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28 janvier 2016

Jean-Jacques Urvoas, le bras très droit de Valls pour remplacer Taubira

sur Marianne

Nommé mercredi à la place de Christiane Taubira au ministère de la Justice, ce Breton qui se décrit comme "un copain" de Manuel Valls est parfaitement en phase avec la ligne sécuritaire du Premier ministre.
Jean-Jacques Urvoas était l'un des relais de Manuel Valls à l'Assemblée nationale. Il est désormais son ministre. WITT/SIPA

Cette fois, ça y est. Jean-Jacques Urvoas l'aura attendue, cette entrée au gouvernement. Au printemps 2014, alors que Manuel Valls était nommé à Matignon, le député socialiste du Finistère se serait bien vu le remplacer place Beauvau. "Je crois que le Premier ministre aurait aimé que je puisse m'occuper de ces questions, oui", concédait-il d'ailleurs quelques jours plus tard sur RFI. C'est finalement Bernard Cazeneuve, préféré de François Hollande, qui a eu le job. Et Jean-Jacques Urvoas a dû prendre son mal en patience. Près de deux ans plus tard, Manuel Valls a visiblement eu gain de cause. Mais ce sera la Justice, pas l'Intérieur. François Hollande a en effet décidé de nommer Jean-Jacques Urvoas garde des Sceaux mercredi 27 janvier, en même temps qu'il annonçait la démission de Christiane Taubira.

Ses détracteurs l'accusent d'être la voix des services de renseignement à l'Assemblée.

Une récompense pour le Breton de 56 ans qui, comme Valls en son temps, a fait de la sécurité sa grande spécialité. Il y est venu en 2008, lorsque Martine Aubry l'a nommé secrétaire national du PS en charge de cette thématique. L'an dernier, Jean-Jacques Urvoas était le rapporteur de la loi renseignement, si décriée par une partie de la gauche qui s'inquiétait d'atteintes aux libertés publiques. Parmi les nombreux amendements qu'il a déposés, l'un d'entre eux autorisait les services à écouter sans contrôle les étrangers de passage en France. Une disposition polémique finalement retoquée par le gouvernement. Le tour de vis sécuritaire défendu par Urvoas ne lui en a pas moins valu des grincements de dents à la gauche de l'Hémicycle. "Il est extrêmement fin et intelligent, même s’il a changé d’avis sur à peu près tout", confiait en juin à Mediapart la députée écologiste Isabelle Attard. Sous le quinquennat Sarkozy, Jean-Jacques Urvoas s'était notamment opposé à la loi Loppsi 2, qui renforçait les pouvoirs des forces de l'ordre en matière de surveillance. Quatre ans plus tard, ses détracteurs l'accusent d'être la voix des services de renseignement à l'Assemblée. Les temps changent.

Pour autant, Jean-Jacques Urvoas n'est pas un obsédé du tout-sécuritaire, loin de là. En décembre dernier, il a devancé les critiques de l'état d'urgence qui émergeaient à gauche en mettant en place un contrôle parlementaire destiné à détecter les abus. Une habileté typique de ce tacticien, connu pour son caractère affable. Certains l'apprécient à droite, ce en quoi il tranche - c'est le moins qu'on puisse dire - avec Christiane Taubira. Dans un tweet, Jean-Pierre Raffarin a ainsi salué "un homme de qualité" à l'annonce de sa nomination place Vendôme.

Les ralliements politiques de l'homme de Quimper viennent confirmer son positionnement d'ailier droit sur la pelouse socialiste. Soutien de Dominique Strauss-Kahn avant l'affaire du Sofitel, il se rapproche ensuite de Manuel Valls. Il l'avait croisé sur les bancs de la fac au début des années 80, à l'époque des jeunes rocardiens. Il lui offre ses services pendant la campagne présidentielle de François Hollande. Devenu en 2012 président de la commission des lois à l'Assemblée nationale, poste hautement stratégique, il constitue l'un des importants relais vallsistes dans l'Hémicycle. Ce dont il se défendait à peine, interrogé par Libération en mai dernier : "On plaque sur moi le prisme de Manuel Valls parce que c’est un copain. Je ne suis pas un affidé de Valls, je suis loyal."

Un "copain" de Valls dans le gouvernement de Valls : au moins l'exécutif ne prend plus le risque du procès en incohérence.

Un "copain" de Valls dans un gouvernement dirigé par Valls : au moins, l'exécutif ne prend plus le risque du procès en incohérence. Pour ce qui est du procès en droitisation, en revanche, c'est autre chose… "Le Titanic gouvernemental s'enfonce un peu plus sur tribord", a tweeté Eric Coquerel, porte-parole du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, quelques instants après l'annonce du départ de Christiane Taubira. Signe qu'aux yeux de certains, Taubira constituait la dernière véritable caution de gauche d'un gouvernement accusé de pactiser avec le patronat sur le plan économique et de reprendre les mesures de la droite dure sur le plan régalien. Une critique redoublée depuis que François Hollande a annoncé la déchéance de nationalité pour les binationaux nés français.

Sur ce point précis, Jean-Jacques Urvoas avait d'ailleurs été chargé de trouver une formulation qui mécontente le moins de monde possible au PS. C'est désormais acté : la nouvelle version de la révision constitutionnelle ne comportera aucune référence aux binationaux. Il n'empêche, le débat qui doit commencer le 5 février à l'Assemblée s'annonce houleux. Une première mission périlleuse pour le nouveau garde des Sceaux, qui défendra le texte aux côtés de Manuel Valls et tentera de faire avaler la mesure choc à ses petits camarades socialistes. Un exercice d'équilibriste que Christiane Taubira devrait observer, de loin, avec délice.

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