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Dick Marty, ex-président de la Commission des droits de l’homme du Conseil de l’Europe

 

Dick Marty, un homme, une voix, d’une clarté et d’une honnêteté rares

 

Audio/ 22 min. – Radio suisse romande 1 – Invité du matin [2 octobre 2015]

L’enquête pour crimes contre l’humanité ouverte à Paris contre le régime syrien fait partie d’une « stratégie de gesticulation de la France », critique l’ex-président de la Commission des droits de l’homme du Conseil de l’Europe Dick Marty.

« Je suis perplexe par rapport à cette enquête », car l’objectif de Paris est en premier lieu d’avoir « un certain rôle dans le dossier syrien », estime vendredi Dick Marty dans le Journal du matin de la RTS. Et d’évoquer le « complexe du petit laissé dans un coin qui essaie de trouver une position ».

L’ancien procureur tessinois se montre très critique quant à l’attitude de François Hollande dans ce dossier, parlant de « navrante médiocrité ». Il se dit dérangé par le double langage de Paris, qui vend des avions à l’Arabie saoudite et au Qatar, deux régimes où les droits fondamentaux sont violés, tout en voulant intervenir en Syrie.

François Hollande est d’une navrante médiocrité

Dick Marty

Pas un seul coupable

Dick Marty n’est toutefois pas complètement opposé à l’idée d’une enquête pénale, mais celle-ci doit être lancée à propos des événements en Syrie dans leur globalité, faute de quoi elle ne serait pas très objective. Il ne faut pas se concentrer sur un seul coupable, Bachar al-Assad, car il n’est pas le seul responsable des crimes qui ont été commis, ajoute-t-il. « C’est certainement un dictateur, mais c’est un acteur de la scène syrienne. »

Pour l’ancien sénateur tessinois, il faut au contraire récolter des informations et des preuves sur tous les acteurs en Syrie. Et si Bachar al-Assad ne doit pas rester impuni, il faut se concentrer sur une « transition contrôlée », contrairement à ce qui s’est passé en Irak ou en Libye, des pays où un grand nombre de personnes vivaient correctement avant l’intervention, contrairement à aujourd’hui.

On ne peut pas tout résoudre avec des bombes

Dick Marty

Dick Marty estime enfin que si la justice devra intervenir, il faut avant cela se préoccuper des femmes et des enfants victimes des bombes sur place. Certainement avec une intervention terrestre pour protéger la population. « Car on ne peut pas tout résoudre avec des bombes », conclut-il.

 Source: RTS.ch