l’État hébreu qui prône l’instauration du « Grand Israël » du Nil à l’Euphrate comme le souhaitaient le fondateur du sionisme, Theodor Herzl, et le rabbin Fischmann (voir carte 2). Cela a été prouvé par le président de la ligue israélienne des droits de l’Homme, Israël Shahak (1933-2001). Ce dernier a présenté en 1982 la traduction de l’hébreu en anglais d’un article d’Oded Yinon paru dans la revue sioniste Kivunim. Outre la présentation de la carte du « Grand Israël », chère à Herzl, cet article prône la dislocation des États musulmans (Irak, Syrie…) en une multitude de petits États en fonction de critères ethniques et religieux. Cet article est d’une brûlante actualité en 2015 car il correspond à tout ce qui se passe dans cette partie du monde, où le principe du « Choc des civilisations » fonctionne à plein régime. Rappelons que cette expression n’est pas à l’origine de Samuel Huntington mais de l’islamologue Bernard Lewis, dans son ouvrage Islam, paru en… 1957 !

Enfin, signalons que la revue militaire américaine Armed Forces Journal, en juin 2006 (voir carte 3), et le New York Times du 28 septembre 2013 (voir carte 4) ont présenté des cartes de la péninsule arabique explosée en de nombreux États, avec en bonus, si l’on peut dire, la Libye éclatée en trois entités.

Pour vous, quel rôle joue l’État Islamique dans cette marche irrésistible du Nouvel ordre mondial ?

C’est un outil, véritable idiot-utile mais aussi agent sanguinaire, permettant de fracasser et de nettoyer la région au service d’une cause supérieure : l’oligarchie mondialiste.

Assistons-nous à une confrontation de plus en plus visible de deux axes : l’axe États-Unis/Union européenne/Israël, et de l’autre, l’axe Russie/Chine/Iran ?

Oui, d’une certaine manière, nous assistons à des guerres de clan. Sur le fond, les différents protagonistes poursuivent le même idéal : la gouvernance mondiale. Ils n’arrivent pas à s’entendre sur la répartition des zones d’influence. Dans cette affaire, le monde anglo-saxon en liaison avec une partie de l’oligarchie juive veut tout rafler, et les Russes liés à une autre oligarchie juive (en particulier les loubavitch) s’y opposent.

Le discours de Poutine à Valdaï, en octobre 2014, est révélateur. Comme il le dit : « Quelle pourrait être la base juridique, politique et économique pour un Nouvel ordre mondial qui permettrait la stabilité et la sécurité ? », ajoutant qu’il est acquis à « la création de puissantes organisations régionales » contribuant « à la stabilité de la sécurité, de la politique et de l’économie mondiales ». Poutine précise que le fond du problème réside dans l’incapacité des différents protagonistes à s’entendre sur un mode d’emploi de gestion du monde accepté par tous : « Qu’est-ce que l’avenir nous réserve donc, si nous choisissons de ne pas respecter les règlesmême si elles peuvent être strictes et peu pratiquesmais plutôt de vivre sans règles du tout ? ». Le nœud du problème réside dans ces propos.

Le Parlement européen s’est vu privé de vote sur le traité Transatlantique. Pouvez-vous faire un rappel sur ce traité controversé et où en est-on dans sa phase de réalisation ?

Ce projet de traité Transatlantique, élaboré dès 1939 par Clarence Streit et l’oligarchie anglo-saxonne comme l’a si bien expliqué Carroll Quigley dans Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine (éditions Retour aux sources), a pour objectif de créer un bloc économico-juridique unifié aux normes de Washington. Il s’agit en particulier de permettre aux multinationales d’imposer aux États leurs conditions aux dépens des normes sociales et écologiques. Là aussi, dans cette répartition des tâches, certains éléments coincent, en particulier avec l’Allemagne qui tient à ne pas tout perdre dans cette affaire. Ceci explique les tractations et retards en tout genre.

Précisons que parallèlement à l’instauration d’un marché transatlantique, il s’agit d’imposer une régionalisation complète à l’Europe. Les régions de plus en plus autonomes et dépendantes de Bruxelles seront encore mieux soumises aux caprices des multinationales.

Recevant la plus haute distinction en faveur de la construction européenne en 2000, le « prix Charlemagne », le président Bill Clinton a encouragé le principe de régionalisation du vieux continent. Ce n’est pas l’effet du hasard.

La Grèce est au bord du défaut de paiement. Récemment, le taux d’emprunt des obligations du Trésor sur deux ans est passé à 25 %, et Standard and Poor’s a abaissé sa note à Triple C. La Grèce sortira-t-elle de l’euro, et si oui, quelle répercussion cette sortie aura-t-elle sur l’Europe, voire le monde ? Pensez-vous qu’il y aura une autre crise ?

La situation est insoluble. La Grèce a plus de 300 milliards de dettes qu’elle ne remboursera jamais. En dehors du tourisme, ce pays ne produit quasiment rien. À cela, il faut ajouter une corruption généralisée. Le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a même reconnu que la simple construction d’un kilomètre d’autoroute en Grèce coûtait trois fois plus cher qu’en Allemagne.

Peu importe les décisions prises (Grèce dans l’euro ou pas), ce pays va peser lourd dans les affaires de l’Union Européenne, mais aussi, d’un point de vue géopolitique, vis-à-vis de la Russie. Une bascule d’Athènes vers Moscou n’est pas à exclure, d’autant plus que nous assistons à un affrontement entre blocs, avec d’un côté l’Union Européenne et les États-Unis, et de l’autre la Russie liée à la Communauté économique eurasiatique.

Peut-être que les jeux sont déjà faits. La revue The Economist a publié en septembre 1990 une carte du monde constituée de blocs régionaux (voir carte 5) en vue de la gouvernance mondiale. Dans ce prototype, la Grèce, mais aussi la Bulgarie, la Roumanie et les Balkans, sont rattachés au bloc Euro-Asia, tandis que l’Europe est littéralement accolée à l’Amérique du Nord (Euro-America). Nous assistons peut-être à une mauvaise pièce de théâtre où en réalité les jeux sont faits. Cependant, la prudence reste de mise, car sur Terre rien n’est acquis, rien n’est éternel.

Sommes-nous arrivés à un point de basculement permettant d’acter l’avènement de la gouvernance mondiale si chère aux mondialistes ?

Le monde né en 1945 est en train de mourir. Pour passer à l’étape supérieure, il s’avère nécessaire dans la spiritualité mondialiste de favoriser une période de chaos et de destruction. Les fameuses expressions « Ordo ab chaos » ou « Destruction libératrice », selon l’expression d’Orwell, ne sont pas seulement de simples formules. Le philosophe et historien israélien Gershom Scholem expliquait ce type de bascule dans le cadre de la rédemption messianique par l’expression « les douleurs de l’enfantement ». Bref, on va subir…

Que peut faire un modeste citoyen face à cette terrible réalité ?

Il faut impérativement avoir des connaissances en histoire (le temps long), en politique, en théologie et un minimum de connaissances en économie afin d’être imperméable aux bêtises et aux mensonges déversés par les médias. Mais, je vous le dis tout de suite, la nature humaine en général n’est pas capable de faire ces efforts.

Vous venez de préfacer le livre de Carroll Quigley, Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Ce livre est extraordinaire. Carroll Quigley explique comment les élites anglo-américaines ont élaboré une politique en faveur des unions régionales, du marché transatlantique et de la formation des élites favorables à cet idéal de gouvernance mondiale de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1950. Tout ce que nous voyons aujourd’hui n’est que la conséquence de ces travaux immenses.

La préface que j’ai faite (27 pages) explique les raisons profondes liant le monde anglo-saxon à cet idéal de gouvernance mondiale, en liaison avec le monde du judaïsme. C’est une sorte de « super » note de synthèse qui permet aux esprits paresseux de voir le cadre général et d’éviter ainsi de se « taper » 300 ou 400 pages de lecture.


Carte 1 : accords Sykes-Picot

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Carte 2 : le Grand Israël

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Carte 3 : la revue militaire américaine Armed Forces Journal (juin 2006)

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Carte 4 : article du New York Times du 28 septembre 2013

NY

Carte 5 : la revue The Economist a publié en septembre 1990 une carte du monde constituée de blocs régionaux

monde

 

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