Beau comme un abribus (soviétique)
En 2002, Christopher Herwig se rend de Londres à Saint-Pétersbourg en vélo. «Je m'étais mis comme défi de prendre une photographie interessante toutes les heures. J'ai alors photographié certains arrêts de bus à travers l'Europe de l'Est mais ce n'est qu'en Lituanie que j'ai réellement commencé à être surpris par la variété et la créativité des abribus». À la suite de ce voyage, Christopher Herwig s'installe pendant trois ans au Kazakhstan et poursuit son travail jusqu'en avril 2015. Son livre, Soviet Bus Stops, est publié ce mardi 15 septembre chez Fuel.
Taraz, Kazakhstan | Les photographies réunies dans le livre de Christopher Herwig ont été prises dans treize pays ainsi qu'en Abkhazie, une entité situé entre les montagnes du Caucase et la mer Noire mais dont le statut est disputé.
Saratak, Arménie | «Ces arrêts de bus ont été créés par des architectes, des sculpteurs, des artistes et parfois même par des écoliers, raconte le photographe. Celui-ci se situe au Nord-ouest de l'Arménie, les fermes se suivent le long de cette route et on trouve un abribus original tous les deux kilomètres.»
Gagra, Abkhazie | «Mes préférés ont été pensés par l'artiste géorgien Zurab Tsereteli, dans l'actuelle région d'Abkhazie. Celui-ci est situé sur la route entre Sochi et Gagra. L'artiste a voulu représenter une vague qui donne sur la mer Noire. Il m'a expliqué qu'à l'époque, il n'avait eu aucune restriction en terme de budget ou de design.»
Karakol, Kirghizistan | «Je lui ai demandé pourquoi certains n'avaient pas de toit et que d'autres n'étaient pas réellement des abribus. Il m'a juste répondu qu'en tant qu'artiste tout ce qui lui importait c'était qu'ils soient beaux.»
Etchmiadzin, Arménie | «De fait, si leurs fonctions en tant qu'abribus varient, le but principal de ces réalisations est d'être une œuvre d'art qui apporte de la joie aux gens.»
Aralsk, Kazakhstan | «Les plus originaux et ceux qui se trouvent au milieu de nulle part sont plus des oeuvres d'art que de simples arrêts de bus. Celui-ci a été le plus isolé que j'ai trouvé au cours de mes voyages.»
Niitsiku, Estonie | «Pour moi, il est intruigant de penser à cette pratique de l'Union soviétique, une époque qu'on associe souvent à la restriction de liberté de création individuelle.»
Chimkent, Kazakhstan | «Mais, en réalité, ces arrêts de bus nous en disent plus sur les artistes individuels que sur l'Union soviétique en général.»
Charyn, Kazakhstan | «Bien qu'isolé, cet abribus situé près de la frontière avec la Chine est repeint régulièrement. Si dans certains endroits, les gens les réparent et les repeignent, dans d'autres ils se délabrent, se remplissent d'ordures ou sont utilisés comme toilettes.»
Kootsi, Estonie | «Lorsque j'ai voyagé dans ces pays, j'ai eu le sentiment que beaucoup de personnes vivant proches de certains de ces arrêts de bus oubliaient leur présence car ils font maintenant partie du décor.»