"Voilà ce que nous prépare Macron en France !", s’est exclamé Bertrand Tavernier, assis devant nous, à l'issue de la projection du nouveau film de son confrère britannique Ken Loach. Après un Sieranevada indigeste, et un Rester Vertical qui file la nausée, Moi, Daniel Blake, troisième film en lice pour la Palme d’or, remet les pendules à l’heure avec une chronique sociale aussi glaciale que bouleversante.
Daniel Blake (Dave Johns), c’est un menuisier de 59 ans, veuf, qui pour la première fois de sa vie se voit contraint de réclamer l’aide sociale suite à un malaise cardiaque. Sauf que voilà : tandis que ses médecins le déclarent encore inapte à reprendre le travail, l’assistance sociale juge qu’il n’est pas assez souffrant pour percevoir une pension d’invalidité. Et l’oblige à chercher un emploi pour toucher le chômage. Vous suivez ?
Humilié parce qu'il a écrit son CV à la main
Cette situation ubuesque, mais terriblement commune dans l’Angleterre de David Cameron, est pour Ken Loach le point de départ du portrait d’un homme qui va tenter de rester digne face aux humiliations répétées de l’administration, tantôt d’un standardiste qui le fait patienter le temps d’un match de foot, tantôt de l’employée d’un Job Center qui raille son CV, écrit à la main parce qu’il n’a jamais touché un ordinateur de sa vie.