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29 octobre 2016

Souverainisme : Lettre d’un ami Anglais sur le Brexit Par Charles Gave

 

Avant propos : Miles Morland, l’auteur de cette lettre est l’un de mes bons amis dans la City.

’Personnage extrêmement original, il fut le capitaine de l’équipe d’aviron dOxford, patron du Crédit Suisse à Londres pendant un temps, auteur de best sellers en Grande-Bretagne , créateur de la première banque d’affaires spécialisée sur l’Afrique qui fut un immense succès, il vit sur une péniche à Londres et,à la retraite, parcourt le monde en moto sur sa BMW, d’où il envoie des messages hilarants sur les coutumes locales...

Je ne doute pas que tout ce que dit Miles dans cette lettre va faire écumer de rage bien des français qui détestent le monde anglo-saxon. Il n’en reste pas moins que tout ce qu’il dit est profondément vrai et devrait amener tous les français à une saine réflexion sur ce que nous devrions faire dans notre pays pour que des personnages comme Miles puissent émerger.  

Tiens donc, apparemment nous ne sommes pas en faillite…

Il y a trois mois, les vieux crétins ignorants dont je fais partie ont détruit le Royaume Uni en  décidant de quitter l’Union Européenne.  D’après tous les gens intelligents, le marché des actions était censé s’écrouler avec la livre, l’économie rentrer dans une épouvantable récession, la confiance des hommes d’affaires s’écrouler, le marché immobilier s’effondrer.

Bien entendu, tout cela devait se produire tout simplement parce que nous autres racistes ne comprenons rien à rien et incapables  de nous faire une opinion personnelle avons cru les mensonges de Boris. Heureusement les gens intelligents qui vivent tous à Notting-Hill (NDLR quartier où vivent tous les bobos anglais) refusaient de croire les mensonges de Boris en préférant ceux d’Osborne, Cameron, Lagarde, Carney et de tous les pygmées de Bruxelles.

Résultat ? 90 jours après la catastrophe, à peu prés tout est en hausse. Actions, immobilier, confiance des hommes d’affaires qui enregistre sa plus forte hausse de l’histoire, au contraire de la France et de l’Allemagne où elle s’effondre… et tout cela sans que le FT, le Guardian ou the Economist, les Izvestia et Pravda de ceux qui voulaient rester en Europe ne nous en informe. Un oubli sans aucun doute…

De plus à l’opposé de tous nos amis en Europe, nous avons un nouveau premier ministre très populaire et un système politique très stable ce qui est loi d’être le cas en France en Italie ou en Allemagne, sans parler de l’Espagne …

Aucune importance disent nos Cassandres. Ce qui compte c’est d’avoir accès aux marchés étrangers et sans accords commerciaux nous serons bien incapables de vendre quoique ce soit à l’extérieur. Et comme la Grande-Bretagne avait délégué tous ses pouvoirs de négociation à l’Europe, nous nous retrouvons sans négociateur et la misère nous guette.

Voila une idée terrifiante! Et donc j’ai fait quelques recherches sur ces accords commerciaux forts importants que l’Europe aurait signés grâce à la compétence de ces négociateurs de qualité ou NdQ.

Le plus gros partenaire commercial de l’Europe est l’Amérique. Et fort heureusement il y a des discussions en cours pour arriver à un accord, le fameux TIPP. Nos NdQ, en fait étaient sur le dossier depuis …26 ans et on est contents de le voir arriver enfin à signature. L’accord va donc être signé?  Vous plaisantez sans doute ? Il a été refusé par tous les pays. Pourquoi? Parce que les génies qui négociaient en notre nom avaient accepté que les multinationales US puissent travailler en Europe sans avoir à répondre à la justice européenne. Même monsieur Hollande a trouvé cela excessif…

Aucune importance, le seul pays qui compte c’est la Chine qui est notre second partenaire commercial. Difficile de faire du commerce avec la Chine si nous n’avons pas d’accord commercial disent nos pro-européens. Fort heureusement, un tel accord est en négociations depuis… 10 ans. Combien de réunions ont eu lieu ? …16  Et ou en sommes nous ? Aucune signature n’est en vue…

Passons à l‘Inde. Des pourparlers ont commencé en 2007 et sont plus ou moins au point mort. Et tant qu’à faire, on peut signaler que nous n’avons pas d’accord non plus avec la troisième puissance économique mondiale, le Japon tandis qu’il existe un accord avec la Corée du Sud. Des rumeurs (à confirmer) disent cependant que nous serions à la veille d’un accord avec le Zimbabwe.

Tout cela est surprenant. Serait-il possible que l’Europe n’ait jamais signé un accord avec n’importe lequel de nos principaux partenaires ?  C’est hélas la vérité… Certes il existe bien quelques traités avec la Norvège ou la Suisse, voir l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Mexique ou le Chili, mais c’est à peu prés tout.

Il est surprenant de constater que tous ces pays qui n’ont signé aucun accord semblent commercer avec l’UE sans trop difficultés et la conclusion que j’en tire est que de disposer des NdQ européens pour négocier en notre nom n’est peut être pas aussi important que les gens du FT ont l’air de le croire.

Continuons.

Si le commerce international consiste à vendre des « choses » aux autres, alors il faut bien reconnaitre que nous ne sommes plus très compétents dans ce domaine. Au XIX eme nous l’avons été. Aujourd’hui, nous ne le sommes plus. Mais cela n’a aucune importance.  Heureusement pour la Grande-Bretagne, nous vivons dans un monde post industriel.

L’activité la plus profitable au monde en fonction du temps passé au travail reste bien entendu la prostitution. Juste en dessous, on trouve les avocats d’affaires. Sullivan& Cromwell, Slaughter May, Linklaters, Skadden, Allen & Overy… Par exemple, si une immense affaire de bière veut en acheter une autre  c’est-à-dire si ABinBev veut acheter SABMiller, il va falloir qu’ils payent $ 250 million en frais d’avocats et tout cela ira des firmes anglaises. Il faudrait vendre 250000 Renault pour arriver au même résultat. Sur les 50 plus grandes sociétés d’avocats, 48 sont américaines ou anglaises et toutes opèrent dans la City. Le reste de l’Europe n’a pas une seule firme dans les cinquante premières…

Passons aux sociétés comptables. Les grandes multinationales payent des milliards de dollars à ces entités. Dix neuf des vingt premières sociétés dans ce domaine sont anglo-saxonnes, avec une majorité de britanniques et elles sont toutes à Londres.

Mais bien entendu, là ou la rentabilité est la plus forte est dans la banque d’affaire. La quasi totalité de l’activité internationale des banques d’affaires de tous les pays du monde est à Londres qui est à la finance ce que la Silicon Valley est à la technologie…

Il en est de même pour la gestion de fonds pour compte de tiers où Londres domine le reste du monde de façon écrasante. Or les sociétés anglaises risquent de perdre leur fameux passeport européen qui leur permet d’exercer partout. Aucun problème. Il suffira d’envoyer quelques jeunes à la filiale locale à Dublin (qui restera en Europe), pour que les sociétés de gestion anglaises gardent leurs passeports européens, la gestion passant officiellement à Dublin, mais restant dans la réalité à Londres.

Continuons.

D’après le classement du FT, les 10 centres financiers les plus importants du monde sont dans l’ordre : Londres, New-York, Hong-Kong, Singapour, Tokyo, Seoul, Zurich, Toronto, San Francisco, Washington.  Comme chacun peut le voir il n’y a pas une seule ville d’Europe continentale et 9 sur 10 de ces villes n’ont pas besoin du passeport de monsieur Juncker. L’Europe sans la City va être effroyablement isolée…

Et cela n’est pas vrai que pour les services financiers.

Vous voulez vendre un Van-Gogh que vous a laissé votre grand-mère ? Cela se passera chez Sotheby’s ou Christie’s, à Londres ou à New-York, beaucoup plus qu’à Francfort ou à Paris

Vous voulez lancer une campagne de pub au niveau mondial pour vos produits ? WPP, la plus grande société mondiale de publicité est à Londres et son chiffre d’affaire ($ 19 milliards) est plus de deux fois celui de Publicis, la plus grande société en Europe continentale.

Vous voulez intervenir sur le marché immobilier international : Les 10 plus grandes sociétés immobilières sont anglaises ou américaines : Knight Frank, Jones Lang, Richard Ellis  … se feront une joie de vous recevoir….

Imaginons que vous vouliez donner à vos enfants la meilleure éducation supérieure possible. Bien sûr les grandes universités américaines dominent dans ce domaine. Il n’en reste pas moins que dans le classement QS  qui classe les meilleures universités au monde, quatre des 10 meilleures et 10 des meilleures cinquante sont en Grande-Bretagne

Et combien en Europe continentale me demanderez -vous ? Une seule, « Normale Sup » en France qui arrive au 38 eme rang. La première université allemande est 60 eme, la première université espagnole est 166 eme …

Car il ne faut jamais oublier que la nouvelle « lingua franca », le nouveau latin, est l’anglais et que tous les scientifiques du monde entier doivent publier en Anglais s’ils veulent être reconnus.  Tous les meilleurs chercheurs de tous les pays du monde graviteront donc automatiquement vers les universités anglophones s’ils veulent voir reconnaitre la qualité de leurs travaux et cela n’est pas prés de changer. Bien entendu, les partisans de l’Europe expliquent que les universités anglaises vont se voir couper les subventions qu’elles recevaient de l’Europe. Voila encore une aimable plaisanterie. Ces subventions sont attribuées par deux personnes à Bruxelles, Monsieur Navracsics, ex professeur assistant de droit à l’université de Budapest et madame Reicherts, Luxembourgeoise, également  ex-professeur mais de yoga. Je n’ai pas le moindre doute que les contributions payées par la Grande Bretagne à l’Europe pourront être reprises par les autorités britanniques et distribuées de façon au moins aussi efficace que par ces deux éminents eurocrates.

Venons-en à la liberté intellectuelle.

Mon grand ami, le professeur Sir John Bell, le brillantissime  patron de l’école médicale d’Oxford qui a passé sa vie à faire de la recherche médicale appliquée développe dans un article du FT en date du 25 aout un autre point, probablement essentiel.

Je cite :

« L’environnement culturel, éthique et philosophique en Grande-Bretagne est très différent de celui qui prévaut en Europe continentale. L’Angleterre est très attachée à un système libéral qui permet à la science de bouger très vite sans excès de réglementations. La Communauté Européenne a une tradition de réglementations très contraignantes. Prenons les essais cliniques par exemple. Au début des années 90, la Grande-Bretagne était l’un des endroits au monde où les essais cliniques étaient les plus faciles. Les décisions étaient rapides et les freins bureaucratiques inexistants. L’introduction de la directive européenne sur les essais cliniques en 1994 a changé tout cela. Cette directive introduisit un nombre considérable de réglementations bureaucratiques totalement inutiles et le nombre d’essais cliniques effectues en Angleterre est tombé a 2 % du volume mondial des essais, c’est-à-dire plus rien ».

Nul doute que si Sir John Bell a raison (ce qui lui est arrivé bien souvent dans sa vie), la recherche médicale libérée de ses carcans Bruxellois, va bondir à nouveau en Grande-Bretagne, pour le bénéfice de toute l’humanité.

Conclusion optimiste (pour la Grande-Bretagne).

Bien entendu, la Grande-Bretagne a, comme le reste du monde, de grandes difficultés devant elle. Une chose est certaine cependant. Son avenir est beaucoup plus brillant que celui du continent Européen. Ce dernier va continuer à essayer de croitre malgré l’incroyable avalanche de réglementations concoctées à Bruxelles et en plus va devoir gérer la disparition de l’Euro, cette invraisemblable imbécillité technocratique, ce qui risque d’être un peu tumultueux.

Il apparait donc tout à fait évident qu’il vaudra beaucoup mieux dans les années qui viennent être en Angleterre pour y travailler, que l’on soit un citoyen  britannique ou un immigré.

Car bien sur, la Grande Bretagne va continuer à recevoir des immigrés, comme elle l’a toujours fait. Simplement, ce sont les autorités britanniques qui sélectionneront les heureux élus, et non plus Bruxelles.

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Miles Morland

http://institutdeslibertes.org/lettre-dun-ami-anglais-sur-le-brexit/

 

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