Le 9 janvier 2016, le Comité Orwell, réunissant des journalistes français et présidé par Natacha Polony, a tenu son premier colloque à Paris autour du thème « Terrorisme, Europe, immigration, Les journalistes sont-ils à la hauteur des enjeux ? ». C’était un premier pas vers un projet plus large qui a pour ambition de rendre sa crédibilité perdue au journalisme français. Vaste programme.

Un tel comité, se réclamant d’un tel nom, ne pouvait qu’être prometteur. Natacha Polony, dans sa vidéo de présentation du colloque, a énuméré à peu près tout ce qui n’allait pas dans la profession journalistique. Ce qui s’en dégage, c’est le constat que le public se détourne de plus en plus des principaux médias, au sein desquels travaillent beaucoup des membres du Comité.

Pourquoi et comment en est-on arrivé là, et quelles sont les solutions à apporter à la situation présente, ce sont là quelques-unes des questions auxquelles le Comité Orwell se propose de répondre. Mais déjà, à travers les discours de présentation de Natacha Polony, on sent que le problème est déjà identifié, et cela sera confirmé lors du colloque. Ce problème trouve sa racine dans le fait que, aujourd’hui, les journalistes n’ont plus le monopole de l’information. La multiplication et la diversité des sources, ainsi que l’élargissement des points de vue bien au-delà de l’hexagone, perturbent le train-train habituel des journalistes français. Malheureusement, au lieu de s’adapter à la nouvelle donne, le Comité Orwell semble vouloir l’ignorer.

Pendant le colloque, Laurent Joffrin est le seul à avoir évoqué la dimension d’internet dans l’information, dimension qui offre au public un large éventail de choix jamais encore vu. C’est la meilleure arme que nous ayons contre la pensée unique dénoncée par le Comité Orwell. Mais c’est aussi la raison de la perte de monopole de l’information par les journalistes, dénoncée également par ce même Comité. C’est la quadrature du cercle, ou peut-être Orwellien.

Le Comité évoluera peut-être vers plus de réalisme. Mais, pour ses débuts, il semble enfermé dans un conservatisme de mauvais augure. La presse française, avec ses préoccupations franco-françaises, emmurée, dès l’école de journalisme, dans des schémas politiques archaïques, risque de continuer à accentuer son décalage avec la réalité. Natacha Polony appelait les journalistes à se remettre en question. C’est bien, mais c’est insuffisant et ce n’est peut-être pas nécessaire. S’ils veulent récupérer un peu de leur crédibilité perdue, c’est le système tout entier qu’ils doivent remettre en question, de manière à ce qu’ils puissent porter un regard neuf autour d’eux.

Avic – Réseau International

http://reseauinternational.net/le-comite-orwell-au-secours-du-journalisme-francais-a-la-derive/#comment-317536 

Présidé par Natacha Polony et co-fondé par Alexandre Devecchio et Jean-Michel Quatrepoint, le Comité Orwell a organisé son premier colloque le 9 janvier 2016 au sein du grand amphithéâtre de l’IPAG sur le thème «Terrorisme, Europe et immigration : les médias sont-ils à la hauteur des enjeux ?».