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17 mars 2016

Grande perdition : les quatre fronts de l'effondrement occidental

sur Yetiblog
par Pierrick Tillet - Le monde du Yéti

Pieter_Schoubroeck_-_De_verwoesting_van_Sodom_en_Gomorra.jpgLa destruction de Sodome et Gomorrhe, par Peter Schoubroek

Dans tout bon polar, les policiers chargés d’une enquête se réunissent fréquemment pour faire le point et essayer de relier entre eux un faisceau de faits en apparence disparates. Eh bien, il est grand temps d’établir un rapprochement entre les quatre fronts qui dynamitent aujourd’hui l’hégémonie occidentale sur la planète.

Les médias s’y entendent pour éclater leurs informations en rubriques bien distinctes : économie-finance, politique, social, international… Au final, plus personne ne comprend plus rien à l’intrigue. Pourtant, tous les fils sont liés.

Économie-finance

Rien de neuf depuis 2008. La finance et l’économie sont toujours sous perfusion des banques centrales. En guise de transfusion sanguine (très contaminée), des milliards de fausse monnaie injectés dans le circuit financier : 60 puis maintenant 80 milliards d’euros par mois par la Banque centrale européenne, soit plus de 1000 milliards par an. Et comme médicaments de complément, pour tout arranger : des taux d’intérêt nuls, voire négatifs.

Motif officiel : relancer le crédit, donc l’économie réelle en pleine panade. Motif inavoué : aider des banques beaucoup plus à la peine qu’elles ne veulent le reconnaître (cf. les pertes phénoménales de Deutsche Bank en 2015).

Problème, rien ne marche :

    • le fric-monopoly des banques centrales ne parvient jamais à l’économie réelle qui reste atone et ne sert qu’à entretenir (pour combien de temps ?) l’illusion surréaliste des boursicoteurs ;
    • la panique est si forte que les investisseurs préfèrent continuer de payer des taux d’intérêt négatifs pour sauver leur “épargne”, plutôt que tout perdre en l’investissant dans une machine économique qu’ils savent moribonde ;
    • le volume global des dettes, qu’on voulait enrayer, continue de grimper à des sommets encore plus pharaoniques.
Politique

Au sein même des États de l’Empire, la grogne populaire monte. Les partis de pouvoir pro-système se voient concurrencés par de nouvelles forces qui contestent leur suprématie :

    • à droite, le Front national français, les partis europhobes européens, le phénomène Donald Trump aux États-Unis…) ;
    • à gauche, Syriza, Podemos, Jeremy Corbyn, Bernie Sanders…

Aucune de ses nouvelles forces ne paraît encore aujourd’hui en mesure d’offrir une alternative sérieuse de pouvoir. Et s’il en advenait une, nulle doute que le système ne se laisserait pas tailler des croupières par une vulgaire alerte démocratique sans réactions, disons, “énergiques” (cf. la trahison Syriza).

Mais cette montée en puissance des forces alternatives est suffisamment importante pour empêcher les vieux partis institutionnels de se coaliser pour faire front (Espagne, Irlande…). Elle traduit surtout une exaspération grandissante dans l’opinion collective. Or chacun sait bien que les révolutions ne viennent pas des partis ni de leurs élus, mais de la colère d’un peuple à bout de patience.

Social

Cette exaspération populaire est de plus en plus manifeste dans le domaine social :

    • il y eut d’abord les zadistes de NDDL, de Sivens… Voici maintenant les révoltés anti-loi du travail qui, à la surprise générale, ont réussi à faire reculer en moins de deux un gouvernement désarçonné et beaucoup plus fébrile qu’escompté ;
    • on aurait garde aussi d’oublier la résistance passive des jeunes générations qui, las d’un modèle qui ne veut plus d’eux autant qu’ils ne veulent plus de lui, s’en détournent et se réfugient dans un monde parallèle fait de débrouille, de nouvelles valeurs et, oui, de solidarité ;
    • dans un autre domaine, on rappellera que la menace terroriste, qui nous vaut aujourd’hui un état d’urgence quasi permanent, vient autant de nos proches banlieues ghettoïsées que de lointaines forces obscures islamistes.

International

À l’extérieur de ses frontières, l’Empire vacillant mène une bataille de chiffonniers pour la main-mise sur les richesses énergétiques de la planète. Les combats font rage au Moyen-Orient, attirant en effet-boomerang des vagues ravageuses de migrants aux frontières européennes.

Pire encore, la Russie est en train de damer le pion aux forces égarées de l’Otan. Vladimir Poutine, soutenu par la Chine et l’Iran, déploie une stratégie percutante en Syrie, là où la coalition américano-européenne s’est perdue en coups de force erratiques et stériles, avec “l’aide” calamiteuse de ses acolytes turcs et saoudiens.

En désespoir de cause, le seul échappatoire de l’Occident pourrait être aujourd’hui de se résoudre à une bonne vieille guerre à l’ancienne. Mais un élément nouveau, très “dissuadant”, est apparu qui ne figurait pas dans les précédentes déflagrations mondialisées : l’ennemi désigné est probablement capable de répliquer instantanément par des frappes meurtrières au cœur même de l’Empire : les États-Unis d’Amérique.

Remise en cause à l’extérieur, minée de l’intérieur, l’autorité de l’Empire occidental est aujourd’hui gravement menacée, ses fondements ébranlés, sa défense pathétique. Ses dégâts collatéraux (humains, écologiques, climatiques) se retournent contre lui. Au point que la question de sa survie n’est même plus posée tant l’issue fatale paraît inévitable. Un Empire qui n’a plus que la force brute à faire valoir est irrémédiablement condamné. Et condamnable.

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