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12 mars 2016

Brésil : l'ex-président Lula mis en examen

Sur le Figaro

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Mis à jour le 10/03/2016 à 14:59
Publié le 10/03/2016 à 12:19

Lula est acclamé par ses partisans, après sa sortie de son interrogatoire par la police, à Sao Paulo, le 4 mars 2015.

Lula est acclamé par ses partisans, après sa sortie de son interrogatoire par la police, à Sao Paulo, le 4 mars 2015. Crédits photo : PAULO WHITAKER/REUTERS

VIDÉO - L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a été mis en examen mercredi dans le cadre d'une enquête pour blanchiment d'argent. Celui qui a dirigé le Brésil de 2003 à 2010 pourrait entrer au gouvernement, pour échapper aux investigations.

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L'icône de la gauche brésilienne est sérieusement menacée. Un procureur de Sao Paulo, Carlos Fernando dos Santos Lima, a requis mercredi des poursuites pénales contre l'ex-chef de l'Etat brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. Selon les principaux médias brésiliens, le parquet demande à la justice de poursuivre l'ancien président pour «occultation de patrimoine, blachiment d'argent» à propos d'un triplex dont Lula nie être le propriétaire. La dénonciation du parquet de Sao Paulo a été transmise à un tribunal local qui devra décider s'il donne suite, ou non, aux réquisitions du procureur contre l'icône de la gauche brésilienne.

Un nouveau rebondissement dans l'enquête, en cours depuis deux ans, sur le système de corruption mis en place par le géant pétrolier Petróleo Brasileiro («Petrobras»). Première entreprise du pays, sous contrôle étatique, Petrobras est soupçonnée d'avoir arrosé de commissions clandestines les responsables d'au moins sept partis politiques. Les enquêteurs accusent ses dirigeants d'avoir surfacturé les investissements de Petrobras. Au total, les pots-de-vin, à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise, seraient évalués à entre 1 % et 3 % du montant original des contrats. Près de 10 milliards de reals (2,5 milliards d'euros) auraient ainsi nourri ce système de corruption. 


Soupçons de blanchiment d'argent et de pots-de-vin

Les enquêteurs soupçonnent qu'une partie de ces redistributions frauduleuses soit allée remplir les caisses du Parti des travailleurs (PT). Crée en 1980 dans les dernières années de la dictature militaire brésilienne, le mouvement était l'émanation du syndicat de la métallurgie, dont l'ouvrier Lula était le président. A l'origine classé à la gauche radicale, le Parti des travailleurs a évolué vers la social-démocratie, même s'il évoque toujours la justice sociale et la redistribution des richesses.

Outre le blanchiment d'argent qui aurait financé les campagnes du Parti des travailleurs, des sommes de Petrobras auraient directement été reversées à Lula, sous forme de paiements et de biens immobiliers. Le procureur Carlos Fernando dos Santos Lima estime que sa fondation, l'Institut Lula, a été financée par ces commissions occultes. Il soupçonne également l'ex-président a d'avoir reçu un luxueux triplex, à Guarujá, ville située sur le front de mer de l'Etat de Sao Paulo.

L'immeuble de Guarujá, dans l'Etat de Sao Paulo, qui aurait été mis à la disposition de dirigeants du Parti des travailleurs, dont Lula, par des agents immobiliers proches de la société Petrobras.

L'immeuble de Guarujá, dans l'Etat de Sao Paulo, qui aurait été mis à la disposition de dirigeants du Parti des travailleurs, dont Lula, par des agents immobiliers proches de la société Petrobras. Crédits photo :

Bien qu'il ne soit plus président, et qu'il ait favorisé l'élection de sa dauphine Dilma Rousseff à la tête de l'Etat en 2011, Lula demeure le chef de file historique du Parti des travailleurs. Ses ennuis judiciaires éclaboussent donc directement le gouvernement en place.

Le Parti des travailleurs en péril

L'ancien chef de l'Etat a été interpellé le 4 mars et interrogé pendant trois heures par la police fédérale, à l'aéroport de Congonhas, près de São Paulo. Pendant ce temps, le Parti des travailleurs a mobilisé une foule de partisans, pour l'acclamer à sa sortie. Lula a ensuite donné une conférence de presse, niant posséder l'appartement de Guarujá, et affirmant qu'il ne doit «rien à personne». «Je ne crains pas la justice», a-t-il déclaré. «S'ils veulent me vaincre, alors ils devront m'affronter dans les rues de ce pays!», a-t-il lancé à ses partisans. La présidente Dilma Rousseff a pris la défense de son prédécesseur, en jugeant que son interpellation était «inutile».

Réélue en 2014, Dilma Rousseff est violemment contestée depuis l'été 2015, qui a vu des manifestations monstres réclamer sa destitution. En octobre dernier, le Tribunal des comptes de l'Union a exhorté les parlementaires brésiliens à rejeter les comptes publics de l'Etat de 2014, qui auraient été maquillés. Face à ce discrédit, Lula pourrait être un recours, en se représentant à l'élection présidentielle de 2018. Mais ce nouveau scandale vient fragiliser sa stature. Il serait désormais réduit, pour échapper à ses poursuivants et bénéficier d'une immunité judiciaire, à intégrer le gouvernement, selon la presse brésilienne. Il ne serait alors entendu que par la Cour suprême, et non par la justice civile.

Entaché par ces multiples scandales, le Parti des travailleurs s'accroche au pouvoir. Le mouvement a prévu de manifester pour défendre son leader emblématique, Lula, les 18 et 31 mars prochains, dans les grandes villes du Brésil.

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