L'ordre du discours n'est pas compatible avec l'ordre des choses. Les mots ne recouvrent pas les maux. Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas disait un vieil ami dans ses mémoires au sujet de nos déboires.
"Autrefois, le souverain était le maître d'un territoire et du troupeau humain qui vivait sur ce territoire ; c'étaient ses bêtes, son bétail, il avait le droit de battre ou de tuer ceux qui s'en prenaient aux autres bêtes et semaient le désordre dans le troupeau ; il avait mis à part et dressé d'une manière particulière quelques animaux chargés de le défendre entre les souverains rivaux : c'était "son armée".
Mais son droit le plus précieux était celui de prélever un "impôt" sur ses bêtes, de même qu'on tond les moutons et qu'on trait les vaches. Droit de vie et de mort, droit de prélèvement.
Risée autocratique.

Aujourd'hui les choses ont bien changées. Le pouvoir du souverain actuel s'exerce sur toute l'existence de ses bêtes ; il les dénombre, se soucie de la natalité, de la conjugalité, veille sur leur santé, les instruit, les dresse.
Pas d'alcool, pas d'herbes folles, pas de parties fofolles...
Il s'occupe de leurs contrats, de leur habitat, de leur genre et de leur niveau de vie... les guerres ne se font plus au nom du souverain qu'il faut défendre, elles se font au nom de cette chose qu'on appelle " le peuple".
Risée démocratique.

Mensonge, fiction, bombe idéologique qui fait plus de morts qu'une bombe atomique... bombe idéologique qui agite des spectres, des simulacres, d'épouvantables épouvantails pour préserver le sérail.
Onfray qui n'a pas encore été effrayé par Foucault disait que le peuple était CE SUR QUOI LE POUVOIR S’EXERÇAIT. Et nous autres qui croyions que le peuple était censé exercer lui-même le pouvoir... nous ne sommes plus que des bêtes de somme... des idiots utiles et désagréables.
Et nous avons tort les uns et les autres... parce que le peuple est mort. Il n'existe pas, n'existe plus que dans l'ordre de nos discours.

Placebo pour remonter psychologiquement le moral mais sans aucune utilité chimique ou morale. Le peuple a été dissous dans je ne sais quelle révolution biochimique.
C'est son ombre et son ombre seulement qui continue de flotter devant nos yeux aveuglés par les bombes idéologiques qui explosent çà et là.
Légitime défense, nous dit la France qui a décidé de nous exposer à une plus grande menace de mort.
Comment se faire des ennemis à l'image d'Israël ou des États-Unis ?
La France s'en prend à la Syrie, au mépris du droit international qui n'existe d'ailleurs pas plus que son peuple chéri.
Légitime défense : c'est ainsi que l'on nomme aujourd'hui l'offense en bande organisée par les ténors du nouvel ordre mondial.
C'est du terrorisme d'état sans état d'âme qui ne terrorise pas les terroristes mais les galvanise.

Après la Libye de Sarkozy, c'est la Syrie qui va faire les frais de notre fantaisie. Ce n'est plus de l'ingérence, c'est de la mauvaise interférence. On va le regretter incessamment sous peu.
Le pire, c'est notre niveau d'inconséquence : parce que nous savons que nous n'y trouverons pas notre compte. C'est perdu d'avance : pour nos principes et pour nos intérêts.
C'est une aberration géométrique et géographique.
Nos dirigeants n'ont pas assez d'ennemis à l'intérieur, ils en cherchent à l'extérieur et les trouvent. Parce que le peuple n'est plus, ses représentants l'ont perdu dans un jeu de dupes.
Ça donne envie de croire à la résurrection... de profaner sa tombe en criant : Peuple, lève-toi et marche !

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