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29 septembre 2016

Etats Unis, Alep, Al Nusra et la radicalisation de la rhétorique anti-russe par Karine Bechet-Golovko

mercredi 28 septembre 2016, par Comité Valmy

 

 

 

Etats Unis, Alep, Al Nusra et la radicalisation de la rhétorique anti-russe

La dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à propos de la Syrie le montre : se sentant perdre du terrain, la position des Etats Unis se radicalise et les pousse à la faute. La représentante américaine accuse la Russie de barbarie, pendant que l’on retrouve des armes américaines dans les mains des groupes terroristes affiliés à Al Nusra. Dans cette fuite en avant suicidaire, l’on assiste également à la décrépitude de la diplomatie européenne, qui n’est qu’un cadavre de plus dans cette guerre.

A la demande des Etats Unis, de la France et de la Grande Bretagne, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni dimanche. L’on peut en lire les raisons sur le site officiel du Quai d’Orsay :


Le régime de Bachar Al-Assad à manifestement fait le choix de l’escalade militaire, alors que chacun sait qu’il n’y aura pas d’autre solution au conflit en Syrie que politique. J’en appelle donc à ses soutiens, la Russie et l’Iran, à se ressaisir et à faire preuve de responsabilité en mettant un coup d’arrêt à cette stratégie qui conduit à l’impasse. Sinon la Russie et l’Iran seront complices des crimes de guerre commis à Alep.

Selon S. Power, ce que fait la Russie en Syrie ce n’est pas de la lutte contre le terrorisme, mais de la barbarie. Le représentant britannique accuse la Russie d’être responsable des crimes de guerre commis en Syrie au même titre que le régime d’Assad qu’elle soutient au prix de la vie des civils. Et la coalition dirigée par les Etats Unis de conclure que si le processus de paix échoue en Syrie, et cela est proche, c’est de la responsabilité de la Russie et d’Assad qui font tout pour continuer la guerre. Lors de cette réunion du Conseil de sécurité, la Russie a évidemment démentie ces accusations gratuites, rappelant que les Etats Unis soutenaient activement et militairement les groupes non seulement dits d"opposition" à Assad mais aussi Al Nusra et qu’aucun travail n’était fait pour les obliger à se différencier et à entrer dans le processus politique. Sans oublier la manipulation des images, manipulation volontaire qui font passer des blessés civils d’un endroit pour un autre. La Chine a soutenu la position russe, ce qui, étrangement lui a valu d’être qualifiée par les Etats Unis de plus grande menace nucléaire (avec ou après la Russie, cela reste à déterminer). Lorsque le représentant de la Syrie a pris la parole, comme des enfants gâtés, les diplomates européens et américains ont démonstrativement quitté la salle. Ils sont venus, ils ont parlé, ils sont partis. Après eux le déluge, l’opinion des autres n’a aucun intérêt, surtout de celui que l’on accuse ... d’être encore là. Et c’est avec ce type de comportement d’une arrogance dépassant les bornes de la stupidité qu’ils donnent une leçon à la Russie : en voyant ce qui se passe à Alep et en Syrie, attention,la Russie à ne pas abuser du privilège historique qui lui fait avoir un siège permanent au Conseil de sécurité. Rappelons que ce "privilège" l’est pour tous les membres permanents. Un "privilège" tout aussi historique et non naturel. Ce droit a été acquis par le sang. Celui de la Seconde Guerre Mondiale et la présence de la France dans ce club fermé n’a pas été facile à imposer.

L’on regrettera la position totalement soumise de ce qui en d’autres temps s’appelait la diplomatie européenne. Ces grands pays se sont transformés en pays satellites, donc des pays qui n’ont pas à avoir de positions propres. Et l’on peut lire des déclarations tout aussi grandiloquentes que décalées de la réalité, comme celle-ci :

France Diplomatie a retweeté La France à l’ONU franceonu 18 h

Si nous ne faisons rien pour empêcher destruction #Alep cette semaine marquera échec de la diplomatie & triomphe de barbarie & brutalité

France Diplomatie

En tout cas, la position de la Russie est ferme : elle ne fera plus de concessions unilatérales, voyant l’absence de motivation réelle de ses "partenaires" américains à régler le conflit syrien, utilisant la lutte contre le terrorisme pour lutter contre Assad. Cette position est renforcée par la déclaration du porte-parole du Kremlin, D. Peskov, qualifiant d’inacceptable la réthorique américaine et britannique. Cela est d’autant plus significatif, que D. Peskov intervient très rarement sur les questions de politique étrangère.

Il est vrai que la position américaine devient de plus en plus intenable dans les faits, car les preuves de son implication dans les massacres commis émergent de toutes parts.

Le journal allemand Focus publie une interview extrêmement dérangeante d’un des combattants d’Al Nusra qui affirme que les Etats Unis fournissent directement des armes à leur groupe, rappelons -le, considéré comme terroriste, même par les Etats Unis. Mais ce groupe veut faire tomber Assad à tout prix, donc la fin justifie les moyens ... semble-t-il.

L’on notera aussi un élément intéressant. L’interview a été enregistré il y a une dizaine de jours. Et déjà il affirmait que le convoi humanitaire de l’ONU, celui justement qui a été attaqué à Alep, ne passera pas, sauf si l’armée syrienne se retire. Autrement dit, si l’armée abandonne la ville aux terroristes, les combats cessant de facto, alors le convoi humanitaire pourra passer. La populatione st donc bien prise en otage, non par les forces d’Assad et la Russie, mais par les terroristes soutenus par la coalition.

Quelle ressemblance avec la position de la coalition et presque mot pour mot ce que dit le ministre français des affaires étrangères :

Il appartient au Conseil de pousser en faveur d’une cessation immédiate des hostilités, d’abord à Alep, et de permettre ainsi un accès de la population à l’aide humanitaire

La réaction américain est simple : le porte-parole du Pentagone affirme ne pas fournir d’armes à Al Nusra, puisque le groupe est reconnu comme terroriste. Mais l’on ne sait pas très bien à qui, en fait, le Pentagone répond. Car le 23 septembre, le Président turc affirmait que plus de la moitié des armes que les Etats Unis venaient de fournir aux kurdes étaient passées entre les mains de Daesh.

Au-delà des "dires", il y a également les faits. Qui confirment justement les paroles. En libérant Handarat, le camp de réfugiés palestiniens au nord-est de Alep qui était aux mains d’Al Nusra, de surprenantes découvertes sont faites. Des armes de l’OTAN de production américaine abandonnées dans la fuite. L’on se rappellera - et l’on comprendra mieux maintenant - l’ignoble réaction des Etats Unis lors de l’assassinat d’un enfant de 11 ans, qui avait passé des informations à l’armée syrienne, par ces rebelles "modérés" : il ne faut pas généraliser, c’est une exception, ça ne veut rien dire. En fait, ce n’est pas une exception. Mais une pratique dissuasive, d’intimidation. Les corps des enfants et de ceux qui voulaient partir ou aider à la lutte contre le terrorisme étaient déposés en plein milieu des carrefours centraux jusqu’à pourrissement. Un message simple et clair. Lancé par l’opposition modérée, qui elle, manifestement, n’est pas barbare aux yeux de S. Power.

Encore un exemple, en ce qui concerne l’attaque des soldats syriens par la coalition américaine. La présidente du Parlement syrien a annoncé qu’ils avaient intercepté des conversations entre les militaires américains et Daesh juste avant le bombardement de Deir ezzor ayant conduit à la mort de plus de 80 soldats de l’armée régulière syrienne et 100 blessés :

« L’armée syrienne a intercepté une conversation entre les Américains et Daech avant le raid américain à Deir ez-Zor »

Après les frappes, les Etats Unis ont coordonné l’attaque des terroristes vers Alep. La Syrie a promis de rendre public plus de détails très prochainement.

Les Etats Unis sont acculés, leur crédibilité est au plus bas, ils ne remportent plus aucune victoire réelle depuis longtemps, ni sur le plan diplomatique, ni sur le terrain. Il ne reste que les pays européens, vidés de leur sève, pour entretenir le mythe. La question de la complicité dans les crimes de guerre va effectivement finir par se poser. Mais pour qui ? Nous attendons toujours les preuves de la coalition ...

Karine Bechet-Golovko
mardi 27 septembre 2016

Russie politics

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