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17 juillet 2016

Turquie : un coup d’État pro-américain pour empêcher le rapprochement Ankara-Moscou ?

 

Sur E&R

La tentative de coup d’État militaire pro-américain en Turquie a échoué.

Ce 15 juillet, vers environ 23h, les médias ont évoqué un coup d’État militaire. À Ankara on a entendu des coups de feu, vu les avions militaires et les hélicoptères voler аu-dessus de la ville. Le Premier ministre turc, Binali Yıldırım, a dénoncé une tentative de révolution militaire.

Les aéroports principaux du pays ont été fermés, plusieurs vols remis ou annulés. Vers minuit la loi martiale a été décrétée dans le pays.

Les événements se sont précipités tout au long de la nuit (voir les détails sur notre retransmission).

Erdoğan a appelé le peuple turc à manifester dans les rues pour protéger la démocratie : « J’appelle notre peuple à descendre dans les rues, sur les places. » « Je ne crois pas que ceux qui ont réalisé cette tentative de putch atteindront leur but. Ils subiront la punition la plus sévère », a dit le président de la Turquie.

Une centaine de milliers de citoyens turcs sont sortis dans les rues d’Istanbul. Vers environ 2h du matin, le Premier ministre turc Binali Yıldırım a déclaré que les instigateurs du putsch ont été arrêtés. Le porte-parole du service de renseignements Nuh Yilmaz a confirmé l’information.

Vers environ 4h du matin l’avion du président Erdogan a atterri à l’aéroport de Stamboul Atatürk, d’où il a pu s’exprimer.

« Le groupe des révoltés qui ont attenté à l’unité de la nation ont reçu des ordres des États-Unis », a-t-il déclaré. La tentative de coup d’État était « une insurrection contre l’unité de la Turquie ».

« Ceux qui ont réalisé le putch étaient vos camarades mais, malheureusement, n’ont pas été guidés par les mêmes principes. Ils recevaient les commandements de Pennsylvanie », a affirmé Erdogan.

Pour le moment, selon les informations de l’agence Reuters, le nombre des militaires arrêtés, qui ont pris au putch, s’élève à plus de 1500 personnes, dont 5 généraux et 29 colonels. Ils ont été démis de leurs fonctions. Le chef de l’état-major général de la Turquie, Hulusi Akar, pris par les révoltés, est maintenant libéré. Le nombre de tués pendant la tentative de coup d’Etat, selon TASS, est environ de 90 personnes et plus de mille ont été blessés lors des affrontements.

 

Qui sont les instigateurs ?

La tentative de coup d’État militaire a été réalisée par les partisans du leader islamiste Fethullah Gülen et les membres de son mouvement « Hizmet ». Gülen habite à Pennsylvanie, aux États-Unis. Il travaille avec les services secrets américains et est connu comme le principal adversaire de Erdogan. Il fut par le passé son allié. Les structures de Gülen étaient responsables de l’affaire « Ergenekon », scandales où mille des militaires haut placés ont été emprisonnés, y compris toute la direction de l’État-major général de la Turquie.

Les alliés de Gülen obéissaient aux États-Unis puisque le groupe dirigeant militaire des kémalistes, dont idéologue est Doğu Perinçek, ont remis en cause le changement de cap radical de la Turquie, à savoir le rapprochement avec la Russie, l’Iran et la Chine et même la sortie de l’OTAN.

Les structures de Gülen occupaient alors les postes à haute responsabilité au gouvernement et dans les services secrets. Erdoğan a tenté de ménager cette secte jusqu’au dernier moment. Mais cela n’a pas empêché les alliés de Gülen, aux ordres des États-Unis, de faire la révolution de couleur sur la place Taksim – contre Erdogan pour le remplacer pour une politique plus pro-occidentale (peut-être par Ahmet Davutoğlu).

Le centre analytique Katehon a commenté les événements dans la nuit les 15-16 juillet :

« La tentative de coup d’État proaméricain militaire a été prise notamment au moment où Erdogan a changé sa politique étrangère, quand il a commencé à bâtir le partenariat stratégique sur l’axe Ankara-Moscou et a changé sa position sur le problème syrien. Pour ne pas permettre la création du modèle eurasien “Ankara-Moscou”, les États-Unis ont provoqué le coup d’État, en s’appuyant sur ses réseaux (le mouvement « Hizmet »et les alliés d`islamiste Gülen, qui habite aux États-Unis et сollabore activement avec les services secrets américains).

Cependant cette tentative de déstabilisation a échoué. Maintenant on peut prévoir l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Turquie. Il est d’ailleurs possible que la Turquie reviendra sur son appartenance à l’OTAN. Un développement du partenariat stratégique avec la Russie est d’ailleurs à prévoir. »

Il est à noter que dans les prisons, où ont été jetés les membres du « Ergenekon », se trouvent maintenant leurs juges, leurs bourreaux, membre du réseau de Gülen.

Selon nos sources, l’insurrection a été réalisée par des groupes des forces armées qu’Erdogan et les Kémalistes n’avaient pas encore neutralisés. Les insurgés ont bloqué la direction de l’état-major général, ont attaqué le parlement et ont désactivé les chaînes de télévision. Il est très symbolique que la dernière retransmission de la chaîne principale de télévision turque TRT ait été la conférence du rédacteur en chef de Tzargrad, Alexander Dugin, qui appelait Ankara à la sortie de l’OTAN et l’entrée dans l’OSC et autres structures eurasiennes. À la fin de la retransmission, l’écran des télés s’est éteint, et les alliés de Gülen ont pris les direction de TRT en otage.

Il faut faire attention à la médiatisation du coup d’État par les médias russes et occidentaux. Dès le début, les médias libéraux, les médias contrôlée par l’OTAN et les figures comme Mikhail Khodorkovsky, Yevgeny Chichvarkin, Ksenia Sobchak, ont soutenu directement ou indirectement la secte pro-américaine. Durant ce court moment de chaos, quand la situation en Turquie restait incertaine, il était facile de déterminer les personnes qui dirigent les médias, les agences d’information et les mouvements politiques.

 

Le peuple turc est pour Erdogan et contre l’hégémonie américaine

Se moquer d’Erdogan dans une telle situation et soutenir la désinformation américaine qui affirme qu’il s’est enfui du pays, souvent de la part d’experts aux ordres, sont les preuves de l’influence de Washington. Dans cet épisode tragique, il n’y a pas de nuances : d’un côté se trouvaient les putschistes pro-américains, responsables de l’incident avec l’avion russe abattu par les forces turques, et la politique contre Assad, et de l’autre les patriotes turcs qui ont pris conscience de l’intoxication par la secte globaliste de Gülen.

Le peuple turc a soutenu presque unanimement Erdogan, qui n’est pourtant pas très populaire, parce que ses adversaires avaient pour objectif la fin de la nation Turque et pour intérêts ceux de l’impérialisme américain.

Daria Dugina

Voir aussi, sur E&R :

stratpol.com | 16 juillet |3
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