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3 mars 2016

Calais, Migrants : la lettre ouverte de trois généraux à François Hollande

Sur Le FIGARO

Par Delphine de Mallevo
Mis à jour le 03/03/2016 à 23h04 | Publié le 03/03/2016 à 18h57

Ils interpellent le président de la République sur sa «responsabilité» face à cette «zone de non-droit» qu'est ­devenue Calais. «Vous ne pouvez pas vous dérober à vos devoirs», écrivent-ils.

Christian Piquemal n'est plus le seul général à sortir de sa réserve pour s'indigner de la situation migratoire à Calais. Interpellé le 6 février par les forces de l'ordre alors qu'il manifestait aux côtés du mouvement d'extrême droite Pegida France, puis placé en garde à vue et désormais dans l'attente de son procès le 12 mai, l'ancien commandant de la Légion étrangère est conforté par le soutien de trois autres généraux.

Dans une lettre adressée vendredi à l'Élysée, que Le Figaro a lue en exclusivité, ils interpellent le président de la République sur sa «responsabilité» face à cette «zone de non-droit» qu'est devenue Calais. Comme le général Piquemal, ce sont des généraux de 2e section (2S), autrement dit des réservistes ayant quitté le service actif mais maintenus à la disposition du ministre de la Défense et appelés à reprendre leurs fonctions en cas de crise ou de guerre. Il s'agit du général de corps d'armée Pierre Coursier, ancien gouverneur militaire de Lille, et des généraux Antoine Martinez et Jean du Verdier, tous deux aviateurs. Yvan Blot (ex-FN et ex-UMP) est également signataire, en tant qu'ancien député du Nord-Pas-de-Calais et ancien conseiller général de Calais centre.

«Le président de la République française, en vertu de l'article V de la Constitution de 1958, est “le garant de l'intégrité du territoire”, commence la lettre. Sa responsabilité est donc engagée dès lors que des migrants illégaux entrent massivement en France, avec des points de fixation comme Calais et le Calaisis.» Or, selon les trois généraux, cette partie du territoire est «abandonnée de facto par les autorités de la République». Le ton est direct: «Vous ne pouvez pas vous dérober à vos devoirs.» Ils s'indignent de «la situation existentielle désastreuse qui est faite aux habitants de cette région» qui vivent «dans la terreur des bandes mafieuses». Les gradés estiment qu'il «appartient» à François Hollande de «négocier avec Londres et Bruxelles des modifications» aux traités du Touquet et de Schengen.

 

«Capitulation de l'État»

Ils abordent aussi l'arrestation du général Piquemal, qui «s'est rendu pacifiquement sur place pour constater cette capitulation de l'État». «Par une ironie blessante, poursuivent-ils, il a été arrêté au nom de l'ordre public alors que les migrants illégaux demeurent libres de leurs faits et gestes pendant ce temps. Vous devez, Monsieur le Président, prendre la mesure de l'indignation que ce paradoxe provoque dans le cœur de beaucoup de Français.» Et d'enfoncer le clou: «Il convient, au lieu de s'acharner sur un soldat, fût-il général et patriote, de rétablir l'ordre public à Calais, ce qui suppose l'éradication de la “jungle” (une “jungle” peut-elle exister en République?) et le renvoi de tous les clandestins dans leurs pays d'origine.»

D'après nos informations, de nombreux autres gradés ont encouragé et approuvent cette apostrophe au chef de l'État, sans aller pourtant jusqu'à la signer. Les généraux et amiraux 2S, qui sont un millier dans l'armée française, restent soumis à un certain devoir de réserve. «Dans le cas présent, ils n'outrepassent pas la réserve, souligne Nicolas Stoquer, secrétaire de l'association Conférence France Armée, à l'origine de cette lettre. C'est l'urgence et la situation de crise qui les ont poussés à s'exprimer de manière décomplexée. Ils interviennent en tant qu'experts, apolitiques, dans leur rôle de donneurs d'alerte.»

 

Le général Piquemal se défend

Depuis son interpellation à Calais le 6 février, lors d'une manifestation interdite du mouvement d'extrême droite Pegida, le général Christian Piquemal prépare sa défense, confie-t-il au Figaro. Il certifie «ne renoncer à rien», car «cet état de non-droit à Calais est intolérable». Il explique avoir manifesté «sans intention de s'associer (…) ni à Pegida ni à personne». «Je n'ai rien contre ces gens-là, dit-il, mais je ne les connais pas. (…) Si j'avais su qu'il y avait cette tonalité, je ne me serais pas joint au cortège.» Il comparaîtra le 12 mai.

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 04/03/2016. Accédez à sa version PDF en cliquant ici

 

 

 

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