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30 décembre 2015

Pétards de fin d’année

 

La publication, par les Archives officielles du gouvernement fédéral états-unien, de la liste des cibles nucléaires établie durant la Guerre froide ne ressort pas d’une volonté d’aider aux études historiques. C’est un avertissement, sinon une menace à la Russie. Les destructions que le Pentagone envisageait à l’époque sont toujours possibles.

| Rome (Italie) | 29 décembre 2015 
Manlio Dinucci

Manlio Dinucci Géographe et géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : Laboratorio di geografia, Zanichelli 2014 ; Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Escalation. Anatomia della guerra infinita, Ed. DeriveApprodi 2005.

 
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Dans « Docteur Folamour ou : comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe » (1964), Stanley Kubrick met en scène un processus de frappe nucléaire qui, pour être dissuasif, doit se déclencher ou se poursuivre au-delà de la destruction de son propre camp. La folie d’un général états-unien provoque alors l’apocalypse sans que nul ne puisse l’empêcher. À l’époque, le Pentagone assura que ce type de situation ne pouvait pas arriver, mais les historiens ont montré depuis qu’il n’y avait effectivement aucun moyen de stopper l’ordre une fois confirmé.

Pour la sécurité des personnes et des animaux, sont interdits dans divers cas les feux d’artifice pour la fin de l’année, surtout les pétard puissants. La nouvelle se trouve rapportée bien en évidence par les médias. Ceux-là mêmes qui cachent par contre d’autres nouvelles qui, si elles étaient diffusées, feraient exploser la bulle de la réalité virtuelle dans laquelle nous sommes emprisonnés.

Un exemple : la National Archives and Records Administration (Nara), les archives du gouvernement états-unien, a publié le 22 décembre un dossier de 800 pages, jusqu’à présent top secret, avec une liste de milliers d’objectifs en URSS, Europe Orientale et Chine que les USA se préparaient à détruire avec des armes nucléaires pendant la Guerre froide. En 1959, l’année à laquelle se réfère la « liste des cibles » rédigée en 1956, les USA avaient plus de 12 000 têtes nucléaires avec une puissance de 20 000 mégatonnes, équivalant à un million et demi de bombes d’Hiroshima, alors que l’URSS en possédait environ mille et que la Chine n’avait pas encore d’armes nucléaires. Étant supérieur, y compris en vecteurs (bombardiers et missiles), le Pentagone jugeait réalisable une attaque nucléaire. Le plan prévoyait la « destruction systématique » de 1 100 terrains d’aviation et 1 200 villes. Moscou aurait été détruite par 180 bombes thermonucléaires ; Leningrad, par 145 ; Pékin, par 23. De nombreuses « zones habitées » auraient été détruites par des « explosions nucléaires au niveau du sol pour accroître la retombée radioactive ». Parmi elles, Berlin-Est, dont le bombardement nucléaire aurait comporté « de désastreuses implications pour Berlin-Ouest ».

Le plan ne fut pas mis à exécution parce que l’URSS, qui avait effectué sa première expérimentation nucléaire en 1949 quand les USA avaient déjà accumulé depuis 1945 environ 230 bombes, acquit rapidement la capacité de frapper les USA.

Pourquoi la Nara a-t-elle décidé de publier aujourd’hui « la plus ample et détaillée liste d’objectifs nucléaires qui ait jamais été déclassifiée » ? Le choix ne doit rien au hasard, étant donné que l’archiviste en chef de la Nara est nommé par le président des États-Unis. La publication de la « liste des cibles » est une claire mise en garde à la Russie et à la Chine, qui se trouvent averties de façon transversale de la puissance nucléaire qu’ont les USA. Qui ont lancé un plan, d’un coût de 1 000 milliards de dollars, pour potentialiser les forces nucléaires avec 12 sous-marins d’attaque supplémentaires, chacun armé de 200 têtes nucléaires, et 100 nouveaux bombardiers stratégiques, chacun armé de plus de 20 têtes nucléaires. Et tandis qu’ils sont sur le point de stocker en Italie et dans d’autres pays de l’Otan les nouvelles bombes B61-12 pour la première frappe nucléaire, les USA développent le « bouclier anti-missiles » qui devrait « défendre » l’Europe. Le 12 décembre a été activée, dans la base de Deveselu en Roumanie, la première batterie de missiles terrestre états-unienne de la « défense » Otan, qui sera suivie par une autre, analogue, en Pologne, composée de 24 missiles Aegis, déjà installés à bord de 4 navires de guerre états-uniens déployés en Méditerranée et en Mer Noire.

Moscou a averti, le 25 décembre, que ces batteries, étant en mesure de lancer aussi des missiles nucléaires Tomahawk à moyenne portée, constituent une évidente violation du Traité INF, qui interdit le déploiement en Europe de missiles nucléaires à moyenne portée avec bases à terre.

La Russie annonce des contre-mesures, parmi lesquelles de nouveaux missiles intercontinentaux mobiles sur des véhicules et trains en mouvement constant pour éviter une première frappe nucléaire. Et, pour frapper des objectifs de Daesh en Syrie, elle utilise des bombardiers stratégiques qui s’entraînent ainsi également à l’attaque nucléaire.

On ne sait pas quelle est aujourd’hui la « liste des cibles » nucléaire des USA. Il est cependant certain que dans la liste russe se trouvent aussi les bases des USA et de l’Otan en Italie.

Les médias se taisent, pendant qu’ils lancent leur alarme sur les feux d’artifice.

Traduction
Marie-Ange Patrizio

Source
Il Manifesto (Italie)

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